vendredi 4 juillet 2025

Mélodie en sous-sol ? (Modifié le 1er Septembre 2025 ***)

(Mélodie en sous-sol fut le titre d'un film de 1963 par Henri Verneuil  avec Jean Gabin et Alain Delon) 


L'être humain, depuis plusieurs centaines de milliers d'années, considère que, lorsque sa vie est menacée, il doit se terrer dans des cavités enfouies sous le sol. En cela, il reprend une stratégie animale datant de plusieurs centaines de millions d'années. 

Il vous suffit de visiter les grottes périgourdines (Rouffignac, par exemple), bien plus récentes mais humaines,  pour en être définitivement convaincu.


Lorsque l'artillerie a cessé d'être constituée de bombardes lançant des boulets pleins (de Crécy en 1346, à Sadowa en 1866), elle est passée en quelques années aux canons dit ''à la Paixhans'' (avec des obus aérodynamiques chargés d'explosifs).

Ces canons furent modifiés encore davantage pour être chargés par la culasse, ce qui rendait leur cadence de tir incomparablement plus rapide (le 75 mm, pendant les tirs de barrages de 1914 à 1918, soutenait 30 coups/minute (les servants étaient super-entrainés), rythme qui s'arrêtait uniquement en cas de surchauffe du canon).

La poudre noire présente une grande qualité pour tout travail de démolition : Elle détone, ce qui veut dire que l'explosion est instantanée donc très brisante. Mais cette caractéristique entrainait une usure très rapide des bouches à feu.

Cela n'était pas tout, car en 1884, le chimiste Français Paul Vieille inventa la poudre Blanche, dite aussi poudre sans fumée, qui permit des tirs six fois plus puissants, doublant la portée des bouches à feu (et, visuellement, presque indétectables).

Ce nouvel explosif, à base de nitrocellulose, ne détonne pas, elle produit une déflagration bien plus progressive, donc bien moins corrosive pour les bouches à feu mais très efficaces pour les fusils et les canons.  

(Nos journalistes pensent que le mot déflagration signifie "explosion la plus puissante", mais c'est la détonation qui est la plus puissante, avec une onde de choc pouvant progresser à 7 000 m/s, par exemple.

Cela rendit la poudre noire obsolète pour l'essentiel  des applications militaires.

Toute les fortifications déjà existantes devinrent immédiatement périmées. 

Les nouvelles devinrent très basses au point que les canons pouvaient même s'éclipser dans les profondeurs de leurs ouvrages.


Pendant la Grande Guerre, le jeu consista souvent à faire des sapes (= tunnels, réalisés par des sapeurs) orientées vers les tranchées ennemies.

Cela permettait d'y déposer beaucoup de dynamite (mélange de nitroglycérine et d'un produit pulverulent permettant de créer ainsi une explosion très meurtrière avec un explosif assez stable.. 

Bien sûr, au bout de quelques coups efficaces, tout le monde se mit à écouter ce que le sol transmettait comme sons.

Si l'on entendait une action de creusement, on créait aussitôt une contre-mine.

On fut ainsi capable de créer des cratères profonds d'environ 60 m.



En 1934, Hitler demanda à Krupp de construire un canon apte à détruire les ouvrages de notre célèbre Ligne Maginot qu'aucun canon Allemand de la 1ère Guerre Mondiale n'était capable de traiter.

Ce canon fut conçu par le Directeur Erich Müller. 

Il s'agissait d'un appareil hyper-puissant, de calibre 800 mm dont la désignation fut Schwerer-Gustav, utilisant des obus de 4.5 à 7.1 tonnes ! 

La masse total de l'engin était de 1.350 tonnes (la masse d'un destroyer).

Cet engin devait être transporté en pièces détachées par un train de 25 wagons ayant une longueur totale de 1.500 m.

Il fallu 5 semaines pour que 4 000 hommes puissent placer le canon en position de tir et il fallait 500 hommes pour assurer les tirs.

 

Obus de Dora face à l'excellent tank soviétique T-34/8( des années 1944-45



Le canon Dora / Gustav devant ceux qui l'ont commandé
Noter la taille des soldats qui travaillent dessus.


Ce canon lançait ses obus (V0 820 m/s) à des distances de 38 à 47 km.

La mise en oeuvre exigeait de l'ordre de 3 000 soldats plus 2 régiments de Flak !

Pour faire feu, ce canon devait être installé dans un virage de 2 voies de chemin de fer aux quelles on ajoutait 2 voies supplémentaires pour pouvoir tenir latéralement.

Un de ses hauts-faits fut l'explosion d'un gros dépôt de munitions soviétiques qui était enterré à 30 m de profondeurs près de Sébastopol (Crimée). 

La réussite de la prise de Sébastopol par les troupes de Von Manstein valurent à ce dernier d'obtenir le grade de Feld-Marschall.

Ce qui m'étonne, c'est que cet objet hyper-couteux conçu contre nos fortifications, ne fut pas prêt avant 1941. 

Donc, c'est ce qui permit l'offensive par les Ardennes, qui, elle, nous écrasa !

Le gigantisme n'est décidément pas efficace.




Cinquante années plus tard, pendant la Guerre du Golf #1 (1991), les USA envoyèrent deux bombardiers F 117 (très théoriquement furtifs) lancer successivement 2 bombes de 900 kg GBU 27 sur l'abri blindé et enterré d'Amiriyah, dans la banlieue de Bagdad. 

Ce lancer permit de tuer 408 civils (femmes + enfants uniquement). 

La photo située juste au-dessous de ce texte et qui concerne l'abri bombardé par la RAF en 1945, ressemble fortement à celle que j'ai pu voir du bunker d'Amiriyah, mais que je ne peux pas employer.

Juste avant cette attaque, on nous racontait (je m'en souviens parfaitement) qu'il s'agissait d'y tuer Saddam Hussein, le dictateur Irakien...



Lockheed F 117 lançant une bombe anti-bunker GBU- 27
 

Les bombes "perceuses" consistent en une enveloppe d'acier très épaisse et d'un remplissage par un explosif très stable (pour éviter de détoner au choc, bien sûr) et d'un détonateur très spécial.

Pour créer la première (et expérimentale) de ces type de bombes US, on avait rempli d'explosif le tube d'un canon. 



Les 2 photos du percement d'un abri pour U-Boot par une bombe de 10 tonnes


L'aspect de cet "après-percement" de 1945 est identique à
celui du percement de l'abris Irakien d'Amiriya en 1991






Le petit dernier 


Le 22 Juin 2025, 6 bombardiers furtifs B2 lancèrent 12 bombes GBU 57 sur le site de Fordo en Iran.

Ces bombes ont, sur le site de En. Wikipedia, une masse de 12 325 kg pour l'enveloppe et une charge explosive de 2 270 kg. 

Donc leur masse totale est proche de 14.6 tonnes.


Avant l'attaque, il nous fut dit que ces bombes pouvaient percer un trou de 60 m de hauteur pour exploser après l'arrêt du "véhicule".

Les B2  ont un plafond annoncé de 15 000 m. 

A cette altitude, l'atmosphère est peu dense, donc les bombes basculent vite à la verticale et atteignent très vite une très forte vitesse (mais elles ne sont pas pour autant hypersoniques). 

Le problème étaient que la zone à détruire était à 80 m de profondeur, soit 20 m plus profonde et que la substance à transpercer n'était pas du Béton, mais du granite, c'est à dire non pas un système relativement pulvérulent - relativement facile à traverser - mais une roche  plutonique (donc entièrement soudée). 

Et cette roche est donc particulièrement difficile à  traverser (sauf si la roche a été soumise à d'intenses pressions tectoniques) ! 

Les granites roses, du type de ceux de Ploumanac'h,  sont réellement très anciens (de 600 millions à 1 milliard d'années), et pourtant ils enchantent toujours ceux qui les découvrent, preuve de leur résistance à quasiment toute épreuve.

Coincidence (ou pas) le calibre de la bombe GBU 57 est de 800 mm, comme les obus de Dora.



Northrop B2 : un bel avion !




Une polémique a éclaté dès la fin de l'opération de bombardement.

A l'instant où j'écris ce texte, personne ne sait officiellement rien des résultats complets de cette opération.

A priori, des bombes très lourdes et très aérodynamiques qui descendent de 15 000 d' altitude doivent atteindre une vitesse proche de Mach 1 au moment qui précède l'impact

De ce fait, leur impact est fortement brisant et, si l'onde de choc de l'explosion intervient en quasi continuité avec celle de l'impact, je suis persuadé que ce qui est en-dessous sera fortement perturbé.


Je ne suis même pas sûr que les dirigeants de l'Iran eux-mêmes aient une idée parfaite de la chose. Pour le savoir, il faudrait pénétrer par le même chemin que les GBU 57, ou par un chemin très détourné.

Mais je constate que les politiques en ont déjà parlé et ont échangé des nom d'oiseaux !

Au moins, et comme d'habitude, ils se sont exprimés !

Oui, vous finirez un  jour par avoir une image précise de ce qui a été brisé et de ce qui est resté intact. Mais cela n'est probablement pas aussi vite que vous le voudriez.

Un jour, un pays malin fabriquera un drone-araignée qui rentrera dans des trous quasi-cylindriques pour explorer des zones bombardée, et la réponse sera trouvée en temps et en heures...



Chaque jour de ma vie, je remercie le Général de Gaulle de nous avoir doté en très peu de temps de notre force de dissuasion. 

Il l'avait initié déjà le 18 Novembre 1945, en fondant notre CEA. 

Nos minables gouvernements n'ont pas voulu continuer ce mouvement qui déplaisait à notre suzerain US, jusqu'à ce que Pierre Mendes-France relance la volonté de créer la bombe, en 1954.

L'URSS nous ayant menacés de bombardement nucléaire en 1956, le cap fut maintenu, mais nous nous limitions, alors, au seul (mais très efficace) vecteur aérien bi-sonique Mirage IV dès 1964. 

Le Grand Charles nous a permis de disposer, en plus, des missiles balistiques SSBS (S2 puis S3) armés d'ogives nucléaires du plateau d'Albion et des SNLE, armés de missiles lancés de sous-marins nucléaires MSBS (M2, M4 puis M 51).






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