samedi 4 août 2012

En 1940, les problèmes de commandement n'épargnèrent aucun des pays Alliés... (Révisé 31 / 10 / 2023 ***)


Les problèmes de commandement en Mai-Juin 1940 : Loin d'être réservés aux seuls Français !


Comme tout le monde le sait depuis longtemps, le commandement Français s'était lancé, entre Septembre 1939 et Juin 1940, dans des visions stratégiques relevant de la plus extrême bizarrerie, ce qui fut très bien souligné, par exemple, dans les mémoires du Maréchal Bernard Montgomery.

Mais ce dernier ne va rien perdre pour attendre...

Pour être juste, je me dois d'ajouter que, jusqu'en Décembre 1941, le commandement Soviétique ne se montrera sûrement pas plus brillant, perdant une série de batailles gigantesques malgré l'abnégation incroyable des soldats Russes et de ceux issus des autres républiques soviétiques. 

Quant au commandement US, il subit lui aussi une série de revers initiaux sur le front du Pacifique qui montraient un tel amateurisme que des complotistes Américains des années 40 accusèrent Roosevelt d'avoir placé, en toute connaissance de cause, les plus mauvais chefs à Pearl Harbor afin de pouvoir mener la guerre à sa façon, c'est à dire en Europe et contre les nazis (que certains voyaient - à tort - comme un excellent rempart contre Staline).

Soyez rassurés, dans ce domaine particulier, le commandement Britannique n'a, lors de la même période, démontré vraiment aucune supériorité sur le commandement Français.

Voyons donc un peu ce qu'il en était sur ce plan.

Au début de 1940, les généraux Britanniques s'étaient très vite ralliés au projet de Gamelin de détruire les raffineries de Bakou (Aéro-Journal n°9, 1999), actuellement en Azerbaïdjan mais, à l'époque, en URSS 

{Ce texte a été écrit en Août 2012, depuis, ma réflexion inverse les choses car cette vision anti-Russe est caractéristique de la politique Anglaise depuis le XVII ème siècle et continuera probablement jusqu'à la fin des temps. Ce projet ne peut avoir été pensé que par des Britanniques.}

C'était probablement par pure idéologie anticommuniste, voire par amour immodéré du pétrole. 

Cela ne leur conféraient, pour autant, pas plus de vision stratégique qu'à ce pauvre Gamelin 



Petit coup d’œil sur les dictateurs


Ces grands généraux Alliés ne connaissaient peut-être pas le texte véritable du projet de Hitler (in Mein Kampf) pourtant largement distribué en Allemagne et dans lequel il indiquait avec une parfaite clarté que son véritable but de guerre, après l'élimination de la France, consistait à coloniser tout l'Est de l'Europe. 

Seule circonstance atténuante, les militaires Allemands de haut vol ne semblent pas non plus y avoir cru... jusqu'à être arrivé au pied du "mur" que constitua l'opération Barbarossa qui devait abattre l'Union Soviétique.


S'il arrive aux politiciens habituels, de brandir des desseins spectaculaires lors d'une campagne électorale, c'est juste pour surprendre leur électorat hésitant.

En fait, ils veulent uniquement le pouvoir pour profiter de ses innombrables gros avantages. 
Ils sont donc assez parfaitement prévisibles.


Par contre, les dictateurs, eux, veulent laisser une trace durable dans l'Histoire.

Il est donc mortellement dangereux de ne pas tenir compte des buts qu'ils ont annoncés, et c'était en particulier le cas avec Hitler et Staline. 

Il aurait dû être clair,
 au moins pour les généraux Allemands, comme pour tout le monde, que l'affrontement entre le IIIème Reich et l'URSS était inévitable et qu'il serait sans merci. 

D'abord parce que le Lebensraum (espace vital) qu'Hitler promettait à ses électeurs était situé à l'Est de l'Europe, ensuite parce que lui, tout comme Staline, escomptait devenir un jour le seul maître du Monde.

Mais Hitler devait, auparavant, liquider la France pour la punir d'être ce qu'elle est. 

En conséquence, tous nos "très brillants" brevetés d'état-major - de même que nos si- brillants diplomates - auraient dû se souvenir qu'un allié vraiment puissant à l'Est de l'Allemagne nous était absolument indispensable simplement parce que une guerre menée des deux côtés opposés d'un adversaire puissant est bien plus efficace qu'une guerre sur un seul front.



L'Allié polonais ?


Promue à ce titre, la Pologne était certes un Allié courageux, mais les chars Vickers qu'elle avait achetés aux Britanniques, comme les 130 (!) "chars" TP qui en étaient issus, étaient archaïques.

Ils n'étaient ni assez armés - un 37 mm - ni suffisamment blindés - 17 mm (!!!) - ni suffisamment nombreux. {Dire que nous nous sommes plaints des 30 mm du blindage de l'ACG 2 qui, elle, était armée d'un excellent 47 mm !} 





Tankette 7 TP



Il est  vrai que l'état-major Polonais croyait dur comme fer à l'impénétrabilité de ses forêts.

En conséquence, il n'avait jamais (à l'image des état-majors Alliés Occidentaux) testé ce que pouvait donner une véritable attaque par des divisions blindés. 

Il n'était pas moins critiquable que Gamelin qui, lui, croyait au caractère infranchissable des Ardennes

Dans les 2 cas, même si des expériences avaient été faites, elles n'avaient pas été correctement interprétées.

{Parenthèse : 
Plus de 4 années après la percée de Sedan du 14 Mai 1940, lorsque Hitler rééditera le coup d'une attaque surprise par les Ardennes, avec von Rundstedt, malgré l'expérience désastreuse des Français et des conditions terriblement plus dures pour la Wehrmacht, les Américains seront surpris et au bord du désastre.

Ils sauveront le coup grâce 1) à l'héroïsme des parachutistes de la 101ème division du général McAuliffe et 2) à l'extraordinaire rapidité de la conversion effectuée par le génial Patton, toujours si détesté par les journalistes de son propre pays.}


Cerise sur le gâteau, si j'ose le dire, le budget Polonais de l'aviation de combat était fixé à seulement 2% du budget militaire (!!!).

Il permettait tout juste d'entretenir une centaine de chasseurs PZL 11 C - 370 km/h en 1933 - complètement dépassés (et je ne compte pas les PZL 7 encore 40 km/h moins rapides, parce que leur valeur pour les missions de Chasse était nulle). 


A ce moment précis, Hitler pouvait placer environ 1 500 avions de Chasse Bf 109 face à la Pologne. 

Chaque pilote de chasse Polonais devait donc abattre 15 chasseurs Allemands qui étaient tous bien supérieurs aux leurs : Même si les pilotes Polonais se sont effectivement battus comme des lions, ils étaient enfermés dans le pire des huis clos.


Je me suis toujours demandé pourquoi les maîtres de l'Aviation Polonaise n'avaient pas acheté leur propre PZL 24, bien plus performant que le PZL 11 avec ses 425 km/h et que la Pologne exportait très facilement (Grèce, Roumanie, Turquie) !  Voir le détail de cette question sur ce post.



L'URSS de Staline


Le comportement de notre futur Allié Soviétique fut biaisé par Staline en personne. 

Il agissaiten 1939, comme ennemi objectif de la France, puisqu'il fournissait à Hitler :
  • hydrocarbures, 
  • métaux divers,
  • denrées alimentaires indispensables.

L'URSS, incomparablement plus puissante que la Pologne, disposait d'environ 15 000 chars et de plus de 4 000 avions de chasse, tous bien plus évolués que les avions Polonais. 
Le plus rapide chasseur soviétique opérationnel était le Polikarpov I 16, et il atteignait, au moins, 440 km/h (il allait passer ensuite à 520 km/h).

Ce pays était donc bien plus dangereux pour Hitler, d'autant plus que son immensité même permettait, le cas échéant, de retraiter longtemps sans perdre l'essentiel du matériel et des hommes


Le 22 Juin 1941, les peuples réunis sous le joug Stalinien commencèrent à payer, au prix de leur sang, les erreurs d'appréciation du dictateur communiste. 

Car, ayant laissé la France se faire écraser, il n'avait plus du tout d'allié pour combattre sérieusement Hitler. 

Le début de l'opération Barbarossa allait être terrifiant pour les soldats et les populations de l'URSS.


Ces très mauvais débuts d'opérations étaient dus au fait que Staline, tout à sa paranoïa, avait éliminé physiquement, en 1937, son meilleur stratège (Mikhaïl N. Toukhatchevski) et 90 % des cadres dirigeants de l'Armée Rouge, soupçonnés de penser comme leur ancien chef militaire !

Les nouveaux cadres de l'Armée Rouge n'avaient ni l'expérience ni la compétence pour combattre dans une guerre moderne. 

Ils avaient été promus pour leur docilité politique (tout un programme pour en faire des stratèges). 

La pire erreur de Staline - chef de guerre - fut donc de signer le pacte Germano-Soviétique, fin Août 1939. Il y a été encouragé par Lord Halifax à la suite d'une très inepte évaluation du potentiel militaire soviétique par ses chefs militaires !

Je ne mets pas en cause ici les autres dirigeants soviétiques (sauf Molotov et Beria) dont la vie ne tenait qu'à un fil.



C'est donc bien Staline qui a déclenché la Seconde Guerre Mondiale, involontairement sans aucun doute

Au début, ses motivations devaient être complexes : Il voulait punir la France de son soutien à la Pologne au début des années 20 - où lui-même ne s'était pas vraiment montré un bon chef militaire - et il voulait, dit-on (c'est encore la version officielle des communistes), éviter la guerre à son pays. 

Son manque de lucidité lui a cependant interdit de comprendre que la victoire éventuelle d'Hitler sur la France doperait la volonté guerrière de tout le IIIème Reich et lui permettrait d'agresser l'URSS avec des ressources bien supérieures.


Pour que la Wehrmacht arrive au cœur du dispositif soviétique, elle devait parcourir d'énormes étendues défendues avec acharnement.

Le temps passé à ce travail mirent en évidence quelques erreurs des décideurs Allemands. 

Comme cela avait été le cas en 1812 pour les armées Russes face à Napoléon et par chance pour nous, Staline a bénéficié de quelques mois pour comprendre ses multiples erreurs et tirer les premières bonnes leçons de ses nombreuses et sanglantes défaites subies pendant l'offensive Barbarossa - grâce en soit rendue à l'héroïsme intransigeant des combattants Russes. 

Mais le prix final en sang Russe de cette politique de Staline fut d'au moins 26 000 000 de morts

Il serait donc complètement erroné de faire de ce dictateur un bon stratège. 


Les plans opérationnels Alliés


Toujours est-il que la France, la Grande Bretagne et la Pologne, après avoir abandonné la TchécoSlovaquie, étaient bien seuls face au IIIème Reich.

Si on en revient à la guerre telle qu'elle s'est réellement passée en 1940, il faut rappeler que lmanœuvre Dyle-Breda soit disant conçue par le général Gamelin était demandée (voire exigée) à la fois par le Premier Ministre Britannique Chamberlain et par le Président du Conseil Français Daladier (voir dans GBM  n°75, Gamelin explique la montée en Belgique)

Cette manœuvre, du fait qu'elle visait à sécuriser Anvers, était destinée à rassurer les Britanniques.

Je ne comprendrai jamais l'obsession Anglaise sur ce port au moment où il s'agissait d'abord d'éviter d'être battu.

Par ailleurs, si Anvers était un pistolet braqué sur l'Angleterre, comment alors qualifier l'ensemble des côtes Françaises ?





Document de l'auteur - vue très simplifiée de la manœuvre Dyle-Breda - en rouge plein : les troupes Françaises et Britanniques au départ - en rouge pointillé gras : Les mêmes à l'arrivée (supposée)


Le plan Dyle-Breda pêchait par deux points essentiels (mais aussi par beaucoup d'autres, hélas) : 
  • Aucune préparation sérieuse n'en avait été faite ni avec les Pays-Bas ni avec la Belgique. Je veux dire que les contacts officieux entre les généraux en chefs ne servaient à rien si les officiers chargés d'effectuer les manœuvres ne les avaient pas déjà fait expérimenter par leurs troupes (voir mon article sur la Guerre aux Pays-Bas).
  • La principale armée de réserve Française (VII ème Armée - Général Giraud) était lancée loin en avant des frontières, prenant un risque inconsidéré d'encerclement tout en interdisant ensuite toute contre-offensive sérieuse, pendant qu'une grosse partie des autres armées (celle du Gal Prételat, par exemple) restait derrière la Ligne Maginot sans la moindre tentative de renforcement de la partie Nord-Ouest de nos lignes.
Après la défaite de Juin 1940, les généraux Britanniques ont écrit ou dit qu'ils ne croyaient pas au plan Gamelin. Comme c'est facile !

Pourquoi alors ne s'y sont-ils pas opposés de toutes leurs forces, y compris en utilisant l'échelon politique (méthode qu'ils ont si largement utilisée contre Patton en 1944) ?

Avril 2017 : J'ai écrit ce texte il y bientôt 5 ans. 

Mais, depuis, j'ai mangé de la soupe et je suis sûrement moins innocent : En fait, le plan Dyle-Bréda était, à l'évidence, un plan Anglais

Comme beaucoup de plans de Churchill (les Dardanelles), ce plan favorise une approche indirecte.

La preuve en est que l'opération Market Garden, en 1944, après une entrée massive et parallèle des troupes Alliées en Belgique, tente une entrée aux Pays-Bas, simplement à 100 km plus au Nord-Est : Le but était, une fois de plus, de menacer les centres industriels de la Ruhr.


L'armée Britannique en opération... Bof !!!


Revenons à Mai 1940. Après la percée du Front Français et le déferlement des forces motorisées Allemandes, les troupes Britanniques furent incapables de tenir leur front face aux Allemands.

Je ne mets aucunement en cause le courage ni les qualités des soldats Britanniques, mais, arrivés en France sans armes anti-chars, ils furent amenés à acheter des centaines de canons de 25 mm qu'ils ne maîtrisaient pas.

Leur DCA n'étaient pas plus brillante et leur entraînement n'était pas orienté vers la guerre de mouvement.


Après la guerre, on a largement monté en épingle la courageuse offensive tentée dans le secteur d'Arras par une brigade britannique de 76 chars appartenant à la 1st Armored Division contre la 7ème Panzer Division du Général Rommel.

Ce furent quelques dizaines de chars moyens rapides Cruiser, de chars lourds très mal armés Mathilda I et de bons chars lourds Mathilda II qui firent le travail en cette unique occasion.

La brigade Britannique dut se replier rapidement et fut alors sauvée d'un désastre par un bataillon Français de 40 chars Somua S 35 (que les écrits Anglo-Saxons oublient toujours de citer et de remercier !)

La grande majorité des chars de la 1st Armored division étaient des chars Vickers VI, parfaitement adaptés aux opérations de "maintien de l'ordre" dans un empire colonial (donc dans une guerre sacrément asymétrique !). 

Ces chars n'étaient ni correctement blindés (14 mm maxi), vulnérables aux simples mitrailleuses de 12.7 mm, ni correctement armés (mitrailleuses de 12.7 mm, donc incapables de percer les cuirasses de 30 mm d'épaisseur des chars Allemands !).

De plus, ces chars étaient trop courts par rapport à leur largeur, du coup, leur suspension facilitait des mouvements de tangage brutaux qui interdisaient le tir en marche, même très lente.

Ils ne pouvaient pas être engagés contre la 7ème Panzer Divizion de Rommel et ne le furent d'ailleurs pas.

Ces chars légers Britanniques, très rapides (56 km/h), furent pourtant employés un peu plus tard à Abbeville dans des manœuvres offensives très lentes (un comble!), donc trop prévisibles, qui se terminèrent en carnage inutile. 

S'ils avaient été associés à ceux de la 4ème Division Cuirassée de De Gaulle à Abbeville, en passant derrière les B1 bis et les Somua, une brèche aurait pu, cependant, être réalisée dans le dispositif Allemand.


Au niveau du commandement des forces Britanniques, la défaite de Juin 1940 amena, heureusement, une auto-critique dont nous ne saurons probablement jamais rien, mais qui eut pour résultat une prise de conscience de toutes les insuffisances pouvant exister face à la suite des opérations. 

Heureusement pour nous... mais bien tard quand même.


Pour leur part, depuis 1938, les Français étaient dans une de leurs phases de ce qui ressemblait furieusement à une foi aveugle dans le Père Noël. 

En conséquence, ils attendaient beaucoup trop des forces Britanniques dont les effectifs terrestres - 12 divisions en tout - étaient moitié moins moindres que ceux des forces belges avec leurs 22 divisions ! 

Le Royaume Uni n'avait pas de conscription, il ne disposait donc que d'une petite armée professionnelle dont l'essentiel était dispersé dans son Empire colonial. 


Pour l'Aviation, le commandement Français avait demandé que la RAF envoie 10 squadrons de Hurricane (~160 avions), ce qui avait bien été promis par le gouvernement Britannique.  

Cela paraît, de nos jours, très raisonnable, puisque la RAF possédait, officiellement, au 1er Septembre 1939, 500 Hurricane dans ses formations plus 9 squadrons de Spitfire (entre 150 et 200 avions).


Les premières escadrilles de Chasse Britanniques affectées au front Français n'étaient pourtant équipées que de minables biplans Gloster Gladiator (400 km/h avec le vent dans le dos) qui s'éclipsèrent relativement tôt pour être remplacés par des Hurricane Mk I, encore non au point, dont les 4 premières escadrilles n'arrivèrent qu'au compte-goutte.

Ce retard dans l'application des accords s'expliquait par les protestations véhémentes de l'Air Chief Marshall Dowding qui, en outre, refusait de se séparer de ses Spitfire, dont la chaîne avait démarré si tard et qui étaient si longs à construire (17 000 h de travail par appareil contre 10 500 h pour un Hurricane, source En Wikipedia). 

Il était donc plus que difficile d'aider les Polonais dans un tel contexte !


Pourquoi ce jeu Britannique ?


Il serait passionnant que les historiens, si un jour ils ont la chance d'obtenir la totalité des pièces ayant existé sur le sujet (si, du moins, elles n'ont pas été détruites...), de trouver le vrai but de guerre de la Grande Bretagne lorsque, la première, elle a déclaré la guerre à l'Allemagne de Hitler.

Elle n'a rien fait, à ce moment-là, pour qu'un front occidental permette de soulager l'armée Polonaise, elle n'a pas davantage pris ses responsabilités dans la défense aérienne du Front Français.

Il n'y avait, à ce moment précis, et d'après les témoins Allemands, qu'un mince rideau de troupes Germaniques face aux troupes Alliés, donc, au minimum, une occasion rêvée d'empêcher Hitler d'asservir la Pologne. 

Une réaction Alliée, forte et conjointe, aurait eu beaucoup de chance d'empêcher Staline d'annexer une bonne partie de la Pologne, avant d'attaquer la Finlande.


La Grande Bretagne a ensuite conforté le commandement Français dans des chimères totalement irréalistes (plans d'actions sur Bakou puis sur la Norvège). 

Aucun général Britannique n'a su s'opposer à ce que la principale armée Française de réserve s'enfonce dans le dédale du delta du Rhin.

A moins que ce soit Gamelin qui n'ait pas su s'opposer au plan Dyle-Breda...

Que l'on ne vienne surtout pas me dire que l'autorité de Gamelin ou celle de Daladier avaient cloués les Britanniques sur place : Les mêmes dirigeants Britanniques avaient très aisément imposé aux mêmes dirigeants Français la signature des accords de Munich.

Si Churchill a parfaitement réussi à récupérer l'essentiel de ses soldats à Dunkerque, c'est grâce au sacrifice ultime de 11 000 parmi les meilleurs de nos soldats et, aussi, à l'héroïsme des marins Alliés, y compris civils.


Alors, oui, il est vrai que des soldats Britanniques ont fait ce qu'ils ont pu jusqu'à Dunkerque (et un petit nombre, même, après).

Mais, eux, je ne les ai jamais critiqué. 


Par contre, je récuse le petit jeu ignoble des médias Britanniques, de 1940 à nos jours, qui ont sali les soldats Français pour magnifier les leurs. 

Mais, comme dans tous les pays, les médias, en temps de guerre, sont la voix des gouvernements.


Mes questions sont donc centrées exclusivement sur les dirigeants politiques et militaires. 

Ceux-ci n'ont jamais donné la moindre explication de toutes les anomalies que je viens de souligner.

Les dirigeants des deux pays neutres (Belgique et Hollande) étaient, eux aussi, bien loin du niveau qui leur aurait permis de faire face à la situation. Ils n'avaient rien compris du nazisme, mais ils croyaient à la neutralité, un concept qui n'existera jamais lorsqu'un pays est facile à envahir (et qui convient donc à la seule Confédération Helvétique).









Cliquez icpour la suite de cet article




Le Hurricane, seul chasseur Britannique efficace sur le front Français (re-complété le 09 / 10 / 2023 * *** ***)

(You may prefer to read that post in English? click here)



Le principal acteur aérien Britannique


Le premier chasseur Britannique envoyé en France en Septembre 1940 fut le biplan Gloster Gladiator, filant "officiellement" à 400 km/h à 4 350 m et montant à 4 500 m en 6 minutes.

Cela n'était vraiment pas très sérieux, vu qu'il était à peine capable d'escorter les bombardiers Fairey Battle.

Après une pleine semaine d'attente, le premier groupe de Hurricane arriva en France suivi assez vite de 3 autres groupes, puis, enfin de 2 autres.

De ce fait, le Hurricane a été l'acteur principal de la Chasse Britannique jusqu'à l'automne de 1940 (Bataille d'Angleterre)




Le prototype K. 5083



Sydney Camm, concepteur du Hurricane, avait tiré un monoplan à aile basse de son biplan Hawker Fury, conservant la structure entoilée en poutre de tubes d'acier étirés et la forme général du fuselage.

Ceci était parfait pour un usage colonial car les réparations avec des moyens de fortune étaient faciles.
De plus, les combats étaient asymétriques, mode qui s'inversa dès l'entrée en guerre fulgurante du Japon).

Le radiateur d'eau monté au départ n'était pas sans rappeler celui présent sur le prototype du Morane-Saulnier 405 de 1935, mais Sydney Camm le fit changer avant les essais officiels pour un radiateur plus sophistiqué et plus efficace.



Le 1er de tous les Hurricane : Sur ce site, on découvre que ce chasseur était déjà équipé de pots d'échappement propulsifs. 



C'était un chasseur de relativement grande taille, avec ses  9.84 m de long (comme un P 51 Mustang).

Rançon du choix d'une technique vieillotte, la masse au décollage était déjà, sans armement, de 2 573 kg.

Sa voilure avait une envergure de 12.19 m et une surface de 23.92 m².

La charge alaire était de 108 kg/m², identique à celle du Zéro en 1941.

Pour être complet, il faut ajouter que l'épaisseur relative de ses ailes était de 20% à l'emplanture et de 12% à l'apex. 
Ce dernier choix (très anti-Spitfire) explique une vitesse de pointe peu élevée et une vitesse de piqué très médiocre. 

Par contre, cela explique des virages particulièrement courts.

Il fit son premier vol le 6 Novembre 1935. 

En l'air, l'avion se comportait bien et tournait très serré, même si son taux de roulis était très moyen.

Les performances obtenues satisfaisaient le concepteur, Sydney Cam, puisque la vitesse dépassait la barrière symbolique des 300 mph (483 km/h).

L'avion effectua une dizaine d'heures de vol avant son entrée aux essais officiels, ce qui traduisaient les graves ennuis que connaissaient, alors, les premières versions du Rolls-Royce Merlin I. 

Pour fixer les idées, au Printemps 1936 :
  • le Messerschmitt 109 V1 (695 Cv) qui volait depuis près d'un an, atteignait 473 km/h, 
  • le Curtiss P 36 culminait à 460 km/h, 
  • le Morane 405 atteignait tout juste 435 km/h (et encore)...
  • le Polikarpov I 16 volait à 420 km/h.
  • Le Nieuport 161, lui, était au dessus du lot, avec ses 480 km/h, malgré une mise au point très incomplète. 

Les performances initiales du prototype K.5083 parurent donc très brillantes eu égard à la date du rapport (Avril 1936). 

Elles furent mesurées avec un moteur Rolls-Royce Merlin C donnant 1 029 Cv (!) à 3 400 m. 

Les vitesses de pointe en vol horizontal furent : 
  • 407 km/h au niveau de la mer, 
  • 507 km/h à 4 500 m d'altitude, 
  • 454 km/h à 9 000 m.
L'avion montait à :
  • 15 000' en 5' 42''
  • 20 000' en 8' 24"
  • Son plafond dépassait nettement les 10 000 m.

Aucun armement n'étant en place, ces performances étaient donc inévitablement destinées à décroître fortement.

La gouverne de direction fut ensuite agrandie vers le bas pour faciliter les sorties de vrilles.


Cependant, aucun autre avion étranger en ce tout début de 1936 n'atteignait de telles performances.



Un chasseur facile à enflammer

Les 3 réservoirs totalisaient 440 litres d'essence : Un de 160 litres dans chaque aile (entre les deux longerons), plus un de 36 gallons Impériaux (125 litres), mais non protégé, juste devant le pilote. 



Document original de l'auteur sur un schéma publié par Flight vers 1938- Cet écorché publié en 1938 montre la position du réservoir non protégé de 125 litres (!) juste devant le pilote. 


Ce réservoir, initialement ne fut volontairement pas protégé, car vu comme une cible bien trop petite (imaginez donc que l'on déverse sur vous 125 litres d'essence enflammée !). 

Ce dernier réservoir provoqua de nombreuses morts de pilotes avant que l'analyse des pertes, après le premier mois de la Bataille d'Angleterre oblige Hawker à modifier efficacement ce réservoir. On n'imagine pas le nombre de pilotes défigurés !


Le combattant

Les réactions des premiers pilotes militaires qui découvrirent le Hurricane, à la mi-Décembre 1937 ont été rapportées par le squadron leader J.W Gillan (Sq. 111) :
  • L'avion peut être employé sur toute la gamme des vitesses, mais aux basses vitesses (de 105 à 320 km/h), les commandes sont molles (= l'avion présente une inertie encore jamais expérimentée).
  • Il faut un temps certain pour sortir d'un piqué et les virages à grande vitesse sont plutôt larges (= bis)
  • A très basse vitesse, la grande finesse de l'avion l'empêche de ralentir rapidement (= comme c'était plus facile de poser un biplan à train fixe, grâce à sa traînée !).
Ces écrits montrent que les pilotes Britanniques ont alors vécu une véritable révolution consistant à passer de biplans à des monoplans, la vitesse de pointe augmentant simultanément de 120 km/h (voire plus). Cette révolution les a nettement déconcertés.

Dans le même temps, au décollage, on passait d'un biplan de masse 1 800 kg à plus de 2 900 kg avec le monoplan. 

Cela explique que le changement pour le Hurricane soit arrivé un peu trop tard. 
Il a exigé beaucoup de travail (ceux qui sont passés des mêmes biplans aux Spitfire Mk I ont dû souffrir encore davantage).




Hurricane I de début série - Le fuselage est entoilé, l'hélice bipale est à pas fixe mais il y a l'échappement propulsif et le piège à couche limite du radiateur d'eau. L'épaississement visible de l'arrière fuselage inférieur rendait les vrilles inoffensives



Il est piquant de constater que l'hebdomadaire Français Les Ailes du 16 Juin 1938 donnait les indications de performances suivantes sur ce chasseur :
  • Vitesse de pointe :                 545 km/h à 5 000 m    (exagération > 35 km/h !),
  • Vitesse de croisière max :     485 km/h à 5 000 m,    (exagération > 40 km/h),
  • Vitesse minimum :                109 km/h,
  • montée à 3 000 m :                  4 minutes,                   (au mieux : 4' 40"),
  • montée à 4 500 m :                  6 minutes,                   (au mieux : 6' 40")
  • plafond pratique :            12 000 m,                             (exagération : 2000 m),
  • Autonomie (325 km/h) :    1 300 km.               (au mieux : 850 km à cette vitesse),
Ces performances étaient totalement erronées !!! 

Nos journalistes les plus avertis avaient confiance dans les informations fournies par leurs sources Britanniques. 
Ils avaient tort ! (mais il est possible que cela ait eut pour but d'impressionner les Allemands).
Peut être traduisaient-ils les miles Britanniques (1 609 m) en milles nautiques (1 852 m). 
Mais, dans ce cas, la vitesse aurait atteint 556 km/h !

A cette période, le chasseur Anglais était encore intégralement entoilé (en particulier les ailes) et ne disposait, même sur les exemplaires mis en formation en France au début de la guerre, que d'une hélice bipale  bois et à pas fixe (voir photo ci-dessous).





Cliché du 6 Décembre 1939 montrant le Roi Georges VI à Lille-Seclin : Toutes les hélices de ce squadron que l'on voit ici sont toutes bipales, en bois et à pas fixe.


Dans la revue Britannique Flight, en 1939, il fut encore annoncé comme atteignant 535 km/h. 

Belle persistance dans l'optimisme, même si 10 km/h avaient été perdus par rapport à ce que notre presse avait publié !

Les performances réelles des Hurricane Mk I de la Bataille de France sont bien difficiles à cerner.

Il en va de même, d'ailleurs, pour tous les avions Britanniques et Allemands, pour la bonne raison que leur évolution a continué bien après Juin 1940, ce qui ne fut évidement pas le cas, hélas, pour les avions Français. 

Mais les performances de 1939 étaient les suivantes :

3 000 m    476 km/h,
4 500 m    492 km/h,
5 000 m    510 km/h,
6 000 m    512 km/h,
7 000 m    502 km/h,

Cependant, pour comprendre le déroulement de la Campagne de France, il faut se baser sur des données de performances correspondant réellement à l'époque des combats.

Une (petite) partie des Hurricane de la Bataille de France avaient été très modifiés par rapport au prototype

Ces avions avaient reçu un blindage et avaient - en théorie - abandonné la structure entoilée des ailes au profit d'une structure métallique moderne, ce qui apportait un gain de 130 km/h en piqué

Le changement des 2 ailes entoilées pour 2 ailes métalliques demandait juste 3 heures.

Par ailleurs, son armement de 8 mitrailleuses, chacune alimentée à 500 coups (200 coups de plus que chacune des armes du Spitfire Mk I), était en place et il disposait - théoriquement - d'une nouvelle hélice tripale à 2 pas (ce que des photographies d'époque tendent à mettre en doute). 


Il était enfin devenu un véritable avion de combat.

En réalité,  en 1938,  la vitesse de pointe d'un Hurricane bien peaufiné touchait tout juste les 510 km/h à 5 300 m, vitesse encore acceptable en 1940 puisque aucun bombardier Allemand ne pouvait pas leur échapper. 
 
Ceux qui ont lu mes articles sur divers chasseurs Français peuvent constater que l'augmentation de vitesse n'était malheureusement pas à la hauteur de ce que l'on aurait pu attendre d'un avion d'une telle puissance.

Comme cet avion obtenait sa meilleure vitesse 800 m plus haut que le prototype, il aurait dû, logiquement, récupérer environ à peu près 15 km/h et donc dépasser sans problème les 520 km/h. 

Evidemment, cet avion payait ainsi son passage à une masse de 2 890 kg au décollage au lieu de 2 573 kg en 1936, soit 317 kg de plus que le prototype, 
la masse à vide étant de 2285 kg.



 Hurricane Mk I opérationnel en 1939 à Lille-Seclin. L'hélice n'a que 2 pales et les ailes sont entoilées



Vitesse ascensionnelle

Le site sur les performances des chasseurs Britanniques, Américains et Allemands, bien qu'excellent, donne les temps de montée du prototype à hélice en bois à pas fixe (donc avec une hélice à pas moyenné pour la meilleure montée) puis ceux du Hurricane de la Bataille d'Angleterre, alimenté à l'essence à 100 d'octane et disposant de l'hélice Rotol à vitesse constante.

Il ne fournit donc pas la vitesse ascensionnelle de l'avion de la Bataille de France, qu'il faut chercher chez W. Green : 
  • 4 500 m étaient atteints en 6' 30", soit (11.5 m/s) ,
  • 6 000 m               "                9' 50".
Les 3' 20" nécessaires pour gravir les derniers 1 500 m (donc à 7.5 m/s) rendent strictement impossible d'imaginer que le Hurricane ait pu atteindre 8 000 m en moins de 15 minutes. 

{Raisonnement : Bien sûr, si on admettait que ces 7.5 m/s de taux de montée restaient constants, le passage de 6 000 m à 8 000 m prendrait 4' 26", ce qui donnerait un temps total de 14' 16". 

Mais ce temps correspondait à une moyenne sur une vitesse ascensionnelle décroissant régulièrement depuis que l'altitude critique avait été franchie  .
Donc le taux ascensionnel dans les 500 derniers mètres avant 6 000 m en était déjà bien éloigné. 

La vitesse ascensionnelle, déjà diminuée de 4.5 m/s entre 4 500 m à  6 000 m, devait perdre encore bien plus pour les 2 000 derniers mètres, parce que l'avion était encore plus loin de son altitude critique de rétablissement. 

Si le prototype K 5083 montait de 4 500 à  6 000 m en 2' 40" - au taux de 9.4 m/s - il montait de 6 000 à 8 000 m en 3' 41" - au taux de 6.8 m/s - soit une baisse de 38%.}


En effet, le Spitfire Mk I, bien plus fin mais également équipé d'une hélice à deux pas, mettait à peine moins de 6 minutes pour la montée à 4 600 m. 

On peut donc raisonnablement évaluer le temps de montée à 8 000 m du Hurricane Mk I de la Bataille de France à environ 16 minutes (donc bien meilleur que celui du Morane 406, puisque celui-ci montait à 7 000 m en 18 minutes).

On doit pouvoir associer cette perte de performance, de même que l'amélioration
 de vitesse plus faible que prévue, à l'augmentation de sa masse au décollage comme à la détérioration de la finesse provoquée par la présence des fameuses 8 mitrailleuses.

Je n'ai aucun scrupule à contredire les rapports officiels Britanniques (les 4 mitrailleuses montées remarquablement sur les P 51 faisaient pourtant perdre plus de 10 km/h au chasseur US).

Ces performances restaient correctes, meilleures à basse altitude que celles des Curtiss H75 et incomparablement meilleures
 partout que celles de notre pauvre Morane-Saulnier 406 national.

Le Hurricane tournait plus serré que la majorité des avions de chasse Alliés et même que le Spitfire Mk I, malgré une charge alaire passée à 121 kg/m²

Il se posait à moins de 100 km/h, volets sortis, et son large train rendait cette manœuvre réellement facile.

D'après la revue Flight, le Hurricane et l'hélice Rotol à vitesse constante ne faisaient pas toujours très bon ménage ensemble parce que cette hélice était très lourde (entre 150 et 200 kg selon les sources), ce qui pouvait aboutir à des dégradations d'hélices pour cause de chocs avec le sol. 

La Fleet Air Arm préférait donc monter des hélices de Havilland, plus légères, sur ses Sea Hurricane.


Un avis de pilote

Le seul avis que je retiendrai au sujet du Hurricane est celui qui ressort de la lecture des Carnets de René Mouchotte, parce qu'il est le seul à être véritablement impartial. 

Au moment où il commençait à le piloter, il en était très élogieux et il insistait beaucoup sur sa vitesse qui l'impressionnait terriblement. 

Il avait beaucoup piloté le Morane 406, en temps qu'instructeur, au point de faire avec lui de la voltige à très basse altitude, mais, désormais, il n'en parlait plus du tout, le Hurricane étant bien supérieur. 

Face au Messerschmitt 109, il insistait bien sur la supériorité du chasseur Britannique dans le domaine de la maniabilité horizontale.

Quand, enfin, il se fut vraiment confronté à la Luftwaffe au sein du squadron 615 Churchill, il fut bien déçu par sa monture : Il en critiquait la vitesse horizontale (les bombardiers étaient très difficiles à rattraper, ce que confirment les témoignages de pilotes du BEF en Mai 1940 et publiés dans le hors -série # 70 du Fana de l'Aviation) mais surtout la vitesse ascensionnelle, si faible que les Messerschmitt pouvaient abattre ses camarades impunément. 

Mouchotte décrit ainsi ses combats du 9 Novembre 1940 : "Les Boches se réveillent...Nous ne pouvons pas grimper sans avoir un accrochage, mais le pire est que c'est toujours nous qui trinquons. 
(...) 
Cette sensation d'être une victime impuissante est très désagréable."

Son avis redevint positif lorsque, début 1941, lorsque, le 18 Février 1941, son squadron 615 fut équipé de Hurricane II, beaucoup plus rapides, en particulier en montée : "Notre mission d'interception se bornait à cette altitude (34 000 ft). 
(...)
Des Spitfire nous épaulaient ; Ce qui me fit plaisir, eux, que jadis, nous étions incapables de seconder, avaient du mal à nous seconder."

En action : Un assez bon bilan

Quant à l'efficacité réelle du Hurricane I contre la Luftwaffe, elle n'est pas facile à déterminer de manière précise, en particulier pendant la Bataille de France à laquelle ils ont participé pendant une toute petite dizaine de jours sur notre territoire avant de combattre au dessus du sol Anglais pour protéger le repli Britannique. 

Certaines affirmations, même récentes, sur le nombre de leurs victoires en France
face à la Luftwaffe ne cadrent absolument pas avec le nombre des pertes qu'ils ont subies, pas plus qu'avec les souvenirs d'Adolf Galland qui semble n'avoir jamais éprouvé la moindre difficulté face aux Hurricane.

De plus, après Dunkerque, l'essentiel de ces avions n'interviennent plus dans la Bataille de France.

Mais nous disposons des données de la Bataille d'Angleterre, qui concernent des avions pourtant assez différents.

Le nombre total d'avions Allemands abattus alors (donné par la Luftwaffe) est de 1 887 et il est quasi identique à ce que publie le site de la RAF

D'après la RAF, le Hurricane a été à l'origine de 55% des victoires. 

Notons qu'il est aussi le plus abondant des chasseurs Britanniques (d'après certaines données, 65% des monoplaces de la RAF).

On évoque très peu la structure des pertes en fonction des chasseurs. 

Dans le bilan total, les pertes de Hurricane représenteraient 61% des pertes en monoplaces de chasse Britanniques et les pertes en pilotes tués monteraient à 62%. 

L'interprétation peut varier en fonction de la proportion des avions envoyés au combat (on trouve, par exemple, que le 17 Août 1940, il y avait 675 Hurricane (64%) et 378 Spitfire (36%), sur un total de 1 053 chasseurs). 


Si le Hurricane était clairement moins efficace que le Spitfire, il faut reconnaître que les bombardiers Germaniques pouvaient représenter un piège complexe : Solides, défendus par des mitrailleurs très bien formés, ils focalisaient l'attention de leurs assaillants, favorisant ainsi le succès de leurs chasseurs de défense contre les Hurricane.

Toujours est-il que le nombre de Hurricane abattus (538) pendant les 100 jours de la Bataille d'Angleterre est inférieur aux 1 038 avions adverses mis au tapis (dont, en théorie, une partie des 852 chasseurs Allemands (en incluant les Bf 110 qui 
- eux - subirent une raclée mémorable). 

Le nombre de Hurricane abattus pour chaque décade pendant la Bataille d'Angleterre (54est aussi très inférieur aux pertes subies pendant les 14 jours (?) où ils ont participé pleinement à la Bataille de France (386 avions, soit 270 par décade !).

Mais, dans le cas de la Bataille d'Angleterre, il faut évidemment aussi tenir compte de l'importante action des Spitfire, de la DCA ainsi que, en particulier, des pannes d'essence induites chez les Messerschmitt 109 par quelques balles Anglaises égarées dans leurs réservoirs d'essence.

De toute façon, ce bilan n'a rien à voir avec le calamiteux bilan du Morane 406 en France.

Le bilan du Hurricane eut été encore meilleur si on avait suivi les demandes de Sydney Camm, son créateur, pour monter 2 canons de 20 mm dans ses ailes, car il fut démontré, hélas trop tard pour nous, que ce montage marchait remarquablement bien.

Cependant, l'efficacité des Hurricane pendant la Bataille d'Angleterre ne peut en aucun cas être dissociée de leur rôle dans la Campagne de France

Les pilotes de Hurricane y avaient parfaitement appris les tactiques de la Jagdwaffe, les performances de ses chasseurs et les structures des formations de bombardement Allemandes.

Leur infériorité de performances en fut ainsi partiellement compensée lorsqu'ils combattirent à domicile.


Le Hurricane Mk II, chasseur-bombardier

A la fin de la Bataille de France, Rolls-Royce sortait le Merlin XX, version qui se distinguait des précédentes par une fiabilité renforcée, une puissance sensiblement supérieure (1 250 Cv), un compresseur à deux vitesses, la première rétablissant jusque à 2 500 m  et la seconde jusqu'à 4 700 m, gage d'une meilleure vitesse ascensionnelle). 

L'avion était assez peu modifié extérieurement. 

Néanmoins, sa masse augmentait encore à 2 524 kg à vide et 3330 kg au décollage pour la version A (la plus légère) dont l'armement ne changeait pas (la version B était armée de 12 mitrailleuses légères et la version C portait 4 canons Hispano-Suiza HS 404 dans les ailes).

La charge alaire, entre temps était passée à 139 kg/m².

Monté sur le Hurricane, ce moteur améliorait 3 paramètres-clef : 
  • La vitesse horizontale, avec une pression d'admission de 9 boosts et pour les altitudes suivantes, devient :
    • 3 040 m           473 km/h
    • 4 560 m           488 km/h
    • 6 080 m           525 km/h
    • 7 600 m           531 km/h
    • 9 120 m           498 km/h
         Avec 12 boosts, la vitesse atteignait 550 km/h à 7 600 m pour 5 petites minutes.
  • La vitesse ascensionnelle, avec 9 boosts et pour les altitudes suivantes :
    • 1 520 m                1' 48"
    • 3 040 m                3' 42"
    • 4 560 m                5' 54"  gain :   0' 36"
    • 6 080 m                8' 30"     "    :   1' 20"
    • 7 600 m              11' 15"
    • 9 120 m              19' 50"
  • Le plafond opérationnel excédait largement 10 000 m.

On voit que ce nouvel Hurricane avait considérablement progressé. 

René Mouchotte en était vraiment très satisfait, car, pour la première fois, il montait aussi vite, voire plus vite que les Spitfire.

Mais le rôle de chasseur pur n'était plus pour cet avion : Devenu très puissant, il fut amené à jouer le rôle de redoutable et dangereux chasseur-bombardier (donc de sanglier du champ de bataille), au prix de trop nombreux pilotes tués.

La masse totale des armes était telle que les versions suivantes, plus blindées et surarmées volaient encore moins vite que le Hurricane Mk I de 1939...






Cliquez ici pour lire mon article sur le Spitfire.