La Science et la Vie de Mars 1937.
Bataille de la Crète : Wikipédia en Français, Anglais, Allemand et Italien.}
La conquête de la Crète par Hitler, en 1941, était impossible à organiser par la voie maritime parce que la flotte Britannique dominait totalement la Méditerranée, en particulier à cause des nombreuses bases occupées par ses navires.
Hitler a donc choisi d'utiliser la voie aérienne en utilisant les troupes aéroportées.
Préalable : Quelques mots sur le Parachutisme
Initialement, l'aéronaute et inventeur André-Jacques Garnerin. était un aérostier qui utilisait avec brio des ballons à hydrogène semblables à celui inventé par le physicien Charles.
L'aérostation apporta un important avantage aux armées Françaises de la révolution, puisqu'elle leur apportait le renseignement aérien.
Ceci commença dès la bataille de Fleurus (26 Juin 1794). Mais Garnerin, fait prisonnier et envoyé en Hongrie. Il en fut libéré presque 3 ans plus tard et reprit ses activités aéronautiques.
Il y eut une polémique lorsqu'une jeune femme, la citoyenne Celestine Henri, 22 ans, décida de monter dans le ballon de Garnerin en 1798.
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Premier voyage aérien réussi d'une femme, la citoyenne Henri, avec AJ Garnerin |
Le commissaire de Police avait trouvé que cela était indécent et avait voulu l'interdire.
Le parachute naquit dans l'esprit d'André-Jacques Garnerin alors qu'il était prisonnier à Budapest, dans un château dominant la rive droite du Danube.
Il expérimente lui-même son projet avec succès en France le 22 Octobre 1797 au parc de Mousseaux (devenu Parc Monceau).
Avec son parachute d'environ 9 m de diamètre, Garnerin avait sauté depuis une hauteur de plus de 300 toise (~ 600 m) au dessus du 9ème arrondissement de Paris.
Son parachute hémisphérique étant complètement fermé en son sommet, il n'arrêtait pas d'osciller dans tous les sens d'environ 25° par rapport à la verticale (observation de l'astronome Lalande), manquant d'éjecter son pilote, ce qui aurait été mortel.
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représentation de l'exploit de Garnerin. le ballon dégonflé est l'objet représenté à droite. |
Un peu plus tard, inquiet de la dangereuse instabilité de son parachute, Garnerin y introduisit une ''cheminée'' (ou "tuyère") qui rendit enfin son parachute parfaitement stable, et qui sera reproduit partout par la suite.
Ce parachute transportait une sorte de panier en bois qui aidait au confort de l'atterrissage, mais qui augmentait le poids total du dispositif à ~100 kg.
Deux ans plus tard, son élève Jeanne Labrosse, déjà aéronaute, devint la première femme parachutiste avant de devenir l'épouse de son initiateur.
En 1802, ce fut elle qui alla déposer le brevet de son mari sur le parachute.
En 1914, les ballons Caquot (appelées alors ''saucisses''), qui avait une forme très travaillée aérodynamiquement étaient très stables en direction, permettant une observation très aisée.
Flottant à environ 800 m du sol, ils permettaient une visibilité tactique sur plusieurs kilomètres carrés quand la visibilité était correcte et que le vent restait de vitesse relativement constante.
L'intervention de la chasse aérienne rendit l'observation par ballons bien plus dangereuse, alors les observateurs furent dotés de parachutes.
Chez les aviateurs, le parachute ne fut donné initialement qu'aux seuls aviateurs Allemands, ce qui sauva, entre autres, Hermann Göring.
Après la 1ère Guerre Mondiale, le parachute fut généralisé dans toutes les aviations militaires.
{Les parachutes de l'entre-deux guerres étaient uniquement de type hémisphérique, donc ils n'avaient pas les capacités manœuvrières des parachutes postérieures aux années 70-80, qui permettent de se poser à des vitesses verticales négligeables, mais qui ne servent, militairement, que pour les commandos des forces spéciales, discrétion oblige.}
Dans les années 30, l'Union Soviétique, suivant les concepts du Maréchal Mikhaïl Toukhatchevsky, créa de véritables unités parachutistes associées à des bombardiers très puissants pour l'époque.
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une douzaine de paras prêts à s'envoler dans leur quadrimoteur TB 3 |
Ces parachutistes sautaient en mode commandé (= en déclenchant eux-mêmes l'ouverture de leur parachute), donc sans aucun déclenchement automatique.
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largage de 12 parachutistes par un quadrimoteur TB 3 |
Après les accords militaires Franco-Soviétiques signés par Pierre Laval en 1935, le capitaine Frédéric Geille partit en URSS pour y devenir moniteur parachutiste.
Les Russes s'entrainaient grâce à des tours de 25 à 30 m de haut qui imposaient une montée de nombreuses marches pour chaque saut.
Ainsi, ils disposaient de 60 000 parachutistes dont (au moins) 2 000 le pratiquaient au sein d'une unité militaire constituée.
De retour de Russie, le commandant Geille fut chargé de créer l'Infanterie de l'Air, tâche qu'il réussit pleinement, mais dont nos généraux, comme le Ministère de la Guerre, ne comprirent absolument pas l'intérêt tant tactique que stratégique.
Cette unité fut limitée à juste 160 hommes.
Ils furent dotés d'un fusil MAS 36, plutôt rapide dans son utilisation, très précis et ayant une crosse en dural repliable.
Le MAS 36 donna naissance, dans les année 1960, aux fusils de haute précision de nos snippers Fr-F1 puis FR-F2.
Pendant une grande manœuvre, notre (alors) très récente unité para sauta
- de nuit,
- à très basse altitude,
- sous une pluie battante,
- sur le QG d'un de nos généraux (dont j'ignore le nom)
Ce général incompétent, ayant probablement conservé un accès au téléphone (obligatoirement connecté par un câble à 2 conducteur), se fit libérer tout à fait illégalement.
Nos paras qui avaient réussi cet exploit extraordinaire furent donc puni !!!
{Le Général Giraud fut capturé dans une AMD 178 Panhard le 19 Mai 1940, alors qu'il recherchait la 9ème Armée dont il était le nouveau patron à la place du Général Corap, que Gamelin avait limogé.
Nos chefs militaires n'avaient donc toujours pas compris qu'un commandant en chef, cela se protège !}
Les établissement Bloch travaillèrent, au moins théoriquement, sur le Bloch 300 pour en dériver un transport d'AMR 35 dont la masse valait 6 500 kg.
(Par contre les Italiens réussirent ce type de travail en utilisant un gros trimoteur SM 82 pour transporter une tankette CV 35 armée de 2 mitrailleuses antipersonnel de 8 mm.)
Notre Infanterie de l'Air fut ensuite complètement oubliée par la IIIème République, jusqu'à ce que Charles De Gaulle la ressuscite à Londres.
Les centres disponibles aux USA hissaient les candidats jusqu'au "perchoir de saut" en les accrochant par leur harnais, ce qui pouvait être contre-intuitif pour les sauts depuis un avion.
Les parachutes Français, Russes, Anglais et Américains reposaient tous sur un harnais qui entourait le buste associés à 4 élévateurs distincts..
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Photo par mes soins de la couverture de la revue introduisant nos paras en Mars 1937. Le harnais est parfaitement représenté. On comprend aisément la structure de la tour de saut. |
La représentation ci-dessus (La Science et la Vie # 237 de Mars 1937) illustre le parachute et l'attitude d'un "Fantassin de l'Air" de cette période pendant sa descente.
A l'époque, les parachutes étaient obligatoirement en soie naturelle.
Pour que le parachute soit efficace, un soin particulier et de grande précision doit être apporté à son pliage pour que les suspentes ne s'enmèlent pas et que le déploiement se fasse parfaitement.
Je précise que la vitesse de chute est de l'ordre de 4.8 à 5.5 m/seconde.
La durée du saut militaire normal est inférieure à 50 secondes.
Merci Jean-François H. (ancien para) de m'avoir expliqué ce qui suit :
L'altitude de largage optimale est de 400 m et la vitesse courante de largage est de 200 km/h.
Un largage à 200 m, voire plus bas est possible, mais bien plus risqué car cela peut empêcher de déployer le parachute ventral lorsque le besoin s'en fait sentir...
Par contre, si les besoins tactiques l'exigent, un saut à 100 m du sol signifie que le pliage du parachute doit être parfait.
Il faut environ 50 m de descente pour que le parachute soit ouvert.
Les jambes doivent être fléchies juste avant l'impact.
L'impact au sol est toujours brutal, mais la technique du roulé-boulé permet d'éviter que le choc passe directement des pieds à la tête.
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entrainement au roulé boulé depuis un muret |
Sous l'effet de son poids, le parachutiste descend verticalement
Cela signifie que son parachute reçoit de l'air accéléré vers le haut, donc du vent.
On voit que les suspentes sont groupées en 4 zones "à portée de main".
En tirant sur les suspentes le para peut, dans une modeste mesure, modifier sa trajectoire, ce qui a ouvert la voie aux épreuves sportives.
Si vous tirez sur vos 2 élévateurs avants, vous faîtes baisser la partie de la voile que vous voyez devant vous.
Comme vous descendez, cela signifie que l'essentiel du vent qui entre dans la corolle ne peut s'échapper que vers l'arrière. Donc vous avancez (lentement) vers ce qui est devant vous.
Si vous tirez sur les élévateurs arrières, au contraire, vous allez reculer, ce qui permet d'éviter de tomber dans un trou ou de percuter une falaise.
Si vous tirez sur l'élévateur droit, vous allez tourner vers votre droite, et si vous tirez sur l'élevateur gauche, vous tournez vers votre gauche.
Un parachutiste doit faire attention de ne pas passer au-dessus d'un collègue, car il subira un déventement qui peut se révéler, à tout le moins, désagréable, avec une chute sur le collègue, par exemple.
Nos parachutes des années 30 se révélèrent fiables et efficaces.
Ils pesaient environ 20 kg.
Les premiers systèmes ayant à la fois un parachute dorsal et un ventral apparaissent chez nous dans les années postérieures à 1936.
On achètera d'abord des Irvin Britanniques, qu'avaient copié les Russes, puis on achètera des Aviorex et des Lemercier.
C'est avec un Lemercier 414 que le parachutiste Français Williams réussit, le 22 Mai 1938, un saut depuis une altitude de plus de 11 400 m avec ouverture du parachute à 90 m du sol, après 170 secondes de chute libre et 18 secondes de descente protégée !
L'avion l'ayant emporté à cette altitude était un Mureaux 115 (ou apparenté).
Je suis sûr que, en Crête, les Allemands ont sauté en mode automatique.
Dans ce cas, pour chaque combattant ayant démarré son saut (= étant sorti de l'avion), le parachute est extrait de son sac par une sangle attachée à un œilleton coulissant sur une tige solidement attachée à l'intérieur du fuselage de l'avion.
L'intérêt de ce mode de largage est que les hommes restent relativement groupés.
L'ensemble des paras ayant partagé la même tige extractrice de parachutes est appelée un câble (en anglais, stick).
Je ne suis pas sûr que nos hommes aient bénéficiés de ce système avant leur activité au sein de la France Libre.
Après le 25 Juin 1940, nos parachutistes ont sauté en automatique.
Par contre, les parachutes Allemands, y compris pendant la bataille de la Crête (1941), ne disposaient pas du harnais que j'ai décrit précédemment.
Le leur comportaient juste un anneau dorsal qui rendait impossible de tirer sur les suspentes situées devant la poitrine du para.
Ce système, probablement associé à des voiles de surface plus réduites que les nôtres, entraînait l'obligation d'atterrir à 4 pattes pour mieux répartir les efforts du corps à l'atterrissage et, ainsi, réduire les risques de blessures (!).
Plus grave encore, les Fallschirmjäger ne disposaient que d'un simple pistolet pour se défendre parce que leurs armes les plus efficaces étaient rassemblées dans des sacs volumineux (parachutés bien sûr en même temps qu'eux), mais qui tombaient parfois relativement loin d'eux et qu'il fallait retrouver avant de pouvoir s'en servir.
Cela n'arrangeait en rien la défense des hommes qui venaient d'atterrir.
Si les parachutistes sont toujours des guerriers exceptionnels, par contre leur armement personnel reste toujours léger, donc peu propice à l'obtension rapide d'un décision militaire.
Tous les pays utilisant ce type de soldats ont donc fait des efforts pour leur fournir des armes plus puissantes que "la normale".
Les Allemands commencèrent à fournir, dans les sacs d'armes portées, des canons antichars sans recul, qui donnèrent naissance aux Panzer Faust - armes de type Bazooka - ou, ailleurs, à des sortes d'arbalètes hyperpuissantes - PIAT Britannique - lançant des projectiles antichars sans bruit et sans fumée, donc non repérables.
Les Allemands parachutèrent aussi des cannons de 37 mm antichars, chacun freiné par 5 parachutes "normaux".
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Canonantichar de 3.7 mm Pak 36 parachuté sur la Crête : 5 parachutes "normaux" étaient nécessaires pour ralentir la pièce de 450 kg ! |
Les Britanniques livrèrent des chars (type Tetrarch), d'une longueur d'environ 4 m), en dural (masse 7,5 tonnes), transportés par planeurs Amilcar.
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Char Tetrarch montrant sa suspension Christie qui lui assurait une vitesse maxi de 64 km/h sur route et de 45 km/h en tout terrain (!) |
Malheureusement, la volonté d'armer ce char avec le vieux canon de 2 livres (~40 mm), déjà faible en 1940, le rendit incapable de faire face aux chars Allemands de 1944, bien plus blindés et, surtout, considérablement mieux armés.
Les Allemands transportèrent des blindés dans leurs hexa-moteurs Messerschmitt 323. (ceci est documenté pour un Char Renault R 35 d'environ 10.5 tonnes).
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Me 323 en vol, motorisé par 6 moteurs GR 14 N 48/49 |
Le Me 323 pouvait emporter plus de 100 hommes, ce qui, à l'époque, était ahurissant.
Beaucoup plus récemment, on a fait des largages à très basse altitude, un blindé étant extrait par un grand parachute à 2 m du sol. Cela exige, évidemment, que l'avion dispose d'une grande porte arrière.
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C 130 larguant un char Sheridan (on espère que les tankistes ont atterri avant !) |
Il va de soi, dans ce cas, qu'il s'agit d'une activité très risquée.
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Largage de paras US en Australie en 2001 Les avions sont des quadriréacteurs C141 (bien polluants). Une image proche de celles de 1940-41, sauf la distance plus faible entre les sauteurs d'un même câble. |
Conquérir la Crète ? Sacré programme !
Le chapitre de Géographie le plus absent dans mon éducation scolaire à l'issue de l'examen de sixième (1955 !), fut celui des îles, à l'exception de la Corse car mon dernier et meilleur instituteur Mr. Castellani, était Corse.
Les îles ont surgi dans ma conscience lorsque le programme d'Histoire (dans l'enseignement secondaire) a concerné la Grèce Antique, et en particulier les Guerres Médiques entre les cités Grecques et l'Empire Perse, il y a environ 2 500 ans.
La création de la Ligue de Délos, par Athènes en - 478 Av. J.C - pour se défendre contre l'Empire Perse - préfigurait la création de notre OTAN.
On peut imaginer que cela n'a pas été très simple pour les tous premiers humains à s'y risquer.
Historiquement, la première voie qui s'imposa aux hommes qui voulaient visiter les îles séparées par un bras de mer de la terre qu'ils foulaient de leurs pieds, fut la voie maritime, autrement dit l'usage de navires.
De nos jours, on sait que cela implique une réelle maniabilité du navire de même qu'une capacité manœuvrière suffisante de son capitaine et de son équipage.D’abord, parce que débarquer sur n’importe laquelle d'entre elles n’a rien d’élémentaire sauf, peut-être, par très beau temps.
Ensuite, chacune d’elles ouvre un passage vers au moins un but plus lointain.
Par définition, une île est amenée à recevoir des vents venant de toutes les directions.
De ce fait, naviguer près d'une île implique, avec le temps, des variations quasi infinies de direction et de puissance des vents.
Evidemment,
on peut compléter ce tableau par celui des courants marins !
Simultanément, les côtes de ces îles peuvent prendre une grande diversité de profondeur, de forme et de structure.
Dans les zones intertropicales, les ouragans rajoutent des phénomènes mortels.Evidemment, les volcans joignent à ce concert une voix que l’on a intérêt à respecter sérieusement.
Les îles peuvent être groupées en archipels, ce qui complique encore la navigation.
La
moindre faute de manœuvre du navire peut entraîner sa destruction (comme celle du cuirassé France en 1922 à la sorti du Golf du Morbihan).
Ceux qui voguent souvent près des îles sont toujours d'excellents marins (Grecs, Vikings, Bretons, Britanniques, Polynésiens, Japonais, Indonésiens, etc.).
Depuis l’Antiquité, les îles assuraient le repos des hommes et leur ravitaillement en eau, en vivres, voire en marins, des équipages épuisés par leurs longs voyages et leurs éventuels combats.
Disposer d’une île dans des mers hostiles était un avantage stratégique.
Dès le 16ème siècle, l'Angleterre a érigé, en principe politique fondamental, la possession des îles les plus rentables et les mieux placées de la surface terrestre pour contrôler le trafic maritime.
Ces îles présentent un intérêt puissant dans le jeu de la Royal Navy (comme, depuis 150 ans de l'US Navy) qui ont, ainsi, la possibilité de fermer les détroits aux puissances qui leur déplaisent.
Au risque de me faire taper sur les doigts, j'ai tendance à assimiler le J'bel Al Tariq (la montagne de Tariq = Gibraltar) à une île contrôlant le détroit dit de Gibraltar.
Et on peut, me semble-t-il, en faire autant pour nombre de presqu'îles.
Les îles ont donc été fortifiées : L’exemple le plus parlant reste Gibraltar, qui a joué un rôle important dans la bataille de Trafalgar, et donc, quelques années plus tard, dans la chute de Napoléon Ier.
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L'impressionnante presqu'île fortifiée de Gibraltar |
Napoleon avait fait fortifier certains îlots, dont l'un est devenu célèbre par le jeu télévisé Fort Boyard.
Les Britannique ne l'ont jamais approché, et bien leur en a pris.
Avec l’avènement du moteur thermique, ce rôle s’est amplifié, pour apporter un ravitaillement en carburant, ce qui accroissait l'allonge des flottes navigant loin de la mère Patrie.
Pus tard, les îles ont récupéré des aérodromes, des chantiers de réparation ou de construction (ex. : Malte, Chypre, Pearl Harbor, Okinawa, les Malouines).
Par mesure d’économie évidente, les îles très militarisés ont, en plus, récupéré ces fameux câbles sous-marins qui permettent, à ce que l'on nous dit, la bonne marche de l’économie mondiale.
L’Islande, île authentique (plus vaste que 3 fois la Belgique), mais habitée par moins de 400 000 habitants, est particulière en ce qu’elle est, en plus, le meilleur point d’observation sur la dérive des plaque tectoniques sur la crête Médio-Atlantique.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, ses aérodromes ont aidé le transfert de milliers d'avions des USA vers le Royaume Uni.
Dès qu'une guerre se profile à l'horizon, les USA et le Royaume Uni s'empresse d'y envoyer des troupes d'occupation.
La bataille de la Crète ou ’’Comment conquérir une île’’
Le 28 Octobre 1940, dans la logique de sa mainmise sur l'Albanie, l'Italie avait attaqué la Grèce, ce qui avait poussé le gouvernement Grec à amener sur son sol continental la 5ème division Crétoise.
{Pour les Grecs anciens, la Crète était le berceau de leurs Dieux. C'est là que Dédale avait créé le Labyrinthe d'où s'était envolé Icare.}
La Gande Bretagne en avait profité pour installer en Crète des garnisons et pour y faire mouiller ses unités navales afin de menacer le flanc Sud-Est des forces de l'Axe.
En théorie, certains bombardiers Britanniques (Hampden, et Wellington, par exemple) étaient désormais à portée des champs pétroliers Roumains de Ploieşti, site on ne peut plus stratégique.
Accessoirement, je n'ai connaissance d'aucune action de la RAF avec ses bombardiers à ce moment-là.
Le 6 Avril 1941, Hitler envoie la Wehrmacht envahir la Grèce pour renforcer l’armée Italienne qui combattait les Alliés (NZ, Australie et Grèce) soutenus par la RAF (GB),.
Le but était de préparer l’invasion de la Russie (opération Barbarossa) et d'assurer la sécurité de son flanc Sud.
Le 21 Avril 1941, l’Armée Royale Hellénique capitule et les troupes Alliées, ne pouvant résister à la puissance de l’assaut du Reich en Grèce continentale, finirent par s’enfuir en Crète.
Bonne préparation Britannique
A ce moment, la Royal Navy réussit à récupérer 57 000 soldats Alliés, mais ces hommes étaient privés de leurs équipements lourds, pourtant décisifs.
Environ 10 000 hommes "indésirables" (pour diverses raisons) furent envoyés en Egypte.
La Navy réussit à installer ces 42 400 hommes en Crête. Ces hommes sortaient d'une dure et constante retraite.
Ils avaient hâte de prendre leur revanche.
Particulièrement entraînés, relativement reposés et très motivés, ils étaient prêts à vendre chèrement leur peau face à l'Armée de Hitler.
Ces hommes furent placés sous les ordres du général Anglais Bernard Freyberg, très prisé par Churchill à cause de son immense courage.
Ils étaient répartis ainsi :
· 18 000 Britanniques,
· 6 450 Australiens,
· 7 700 Néo-Zélandais,
· 10 250 Grecs.
Les Britanniques installés en Crête y préparaient des bases et des casernes.
Ils reçurent l'ordre de fortifier tous les accès, en particulier les aérodromes et les ports.
Il y avait alors, sur place, 3 escadrons de chasse de la RAF (#33, #80 et #112), deux équipés de Hurricane et un de Gladiator.
Autrement dit, rien de sérieux.
Tous les Spitfire restaient au Royaume Uni.
Il existait aussi 4 escadrons de bombardiers Blenheim (déjà périmés) qui totalisaient alors 24 avions dont à peine 12 étaient utilisables, faute de pièces de rechange.
Ces bombardiers furent envoyés en Egypte.
En plus de nombreux pièges contre les atterrissages d'avions et des pièges explosifs, il faut ajouter à cet inventaire militaire :
- quelques canons de campagne,
- des canons de DCA de 76 mm à faible cadence de tir,
- 20 Bofors de 40 mm de DCA.
On voit donc que les Britanniques et les Grecs avaient créé une zone plutôt bien défendue, mais l'artillerie est assez faible et pauvre en munitions.
Ils étaient conscients de ce que Churchill avait écrit au chef d'Etat-Major de l'Armée Britannique : "Perdre la Crête parce que nous n'aurions pas su y placer suffisamment de forces serait un crime."
A ce point, je rappelle toutefois que ces troupes Alliées restaient aussi armées légèrement.
L'assaut Allemand
Le 25 Avril 1941, Hitler donna à ses généraux l’ordre de conquérir la Crète, île dont le cap Spatha (le plus proche du Péloponnèse) était à environ 100 km du cap Malé.
La Royal Navy tenant la mer Méditerranée et Hitler n'y ayant aucun navire décisif, l'idée d'une invasion aéroportée devient inévitable, même si cela ne s'est encore jamais réellement fait nulle part.
C'est donc une première mondiale, qui n'avait jamais été préparée par de vraies manœuvres ad hoc en Allemagne.
Cela explique pourquoi la préparation de cette offensive dura près d'un mois.
Pour cette opération, baptisée Operation Merkur, l'Allemagne envoya :
· 13 000 Paras,
· 9 000 Chasseurs Alpins,
· 6 000 Fantassins.
Ces 28 000 hommes ne représentaient que les 2/3 des troupes Alliées et la présence d'environ 25% de Grecs dans ces dernières était un avantage évident en connaissance du terrain.
La Luftwaffe contribuait avec :
· 280 bombardiers moyens,
· 550 trimoteurs Ju 52/3, chacun pouvant transporter 14 parachutistes,
· 60 planneurs de transport DFS 230,
· 180 chasseurs Bf 109 E 7,
·
150 Stukas. Ju 87.
En 1941, si la voie aéroportée était la plus rapide, elle ne permettait pas de disposer d'armes décisives et ni de beaucoup de munitions.
La Crête est de taille comparable à celle de la Corse (environ 8 400 km²).
Pour un aviateur venu du Péloponnèse, l’aérodrome
le plus proche est celui de Maleme, lui-même proche du port de Chania (= La Canée).
Deux autres pistes étaient sélectionnées : Rethymno, qui paraissait sans défense sur les photos des reconnaissances aériennes (!) et Héraklion, plus à l'Est.
La carte de cette île montre que le terrain y est extrêmement varié et que l’accès en est particulièrement ardu (quand même peut-être un peu moins que celui de la Corse).
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Carte de la Crête |
Les massifs montagneux, plutôt concentrés vers la côte Sud, comptent une douzaine de sommets dépassants 1 000 m (dont 5 sont supérieurs à 2 000 (ou très proche)).
Un assaut Allemand mené à la fois par air et par mer.
Malgré le sous-titre ci-dessus, la première action de l'Axe contre les Alliés en Crête fut maritime et fut menée par les très brillants nageurs de combat Italiens, le 26 Mars 1941.
Ils utilisèrent 6 canots explosifs transportés (avec eux) près de Souda par 2 torpilleurs de la Regia Marina.
Ils réussirent à passer de nuit les 3 barrages du port de Souda puis lancèrent leurs canots sur le croiseur lourd York et sur le pétrolier Périclès qui s'enflama puis explosa, ce qui amena 3 autres cargos à couler lentement.
La DCA du York ne pouvait donc plus être employée contre les paras Allemands.
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HMS York |
Les soldats Allemands, parfaitement entraînés, comptaient à la fois des parachutistes et des troupes de montagne.
Les parachutistes Allemands avaient combattu le 10 Mai 1940 aux Pays Bas, mais ils y avaient perdu beaucoup d’hommes parce qu’un bon nombre des Ju 52/3 qui les transportaient avaient été descendus par la chasse Alliée (et même par un Potez 63-11 !) et par la DCA Néerlandaise.
Clairement, les aviateurs Allemands ne savaient pas davantage que nous se dépêtrer d’une DCA efficace et bien servie.
Ils furent rapidement réunis en une division complète qui appartenait à la Luftwaffe.
Les photographies de ‘’Merkur’’ suggèrent que les paras étaient largués entre 2 et 300 m du sol.}
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L'heure du départ pour les Fallschirmjäger ! |
Il est surprenant que le général Kurt Student ait lancé sa première attaque aéroportée sur un territoire déjà occupé par des soldats ennemis sortants de combats très difficiles (et donc parfaitement entraînés, comme, par exemple, les hommes de la 5ème Brigade Néo-Zélandaise).
Première attaque : Maleme
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Zones d'actions de la bataille On distingue les zones de parachutages du Reich, les positions Alliées, les actions et les évacuations maritimes Alliées (en bleu sombre) |
En théorie, chaque Ju 52/3 (trimoteurs) pouvait emmener 14 paras, en plus de son équipage.
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6 paras à l'avant de l'étroite cabine d'un Ju 52/3 |
Mais certains de ces avions devaient aussi transporter des armes (fusils, canons, grenades, voire de l’essence).
{La séparation physique des Fallschirmjäger d'avec leurs armes de guerre sera tragique pour beaucoup d'entre eux.}
30 paras sautent, un Junkers 52/3 va s'écraser à cause de son passage trop près des postes de DCA Vu la configuration des lieux, la scène doit se jouer à Souda, à l'Est de Maleme. |
- A priori, il est très difficile de tirer sur un objectif qui vous surplombe : Les tirs sont plus précis entre + 30° et 0°.
- Les Junkers volaient à 120 m de hauteur au dessus du sol, ce qui, à 5 m/s, donne un trajet aérien de 24 secondes.
- Les snipers devaient tirer à 250 m environ sur une cible qui freinait sa vitesse horizontale tout en descendant.
- 3 croiseurs (HMS Ajax, HMS Orion, HMS Dido) et
Bien sûr, les 7 navires Britanniques se génèrent les uns les autres et oublièrent les autres montagnards Allemands.
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Assaut sur Rethymno |
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piste de Pigi (aérodrome de Rethymno) - On voit au loin, peut-être, les monts d'Acrotiri. |
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Bataille d'Heraklion. Le QG de la 14ème Infantry Brigade est au S-E de la tache marquant les bataillons Grecs. |
Bilan des pertes
Admettons que les pertes Germaniques aient totalisé 7 000 combattants.
Côté Allié :
- 3 500 morts, taux de pertes très élevé si l'on compare au fait que les 2 bataillons Australiens de Rethymno n'avaient eu que 180 pertes pendant leurs combats en Grèce continentale.
- 1 900 blessés, ce qui nous laisse croire à un total de 5 400 pertes
- Pourtant, les pertes Alliés excèdent largement cette valeur, parce que les pertes que j'ai reprises à partir des données standard, on doit impérativement additionner les pertes de la Royal Navy, supérieures à 3 000 hommes, parfaitement associées à la Bataille de la Crète !
- 12 000 prisonniers
- Les Alliés ont, eux aussi, perdu énormément d'avions mais ils les ont oubliés, de même qu'une dizaine de navires de guerre coulés.
- croiseur HMS York,
- croiseur HMS Gloucester (722 +),
- croiseur HMS Fidji (900 +),
- Le cuirassé HMS Warspite, sérieusement touché par une bombe de 250 kg, devra se faire réparer aux USA d'Août 1941 à Janvier 1942.
- les croiseurs HMS Dido et HMS Orion (360 +) furent aussi gravement endommagés
- destroyer HMS Juno (116 +)
- destroyer HMS Greyhound (74 +)
- destroyer HMS Hereward (76 +)
- destroyer HMS Kashmir (80 +)
- destroyer HMS Kelly (110 +)
- destroyer HMS Havok (15 +)
- destroyer HMS Imperial ( ? )
- Les destroyers Kipling et Ilex ont été sérieusement endommagés
- Le pétrolier Périclès a été coulé ainsi que bien d'autres navires marchants.
- Les Britanniques avaient aussi perdu 29 chasseurs sur les 35 basés en Crète jusqu'aux bombardements aériens qui préparaient l'assaut Allemand.
- Je n'arrive pas à voir le nombre de bombardiers de la RAF perdus, mais il devrait normalement être supérieur à celui du nombre de chasseurs perdus.
Côté Allemand :
- 3 986 morts,
- 2 600 blessés,
- 271 avions de transport abattus, j'ai trouvé aussi un nombre très inférieur.
- 180 avions de chasse ou de bombardement détruits.
- Premier problème, le parachute Allemand était catastrophique. L'essai puis la copie d'un modèle Américain (ou autre) eut été bien préférable, il est incompréhensible que les officiers Allemands ne s'en soient pas apercus.
- Dès lors que Hitler projetait de conquérir la Grèce avant Barbarossa, je crois que la conquête de la Crête devait avoir lieu sans attendre, puisque les Anglais, occupant alors l'Egypte, ne manqueraient pas de participer à la partie précédente !
- Cela impliquait, me semble-t-il, d'installer une base aérienne Germano-Italienne vers Tobrouk.(Libye) et des U-Boot à Tarente (en Italie).
- Si le Reich a démontré sa maîtrise de l'Air, ses reconnaissances aériennes n'apportèrent pas de résultats sérieux corrects.
- Les Anglais réussirent à leurrer les Allemands et leur faire croire à une absence de DCA !
- Pendant une guerre déjà très sanglante, imaginer qu'un aérodrome puisse rester dépourvu de DCA me paraît totalement irresponsable.
- Les paras n'auraient pas dû être largués à 0800, en plein jour, mais exactement au lever du jour (vers 0500) et depuis une altitude double pour éviter de tomber sur des gens en pleine forme et sur une DCA bien réveillée.
- Par ailleurs, si les paras avaient été largués de manière à atterrir à 3 ou 4 km de leurs objectifs et hors des agglomérations (ce qui fut partiellement le cas à Maleme), il me semble que cela leur aurait permis un réarmement plus rapide et une approche moins difficile.
- Et n'imaginez pas une seule seconde que ces hommes auraient rechigné face à 4 km de plus !
- Une simulation de débarquement maritime dans une autre partie (par exemple dans le golfe de Mirabello), en tirant partie de la présence Italienne sur l'île de Rhodes (très proche) aurait aidé leur opération.
Cependant, ainsi que l'article de Wikipédia en Anglais sur ce point d'Histoire le dit dans son introduction, cette bataille persuada les Alliés des énormes capacités militaires des opérations aéroportées.
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