samedi 8 février 2025

La conquête de la Crête : Les choix Allemands (Revu le 11 II 2025 ***)

{Sources : Parachutisme, Garnerin : Wikipédia en Français, 
                   La Science et la Vie de Mars 1937.
                   Militaria sur l'Infanterie de l'Air.

                   Bataille de la Crète : Wikipédia en Français, Anglais, Allemand et Italien.}


La conquête de la Crète par Hitler, en 1941, était impossible à organiser par la voie maritime parce que la flotte Britannique dominait totalement la Méditerranée, en particulier à cause des nombreuses bases occupées par ses navires.

Hitler a donc choisi d'utiliser la voie aérienne en utilisant les troupes aéroportées


Préalable : Quelques mots sur le Parachutisme 

Initialement, l'aéronaute et inventeur André-Jacques Garnerin. était un aérostier qui utilisait avec brio des ballons à hydrogène semblables à celui inventé par le physicien Charles. 

L'aérostation apporta un important avantage aux armées Françaises de la révolution, puisqu'elle leur apportait le renseignement aérien. 

Ceci commença dès la bataille de Fleurus (26 Juin 1794). Mais Garnerin, fait prisonnier et envoyé en Hongrie. Il en fut libéré presque 3 ans plus tard et reprit ses activités aéronautiques.

Il y eut une polémique lorsqu'une jeune femme, la citoyenne Celestine Henri, 22 ans, décida de monter dans le ballon de Garnerin en 1798. 


Premier voyage aérien réussi d'une femme, la citoyenne Henriavec AJ Garnerin



Le commissaire de Police avait trouvé que cela était indécent et avait voulu l'interdire.

LMoniteur du 27 prairial an VI annonça que l’administration centrale de la Seine avait annulé l’arrêté du bureau central de police considérant qu’« il n’y a pas plus de scandale à voir deux personnes de sexe différent s’élever ensemble dans l’air, qu’à les voir monter dans une même voiture ». Ils ont également conclu que « d’ailleurs on ne peut empêcher une femme majeure de faire à cet égard ce que l’on permet aux hommes, et de donner, en s’élevant dans les airs, une preuve à la fois de confiance et d’intrépidité »


Le parachute naquit dans l'esprit d'André-Jacques Garnerin alors qu'il était prisonnier à Budapest, dans un château dominant la rive droite du Danube.

Il expérimente lui-même son projet avec succès en France le 22 Octobre 1797 au parc de Mousseaux (devenu Parc Monceau). 

Avec son parachute d'environ 9 m de diamètre, Garnerin avait sauté depuis une hauteur de plus de 300 toise (~ 600 m) au dessus du 9ème arrondissement de Paris. 

Son parachute hémisphérique étant complètement fermé en son sommet, il n'arrêtait pas d'osciller dans tous les sens d'environ 25° par rapport à la verticale (observation de l'astronome Lalande), manquant d'éjecter son pilote, ce qui aurait été mortel.



représentation de l'exploit de Garnerin. le ballon dégonflé est l'objet représenté à droite.


Un peu plus tard, inquiet de la dangereuse instabilité de son parachute, Garnerin y introduisit une ''cheminée'' (ou "tuyère") qui rendit enfin son parachute parfaitement stable, et qui sera reproduit partout par la suite.

Ce parachute transportait une sorte de panier en bois qui aidait au confort de l'atterrissage, mais qui augmentait le poids total du dispositif à ~100 kg.

Deux ans plus tard, son élève Jeanne Labrosse, déjà aéronaute, devint la première femme parachutiste avant de devenir l'épouse de son initiateur. 

En 1802, ce fut elle qui alla déposer le brevet de son mari sur le parachute.


En 1914, les ballons Caquot (appelées alors ''saucisses''), qui avait une forme très travaillée aérodynamiquement étaient très stables en direction, permettant une observation très aisée.

Flottant à environ 800 m du sol, ils permettaient une visibilité tactique sur plusieurs kilomètres carrés quand la visibilité était correcte et que le vent restait de vitesse relativement constante.

L'intervention de la chasse aérienne rendit l'observation par ballons bien plus dangereuse, alors les observateurs furent dotés de parachutes.


Chez les aviateurs, le parachute ne fut donné initialement qu'aux seuls aviateurs Allemands, ce qui sauva, entre autres, Hermann Göring.

Après la 1ère Guerre Mondiale, le parachute fut généralisé dans toutes les aviations militaires.

{Les parachutes de l'entre-deux guerres étaient uniquement de type hémisphérique, donc ils n'avaient pas les capacités manœuvrières des parachutes postérieures aux années 70-80, qui permettent de se poser à des vitesses verticales négligeables, mais qui ne servent, militairement, que pour les commandos des forces spéciales, discrétion oblige.}


Dans les années 30, l'Union Soviétique, suivant les concepts du Maréchal Mikhaïl Toukhatchevsky, créa de véritables unités parachutistes associées à des bombardiers très  puissants pour l'époque. 



une douzaine de paras prêts à s'envoler dans leur quadrimoteur TB 3


 Ces parachutistes sautaient en mode commandé (= en déclenchant eux-mêmes l'ouverture de leur parachute), donc sans aucun déclenchement automatique.



largage de 12 parachutistes par un quadrimoteur TB 3


Après les accords militaires Franco-Soviétiques signés par Pierre Laval en 1935, le capitaine Frédéric Geille partit en URSS pour y devenir moniteur parachutiste

Les Russes s'entrainaient grâce à des tours de 25 à 30 m de haut qui imposaient une montée de nombreuses marches pour chaque saut.

Ainsi, ils disposaient de 60 000 parachutistes dont (au moins) 2 000 le pratiquaient au sein d'une unité militaire constituée.


De retour de Russie, le commandant Geille fut chargé de créer l'Infanterie de l'Air, tâche qu'il réussit pleinement, mais dont nos généraux, comme le Ministère de la Guerre, ne comprirent absolument pas l'intérêt tant tactique que stratégique.  

Cette unité fut limitée à juste 160 hommes.

Ils furent dotés d'un fusil MAS 36, plutôt rapide dans son utilisation, très précis et ayant une crosse en dural repliable. 

Le MAS 36 donna naissance, dans les année 1960, aux fusils de haute précision de nos snippers Fr-F1 puis FR-F2.  


Pendant une grande manœuvre, notre (alors) très récente unité para sauta

  • de nuit, 
  • à très basse altitude, 
  • sous une pluie battante, 
  • sur le QG d'un de nos généraux (dont j'ignore le nom) 
et le firent prisonnier. 

Ce général incompétent, ayant probablement conservé un accès au téléphone (obligatoirement connecté par un câble à 2 conducteur), se fit libérer tout à fait illégalement. 

Nos paras qui avaient réussi cet exploit extraordinaire furent donc puni !!!

{Le Général Giraud fut capturé dans une AMD 178 Panhard le 19 Mai 1940, alors qu'il recherchait la 9ème Armée dont il était le nouveau patron à la place du Général Corap, que Gamelin avait limogé. 

Nos chefs militaires n'avaient donc toujours pas compris qu'un commandant en chef, cela se protège !}


Les établissement Bloch travaillèrent, au moins théoriquement, sur le Bloch 300 pour en dériver un transport d'AMR 35 dont la masse valait 6 500 kg.

(Par contre les Italiens réussirent ce type de travail en utilisant un gros trimoteur SM 82 pour transporter une tankette CV 35 armée de 2 mitrailleuses antipersonnel de 8 mm.)

 

Notre Infanterie de l'Air fut ensuite complètement oubliée par la IIIème République, jusqu'à ce que Charles De Gaulle la ressuscite à Londres. 


Les centres disponibles aux USA hissaient les candidats jusqu'au "perchoir de saut" en les accrochant par leur harnais, ce qui pouvait être contre-intuitif pour les sauts depuis un avion.

Les parachutes Français, Russes, Anglais et Américains reposaient tous sur un harnais qui entourait le buste associés à 4 élévateurs distincts..



Photo par mes soins de la couverture de la revue introduisant nos paras en Mars 1937.
Le harnais est parfaitement représenté.
 On comprend aisément la structure de la tour de saut.


La représentation ci-dessus (La Science et la Vie # 237 de Mars 1937) illustre le parachute et l'attitude d'un "Fantassin de l'Air" de cette période pendant sa descente. 

A l'époque, les parachutes étaient obligatoirement en soie naturelle.

Pour que le parachute soit efficace, un soin particulier et de grande précision doit être apporté à son pliage pour que les suspentes ne s'enmèlent pas et que le déploiement se fasse parfaitement.

Je précise que la vitesse de chute est de l'ordre de 4.8 à 5.5 m/seconde. 

La durée du saut militaire normal est inférieure à 50 secondes.


Merci Jean-François H. (ancien para)  de m'avoir expliqué ce qui suit : 

L'altitude de largage optimale est de 400 m et la vitesse courante de largage est de 200 km/h. 

Un largage à 200 m, voire plus bas est possible, mais bien plus risqué car cela peut empêcher de déployer le parachute ventral lorsque le besoin s'en fait sentir... 

Par contre, si les besoins tactiques l'exigent, un saut à 100 m du sol signifie que le pliage du parachute doit être parfait. 

Il faut environ 50 m de descente pour que le parachute soit ouvert. 

Les jambes doivent être fléchies juste avant l'impact.

L'impact au sol est toujours brutal, mais la technique du roulé-boulé permet d'éviter que le choc passe directement des pieds à la tête.






Sous l'effet de son poids, le parachutiste descend verticalement

Cela signifie que son parachute reçoit de l'air accéléré vers le haut, donc du vent.

On voit que les suspentes sont groupées en 4 zones "à portée de main".

En tirant sur les suspentes  le para peut, dans une modeste mesure, modifier sa trajectoire, ce qui a ouvert la voie aux épreuves sportives.


Si vous tirez sur vos 2 élévateurs avants, vous faîtes baisser la partie de la voile que vous voyez devant vous.

Comme vous descendez, cela signifie que l'essentiel du vent qui entre dans la corolle ne peut s'échapper que vers l'arrière. Donc vous avancez (lentement) vers ce qui est devant vous.

Si vous tirez sur les élévateurs arrières, au contraire, vous allez reculer, ce qui permet d'éviter de tomber dans un trou ou de percuter une falaise.

Si vous tirez sur l'élévateur droit, vous allez tourner vers votre droite, et si vous tirez sur l'élevateur gauche, vous tournez vers votre gauche.


Un parachutiste doit faire attention de ne pas passer au-dessus d'un collègue, car il subira un déventement qui peut se révéler, à tout le moins, désagréable, avec une chute sur le collègue, par exemple. 

Nos parachutes des années 30 se révélèrent fiables et efficaces. 

Ils pesaient environ 20 kg.


Les premiers systèmes ayant à la fois un parachute dorsal et un ventral apparaissent chez nous dans les années postérieures à 1936. 

On achètera d'abord des Irvin Britanniques, qu'avaient copié les Russes, puis on achètera des Aviorex et des Lemercier.

C'est avec un Lemercier 414 que le parachutiste Français Williams réussit, le 22 Mai 1938, un saut depuis une altitude de plus de 11 400 m avec ouverture du parachute à 90 m du sol, après 170 secondes de chute libre et 18 secondes de descente protégée ! 

L'avion l'ayant emporté à cette altitude était un Mureaux 115 (ou apparenté).


Je suis sûr que, en Crête, les Allemands ont sauté en mode automatique.

Dans ce cas, pour chaque combattant ayant démarré son saut (= étant sorti de l'avion), le parachute est extrait de son sac par une sangle attachée à un œilleton coulissant sur une tige solidement attachée à l'intérieur du fuselage de l'avion.

L'intérêt de ce mode de largage est que les hommes restent relativement groupés.

L'ensemble des paras ayant partagé la même tige extractrice de parachutes est appelée un câble (en anglais, stick).

Je ne suis pas sûr que nos hommes aient bénéficiés de ce système avant leur activité au sein de la France Libre.

Après le 25 Juin 1940, nos parachutistes ont sauté en automatique.


Par contre, les parachutes Allemands, y compris pendant la bataille de la Crête (1941), ne disposaient pas du harnais que j'ai décrit précédemment.

Le leur comportaient juste un anneau dorsal qui rendait impossible de tirer sur les suspentes situées devant la poitrine du para.

Ce système, probablement associé à des voiles de surface plus réduites que les nôtres, entraînait l'obligation d'atterrir à 4 pattes pour mieux répartir les efforts du corps à l'atterrissage et, ainsi, réduire les risques de blessures (!).

Plus grave encore, les Fallschirmjäger ne disposaient que d'un simple pistolet pour se défendre parce que leurs armes les plus efficaces étaient rassemblées dans des sacs volumineux (parachutés bien sûr en même temps qu'eux), mais qui tombaient parfois relativement loin d'eux et qu'il fallait retrouver avant de pouvoir s'en servir. 

Cela n'arrangeait en rien la défense des hommes qui venaient d'atterrir. 


Si les parachutistes sont toujours des guerriers exceptionnels, par contre leur armement personnel reste toujours léger, donc peu propice à l'obtension rapide d'un décision militaire. 

Tous les pays utilisant ce type de soldats ont donc fait des efforts pour leur fournir des armes plus puissantes que "la normale".


Les Allemands commencèrent à fournir, dans les sacs d'armes portées, des canons antichars sans recul, qui donnèrent naissance aux Panzer Faust - armes de type Bazooka - ou, ailleurs, à des sortes d'arbalètes hyperpuissantes - PIAT Britannique - lançant des projectiles antichars sans bruit et sans fumée, donc non repérables.

Les Allemands parachutèrent aussi des cannons de 37 mm antichars, chacun freiné par 5 parachutes "normaux".



Canonantichar de 3.7 mm Pak 36 parachuté sur la Crête :
5 parachutes "normaux" étaient nécessaires pour ralentir la pièce de 450 kg !



Les Britanniques livrèrent des chars (type Tetrarch), d'une longueur d'environ 4 m), en dural (masse 7,5 tonnes), transportés par planeurs Amilcar. 


Char Tetrarch montrant sa suspension Christie qui lui assurait une vitesse maxi de 64 km/h sur route et de 45 km/h en tout terrain (!)


Malheureusement, la volonté d'armer ce char avec le vieux canon de 2 livres (~40 mm), déjà faible en 1940, le rendit incapable de faire face aux chars Allemands de 1944, bien plus blindés et, surtout, considérablement mieux armés.


Les Allemands transportèrent des blindés dans leurs hexa-moteurs Messerschmitt 323. (ceci est documenté pour un Char Renault R 35 d'environ 10.5 tonnes).



Me 323 en vol, motorisé par 6 moteurs GR 14 N 48/49 


Le Me 323 pouvait emporter plus de 100 hommes, ce qui, à l'époque, était ahurissant.


Beaucoup plus récemment, on a fait des largages à très basse altitude, un blindé étant extrait par un grand parachute à 2 m du sol. Cela exige, évidemment, que l'avion dispose d'une grande porte arrière.


C 130 larguant  un char Sheridan (on espère que les tankistes ont atterri avant !)


Il va de soi, dans ce cas, qu'il s'agit d'une activité très risquée.


Largage de paras US en Australie en 2001 Les avions sont des quadriréacteurs C141 (bien polluants).
Une image proche de celles de 1940-41, sauf la distance plus faible entre les sauteurs d'un même câble.





Conquérir la Crète ? Sacré programme !


Le chapitre de Géographie le plus absent dans mon éducation scolaire à l'issue de l'examen de sixième (1955 !), fut celui des îles, à l'exception de la Corse car mon dernier et meilleur  instituteur Mr. Castellani, était Corse.

Les îles ont surgi dans ma conscience lorsque le programme d'Histoire (dans l'enseignement secondaire) a concerné la Grèce Antique, et en particulier les Guerres Médiques entre les cités Grecques et l'Empire Perse, il y a environ 2 500 ans.

La création de la Ligue de Délos, par Athènes en 478 Av. J.C - pour se défendre contre l'Empire Perse - préfigurait la création de notre OTAN. 


Les îles présentent toujours un intérêt stratégique très important.

On peut imaginer que cela n'a pas été très simple pour les tous premiers humains à s'y risquer.

Historiquement, la première voie qui s'imposa aux hommes qui voulaient visiter les îles séparées par un bras de mer de la terre qu'ils foulaient de leurs pieds, fut la voie maritime, autrement dit l'usage de navires.

De nos jours, on sait que cela implique une réelle maniabilité du navire de même qu'une capacité manœuvrière suffisante de son capitaine et de son équipage.

D’abord, parce que débarquer sur n’importe laquelle d'entre elles n’a rien d’élémentaire sauf, peut-être, par très beau temps.

Ensuite, chacune d’elles ouvre un passage vers au moins un but plus lointain.

Par définition, une île est amenée à recevoir des vents venant de toutes les directions. 

De ce fait, naviguer près d'une île implique, avec le temps, des variations quasi infinies de direction et de puissance des vents. 

Evidemment, on peut compléter ce tableau par celui des courants marins !

Simultanément, les côtes de ces îles peuvent prendre une grande diversité de profondeur, de forme et de structure.

Dans les zones intertropicales, les ouragans rajoutent des phénomènes mortels.

Evidemment, les volcans joignent à ce concert une voix que l’on a intérêt à respecter sérieusement.

Les îles peuvent être groupées en archipels, ce qui complique encore la navigation.


La moindre faute de manœuvre du navire peut entraîner sa destruction (comme celle du cuirassé France en 1922 à la sorti du Golf du Morbihan).

Ceux qui voguent souvent près des îles sont toujours d'excellents marins (Grecs, Vikings, Bretons, Britanniques, Polynésiens, Japonais, Indonésiens, etc.).


Depuis l’Antiquité, les îles assuraient le repos des hommes et leur ravitaillement en eau, en vivres, voire en marins, des équipages épuisés par leurs longs voyages et leurs éventuels combats.

Disposer d’une île dans des mers hostiles était un avantage stratégique.

Dès le 16ème siècle, l'Angleterre a érigé, en principe politique fondamental, la possession des îles les plus rentables et les mieux placées de la surface terrestre pour contrôler le trafic maritime.


Ces îles présentent un intérêt puissant dans le jeu de la Royal Navy (comme, depuis 150 ans  de l'US Navy) qui ont, ainsi, la possibilité de fermer les détroits aux puissances qui leur déplaisent.

Au risque de me faire taper sur les doigts, j'ai tendance à assimiler le J'bel Al Tariq (la montagne de Tariq = Gibraltar) à une île contrôlant le détroit dit de Gibraltar. 

 Et on peut, me semble-t-il, en faire autant pour nombre de presqu'îles.

Les îles ont donc été fortifiées : L’exemple le plus parlant reste Gibraltar, qui a joué un rôle important dans la bataille de Trafalgar, et donc, quelques années plus tard, dans la chute de Napoléon Ier. 

  



L'impressionnante presqu'île fortifiée de Gibraltar 

 

Napoleon avait fait fortifier certains îlots, dont l'un est devenu célèbre par le jeu télévisé Fort Boyard

Les Britannique ne l'ont jamais approché, et bien leur en a pris.


Avec l’avènement du moteur thermique, ce rôle s’est amplifié, pour apporter un ravitaillement en carburant, ce qui accroissait l'allonge des flottes navigant loin de la mère Patrie.

Pus tard, les îles ont récupéré des aérodromes, des chantiers de réparation ou de construction (ex. : Malte, Chypre, Pearl Harbor, Okinawa, les Malouines).

Par mesure d’économie évidente, les îles très militarisés ont, en plus, récupéré ces fameux câbles sous-marins qui permettent, à ce que l'on nous dit, la bonne marche de l’économie mondiale.

 

L’Islande, île authentique (plus vaste que 3 fois la Belgique), mais habitée par moins de 400 000 habitants, est particulière en ce qu’elle est, en plus, le meilleur point d’observation sur la dérive des plaque tectoniques sur la crête Médio-Atlantique. 

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, ses aérodromes ont aidé le transfert de milliers d'avions des USA vers le Royaume Uni.

Dès qu'une guerre se profile à l'horizon, les USA et le Royaume Uni s'empresse d'y envoyer des troupes d'occupation.

 

 

La bataille de la Crète ou ’’Comment conquérir une île’’ 

Le 28 Octobre 1940, dans la logique de sa mainmise sur l'Albanie, l'Italie avait attaqué la Grèce, ce qui avait poussé le gouvernement Grec à amener sur son sol continental la 5ème division Crétoise. 

{Pour les Grecs anciens, la Crète était le berceau de leurs Dieux. C'est là que Dédale avait créé le Labyrinthe d'où s'était envolé Icare.}


La Gande Bretagne en avait profité pour installer en Crète des garnisons et pour y faire mouiller ses unités navales afin de menacer le flanc Sud-Est des forces de l'Axe.

En théorie, certains bombardiers Britanniques (Hampden, et Wellington, par exemple) étaient désormais à portée des champs pétroliers Roumains de Ploieşti, site on ne peut plus stratégique.

Accessoirement, je n'ai connaissance d'aucune action de la RAF avec ses bombardiers à ce moment-là.


Le 6 Avril 1941, Hitler envoie la Wehrmacht envahir la Grèce pour renforcer l’armée Italienne qui combattait les Alliés (NZ, Australie et Grèce) soutenus par la RAF (GB),.

Le but était de préparer l’invasion de la Russie (opération Barbarossa) et d'assurer la sécurité de son flanc Sud. 

Le 21 Avril 1941, l’Armée Royale Hellénique capitule et les troupes Alliées, ne pouvant résister à la puissance de l’assaut du Reich en Grèce continentale, finirent par s’enfuir en Crète.


Bonne préparation Britannique

A ce moment, la Royal Navy réussit à récupérer 57 000 soldats Alliés, mais ces hommes étaient privés de leurs équipements lourds, pourtant décisifs. 

Environ 10 000 hommes "indésirables" (pour diverses raisons) furent envoyés en Egypte.

La Navy réussit à installer ces 42 400 hommes en Crête. Ces hommes sortaient d'une dure et constante retraite.

Ils avaient hâte de prendre leur revanche. 

Particulièrement entraînés, relativement reposés et très motivés, ils étaient prêts à vendre chèrement leur peau face à l'Armée de Hitler.

Ces hommes furent placés sous les ordres du général Anglais Bernard Freyberg, très prisé par Churchill à cause de son immense courage. 

Ils étaient répartis ainsi :

 ·          18 000 Britanniques,

·              6 450 Australiens,

·             7 700 Néo-Zélandais,

·        10 250 Grecs. 


Les Britanniques installés en Crête y préparaient des bases et des casernes. 

Ils reçurent l'ordre de fortifier tous les accès, en particulier les aérodromes et les ports.


Il y avait alors, sur place, 3 escadrons de chasse de la RAF (#33, #80 et #112), deux équipés de Hurricane et un de Gladiator. 

Autrement dit, rien de sérieux. 

Tous les Spitfire restaient au Royaume Uni.

Il existait aussi 4 escadrons de bombardiers Blenheim (déjà périmés) qui totalisaient alors 24 avions dont à peine 12 étaient utilisables, faute de pièces de rechange. 

Ces bombardiers furent envoyés en Egypte.

En plus de nombreux pièges contre les atterrissages d'avions et des pièges explosifs, il faut ajouter à cet inventaire militaire : 

  • quelques canons de campagne, 
  • des canons de DCA de 76 mm à faible cadence de tir, 
  • 20 Bofors de 40 mm de DCA.

On voit donc que les Britanniques et les Grecs avaient créé une zone plutôt bien défendue, mais l'artillerie est assez faible et pauvre en munitions.

Ils étaient conscients de ce que Churchill avait écrit au chef d'Etat-Major de l'Armée Britannique : "Perdre la Crête parce que nous n'aurions pas su y placer suffisamment de forces serait un crime."

A ce point, je rappelle toutefois que ces troupes Alliées restaient  aussi armées légèrement.



L'assaut Allemand

Le 25 Avril 1941, Hitler donna à ses généraux l’ordre de conquérir la Crète, île dont le cap Spatha (le plus proche du Péloponnèse) était à environ 100 km du cap Malé.

La Royal Navy tenant la mer Méditerranée et Hitler n'y ayant aucun navire décisif, l'idée d'une invasion aéroportée devient inévitable, même si cela ne s'est encore jamais réellement fait nulle part.

C'est donc une première mondiale, qui n'avait jamais été préparée par de vraies manœuvres ad hoc en Allemagne. 

Cela explique pourquoi la préparation de cette offensive dura près d'un mois.

Pour cette opération, baptisée Operation Merkur, l'Allemagne envoya  :

·          13 000 Paras, 

·           9 000 Chasseurs Alpins, 

·           6 000 Fantassins.

Ces 28 000 hommes ne représentaient que les 2/3 des troupes Alliées et la présence d'environ 25% de Grecs dans ces dernières était un avantage évident en connaissance du terrain. 

La Luftwaffe contribuait avec :

·             280 bombardiers moyens,

·             550 trimoteurs Ju 52/3, chacun pouvant transporter 14 parachutistes,

·               60 planneurs de transport DFS 230,

·             180 chasseurs Bf 109 E 7,       

·            150 Stukas. Ju 87.

  

En 1941, si la voie aéroportée était la plus rapide, elle ne permettait pas de disposer d'armes décisives et ni de beaucoup de munitions.

La Crête est de taille comparable à celle de la Corse (environ 8 400 km²).

Pour un aviateur venu du Péloponnèse, l’aérodrome le plus proche est celui de Maleme, lui-même proche du port de Chania (= La Canée).

Deux autres pistes étaient sélectionnées : Rethymno, qui paraissait sans défense sur les photos des reconnaissances aériennes (!) et Héraklion, plus à l'Est. 

  

La carte de cette île montre que le terrain y est extrêmement varié et que l’accès en est particulièrement ardu (quand même peut-être un peu moins que celui de la Corse).


Carte  de la Crête

Les massifs montagneux, plutôt concentrés vers la côte Sud, comptent une douzaine de sommets dépassants 1 000 m (dont 5 sont supérieurs à 2 000 (ou très proche)).

 

 

Un assaut Allemand mené à la fois par air et par mer.


Malgré le sous-titre ci-dessus, la première action de l'Axe contre les Alliés en Crête fut  maritime et fut menée par les très brillants nageurs de combat Italiens, le 26 Mars 1941.

Ils utilisèrent 6 canots explosifs transportés (avec eux) près de Souda par 2 torpilleurs de la Regia Marina. 

Ils réussirent à passer de nuit les 3 barrages du port de Souda puis lancèrent leurs canots sur le croiseur lourd York et sur le pétrolier Périclès qui s'enflama puis explosa, ce qui amena 3 autres cargos à couler lentement.

La DCA du York ne pouvait donc plus être employée contre les paras Allemands. 



HMS York


Les soldats Allemands, parfaitement entraînés, comptaient à la fois des parachutistes et des troupes de montagne. 

Les parachutistes Allemands avaient combattu le 10 Mai 1940 aux Pays Bas, mais ils y avaient perdu beaucoup d’hommes parce qu’un bon nombre des Ju 52/3 qui les transportaient avaient été descendus par la chasse Alliée (et même par un Potez 63-11 !) et par la DCA Néerlandaise.

Clairement, les aviateurs Allemands ne savaient pas davantage que nous se dépêtrer d’une DCA efficace et bien servie.


{Les Fallschirmjäger ont été créés après que des officiers Allemands aient vu la remarquable capacité tactique des paras Russes.

Ils furent rapidement réunis en une division complète qui appartenait à la Luftwaffe.

Les photographies de ‘’Merkur’’ suggèrent que les paras étaient largués entre 2 et 300 m du sol.}


-)
L'heure du départ pour les Fallschirmjäger !

Il est surprenant que le général Kurt Student ait lancé sa première attaque aéroportée sur un territoire déjà occupé par des soldats ennemis sortants de combats très difficiles (et donc parfaitement entraînés, comme, par exemple, les hommes de la 5ème Brigade Néo-Zélandaise).


Première attaque : Maleme

Les parachutistes étaient amenés au moyen de Junker 52/3 et 60 planneurs permettant, en théorie, de larguer ou de déposer 9 900 hommes. 


Zones d'actions de la bataille  On distingue les zones de parachutages du Reich, les positions Alliées, les actions et les évacuations maritimes Alliées (en bleu sombre)



En théorie, chaque Ju 52/3 (trimoteurs) pouvait emmener 14 paras, en plus de son équipage. 



6 paras à l'avant de l'étroite cabine d'un Ju 52/3
 

Mais certains de ces avions devaient aussi transporter des armes (fusils, canons, grenades, voire de l’essence).

{La séparation physique des Fallschirmjäger d'avec leurs armes de guerre sera tragique pour beaucoup d'entre eux.} 

 



30 paras sautent, un Junkers 52/3 va s'écraser à cause de son passage trop près des postes de DCA 
Vu la configuration des lieux, la scène doit se jouer à Souda, à l'Est de Maleme. 

 

Les premiers planneurs se posèrent pile dans la zone la mieux défendue du secteur de Maleme, ce qui n'était pas la meilleure situation pour eux. 

Cela suggère des reconnaissances aériennes médiocres, mais aussi des officiers généraux imprudents, car le para qui se pose avec son parachute, au milieu des ennemis, est immédiatement repéré et ses chances de survie sont très amoindries, surtout après une arrivée violente sur le sol.

Cela dit, j'ai une confiance moyenne dans la capacité létale des tirs sur les parachutistes en pleine descente car la-dite descente ne me parait pas avoir duré suffisamment de temps pour ajuster avec précision le corps d'un para :

  • A priori, il est très difficile de tirer sur un objectif qui vous surplombe : Les tirs sont plus précis entre + 30° et 0°.  
  • Les Junkers volaient à 120 m de hauteur au dessus du sol, ce qui, à 5 m/s, donne un trajet aérien de 24 secondes
  • Les snipers devaient tirer à 250 m environ sur une cible qui freinait sa vitesse horizontale tout en descendant.
 
Les fusils Britanniques Lee Enfield .303 avaient l'avantage d'un chargeur de 10 cartouches qui pouvait être tirées très rapidement. 

Tirer en plein cœur ou en pleine tête dût être très difficile, donc rare. 

Par contre, les blessures banales peuvent avoir été nombreuses, handicapant fortement les paras.

Je peux évidemment me tromper. 


Les deux premières unités de parachutistes perdirent un total 512 tués dès la première journée sur le terrain de Maleme.


Par contre, d'autres parachutistes et d'autres planeurs DFS 230, ayant raté leur objectif, atterrirent à l'Ouest de Maleme. 

Ce décalage de quelques kilomètres fut salvateur pour ces combattants du Reich.

Aucun soldat Allié n'était là pour les accueillir, ils purent en conséquence s'armer normalement, choisir leurs cibles et changer l'esprit même du combat y compris chez leurs ennemis !






Les défenseurs de la cote 107, les Néo-Zélandais du 22nd bataillon (Lt-Col. Leslie Andrew) qui disposaient de 2 chars Matilda II, furent très actifs, et les Allemands, tenus en échec, durent reculer.

Un peu plus tard, les Allemands contre-attaquèrent très énergiquement.

Andrew demanda l'aide du 23nd bataillon que le général de brigade James Hargest lui refusa par suite d'une mauvaise transmission. 

Andrew, dont les chars avaient eu des problèmes mécaniques et faisant face à ce refus, décida quitter la côte 107 qu'il pensait devenue intenable. 

Pourtant, la côte 107 avait l'avantage décisif de dominer tout le terrain de Maleme.

Voyant Andrew reculer, les autres troupes Alliées reculèrent aussi.

La désastreuse décision de Hargest permit donc aux Allemands de finir de déloger les Néo-Zélandais à la nuit tombée. 

Le lendemain, les troupes du Commonwealth durent quitter Maleme. 


Le Général Student comprit immédiatement qu'il bénéficiait d'une chance exceptionnelle. 

Il décida que tout devait passer par l'aérodrome de Maleme. 

Ce fut la meilleure décision de cette opération.

L'aérodrome devint rapidement inexpugnable et alimenta toutes les attaques ultérieures, d'abord le port de Chania, puis les autres aérodromes Crétois précédemment cités.






Action maritime Italienne, action aéronavale Allemande


La nuit du 20 au 21 Mai, plus de 2 300 chasseurs Alpins Allemand devaient aussi être amenés par 20 caïques Grecques, petits voiliers protégés par le seul torpilleur Italien Lupo

Huit de ces vaisseaux légers furent détruits par la Force D de la Royal Navy.

La force D, commandée par l'amiral Irvine Glennie, comptait 7 navires, tous équipés de radars :
  • 3 croiseurs (HMS Ajax, HMS Orion, HMS Dido) et 
  • 4 destroyers HMS Janus, HMS Kimberley, HMS Hasty, HMS Hereward.
 L'ensemble de ce dispositif disposait de 14 canons de 150 mm et de 152 mm,10 canons de 133 mm et 8 canons de 120 mm.

Cette action Britannique entraîna  la mort de 297 soldats Allemands.

Mais le (minuscule) torpilleur Lupo (81.4 m de long, 700 tonnes standard) passa au milieu des Anglais en les canonnant avec ses 3 canons de 100 mm (1 en chasse, 2 en retraite) dans le but de les obliger à le poursuivre. 

En même temps, il avait créé un nuage de fumée noire qui cachait les caïques survivantes et les combattants Allemands. 

(J'ai lu quelque part un écrit dont l'auteur pensait que cela était inutile vu l'existence des radars. 
Mais c'est confondre nos radars actuels et ceux qui balbutiaient alors, surtout en mer et par temps chaud !)

{Accessoirement, les navires de type Lupo étaient extrêmement manœuvrants !}

Ce fut une manoeuvre particulièrement brillante et osée décidée par Francesco Mimbelli, commandant du Lupo, car il avait face à lui la totalité de la Force D.

Bien sûr, les 7 navires Britanniques se génèrent les uns les autres et oublièrent les autres montagnards Allemands.

Le Lupo reçut bien 18 impacts de canons de 150 mm, mais aucun des coups Britanniques ne fut vraiment décisif contre son navire (il y eu 2 morts et de nombreux blessés).

Par contre, les coups de 100 mm Italiens exigèrent des réparations !!!. 
(As usual, les Britanniques évoquèrent seulement des friendly fires).

A lui seul, le commandant Mimbelli - très grand marin - a gagné une authentique bataille navale contre des forces incomparablement plus puissantes.

Encore mieux, revenu sur les lieux de la bataille, il a contribué à sauver environ 2 000 soldats Allemands. 

Cependant une seule caïque arriva à son but, avec 110 hommes à bord, les autres hommes allant sur l'île de Milo.


On ne doit pas oublier non plus les avions de la Luftwaffe (Ju 88) qui avaient coulé 2 croiseurs et 1 destroyer, victoires maritimes très souvent oubliées, qui rajoutent au-moins 1702 victimes aux pertes alliées.




L'assaut sur Rethymno 

Cette bataille commença vers 1615 le 20 Mai. 

Ainsi que vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, après leur largage près de Perivolia, à l'Ouest, les parachutistes Allemands furent confrontés à un bataillon de réentrainement de réservistes Grecs. 

Cette unité s'effondra, ce qui donna un atout aux Allemands.
 
Par contre, les autres paras tombèrent encore au milieu des positions Alliées. 

Ils eurent à combattre des ennemis déterminés et courageux, évidemment, ce qui se traduisit, comme toujours dans de telles conditions, par des fortunes changeantes, mais moins fréquentes que lors de la Bataille de Stonne dans les Ardennes (17 changements de vainqueurs entre le 14 et le 18 Mai 1940). 

Cela permet de dire que les deux côtés ont démontré un courage sans faille.



Assaut sur Rethymno



7 des 160 Junkers participant à cet assaut furent abattus. 

Certains paras tombèrent dans la mer, d'autres furent blessés gravement dans des plantations de bambous.

Les paras les mieux lotis arrivèrent sur Perivolia.

La carte ci-dessus montre que les Alliés étaient sur les collines dominant l'aérodrome (en grisé au NE).

Les unités Grecques tenaient le centre de gravité du dispositif, tandis que les hommes de Campbell tenaient les points hauts (colline A à l'Est et la colline B à l'Ouest).




piste de Pigi (aérodrome de Rethymno) - On voit au loin, peut-être, les monts d'Acrotiri.



Le colonel Ian Campbell (et son QG) était situé entre la colline A et les 2 régiments Grecs.

Cependant, les paras survivants à leur bizarre largage réussirent à conquérir la colline A.

Les Australiens demandèrent de l'aide mais ils ne purent pas en obtenir, les troupes disponibles ayant été envoyées à Chania.

Les deux chars Matilda II, disponibles sur place (tout à fait efficaces, mais un peu fragiles), furent souvent bloqués par la nature très rocailleuse du terrain.


Initialement, les Allemands avaient l'avantage tactique mais les "erreurs" de points de largages leur firent souvent perdre l'avantage. 

L'usine d'huile d'olive, très bien construite, leur servit de fortification. 
Le moindre renforcement leur redonnait l'avantage. 



Quelque soit leur camps, les divers combattants y oublièrent consciencieusement les fameuses "lois de la guerre". 

Les Grecs employaient même les baïonnettes de leurs très anciens fusils (fusils Gras =  Chassepot à cartouches métalliques, 1974). C'étaient des armes particulièrement robustes.

Soit dit en passant, il est bien possible que les baïonnettes des fusils Gras aient été particulièrement facile à utiliser dans le corps à corps aux armes blanches car ce type de combat était encore très utilisé en 1870.


Les Allemands, habitués à traiter leurs ennemis aux distances normales de tir ont peut être été momentanément déroutés par un type de combat devenu obsolète donc inhabituel.


Les paras Allemands répondaient avec la même "humanité".

Les civils grecs s'investirent autant dans ces combats, souvent avec haine, ce qui entraîna des représailles évidemment tout aussi horribles (~ 3 450 civils ayant été fusillés).

 
En fait, les paras n'arrivèrent pas à chasser directement les soldats Alliés de cette ville, probablement parce que les troupes Allemandes étaient à la fois sur Rethymno, Souda, Galata et Heraklion. 

Il semble aller de soi qu'attaquer tous les aérodromes en même temps ait été une décision un peu trop optimiste qui coûta beaucoup d'hommes aux paras.

.

Pourtant, les Alliés manquaient de plus en plus de munitions, ce qui signifie que la Royal Navy était incapable de subvenir aux besoins des combattants alliés, ce qui reflétait tout aussi bien la faiblesse locale de la RAF, dépourvue de Chasse.

D'ailleurs les seuls "chasseurs" dont il est alors question dans les récits étaient les seuls Fairey Fulmar de la Royal Navy. 

Ces gros monomoteurs biplaces étaient solides et faciles à piloter mais leurs performances étaient faibles (vitesse max inférieure à 450 km/h). et leur masse (4 000 kg à vide, ~ 5 000 kg au décollage) n'était pas favorable à une grande maniabilité.

Ils n'avaient aucune chance face au Bf 109 E7.




L'assaut sur Héraklion 


Initialement, les chasseurs Alpins Allemands devaient aborder vers Heraklion au moyen de caïque Grecques, dont j'ai parlé précédemment..

Le 20 Mai, à 1600, les paras se lancèrent à l'attaque. 

Surprise, les effectifs Alliés étaient 14 fois supérieurs à ce que les Allemands croyaient : C'était écrasant. 

Guderian disait, dans ses "mémoires d'un soldat", que les soldats Allemands pouvaient vaincre les autres à 1 contre 7. Mais 1 contre 14 est un tout autre rapport !

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Bataille d'Heraklion. Le QG de la 14ème Infantry Brigade est au S-E de la tache marquant les bataillons Grecs.



La ville d'Heraklion fut très difficile à conquérir pour les Allemands, probablement parce que la population les avait rejetés complètement depuis le début de l'invasion du Reich en Grèce.

Les civils et même des moines et des popes y participèrent.

Lorsque les Allemands disposèrent enfin de Panzer II, les choses changèrent instantanément et les troupes du Commonwealth commencèrent à se retirer. 


Contrairement à ce qui s'était passé dans nos Ardennes l'année précédente, les Allemands qui dirigeaient la Bataille de Crète ne disposaient pas d'une couverture de photos aériennes de bonne précision et par tous les éclairages. 

On sait qu'un Henschel 126  fut abattu, mais cet avion était un avion d'observation à vue, pas un avion de reconnaissance stratégique, comme l'était le Ju 86 P.
 
Autre hypothèse, les Allemands n'avaient jamais survolé la Crète avant la guerre et ils n'avaient pas pu faire une analyse comparative des zones-clé. 

Je ne vais pas continuer plus avant dans ces hypothèses. 

Mais il est alors possible d'expliquer les problèmes que les Allemands ont éprouvés dans cette bataille. 



Le 22 Mai, l'Amiral Andrew Cunningham envoya la Force C (3 croiseurs + 4 Destroyer) commandée par l'amiral King pour détruire un second convoi de caïques transportant des chasseurs Alpins Allemands et protégé, une fois encore par un torpilleur Italien, le Sagittario (Cdt Cigala-Fuldosi).

Ce petit navire dut faire face à la Force C. 

Il est probable qu'il ait appelé la Luftwaffe à la rescousse.

Il fit revenir ses protégés vers leur port de départ, a émis un nuage de fumée pour les cacher, réussi à torpiller le croiseur Britannique Naïad et à protéger presque parfaitement la flottille qu'il protégeait

{Il faut noter qu'à ce moment là, les croiseurs avaient des problèmes de gestion de munitions AA :
  • Ajax           40 %, 
  • Orion          38 %, 
  • Fiji              30 %, 
  • Dido           25 % 
  • Gloucester 18 %. }

Comme toujours, la Luftwaffe fut efficace et attaqua la Force C.

Les croiseurs britanniques Naiad et Carlisle furent endommagés, ainsi que le Cuirassé Warspite.

Les croiseurs Gloucester et Fiji, ainsi que le destroyer Greyhound ont été coulés. 

Ce n'était pour autant pas terminé pour les attaques aériennes sur la Royal Navy.

Il faut noter que l'Amiral Andrew Cunningham critiqua l'amiral King en lui faisant comprendre qu'il aurait évité des pertes en naviguant au milieu de caïques que les aviateurs Allemands ne devaient sûrement pas avoir le droit de détruire.



La bataille de la Crète, particulièrement violente, donc meurtrière, dura du 20 Mai au 1er Juin, date de la reddition Alliée, qui se traduisit par 12 000 prisonniers.
 
Le 27 Mai, informé de la perte complète de Maleme et du port de Chania, le général Britannique Archibald Wavell, Commandant-en-Chef du Moyen Orient, avait ordonné l'évacuation des troupes restantes en Crète.


Dans la nuit du 28 au 29 Mai, 4 000 combattants du Commonwealth furent évacués d'Heraklion vers l'Egypte.

La nuit suivante, 2 600 autres soldats furent évacués probablement vers Tobrouk.

Quelques centaines de combattants Alliés restèrent surplace pour harceler les troupes du IIIème Reich et organiser leur résistance.




Bilan des pertes


La Bataille de la Crète est une impressionnante victoire Allemande qui montre la puissance des actions parachutistes.

Les récits Anglo-Saxons tendent à souligner, as usual, l'énormité des pertes Allemande : Voilà comment naissent les légendes !


Admettons que les pertes Germaniques aient totalisé 7 000 combattants.


De toute manière, à la guerre, combattre des troupes aguerries n'est jamais gratuit, surtout quand il faut environ une minute à un parachutiste, voire nettement plus, pour récupérer ses armes 

Par contre, la perte d'avions de transport du Reich se fera sentir durement à Stalingrad puis, peu de temps après, au moment du retour de l'Africa Korps vers les terres Européennes, en 1943. 

Le Reich n'avait pas maintenu la construction d'avions de largage, sinon comme une priorité, mais du moins comme un atout important.

Heureusement, le Messerschmitt 323 fut prêt une année trop tard.


Côté Allié :

  • 3 500 morts, taux de pertes très élevé si l'on compare au fait que les 2 bataillons Australiens de Rethymno n'avaient eu que 180 pertes pendant leurs combats en Grèce continentale.
  • 1 900 blessés, ce qui nous laisse croire à un total de 5 400 pertes 
  • Pourtant, les pertes Alliés excèdent largement cette valeur, parce que les pertes que j'ai reprises à partir des données standard, on doit impérativement additionner les pertes de la Royal Navy, supérieures à 3 000 hommes, parfaitement associées à la Bataille de  la Crète !
  • 12 000 prisonniers 
  • Les Alliés ont, eux aussi, perdu énormément d'avions mais ils les ont oubliés, de même qu'une dizaine de navires de guerre coulés.
    • croiseur HMS York,  
    • croiseur HMS Gloucester (722 +),
    • croiseur HMS Fidji  (900 +), 
    • Le cuirassé HMS Warspite, sérieusement touché par une bombe de 250 kg, devra se faire réparer aux USA d'Août 1941 à Janvier 1942.
    • les croiseurs HMS Dido et HMS Orion (360 +) furent aussi gravement endommagés
    1. destroyer HMS Juno (116 +)
    2. destroyer HMS Greyhound (74 +)
    3. destroyer HMS Hereward (76 +)
    4. destroyer HMS Kashmir (80 +)
    5. destroyer HMS Kelly (110 +)
    6. destroyer HMS Havok (15 +)
    7. destroyer HMS Imperial ( ? )
    • Les destroyers Kipling et Ilex ont été sérieusement endommagés
    • Le pétrolier Périclès a été coulé ainsi que bien d'autres navires marchants.
Les morts de la Royal Navy rendent la Bataille de Crète bien moins brillante pour les Alliés, surtout si on intègre le nombre de Crétois fusillés (3 450)..
  • Les Britanniques avaient aussi perdu 29 chasseurs sur les 35 basés en Crète jusqu'aux bombardements aériens qui préparaient l'assaut Allemand.
  • Je n'arrive pas à voir le nombre de bombardiers de la RAF perdus, mais il devrait normalement être supérieur à celui du nombre de chasseurs perdus.


Côté Allemand :

  • 3 986 morts,
  • 2 600 blessés,
  • 271 avions de transport abattus, j'ai trouvé aussi un nombre très inférieur.
  • 180 avions de chasse ou de bombardement détruits.


Ces pertes démontrent d'abord le coté "très bizarre" de la doctrine de largage des parachutistes d'Hitler (altitude 120 m, faible vitesse), ensuite, la faiblesse de l'armement des paras Allemands lors de leur prise de contact avec le sol. 
Ils ne pouvaient traiter leurs ennemis que s'ils étaient à moins de 30 m de distance de leurs ennemis...

L'absence totale de prisonniers Allemands, démontre qu'aussi bien les Néo-Zélandais que les Grecs étaient devenus impitoyables. 

Cependant, cette sauvagerie fut payée par une sauvagerie identique chez les parachutistes et les chasseurs Alpins Germaniques




Les récits publiés sur cette bataille démontrent que la préparation Allemande ne fut pas tout à fait à la hauteur des circonstances.
  • Premier problème, le parachute Allemand était catastrophique. L'essai puis la copie d'un modèle Américain (ou autre) eut été bien préférable, il est incompréhensible que les officiers Allemands ne s'en soient pas apercus.
  • Dès lors que Hitler projetait de conquérir la Grèce avant Barbarossa, je crois que la conquête de la Crête devait avoir lieu sans attendre, puisque les Anglais, occupant alors l'Egypte, ne manqueraient pas de participer à la partie précédente ! 
    • Cela impliquait, me semble-t-il, d'installer une base aérienne Germano-Italienne vers Tobrouk.(Libye) et des U-Boot à Tarente (en Italie).
  • Si le Reich a démontré sa maîtrise de l'Air, ses reconnaissances aériennes n'apportèrent pas de résultats sérieux corrects.
    •  Les Anglais réussirent à leurrer les Allemands et leur faire croire à une absence de DCA ! 
    • Pendant une guerre déjà très sanglante, imaginer qu'un aérodrome puisse rester dépourvu de DCA me paraît totalement irresponsable.
  • Les paras n'auraient pas dû être largués à 0800, en plein jour, mais exactement au lever du jour (vers 0500) et depuis une altitude double pour éviter de tomber sur des gens en pleine forme et sur une DCA bien réveillée.
  • Par ailleurs, si les paras avaient été largués de manière à atterrir à 3 ou 4 km de leurs objectifs et hors des agglomérations (ce qui fut partiellement le cas à Maleme), il me semble que cela leur aurait permis un réarmement plus rapide et une approche moins difficile. 
    • Et n'imaginez pas une seule seconde que ces hommes auraient rechigné face à 4 km de plus !
  • Une simulation de débarquement maritime dans une autre partie (par exemple dans le golfe de Mirabello), en tirant partie de la présence Italienne sur l'île de Rhodes (très proche) aurait aidé leur opération.
Des avions de transports nettement plus lourds auraient pu amener plus d'homme,  voire des blindés légers (de 3 à 6 tonnes) qui auraient aidé à détruire de nombreux opposants. 


Cependant, ainsi que l'article de Wikipédia en Anglais sur ce point d'Histoire le dit dans son introduction, cette bataille persuada les Alliés des énormes capacités militaires des opérations aéroportées.

Par contre, je ne suis pas du tout persuadé qu'Hitler ait été dissuadé par ses pertes, en réalité très raisonnables, au vu de la configuration des forces en présence.et de la médiocre préparation. 


La loi de Lanchester a été vérifiée : Deux armées de puissances numériques équivalentes gagneront  uniquement en fonction de leur entraînement et des divers appuis qu'elles recevront. 

Je ne suis pas tout à fait sûr que le jeu en ait valu la chandelle pour les Allemands, vu la totale supériorité aérienne de l'Axe sur le théâtre d'opérations Grec.

Il est évident qu'il a manqué à l'Etat-Major Allemand quelqu'un capable d'alerter sur la présence constante de Malte, île minuscule (316 km²), sous-dotée en Chasse aérienne et donc "capturable" par les paras d'Hitler.
Cette île permettait à la Royal Navy un contrôle total de l'Ouest de la Méditerranée.

Pour éviter de froisser la susceptibilité du Duce, une opération conjointe des nageurs de combat Italiens avec les paras Allemands aurait probablement réglée l'affaire en moins de trois jours.

Le choix de la Crète étonne dès lors que l'on sait que l'Afrika Korps fut créée le 11 Janvier 1941 et qu'Erwin Rommel en fut nommé chef juste un mois plus tard !




 




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