lundi 11 mars 2019

L'Avia B 534 : L'épine dans le pied d'Hitler, si... (Révisé le 12 / 12 / 2022 * ***)

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J'ai écrit, il y a déjà quelques années, que le bon sens aurait voulu que nous entrions en guerre en 1938 contre Hitler. 

Mon argument principal était que la Tchécoslovaquie aurait constitué, pour Hitler, un de ces morceaux sur lesquels les plus belliqueux peuvent se casser les dents.

La Pologne, notre allié de 1939, était, en effet, desservie par :
  • Une géographie ouverte de tous les côtés à n'importe quel envahisseur :


Carte physique de la Pologne actuelle : Si ce pays a vu ses frontières "glisser" vers l'Ouest après les accords de Potsdam (annulant l'existence de la Prusse orientale), les montagnes protectrices ont été toujours au Sud !

  • Une politique militaire bien peu moderne :
    • Aucun char efficace, 
    • Très peu d'avions de chasseurs (les près de 200 existants tous complètement périmés),
    • un nombre de bombardiers tout aussi réduit,
    • Une artillerie divisionnaire particulièrement faible (5 fois moins de canons que dans les divisions Allemandes) !
  • Une politique étrangère qui visait à se mettre en conflit avec son plus puissant voisin qui remplaçait l'Empire Russe, toujours haï.

La Tchécoslovaquie était tout le contraire de cela.

C'est donc une bonne occasion de focaliser notre attention sur un étonnant chasseur Tchécoslovaque, totalement supérieur au Gladiator Britannique (et encore plus brillant par rapport au PZL 11 Polonais). 

La grande faiblesse morale comme la courte vue de nos politiciens Français et de leurs "alliés" Britanniques lui ont interdit de figurer au rang qui lui revenait...



L'Avia B 534, un biplan remarquable


C'était un petit chasseur conçu par l'ingénieur František Novotný et construit en tubes d'acier entoilés, comme le Hurricane Britannique.

Long de 8.10 m, il pesait 1 440 kg à vide et 1980 kg au décollage.

La voilure, de 9.40 d'envergure, avait une surface de 23.56 m², ce qui donnait une charge alaire de 84 kg/m² qui lui assurait une maniabilité remarquable.

Le moteur était un Hispano 12 Ydrs construit sous licence par Avia et qui délivrait 850 Cv.





Avia B 534 de 3ème série - On distingue les saignées de tir des mitrailleuses, un radiateur d'eau du début des années 30 et la trace des nervures d'ailes, preuve qu'elles sont entoilées. On voit aussi une vraie conduite intérieure bien pensée.
La prise d'air d'admission était bien pensée et bien réalisée.


Le fuselage, bien dessiné, lui permettait une vitesse de pointe de 395 km/h (on trouve de 375 à 410 km/h dans la littérature, suivant les différentes versions). 

Il vola pour la première fois le 25 Mai 1933 mais fut remanié suffisamment souvent pour que l'essentiel des exemplaires produits soient considérablement améliorés.

La vitesse de croisière maximale était de 345 km/h et donnait une autonomie de 500 à 580 km suivant les sources (les deux réservoirs d'essence totalisaient 347 litres de contenance).
Un autre auteur donne une vitesse de croisière économique (cette fois-ci) de 300 km/h.

Le B 534 était donc typiquement un intercepteur de zone (i.e. défendant une ville, une usine ou une division), tout comme le furent le Messerschmitt 109 et le Spitfire.

Le plus gros atout de ce chasseur résidait dans une très grande capacité ascensionnelle :
  • L'Avia B 534 avait un plafond de 10 600 m (à comparer aux 8 000 m de plafond d'un PZL 11C).
  • Il montait à 5 000 m en 5' 30"  (4' 28" dans d'autres sources) soit près de une à deux minutes plus vite que le Messerschmitt 109 E de 1940.
On peut regretter que cet avion n'ait pas été équipé d'échappements propulsifs (qui donnaient entre 10 et 15 km/h de bonus au Gloster Gladiator, ni d'hélice à pas variable, ce qui aurait permis un gain total d'environ 30 km/h en vitesse de pointe.

L'armement comportait 4 mitrailleuses de 7.92 mm utilisant la cartouche Mauser. 

C'est un armement de même ordre que celui monté 2 ans plus tard sur le Gloster Gladiator, avec des mitrailleuses à vitesse initiale de 80 m/s plus élevée.


{Une version plus épurée fut réalisée, le B 634
Mais au moment même où cet avion sortait, Avia faisait voler un monoplan bien plus intéressant, le B 35, dont la structure rappelait celle du B 534 mais qui gardait un train fixe. 
Ce chasseur, au fuselage bien dessiné, démontra d'excellentes qualités de vol et sa vitesse surpassait celle du B 534  de 100 km/h. 
Malheureusement, lors d'un vol à très grande vitesse et à basse altitude, le pilote d'essai, qui n'avait jamais volé aussi vite, engagea une manœuvre trop brusque et l'avion s'écrasa au sol, tuant son pilote qui s'était peut être sonné en passant les 10 g.


En 1938 et début 1939, face à l'Avia B 534, les Allemands disposaient de Messerschmitt 109 C ou D qui avaient une puissance de 700 à 720 Cv, pesaient environ 350 kg de plus au décollage et avaient un armement comparable.

Monoplans et dotés d'un train éclipsable, ils étaient, certes, de 50 à 60 km/h plus rapides, mais ils montaient beaucoup moins vite, moins haut de 1 000 à 2 000 m et ils étaient beaucoup moins manoeuvrants. 

Par ailleurs, en Juillet 1938, 50% des avions Allemands étaient indisponibles pour une raison ou pour une autre : Autrement dit, même en Septembre 1938, l'Allemagne n'avait aucun toit digne de ce nom pour se couvrir des attaques aériennes d'où qu'elles soient venues.

En cas de rencontre aérienne, les Messerschmitt auraient été placés exactement dans la situation que vécurent les P 40 US en Australie face aux chasseurs Japonais A6 M2 Zéro en 1942.

Leur seul avantage aurait consisté dans le système des excellents radars Freya, une fois du moins que ceux-ci soient devenus opérationnels (fin 1939, Galland rapporte l'interception, sur alerte radar, d'un Bf 108 Taifun appartenant à un officier supérieur de la Luftwaffe dont l'avion fut abattu et qu'il avait fallu repêcher, vert de rage, dans les eaux froides du Rhin).

Les pilotes Tchèques qui se sont battus en France en 1939  et en 1940 ont démontré leurs remarquables qualités de chasseurs, de tireurs et de tacticiens.




La guerre de Tchécoslovaquie (point de départ pour une uchronie)...

Avertissement : Toute uchronie est une pure fiction qui sert à montrer que l'Histoire aurait pu se dérouler autrement que ce qui s'est passé.

Néanmoins, dans le cas précis de cette uchronie, il existe une objection forte qui réside dans la présence, essentiellement en périphérie de la partie Tchèque, d'une population de langue Allemande (mais qui appartenait avant 1919 à l'Empire Austro-Hongrois) totalement noyautée et entraînée par les SS.

Aurait-elle pu saboter le fonctionnement de l'armée Tchécoslovaque ?  Je suis bien incapable de répondre à cette question. 

Si oui, l'Histoire n'aurait pas changé par rapport à ce nous connaissons. 

Par contre, Mr. Daladier a accepté que la ligne de fortifications dite "Ligne Maginot Tchécoslovaque" soit cédée à l'Allemagne, ce qui était et reste inadmissible...




Les capacités du chasseur Avia évoquées ici ne concernent que la période 1938-1940 et uniquement face à la Luftwaffe d'Hitler.

Il s'agit de voir si la France risquait réellement d'être submergée par la Wehrmacht et par les avions de Goering en fin 1938, lorsque Daladier voulait encore sauver la Tchécoslovaquie.


{Des gens appartenant à des pays ayant fait partie de l'Axe pendant la Seconde Guerre Mondiale peuvent être intéressés par le fonctionnement du B 534 en 1941, voire plus tard, c'est tout à fait compréhensible. 

Mais il fut alors confié à des pilotes peu motivés (car peu enclins à lutter contre des Russes comme à obéir à des Allemands), ce qui explique un palmarès assez moyen, d'autant plus que les performances de l'Avia 534 en 1941 n'avaient pas changé alors que partout ailleurs, les avions de chasse avaient gagné de 100 à 200 km/h.

Mais ce chasseur avait été conçu comme un intercepteur pur devant agir entre 1935 et 1940 et son successeur monoplan Avia 35 volait déjà très bien à l'été 1938. }



Des faits bien réels 

La Tchécoslovaquie constituait, face au Reich hitlérien, l'allié le plus puissant et le plus fiable que la France ait eu entre les deux guerres. 
(Le Royaume-Uni n'avait pas l'attitude d'un allié de la France, il favorisait le réarmement de la Kriegsmarine et multipliait les objections devant notre propre réarmement).

La première chose à rappeler, c'est que la Tchécoslovaquie n'est pas vraiment un pays plat, loin de là.

La partie Tchèque est entourée de reliefs non négligeables, tandis que l'essentiel de la Slovaquie est constitué de montagnes, sauf dans la plaine où coule le Danube, lequel est, en lui-même, une très puissante coupure naturelle.



Relief de la Tchécoslovaquie en 1969 (donc parfaitement semblable à celui de 1938) . Sur cet carte, les plus grosses taches roses sont les grandes v illes  : On voit, au centre de la partie Sud, que Vienne, Bratislava et Budapest sont proches les unes des autres, Prague étant loin au Nord-Ouest de Vienne (plus de 300 km).


Par ailleurs, les forêts, nombreuses et souvent très denses, réduisaient les chances de détecter des mouvements de troupes au sol.

Autrement dit, la pénétration d'une armée dans ce pays n'avait rien d'une promenade de santé

Pour la Wehrmacht, cela aurait ressemblé à une invasion au milieu d'un très grand massif des Ardennes (Rappel : La seule Tchéquie a une surface plus de 2 fois supérieure à la totalité de la Belgique). 

Rien à voir sur ce plan avec la Pologne (en Août 1965, j'ai conduit successivement dans ces deux pays, et, pour un jeune conducteur, les sinueuses routes Tchèques étaient bien plus instructives - et donc plus amusantes - que les routes Polonaises quasi-rectilignes 



De plus, la ligne des fortifications Tchécoslovaques ne pouvait pas être percée aussi facilement que certains se l'imaginent encore maintenant

Si Guderian (in Heinz Guderian, mémoires d'un soldat) écrivait, après la guerre, que ces fortifications n'étaient pas aussi formidables qu'elles le paraissaient avant qu'il les ait visitées, il reconnaît que la Wehrmacht y aurait subi des pertes bien inutiles (ce qui est un bel euphémisme).

D'autant plus que l'armée Tchécoslovaque avait déjà mobilisé 33 divisions en 1938 (au contraire de l'armée Polonaise de Septembre 1939 dont la mobilisation ne fut lancée qu'après le début de l'offensive Allemande, dans les pires conditions possibles).

L'armée blindée Tchécoslovaque mettait en œuvre 350 chars Skoda LT vz. 35 correctement blindés, rapides, ergonomiquement excellents et bien armés. 




Char Škoda LT vz 35 : Agile, endurant, armé d'un 37 mm long envoyant son obus à 675 m/s, il pouvait détruire la friture des chars légers Allemands. Il craignait peu le Pz III mais devait se méfier des Pz IV (alors inexistants).


La Tchécoslovaquie n'allait pas tarder à disposer d'un matériel encore supérieur (LT vz. 38).

Ceux qui, aujourd'hui, opposent aux chars Skoda les 1 900 chars Allemands existants en 1938 oublient simplement que chaque char Tchècoslovaque pouvait facilement détruire une dizaine des Pz I ou Pz II qui n'étaient que des automitrailleuses très peu blindées, vulnérables aux balles de fusils pour les premiers et aux balles de mitrailleuses lourdes pour les seconds...

Les Panzers III n'étaient alors que des engins expérimentaux et les Pz IV étaient encore moins développés
Opérationnellement, ces deux chars n'existèrent qu'à partir de la Campagne de France.


Un historien Allemand, Mr Milan Hauner, souligne très minutieusement les diverses difficultés que pouvait rencontrer la Tchécoslovaquie pour faire face militairement à l'Allemagne en Septembre 1938. 

Il semble juste négliger l'aviation Tchécoslovaque, au prétexte que cette aviation était essentiellement formée de chasseurs biplans Avia B 534 et qu'elle ne comportait que 200 bombardiers.

Ces affirmations ne correspondent pas à la réalité de l'Eté 1938 : La Chasse Tchécoslovaque était particulièrement dangereuse pour la Luftwaffe.



Il oublie aussi le facteur météorologiqueA Prague, par exemple, le début du mois d'Octobre est généralement encore pluvieux, puis va connaître une amélioration transitoire qui s'accompagne de brouillards matinaux. Ces derniers, qui favorisent toutes sortes d'embuscades, vont devenir de plus en plus épais avec la baisse des températures.

L'hiver commence réellement en Novembre et va provoquer de nombreux problèmes, avec des chutes de neige abondantes.


En conséquence, les Allemands auraient, probablement, tenté une intimidation en bombardant les principales cités de Bohème et de Moravie, exactement comme ils l'ont fait deux ans plus tard à Rotterdam. 

Nous savons par ailleurs que la Wehrmacht n'avait pas été conçue pour les campagnes hivernales, à la différence de l'ensemble des matériels soviétiques.

Mais les Allemands devaient en plus garder des bombardiers et des chasseurs pour traiter les confrontations avec la France. Eux-mêmes, d'ailleurs, n'étaient pas à l'abri des réactions Tchécoslovaques.

D'ailleurs, leur aviation de bombardement et de renseignement n'était pas tellement plus brillante que celle des Français.


Les Dornier 17 D et F étaient en Espagne, où ils commençaient à manquer de performances (la plupart des avions survivants au conflit restèrent sur place). 
Il existait 530 exemplaires des version M et P, et la version Z commençait tout juste à sortir.

Les  Heinkel 111, nettement plus gros porteurs, étaient réservés aux vols longs et rapides, je pense donc qu'ils auraient été employés plutôt contre la France (dans la mesure où notre Etat-Major aurait eu une conduite énergique).

Le bombardier Allemand le plus fréquent (à peu près 600 exemplaires) en 1938 était le Junkers 86. 
C'était un avion long de près de 18 m, avec une envergure de 22.50 m.
Sa surface alaire était de 82 m² et sa masse restait faible pour lui assurer une charge alaire un peu inférieure à 100 kg/m². 

Son train étroit rendait sûrement son pilotage un peu délicat au décollage.





Junkers 86  A ou D - 


Ses deux moteurs diesel Jumo 205 C-4 de 600 Cv lui assuraient une vitesse de pointe de 325 km/h à 3 000 m.

Son plafond était inférieur à 6 000 m : Son niveau de vol normal ne devait donc pas, normalement, dépasser 4 000 m. 

En performances, il était comparable au Bloch 210, tout en montant nettement moins vite et moins haut et en n'emportant que
 800 kg de bombes (au lieu de 1500 kg pour le Bloch). 

La destruction d'un bombardier de ce genre n'aurait posé aucun problème au chasseur Avia.

{Détail : Si vous allez sur Wikipédia, vous trouverez la plupart du temps des informations sur la variante stratosphérique Ju 86 P qui , pourtant, n'existait pas du tout en 1938 ni en 1939 et qui ne commença à voler opérationnellement qu'au dernier trimestre de 1940 (pour ce que l'on en sait). 

C'est un point de vue purement Britannique, puisque le Ju 86 P commença à intervenir dans la Bataille d'Angleterre, dans les Balkans puis en Russie, démontrant d'abord un plafond de 12 000 m sans trouver beaucoup d'opposition avant celle apparue un peu plus tard - fin 1941 - avec les Spitfire Mk VI puis, en 1943, avec le Mk VII ! 

Le Ju 86 P fut remplacé par une version améliorée, le Ju 86 R, qui montait à 15 000 m.}


Certes, les Allemands disposaient donc en tout de plus de 1 300 bombardiers opérationnels, mais ils ne disposaient en 1938 que d'environ 600 Bf 109 dont la fiabilité était douteuse (50% d'indisponibilité en Juillet 1938).

Surtout, comme l'écrivait Adolphe Galland dans son témoignage sur la Seconde Guerre Mondiale, politiciens et généraux peuvent toujours imaginer ce qu'ils veulent sur la Maîtrise de l'Air obtenue au moyen d'avions de bombardement

Mais, une fois que leurs bombardiers volent au-dessus de territoires hostiles, ils sont sous la domination absolue de la Chasse ennemie, tant que leur propre Chasse n'a pas nettoyé la partie de ciel dans laquelle ils arrivent

Hitler a dû reculer fin Octobre 1940 devant le prélèvement quotidien que la Chasse Britannique avait réalisé sur la Luftwaffe pendant les trois mois admis pour la Bataille d'Angleterre (prélèvement auquel on me permettra de rajouter celui que l'Armée de l'Air et ses Alliés avaient réalisé pendant 40 jours entre le 10 Mai et le 24 Juin).


En cas d'offensive aérienne contre la Tchécoslovaquie, et sachant que la France avait décidé de combattre pour de bon, les assaillants Germaniques n'auraient disposé d'aucun allié :
  • La Pologne serait restée neutre en vérifiant sa frontière Est avec l'URSS.
  • L'Italie en aurait fait autant, tout en préparant une entrée en Alban, et si le Ni ie.
  • La Grande Bretagne aurait été divisée entre pro-Allemands et anti-Allemands. Elle aurait difficilement pu condamner la France et la Tchécoslovaquie car cela aurait définitivement terni son image internationale. 

Alors, le schéma tactique d'interception ponctuelle par la chasse de nos Alliés aurait probablement été classique : 
  • Réception d'alerte  dès le franchissement des frontières,
  • Décollage des avions,
  • Montée vers la formation ennemie,
  • Attaque de l'ennemi,
  • Retour à la base pour refaire les pleins de carburant, de lubrifiant et de munitions.
La montée à 5 000 m prenait 5' 30" au B 534, ce qui veut dire que l'ennemi était engagé, au pire, entre 10 et 15 minutes après l'alerte. 

A ce moment, la montée d'un Bf 109 C ou D devait prendre près de 8 minutes pour arriver à cette altitude (10 minutes pour monter à 6 000 m). 

Par contre, les bombardiers Allemands de cette période voyaient leur vitesse de pointe chuter notablement avec l'augmentation de leur charge de bombe (la vitesse de pointe d'un He 111 avec son plein de bombes ne dépassait pas 300 km/h...) .

Le résultat de l'attaque des pelotons de bombardiers Allemands par des chasseurs Tchécoslovaques - disons au 25 Septembre 1938 - avait des chances d'être plus meurtrière que celle que les groupes de chasse Français ont obtenu le 10 Mai 1940. 

Ce meilleur rendement repose sur la très bonne vitesse ascensionnelle du B 534, sur la faible vitesse des bombardiers Allemands et sur la division des bombardiers ennemis en deux flottes : Celle du front Français et celle du front de l'Est. 

La vingtaine de Potez 630 déjà livrés à l'Armée de l'Air pouvait faire de l'alerte en vol au-dessus du territoire Allemand, étant peu vulnérables aux Bf 109 du moment. 


Au niveau de la Chasse, si nous avions disposé de Nieuport 161, la supériorité aérienne eut été conquise instantanément. Et, pour le coup, les D 510, D 501 et Spad 510 auraient posé d'énormes problèmes à la Luftwaffe. (Les Curtiss ne sont arrivés qu'en 1939, mais ils n'auraient pas été commandés si le Nieuport 161 avait été choisi).

Les bombardiers Tchécoslovaques

Ainsi que je l'ai rapporté précédemment, on attribue couramment 200 bombardiers à l'Aviation militaire Tchécoslovaque.

A la fin de l'été 1938, elle disposait de :
  • 54 Bloch 200 de bombardement de nuit, alors considérés comme encore modernes (285 km/h), capables de porter 1 400 kg de bombes (au lieu de 1 200) et protégés par 5 mitrailleuses (au lieu de 3).


Document de l'auteur - MB 200


  • Environ 60 Tupolev SB de bombardement de jour, 

Tupelev SB - De 425 à 450 km/h.

  • Au moins 400 Letov S 328 de reconnaissance et de bombardement (capables de livrer 500 kg de bombes, soit 50 kg de plus que les Fairey Battle). 

Letov 328 - 320 km/h - autonomie 1 200 km - plafond 7 000 m.


La maniabilité tout à fait exceptionnelle (70 kg/m² de charge alaire) de ces avions en aurait fait d'excellents avions de harcèlement des colonnes d'infanterie ou de blindés ennemies (à l'instar des Henschell 123 Allemands).

On voit que nos alliés auraient disposé de plus de 500 avions de bombardement.


Quid de l'Union Soviétique ? 


L'Union Soviétique disait exiger un passage par la Pologne pour atteindre la Tchécoslovaquie. 

Si nous avions disposé d'un diplomate de grand talent (en lieu et place de Mr. Georges Bonnet), il aurait été possible de faire remarquer au représentant de Staline deux points :
  • D'abord, nous devions y aller de toute façon. Les nations Slaves auraient bien vu alors qui étaient leurs vrais alliés.
  • Ensuite, rien n'empêchait l'URSS de débarquer des troupes en Prusse Orientale afin d'y prendre un gage.
Au vu des intérêts bien compris de l'Union Soviétique, une telle intervention devenait obligatoire car, du fait de la prédominance Prussienne dans la Wehrmacht, Hitler aurait nécessairement distrait une forte partie de ses troupes pour éviter la prise de Koenigsberg, berceau des Chevaliers Teutoniques, donc de la Prusse.

A ce stade-là, l'URSS disposait d'une flotte sous-marine non nulle, de cuirassés, de croiseurs et de destroyers qui pouvaient ennuyer sérieusement la Kriegsmarine en Baltique, sachant que la Guerre d'Espagne mobilisait déjà certaines de ses unités les plus récentes, notamment ses cuirassés de poches de 16 000 t.

Par ailleurs, l'Armée Rouge disposait de chars T26 et BT qui paraissaient alors extrêmement puissants, assez rapides et très bien armés d'un canon de 45 mm très efficace à plus d'un kilomètre.




Tank soviétique BT 5 - La suspension Christie dans toute sa splendeur (72 km/h sur les roues seules, 52 km/h sur chenilles)


Enfin, l'aviation soviétique comportait une chasse très nombreuse avec des avions rapides I 16, des bombardier SB plus rapides que les bombardiers, voire les chasseurs Allemands.


Tupolev TB 3  - document modifié par moi-même - Un bombardier vraiment lourd, et sa charge de 2 chasseurs-bombardiers I 16 (armés chacun de 2 bombes de 250 kg) qui illustre parfaitement ses capacités d'emport de 5 tonnes !























En plus, elle disposait d'environ 800 bombardiers Tupolev TB 3 qui pouvaient transporter facilement 5 tonnes de bombes, voire un bon nombre de parachutistes. 

Aucun problème, a priori, pour en envoyer 350 larguer 8 000 parachutistes sur une région de la Prusse Orientale préalablement "traitée" par des bombardements de nuit !

Ce grand bombardier volait au maximum, en 1935, à 288 km/h à l'altitude de 4 000 m (source : Wikipedia en langue Allemande du 9 Mars 2019).

En 1941, certains furent gréés pour lancer 2 chasseurs I 16 et au moins un autre fut testé pour transporter un char léger T 27 !



L'Armée de l'Air Française


A l’Été 1938, le bombardement Français comportait environ : 
  • 190 Bloch 200 (pour le bombardement de nuit), 
  • 140 Amiot 143, 
  • 150 Potez 540, 
  • 240 Bloch 210,
  •   60 Bloch 131, un peu plus rapides (350 km/h). 
  •   30 Farman 222-2 très gros porteurs.
La France possédait donc plus de 800 bombardiers susceptibles de tenir réellement leur rôle.

Sachant que les Amiot 143 furent envoyés de jour le 14 Mai 1940, sur la ville de Sedan, occupée par Guderian et à seulement 800 m d'altitude, que la plupart d'entre eux furent capable de rentrer dans nos lignes alors qu'ils étaient à peine escortés par de pauvres MS 406, nul doute que ces bombardiers eussent pu faire un encore meilleur travail deux années plus tôt.

Certes, les successeurs de ces avions n'avaient pas encore été choisis.

Le Bréguet 462 et l'Amiot 340 étaient au point, il aurait suffi d'en lancer la série début 1937 : Ils eussent ridiculisé les Bf 109 de 1938, vu que l'Amiot 351 / 354, bien que significativement plus lourd que le 340, était toujours dangereux pour la Wehrmacht en 1940 !




Conclusion provisoire

Début 1939, le gouvernement Tchèque proposa de livrer à notre pays 200 Avia B 534 à très bas prix (source: L'Aviation de Chasse Française, 1918-1940, Cuny & Danel, Docavia #2, p. 144)

Nos décideurs ne comprirent pas la chance que cela représentait pour notre pays : Des avions de chasse excellents pour en faire ce que nous voulions, par exemple, établir une seconde ligne de défense en profondeur. 

C'eut été le moyen de disposer rapidement de pilotes expérimentés, donc remarquablement efficaces.

Il y a eu plusieurs immenses fautes de la part du président du Conseil Daladier pendant la crise des Sudètes. 

Elles furent précédées par le navrant voyage du général Vuillemin en Allemagne.

Cet homme ne disposait sûrement pas d'une cuillère assez longue pour dîner avec le Maréchal Goering ! 

Notre aviateur en chef aurait été mieux inspiré visiter notre Allié à Prague et à Bratislava.
  • La première faute de Daladier fut de refuser la discussion à trois proposée par l'URSS et la Tchécoslovaquie. Nous aurions pu mettre en route nos tactiques communes. On lit que soixante divisions soviétiques étaient prêtes à intervenir en Tchécoslovaquie  .
  • Une seconde faute majeure fut de suivre le politicien Neville Chamberlain dans ses propositions abracadabrantesques !  Il eut probablement suffit de dire fermement que toute discussion sur la Tchécoslovaquie et contraire au Traité de Versailles devait se faire avec ce pays et l'URSS.
  • La troisième fut de ne pas lancer directement l'ordre de mobilisation. Hitler n'aurait peut-être pas reculé tout de suite, mais ses généraux étaient plus que réticents à relancer la suite de la Grande Guerre. Notre minable reculade conforta extraordinairement le pouvoir du Führer sur ses militaires...

Je me permettrais enfin de souligner le comportement à très courte vue du colonel Beck, ministre des Affaires Etrangères de Pologne. 

Certes, à cause de l'étonnante mauvaise information du président US Wilson, en 1919, le Traité de Versailles avait attribué à la Tchécoslovaquie la ville de Cieszin (Teschen en Allemand) comportant une forte population Polonaise. 

Mr Beck, au lieu de soutenir la Tchécoslovaquie en 1938, préféra soutenir la thèse Allemande pour obtenir la ville de Teschen en pourboire

Bien sûr, onze mois plus tard la Wehrmacht se trouva devant une Pologne sans Allié immédiatement disponible et fut défaite en moins d'un mois... 

Si la Pologne avait soutenu la Tchécoslovaquie, Hitler n'aurait pas pu entrer en guerre, ou alors il l'aurait très vite perdue.

Certes, je viens de le dire, la France a fait d'énormes fautes dans ce moment capital, mais elle fut très loin d'être la seule.