dimanche 13 décembre 2020

Le Fairchild A 10 Warthog, Roi des Nettoyeurs (Enrichi le 02 II 2024 * ***)

 


La mission de soutien aérien rapproché (CAS = Close Air Support)

Toute forme de guerre moderne, y compris celles dites froides, passe par des périodes de batailles rangées. 

Depuis  l'intervention de la division aérienne du Général Français Marie-George Duval, en 1918, on sait qu'un soutien aérien puissant peut renverser le sort d'une bataille

Du fait de notre souvenir de  Mai 1940, nous savons aussi que tout soutien aérien peut être contrecarré par une puissante DCA

Ces deux vérités triviales ont été parfaitement illustrées au cours de notre Guerre d'Indochine (en particulier, pendant la désastreuse bataille de Dien Bien Phu).


L'option hélicoptère

Notre pays a préféré investir dans les hélicoptères pour assurer le nettoyage des champs de batailles.

Il faut souligner que ce choix impliquait des aéronefs lents dont le décollage et l'atterrissage était ponctuel, ce qui présente de nombreux avantages.

Par contre, l'emploi d'hélicoptères impliquait (et implique toujours) d'employer des pilotes particulièrement bien formés et très sérieusement entraînés.


On s'aperçut, un peu plus tard, que l'URSS avait parfaitement suivi ce même mouvement avec son puissant Mil 24, lorsque la Guerre d'Afghanistan commença en 1979, puis avec les Kamov Ka 50 et Ka 52 particulièrement manœuvrants.


Cette option fut aussi celle de l'US Army, avec les Bell UH 1 Iroquois et leurs dérivés plus agressifs AH 1 HueyCobras, largement employés au Vietnam.

Par contre, vers 1966, l'USAF avait choisi un hélicoptère de combat extraordinaire, le Lockheed AH 56 Cheyenne qui rénovait complètement les concepts habituellement associés à ce type d'appareil. 

Sa vitesse, un peu supérieure à 400 km/h, due en grande partie à son hélice propulsive arrière, changeait sa capacité d'intervention.
 


Lockheed AH 56 Cheyenne - 400 km/h, 1950 km d'autonomie, 6 000 m de plafond pratique...



Certes, cet engin explosait littéralement toutes les limites de performances admises jusque là, mais au bout de 10 années d'essais ininterrompus, le Cheyenne fut abandonné car personne n'avait jamais réussi à le mettre au point ! 

Il fut dit que le 7ème et dernier prototype semblait avoir réglé les dernières questions, mais après l'abandon du programme, bien sûr.

Cet aéronef, très cher à l'achat comme à l'entretien, était par définition inadapté au travail qui lui était promis parce que le constructeur Lockheed ne maîtrisait pas du tout les technologies qu'il prétendait mettre en œuvre.


Quelques hélicoptères employés au combat :


France

SE 3130 Alouette II : 900 kg à vide et 1 650 kg en charge ;  Puissance 530 Cv ; 

Vmax 185 km/h, croisière 170 km/h ; 

Plafond  3 200 m ; Taux de montée : 250 m/min ; Convoyage : 720 km. Produc. : 1 305. 

Sur les 56 accidents répertoriés, 25 ont eu lieu en Allemagne, ce qui montre à quel point la Guerre Froide fut coûteuse, même sans action de guerre réelle.


SE 316 Alouette III : 1 230 kg à vide et 2 200 kg en charge ;  

Puissance 800 Cv détarée à 550 Cv ; 

Vmax 210 km/h, croisière 185 km/h ; 

Plafond 3 200 m ; Taux de montée : 258 m/min ; Convoyage : 540 km. Produc. > 2 000.


AS 342 Gazelle : 1 200 kg à vide et 1 900 kg en charge ; Puissance 2 x 864 Cv ; 

Vmax 310 km/h, croisière 230 km/h ; 

Plafond 6 000 m ; Taux de montée : 540 m/min ; Convoyage : 670 km. Produc. > 1 775.

76 pertes répertoriées, dont quelques unes pour fait de guerre, ce qui démontre à quel point cet hélicoptère, rapide et maniable, est apte au vol tactique. 



Gazelle (Monténégro) en vol d'entraînement.



Cet appareil est toujours considéré comme indispensable dans ses multiples rôles au moins jusqu'en 2030 !


EC 665 Tigre : 3 060 kg à vide et de 4 710 kg à 6 600 kg charge ;  

Puissance 2 1 485 Cv ; Vmax de 290 à 310 km/h, VNE 370 km/h, croisière 280 km/h ;

Plafond 4 000 m ; Taux de montée : 642 m/min ; Convoyage : 1 300 km.


Afrique du Sud

Denel AH-2 Rooivalk : 5 900 kg à vide et  8750 kg en charge ; Puissance 2 x 1 900 Cv ; 

Vmax 315 km/h, croisière 280 km/h ; 

Plafond 6 100 m ; Taux de montée : 670 m/min ; Convoyage : de 700 à 1 100 km.



URSS puis Russie

Mil Mi-24 : 6 500 kg à vide et 11 500 kg en charge ;  Puissance 2 2 200 Cv ; 

Vmax 346 km/h, croisière 260 km/h ; plafond 4 500 m ; 

Taux de montée : 900 m/min ; Convoyage  : 750 km. 


L'introduction de cet appareil dans la Guerre soviétique d'Afghanistan fut un très rude coup pour les talibans, forcés de travailler de nuit. 

L'appareil démontra sa capacité à résister aux fusils d'assaut jusqu'aux mitrailleuses de 12.7 mm.

La livraison de missiles Stinger par la CIA fut une réponse "pertinente" qui montre clairement, en outre, les choix politiques des USA. 

Si cela entraîna des pertes sensibles, cela amena les soviétiques à introduire des contre-mesures sur leurs machines. 

Sur les 1 500 exemplaires de Mil 24 de l'Armée de l'Air soviétique, 74 furent détruits en Afghanistan, dont 29 le furent par des missiles individuels US (Stinger et Redeye). 


Mil 24 - Un excellent appareil à usage multiple 

Mais, vu la solidité de l'engin russe, il est très possible que des dizaines d'autres aient pu rentrer à leur base en étant très endommagés. 

On trouve aussi un "chiffre" de 333 pertes qui paraît un tantinet exagéré, surtout comparé à celui des AH-1 Huey-Cobra.


Ka 50 : 7 800 kg à vide et 9 800 kg en charge ; Vmax 310 km/h, croisière 275 km/h ; 

plafond 5 500 m ; Taux de montée : 600 m/min ; Convoyage  : 450 / 1 200 km.


USA


Les 1 110 Bell AH 1 Huey Cobra de l'US Army, en 6 années de guerre du Vietnam (1967-1973), avaient connu environ 300 pertes.


Mais les choses changent : L'hélicoptère de combat de référence, dans cette partie du monde d'où j'écris, est le Boeing (ex-Bell) AH 64 Apache  5 160 kg à vide et de 8 000 kg à 10 400 kg en charge ;  

Puissance 2 x 1 900 Cv ; Vmax de 290 à 310 km/h, VNE 365 km/h, croisière 280 km/h ; 

Plafond 4 000 m ; Taux de montée : 642 m/min ; Convoyage : 1 300 km.

En 1991, au Koweit, 277 hélicoptères AH 64 Apache détruisirent 500 chars, ce qui était un excellent bilan. Cependant, l'Irak n'avait jamais pensé à être attaqué par cela.

Au niveau des pertes en opération, le bilan est complexe, parce que si le nombre d'appareils abattus est peu important, le nombre d'appareils nécessitant de fortes réparations après opération est très élevé (et le prix des réparation ne cesse d'augmenter.).. 

L'attaque de la division Medina de la Garde Républicaine Irakienne par 33 AH 64 le 24 Mars 2003 fut une bonne illustration de ce fait. 30 furent endommagés sévèrement dont deux ne furent pas réparés et 1 fut abattu. Mais 29 purent rentrer à leur base

De 2003 à 2010, seulement 27 Apache furent perdus : Toute la différence avec le Huey Cobra.


L'option avion


Cependant, vers 1966, les chefs de l'USAF décidèrent d'explorer la voie d'un avion totalement dédié à au nettoyage des champs de bataille. 

Le chef d'état-major de l'USAF, John P. McConnell, exigea de disposer d'un avion à prix réduit et spécialisé dans les missions CAS.  

En 1969, le Secrétaire à l'Air Force avait choisi M. Pierre Sprey (membre de la fameuse fighter-maffia) pour définir le cahier des charges précis du projet Attak Experimental (A-X).

P. Sprey commença par discuter avec des pilotes de Skyraider ayant survécu à la guerre du Vietnam. 

D'un autre côté, il exigea que les membres de son équipe aient tous lu les mémoires de guerre d'Hans-Ulrich Rudel (palmarès : 519 chars, 800 véhicules divers et 150 canons détruits, 3 navires de combats coulés, 42 chasseurs abattus ainsi que sept Il 2 Chtourmovik). Ajoutons qu'il avait lui-même été descendu 30 fois !

L'idée de base était de fabriquer un avion réunissant les meilleurs concepts des meilleurs avions de champ de bataille dans une structure de prix abordable


Le Fairchild A 10 fut choisi après sa confrontation en vol face à son concurrent Northrop YA9, en Janvier 1973. 

Officiellement nommé Thunderbolt II, en hommage au Republic P 47, ses pilotes lui ont donné le nom de Warthog, le Phacochère Africain, probablement parce que les défenses de ce sanglier sont très impressionnantes, autant que le canon du A 10. 

Ce "sanglier" réalisa son premier vol le 10 Mai 1972


 A10 Warthog en patrouille - A cette altitude (environ 1 000 ft AGL), la DCA détruirait facilement des chasseurs purs mais la qualité de sa visibilité sur le champ de bataille facilite vraiment la recherche des points à détruire, du moins lorsque vous pilotez cet avion-là !



Ce monoplace, long de 16.26 m, a une masse de 11 320 kg à vide, de 13 780 kg au décollage et de 19 100 kg en  mission anti-chars (maxi : 22 700 kg).

L'envergure est de 17.53 m et la surface alaire totalise 47 m².

Il peut emmener 5 000 kg de carburant en vol.

Les 2 moteurs sont des General Electric TF34-GE-100A de 4 000 kg de poussée.

La vitesse de pointe atteint 706 km/h.

La vitesse de croisière est de 560 km/h, assurant un rayon d'action d'environ 450 km pour arriver sur zone, 1 heure et 50 minutes de patrouille à 1 500 m dont 10 minutes de combat.

En convoyage, le A 10 peut parcourir 4 150 km face à un vent de face de 90 km/h.

La position des réacteurs, alimentés par le flux d'air passé sur l'extrados des ailes, évite que les réacteurs n'absorbent des pierres ou du sable. 

Bénéfice supplémentaire (non négligeable), cela réduit aussi la signature radar en vue de face.

D'un autre côté, les 2 dérives réduisent la signature infra-rouge des réacteurs face à tout poste de tir situé sur le côté.

Le canon Gatling GAU-8/A Avenger est un arme automatique d'une longueur supérieure à 6 mètres et d'une masse totale de plus de 1 800 kg (presque comparable avec la masse du 75 mm du Henschel 129 B3 !).



Un Warthog en train de tirer au canon 


Les 540 kg de blindage en alliage de titane permettent au Warthog de résister aux canons de DCA de 23 mm même lorsqu'il patrouille à 1 000 ft AGL...

La production fut lancée en Février 1976. Elle se poursuivit pendant 8 ans et permit de sortir 715 appareils.

Les états-majors US prévoyaient 7% de pertes en 100 opérations.

Ces avions furent engagés dans les Caraïbes sans que leurs actions aient marqué ma mémoire.

Par contre, leur intervention dans la Guerre du Golfe en 1991 a constitué une claque informationnelle pour le monde entier.

En quelques jours, 174 Warthog détruisirent 900 chars, 2 000 véhicules militaires et 1 200 canons. 

Dans le même temps, je l'ai dit plus haut, 277 hélicoptères AH 64 Apache avaient détruit 500 chars (seulement). 

En 8 100 sorties, seulement 7 Warthog furent perdus, dont 4 par impact direct de missiles sol-air, soit 0.086 % de pertes, 100 fois moins que ce qui était attendu !

Il fut (ou est) également employé en Afghanistan, en Iraq et dans l'essentiel des conflits contre les djihadistes du Moyen Orient, au moins jusqu'en 2017.

La sénatrice US Martha McSally, ex-colonel de l'USAF où elle avait commandé une escadrille de A 10 Warthog, décrivait ainsi ce qu'elle ressentait en tant que pilote à son bord: 

"C'est un avion très étonnant à piloter et tirer avec son canon est génial."

"Ce canon de 30 mm est stupéfiant. Lorsque vous tirez, tout l'avion tremble, au point que, la première fois que vous vivez cette expérience, vous pensez même que l'avion va casser."

Le son de ce canon, "BRRRRRRT", sonne aux oreilles d'un fantassin US comme l'annonce de son sauvetage et de son retour à la sécurité.

En pratique, ce fameux canon est réellement plus précis que les plus récentes armes à GPS ou à guidage laser, qui peuvent coûter jusqu'à 1 million de dollars chacune.

"Le A-10 peut patrouiller 90 minutes au dessus du champ de bataille, tandis que le F-35A ne peut rester que 25 minutes."

"Le A-10 tire plus de 1 170 obus alors que le F-35A n'a plus de munition après en avoir  tiré que 180.

Son canon, sur cet avion, est tellement précis qu'il minimise les dégâts collatéraux et les tirs fratricides."

"Le A-10 peut voler même après avoir perdu ses organes essentiels alors que le F-35A ne pourra pas survivre à un seul coup direct."(source


Partout où cet avion a été employé pour le soutien d'infanterie, le A 10 a été l'avion préféré des fantassins, au point que 80% de leurs demandes d'appui aérien exigeaient l'engagement d'un Warthog

C'est bien le seul avion US dont je regrette qu'il ne figure pas aussi dans notre Armée de l'Air...


L'âge de la retraite ?


Curieusement, les généraux de l'US Army n'ont aucune reconnaissance pour ces avions qui assurent leur supériorité militaire. 

Ils semblent obéir à un code très discret qui favoriserait surtout la fabrication de nouveaux avions qui intégreraient de nouvelles technologies très coûteuses.

Ainsi, depuis une douzaine d'années, la firme Lockheed-Martin a proposé que son "merveilleux" F 35 JSF (déjà vieux de 20 ans) joue le rôle du Warthog"vieux" de 44 ans

Lockheed fit valoir un argument inattendu pour le nettoyage du champ de bataille : La furtivité de son F 35 serait capable de lui assurer d'entrer en premier dans tout champ de bataille, y compris au moment où des chasseurs ennemis y exerceraient leur supériorité aérienne. 

Quelle belle affirmation ! 

A l'heure où j'écris ces lignes, il n'existe pourtant aucun avion invisible : 

  • La furtivité nocturne dépend de la couleur du revêtement et de la faiblesse des émissions IR. 
  • La furtivité acoustique dépend de l'emploi de moteurs discrets et, dans le cas du F 35, elle est très loin d'être acquise.
  • La furtivité revendiquée par Lockheed-Martin concerne uniquement les radars, (et encore cela dépend des longueurs d'ondes concernées qui sont, en principe, celles qui donnent l'image la plus fine à grande distance).

La cape d'invisibilité d'Harry Potter n'est pas encore présente aux USA (ni ailleurs).

Une confrontation en vol entre A 10 et F 35 a été exigée vers 2018. 

Cette offensive du F 35 dans le domaine des missions d'appui au sol a été menée en tentant, aussi souvent que possible, d'éliminer les pilotes de l'Air Force ayant déjà réalisé des missions CAS, ce qui n'est pas une procédure honnête.

Il semble que la confrontation ait bien eu lieu mais que les conditions n'en étaient pas équitables, en ce sens que, comme d'habitude avec le F 35, on avait limité les capacités réelles du Warthog en :

  • limitant le temps de patrouille, 
  • diminuant le nombre d'obus de 30 mm susceptibles d'être tirés, 
  • réduisant le nombre de projectiles guidés par laser).
Dans le même temps, on avait favorisé au maximum les atouts (éventuels) du F 35.

Certes, le Warthog est entré en service opérationnel au moment où les actuels pontes du Pentagone finissaient probablement leurs dernières Pampers.

Par ailleurs, l'habitude de Lockheed de raconter des contes de fées à ses clients perdure depuis plus de 80 ans. 

  • Le P 38 fut un médiocre chasseur qui connut de graves ennuis contre le Japon et contre le Reich Hitlérien.
  • le F 104 Starfighter est un chasseur totalement loupé (encore plus que le Morane 406 !), présenté dans les revues de 1956-57 comme bénéficiant d'une stabilité électronique. 
    • C'était peut être ce qu'avait imaginé les ingénieurs, mais les premiers avions à stabilité "informatique" ne sont sortis qu'en 1975 ! Le bilan fut catastrophique pour les forces armées qui avaient choisi d'acheter cette... "chose"
    • Pour aider l'Inspecteur Général des Armées Néerlandaises, le prince Bernardt de Lippe, époux de la reine Juliana des Pays Bas, à choisir ce chasseur dont environ 30% terminèrent leur carrière dans des crashs souvent mortels.                Lockheed lui versa 1 200 000 $ en 1975 (scandale Lockheed) !
  • Le F 35 a demandé près de 20 ans pour être accepté dans un état opérationnel qui laisse beaucoup d'observateurs sceptiques quant à sa capacité de combat. 
    • Le fait que toutes les confrontations aient été biaisées volontairement en faveur du F 35 ne plaide pas pour sa réelle valeur face au A 10, lui-même largement validé en combat réel. "What the force has done instead, according to POGO (= cour des comptes), is launch a series of close-air support tests intentionally designed to favor the new multi-mission fighter over the battle-proven A-10".
    • Par ailleurs, ces tests cachent les faiblesses du F 35, d'après le POGO. 
      • La charge de bombes fut réduite lors d'un test pour améliorer la capacité de manœuvre de cet avion à basse altitude. 
      • En outre, fixer le  plafond opérationnel à 3 000 m faisait semblant d'ignorer que les missions CAS sont le plus souvent menées à des altitudes au plus égales à 300 m AGL, là où l'A 10 excelle.
      • De même, le choix de cibles particulièrement visibles les rendait plus facile à identifier pour le F 35 dont la visibilité depuis le cockpit est inférieure à celle du A 10. "The tests also hid the F-35′s weaknesses, according to POGO. Bomb loads were reduced in one test to improve the plane’s maneuverabilty at lower altitudes; the operating ceiling of 10,000 feet ignored that fact that close-air support missions are often carried out at an altitude of 1,000 feet or less, where the A-10 excels; and the high-visibility targets made them easier to hit for the F-35, “where visibility from the cockpit is inferior to the A-10′s,” POGO wrote."


Perspective future du soutien d'Infanterie

Cela n'empêche pas que les Warthog arriveront un jour à la fin de la vie de leurs cellule (comme ce fut le cas de nos Mirage IV). 

De nouvelles voilures, fabriquées par Boeing, peuvent les prolonger plusieurs années. 


Il est certainement possible de sortir un avion encore plus efficace pour ce travail hyper important, en partant des mêmes concepts.

Cependant, les moteurs sont d'une technologie dépassée (donc bruyants et peu économes en carburant) et l'électronique du A 10 est devenue archaïque.

Des turbopropulseurs modernes devraient faire l'affaire.

A l'évidence, l'arme la plus pertinente du Warthog est son canon, de par sa précision extrême (gage d'une faible probabilité de dommages collatéraux) et sa puissance inouïe, le tout pour un coût bien plus faible que celui des bombes guidées laser ou GPS.

Il est donc évident que le successeur de cet avion doit disposer d'une arme de même nature.


Je doute que ce successeur puisse être un hélicoptère, parce que tout hélicoptère perd de sa valeur opérationnelle dès qu'il fait chaud

Cela se traduit par une capacité d'emport dégradée donc par moins d'armement (= moins d'efficacité) ou moins de carburant (moins d'autonomie).

La comparaison des résultats entre le A 10 Warthog (540 kg de blindage) et l'hélicoptère AH 64 (1 100 kg de blindagependant la première guerre d'Irak est parfaitement claire au point de vue des succès comme au point de vue des pertes. 


Une hypothèse à considérer serait de partir d'un Bell V 22 pour les missions CAS. 



Bell V 22 en vol horizontal.


Si cet appareil est actuellement un bon transport de forces spéciales, un amincissement et un affinement de sa coque, un renforcement du blindage et un armement semblable à celui de l'A 10 pourrait donner des résultats intéressants.

La disparition de son rôle de transport lui ferait gagner de la vitesse, une protection physique importante pourrait être installée, y compris des générateurs d'effets IEM qui ont des chances sérieuses de devenir une arme importante pour permettre aux appareils de lutter contre des drones autonomes et les avions "hyper-électronisés", dits de 5ème génération. 

Mais ses immenses hélices pourraient constituer une zone de vulnérabilité, en particulier en interdisant le super-rase-mottes (moins de 5 m AGL), vol tactique très employé, de nos jours, par les hélicoptères AS 342 Gazelle de notre ALAT.


D'ailleurs, si le Warthog vole bas, il ne pratique pas le rase-mottes intégral. 

Mais le rase-mottes implique de prévoir :

  • les sautes de vent (quelque soient leur sens), 
  • les variations d'altitude du sol (qui peuvent s'accompagner de turbulences diverses), 
et de maîtriser :
  • le rapport entre la vitesse de vol, 
  • le couple (angle / vitesse) du vent par rapport à l'avion et 
  • la distance métrique entre entre les obstacles courants.

Comparé au Potez 75, l'A 10 est 2.5 fois plus rapide dans l'ensemble du spectre, monte plus vite et bien plus haut.

Pour un pilote de Potez 75, avec sa croisière aux alentours de 240 km/h (soit 67 m/s), éviter un obstacle tous les 100 m était déjà une belle performance.

Le Warthog, avec près de 140 m/s, aurait eu beaucoup de mal à réaliser la même performance.


PS du 16/05/2022 : Devant les problèmes posés par la guerre en Ukraine, l'US Air Force re localise une dizaine de Warthog en Europe de l'Est.