vendredi 18 septembre 2020

Le NGAD, nouveau Chasseur US pour la Maîtrise de l'Air ? (Complété le 30 Avril 2022 * * * *)


L'USAF vient de laisser filtrer, dans Defense News, quelques bribes d'informations sur un nouveau chasseur hypersonique construit, sait-on jamais, par Boeing. 

L'avion, appartenant aux concepts de Next Generation Air Dominance (NGAD), devrait être construit dans les 5 ans à venir, voire plus rapidement encore...



Publicité pour le NGAD - L'entrée d'air pour les réacteurs paraît bizarre, mais les artistes ont tous les droits.


Pour les gens de ma génération (baby boomers), un si court délai peut paraître possible à tenir, s'ils se réfèrent à la prodigieuse production Américaine de 1941 à 1945.

Sauf que nos cerveaux sont un peu "pollués" par les 20 années qui furent nécessaires pour rendre "opérationnel" le F 35, soi-disant merveilleux, qui allait tout révolutionner, mais dont rien ne démontre qu'il peut tenir son rang en dehors des guerres asymétriques.

L'analyste Richard Aboulafia a émis l'intéressante confession que voici : "With the F-35, we had too much [emphasis on] systems and not enough [on the] air vehicle. " que je traduit ainsi "Nous avons conçu le F 35 en insistant exagérément sur les systèmes associés et pas assez sur le vecteur aérien".  

L'idée actuelle serait de choisir sur étagère les meilleures technologies existantes pour fabriquer une petite série de chasseurs très performants puis recommencer à l'identique sur un concept différent.


Un des articles consacrés au NGAD publie la photo Chinoise suivante :


Dong Feng 17 pendant la Fête Nationale Chinoise : La structure du fuselage correspond à un missile rapide manœuvrant.



Il s'agit d'un missile capable de parcourir environ 2 000 km à Mach 5 (en 11 minutes) et à 60 000 m d'altitude en ayant une dernière phase de vol agile, donc rendant le DF 17 dangereux pour des porte-avions nucléaires.

{Juste pour mes - éventuels - très jeunes lecteurs, Mach 1 étant la vitesse du son, Mach 5 vaut donc 5  fois cette vitesse. 
Parfois, vous trouvez dans la littérature que cette vitesse vaut environ 340 m/s, soit 1 224 km/h. 
Mais cela n'est vrai qu'à la température de 15° centigrade. A -56 ° C, la vitesse tombe à 295 m/s, soit 1 062 km/h.

A une température ambiante supérieure, la vitesse sera plus rapide, ce qui explique pourquoi, au début des années 50, les tentatives de records de vitesse se faisaient près du sol (voire en dessous du niveau de la mer) et à des températures très élevées.}

Si la cohérence existe entre les publications de ces différentes images, cela suggérerait que le NGAD devrait pouvoir détruire les DF 17...

Au minimum, cela impose de disposer d'un système de détection du-dit DF 17, apte à en prédire la trajectoire. Comme, en mode hypersonique dans un semblant d'atmosphère, un avion est inclus dans un nuage de plasma, il ne peut communiquer (à ma connaissance) avec personne. On peut cependant imaginer des nuages de drones servant "d'œil" au chasseur.

Mais il faudra AUSSI de disposer d'un missile capable d'atteindre une vitesse très significativement plus importante que celle de la cible et d'une charge capable de détruire le DF 17, ce qui n'a rien d'élémentaire.

Cela peut tout aussi bien être du bluff.

Toujours est-il qu'un pays a reçu un objet furtif très hypersonique (Mach 18), que personne n'avait détecté. Sacré leçon !


Postscriptum (01 / 01 / 2021) : Entre 1959 et 1962, la France flirta sérieusement avec l'hypersonique au moyen d'un engin cible Nord CT 41 aux formes extrêmement pures qui vola de 1959 à 1962.

62 engins furent construits dont quelques uns pour les USA (Bell PQM-56A)


Nord CT 41 : Une sacrée ligne !


Long de 9.78 m et disposant d'une voilure de 3.66 m d'envergure, il avait une masse au décollage variant entre 2 500 kg et 3 000 kg. 

Il volait entre Mach 2.7 et Mach 3.1 (au maximum pendant 14 minutes)  et il pouvait monter à 20 000 m d'altitude. Il était récupérable. 

Il semble qu'aucun missile de DCA de l'époque n'ait eu la capacité de l'intercepter, ce qui expliquerait aisément son abandon. Il avait aussi une manœuvrabilité excellente (10 g)

Cependant, cet avion volait déjà bien au-dessus des limites des autres. 

Une amélioration de ses statoréacteurs lui aurait, sans aucun doute, permis de toucher l'hypersonique des Mach 5 à 6.


 Du pilotage des engins hypersoniques (04/05/2021)

Les engins hypersoniques ne paraissent pas vraiment à l'aise dans l'atmosphère normale.

Il leur reste l'immensité du "vide spatial" pour manœuvrer à la vitesse qu'ils peuvent atteindre.

Du coup, les gouvernes aérodynamiques n'ont plus qu'une utilité extrêmement limitée.

Il faut alors :

  • Disposer d'un ensemble d'éjecteurs de gaz pour modifier d'abord l'attitude de l'appareil (sans que cela change notablement sa trajectoire). Les éjecteurs doivent être couplés avec leurs "antagonistes" pour bloquer les mouvements, une fois la bonne attitude obtenue.
  • Employer les vrais propulseurs pour modifier ladite trajectoire pendant un temps très précis.