mercredi 23 octobre 2019

Quelques mots sur les Navires de Ligne (cuirassés et croiseurs de bataille) (Augmenté le 09 / 05 / 2024 *** ***)





Les cuirassés, navires à vapeur protégés par une cuirasse métallique, ont commencé à servir dans les marines de guerre des "grandes puissances navales" dans la seconde partie du XIXème siècle. 

D'un autre côté, leur apparition coincide avec la mise au point des canons à chargement par la culasse et tirant des obus à la Paixhans (= chargés d'explosifs).

Ils ont été à l'origine de la disparition de la propulsion à voile.

Ces cuirassés, qui avaient un blindage en fer, avaient pris l'ascendant sur tous les autres navires de guerre existants : Les navires en bois ne pouvaient pas leur résister et leur artillerie, qui se composait de canons de plus en plus gros, était capable de tirer à des distances inimaginables 20 ans auparavant.

Les cuirasses en acier remplacèrent celles en fer vers 1880. 

Les cuirassés de cette nouvelle génération reçurent une appellation rétroactive : ils étaient des pré-dreadnought, terme qui, très vite, a pris un sens péjoratif. 

Ils avaient pourtant servi dans deux guerres de conquête coloniales qui ont totalement changé la face du monde : 
  • La Guerre Hispano-Américaine de 1898, qui a permis aux USA de capter toute une série de marchés jusque-là  réservés à l'Espagne tout en fabriquant une pseudo-indépendance pour les anciennes colonies Espagnoles (les Philippines, Cuba, etc...) ;
  • La Guerre Russo-Japonaise de 1904-1905, qui a permis au Japon de conquérir la Corée et la Mandchourie.
Dans les deux cas, les pays vainqueurs avaient été sous-estimés par les état-majors de toutes les puissances vues comme bien plus fortes. 

Dans les deux cas, ils avaient bien mieux utilisé les technologies modernes que leurs adversaires.

Et, dans les deux cas, l'Angleterre avait favorisé de manière éhontée les vainqueurs, et je ne suis pas du tout sûr que cela ait favorisé le maintien de sa domination du monde.

Enfin, dans les deux cas, ce furent des batailles navales qui jouèrent un rôle décisif dans ces guerres :
  • Bataille de Santiago de Cuba (3 Juillet 1898), où la présence du seul cuirassé Espagnol Jaime I aurait, dit-on, suffit à inverser le cours de l'Histoire.
  • Bataille de Tsushima (27-28 Mai 1905), dans laquelle on peut certes admirer le talent de l'amiral Togo et de ses marins, mais où l'on doit voir aussi l'action de sape insidieuse de l'Angleterre qui multiplia les obstacles à la progression de la flotte Russe, lui interdisant le Canal de Suez et, de ce fait, qui fut à l'origine d'un important retard et de très mauvaises conditions tactiques.


Plan d'engagement de la Bataille de Tsushima



En 1907, la Royal Navy disposait de 62 cuirassés, la France en comptait 36 et l'Empire du Kaiser en comptait seulement 12. 

Les Britanniques disposaient donc, à ce moment précis, d'une supériorité totale sur toutes les mers du globe.

La sortie du Dreadnought en 1906 changea encore plus la donne. 



HMS Dreadnought - On voit 2 des 3 tourelles orientées vers l'avant et les 2 tourelles orientées vers l'arrière.
Les barres inclinées collées à la coque sont les tangons des filets anti-torpilles Bullivant



Chaque pays se mit à croire que cette nouveauté était d'une grande efficacité et que tous les cuirassés anciens existants - si ce pays en avait - s'étaient trouvés périmés du jour au lendemain. 

Sortir un dreadnought devint un signe extérieur de puissance géopolitique. 

En réalité, ce n'était pourtant pas toujours vrai.

En comparant le Dreadnought Britannique de 1906 à nos Danton, strictement contemporains, on a les valeurs suivantes (Source : Dumas et Prévoteaux, les Cuirassés de 18 000 t, Lela Presse) :

HMS Dreadnought  

Depl. min. : 18 400 t  ;  Depl. max  21 050 t
L = 160 m ;  l = 25 m ; t = 9 m 

P = 23 000 Cv
V = 21.5 kts (en essais)
A = 6 600 nmi à 10 kts

C1 = 10 x 305/45 mm (masse obus 386 kg ; V0 = 831 m/s; portée 15 000 m) ; 1.5 cpm

Perce 269 mm à 9 144 m.
       
Masse de bordée en 1 minute =  5 790 kg

Ceinture = 279 mm
Pont       = 76 mm
Tourelle  = 305 mm

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Danton (et ses frères) 

Depl. min 18 300 t  ;  Depl. max  19 750 t
L = 145 m ;  l = 25.8 m ; t = 9 m 

P = 22 500 Cv
V = 20.6 kts (en essais)
A = 5 500 nmi à 10 kts

C1 = 4 x 305 mm/45   (masse obus 436 kg ; V0 780 m/s; Portée 14 500 m) ; 2 cpm ;
Perce 279 mm à 11 000 m.
C2 = 12 x 240 mm/50 (masse obus 221 kg ; V0  800 m/s; Portée 14 000 m); 3 cpm.


Masse d'une bordée en 1 minute = 8 792 kg.
Ceinture = 270 mm
Pont       = 102 mm
Tourelle  = 300 mm

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Ces deux types de cuirassés étaient très proches l'un de l'autre. Leurs protections étaient semblables.

Les caractéristiques marines étaient très bonnes pour les Danton et les vitesses étaient très proches ; Le prototype Britannique ne faisait que 0.9 kts de mieux que le Voltaire.

Par contre, sur le plan de l'armement, la supériorité de l'artillerie Française paraissait importante vu qu'un Danton envoyait 3 tonnes de plus par minute que le cuirassé Anglais. 

Par ailleurs, les 305 mm Français perçaient  le même type de blindage 2000 m plus loin que le cuirassé Britannique.

Les dreadnoughts, plus grands, plus lourds, beaucoup mieux armés que les navires qui les précédaient (sauf les Danton), coûtaient donc bien plus cher, pourtant, la situation internationale poussant à l'évidence vers la guerre, leur nombre augmenta rapidement.



L'US Navy introduisit un perfectionnement bien plus fondamental en supprimant les tourelles latérales de l'artillerie principale pour les installer à un niveau supérieur aux tourelles avant et arrière. 
Cela donnait une capacité de tir quel que soit l'état de la mer. Mais cela renchérissait encore le prix de ces navires. 

Les 38 dreadnoughts et les 11 croiseurs de bataille ayant appartenu à la Royal Navy pendant la Grande Guerre firent tout juste le travail que l'on attendait d'eux.

Trop lents, les cuirassés furent incapables de s'opposer aux bombardements de Scarborough, Whitby et Hartlepool (côte NE de l'Angleterre sensu stricto) le 16 Décembre 1914.  

Ces bombardements avaient pour but d'énerver la Home Fleet, histoire d'en attirer une partie pour réduire la grande supériorité numérique Britannique sur la Hochseeflotte Allemande

Le succès Britannique dans la bataille du Dogger Bank (qui s'est déroulée le 24 Janvier 1915 quelque 150 km à l'Est des bombardements cités ci-dessus) fut obtenu grâce au déchiffrement du code ennemi et, de ce fait, à une nette supériorité du renseignement Britannique sur son homologue Allemand. 

Mais l'insuccès Germanique fut parfaitement analysé et les erreurs commises furent parfaitement corrigées par les Allemands lors de la Bataille du Jutland.




Cartes des 3 principales phases de la Bataille du Jutland - Les Anglais en bleu - les Allemands en Rouge.




La Bataille du Jutland ne peut - ni ne doit - en aucun cas être vue comme une victoire de la flotte Britannique sur la flotte Allemande. 

Malgré une écrasante supériorité numérique, elle y a perdu 6 100 tués, 3 croiseurs de bataille, 3 croiseurs-cuirassés et 8 destroyers, contre 2 550 tués, 1 croiseur de bataille (Lützow) coulé, 1 pré-dreadnought, 4 croiseurs légers et 5 torpilleurs pour la flotte Allemande.

L'amiral Beatty, homme certainement extrêmement courageux, fonça à la rencontre des croiseurs de bataille Allemands.  

Le Lion de Beatty était mieux protégé que ses autres croiseurs de bataille et il était commandé par l'extraordinairement manœuvrier commandant Chatfield. 

Les croiseurs de bataille Allemands avaient une protection bien plus sérieuse et cette phase de la bataille se termina par la destruction de l'Indefatigable (1015 tués)du Queen Mary (1266 tués) et de l'Invincible (1026 tués, dont l'amiral Hood).

Cette bataille indécise, très coûteuse en hommes et en navires, ne permit pas à la Home Fleet de détruire la flotte du Kaiser, bien au contraire. 

Certes, la flotte Britannique fut reconstituée et même améliorée, tandis que la Hochseeflotte ne fut pas réparée rapidement. 

Dans toutes ces batailles, le but permanent des amiraux fut de manœuvrer afin de barrer le T de la flotte ennemie, ce qui maximise la force de frappe de l'artillerie. 

Les Allemands réussirent à se retirer à temps pour éviter un Trafalgar en mer du Nord.



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Les bleus barrent le T des rouges. Les seules tourelles visibles (ronds rouges ou bleus) sont celles capables de tirer
Il est évident que les 7 navires bleus ont 14 fois la puissances des 3 rouges



 


Période 1939 - 1945


Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les opérations navales ont très souvent impliqué des navires de ligne, c'est à dire des cuirassés ou des croiseurs de bataille.  

Mes lecteurs peuvent se souvenir que les expériences de Billy Mitchell (en 1921) avaient démontré la fragilité des plus solides de ces navires face aux attaques aériennes.

Les opérations commencèrent en 1939 par des opérations de "corsaires" Allemands dans l'Atlantique Nord et dans l'Atlantique Sud. 

Il s'agissait d'empêcher les navires marchands Alliés de ravitailler le Royaume Uni.

L'intérêt tout à fait stratégique d'employer un navire de ligne comme corsaire dans la guerre de course est de pouvoir capturer des navires appartenant à l'ennemi, à la fois pour ravitailler le corsaire (en fuel comme en nourriture) et, si c'est possible, pour récupérer sa cargaison au profit du pays armateur.

Un autre avantage est de bloquer le ravitaillement ennemi.

C'est plus facile à un navire de ligne parce que tout navire de ce type dispose d'un équipage très important (1 000 à 2 500 hommes) dont on peut, sans difficulté, soustraire le nombre d'hommes nécessaires pour armer - au sens de faire naviguer - les navires capturés
Si la capture demande trop de temps, la destruction totale est une option encore plus simple (mais moins juteuse)...

Des escadres Anglo-Française furent employées pour contrer de telles opérations, mais il est symptomatique qu'aucun navire Français n'ait fait partie de l'opération qui coinça le "cuirassé de poche" Graf Spee en face de Montevideo - Rio de la Plata (Uruguay). 

Les amiraux Britanniques ne cherchaient en aucun cas à développer la fraternité d'armes avec les nôtres, et encore moins à partager les lauriers d'une victoire navale (qui fut en fait un simple sabordage). 

Il en alla de même pour les opérations du Printemps 1940 en Norvège où nos navires furent cantonnés à des rôles, certes utiles, mais secondaires, d'escorte et de reconnaissance :                                                                                                                                                            Notre Marine ne prit d'ailleurs, à ma connaissance, aucune initiative autonome en temps et en heure.


Quelques définitions 


De 1914 à 1945, un navire de ligne est d'abord un navire de guerre fortement protégé par une forte épaisseur de blindage (cuirasse).

La structure en est multi-cloisonnée (ce qui empêche une rapide submersion tant que les ouvertures supérieures des espaces cloisonnés ne sont pas envahie par la mer). 

{En 1914, une épaisseur de 250 mm à la ceinture était très bien vue, mais en 1935, une ceinture de 320 mm était devenue la base de travail.
Inutile de dire que les aciers de 1935 étaient bien plus protecteurs que ceux de 1914.}

Un navire de ligne est un navire d'artillerie qui vise à détruire toute forme d'opposition militaire par l'emploi de canons puissants tirant des obus particulièrement destructeurs (je ne parle, en l'occurrence, que de l'artillerie principale, sans tenir aucun compte de l'artillerie opposée aux divers types de destroyers ni de l'artillerie anti-aérienne). 

Ce qui fait la puissance de ses canons tient dans plusieurs caractéristiques :
  • Le calibre des obus, en 1939, part de 280 mm pour monter jusqu'à 460 mm. Plus le calibre est grand, plus les dégâts causés à l'ennemi sont importants.
  • La masse de l'obus (ici, elle va de 300 kg à 1460 kg). En simplifiant outrageusement, elle se décompose en masse structurale et en masse d'explosif. Pour détruire un cuirassé adverse, la masse structurale doit être très forte, mais pour bombarder des personnels, la masse d'explosif doit être importante. La masse d'explosif sert aussi à disloquer les volumes internes des navires que l'obus a réussi à percer.
  • La longueur du tube (exprimée en nombre de calibres de l'obus envoyé) correspond à l'élan donné à cet obus dans le tube du canon : Plus ce nombre est important, plus la vitesse de l'obus à la sortie du tube est élevée pour un même calibre et une même charge propulsive, et plus l'obus aura de chance de percer la cuirasse de l'ennemi. 
  • La portée maximale des obus, donnée en mètres, est une fonction de la vitesse à la sortie de la bouche du canon, de la  masse de l'obus et de sa forme aérodynamique. La portée maximale d'un canon est obtenue - théoriquement - à la hausse de 45°, pour un canon neuf et avec la charge propulsive la plus élevée compatible avec la résistance du canon.                                                                                         
    • Pratiquement, cette portée n'a qu'une valeur publicitaire. Ainsi, le canon de 330 mm des croiseurs de bataille Français avait une portée maximale de 41 700 m (à 35°) mais la portée utile contre un navire de guerre n'atteignait pas, semble-t-il, 30 000 m.           
    • Par contre, cette portée maximale avait un sens pour bombarder des objectifs terrestres.
  • La cadence de tir, qui s'exprime en nombre de coups par minute (cpm), caractérise la puissance de feu d'un navire de ligne. La masse d'une salve (ensemble des obus tirés au même moment par une tourelle) ou celle d'une bordée (ensemble des obus tirés à la même seconde par un navire) complètent cette information.
  • La dispersion des tirs, qui est la distance moyenne entre les points d'impacts les plus éloignés d'une même salve. Elle est, entre autres, la conséquence mécanique de l'expansion latérale des gaz ayant propulsé un obus dans le canon vers les autres obus tirés par une même tourelle au moment où ils sortent de leur tube. 
    • On peut imaginer aussi que, pendant le trajet de ces obus vers leur cible, ils sont soumis à d'autres facteurs : 
      • La présence de vent à haute altitude qui modifie la portée et la direction.
      • Si la charge de l'obus est faiblement dissymétrique, l'obus, en tournant sur lui-même, peut avoir une trajectoire en spirale. 
      • Par ailleurs, la vitesse initiale de l'obus étant toujours largement supersonique (Mach 2.5 à Mach 3) crée une onde de choc puissante qui peut interférer avec la trajectoire des autres obus tirés par la même tourelle.                                                                              
      • Ainsi, à partir de tirs conduits à Mers-el-Kébir en Mai 1948 avec le cuirassé Richelieu, on mesura, à 26 500 m, une dispersion moyenne de 525 m qui fut réduite à 300 m après introduction d'un délai de 0.060 seconde entre le tir des canons 1 et 3, d'une part, et le tir des canons 2 et 4, d'autre part. Voici le texte original que j'ai copié/collé :"'Richelieu had delay coils for the center guns of each turret fitted in 1947-1948 when a tighter dispersion pattern was desired in order to take the maximum advantage of radar fire control. During tests at Mers el-Kébir in May 1948, the measured average dispersion at 26,500 meters (29,000 yards) was 525 meters (575 yards) without the firing delay and 300 meters (330 yards) with a 0.060 second firing delay (at this time the guns had all fired more than 200 shells without refit)."                                                                                                            
      • Certains forums en langue Anglaise font semblant de citer la même source et annoncent pourtant une dispersion de plus de 1 700 m !!!  En fait, ces valeurs ont bien existé, mais uniquement avec des obus d'exercice certainement très mal réalisés.                         
      • Ainsi que la dernière phrase du texte de NavWeaps le dit ci-dessus, l'usure des canons, en élargissant la lumière des tubes, introduit de légers mouvements aléatoires des obus qui modifient leurs angles de sortie.
  • La qualité de la conduite de tir : Sous ce terme, on doit ranger premièrement tout ce qui permet de repérer un navire ennemi, d'en évaluer la distance précise, de définir la hausse des canons de chacune des différentes tourelles.                            
    •  A cela s'ajoute des calculs pour tenir compte de l'influence des divers facteurs pouvant affecter la trajectoire des obus, comme, en particulier, la vitesse et la direction du vent à très haute altitude. Lorsque le tir concerne une grande distance, on doit même tenir compte de la force de Coriolis qui dépend de la latitude.                  
    •  En effet, le trajet d'un obus jusqu'aux très longues portées peut excéder nettement la minute.                                                                                                       
    •  A l'époque dont je parle, on agissait par approximation successives, et le succès était en vue lorsque le navire ennemi était encadré : "Coup court - Augmentation de la hausse - Coup long - Diminution de la hausse de la moitié de ce qui venait d'être ajouté - But !!!! (cas le plus favorable, Merci Papa !)". 
    • A la fin des années 1900, on commençait déjà à utiliser des calculateurs analogiques (le calculateur mettait en œuvre un système qui utilisait un mécanisme suivant une fonction bien adaptée).    
    • A l'heure actuelle, ces calculs sont entièrement informatisés, donc sont numériques. La combinaison Radar, Lasers et GPS permet de réduire drastiquement les erreurs de tirs.

Par ailleurs, les navires de ligne sont en général susceptibles de manœuvres très serrées leur permettant de réduire la précision des tirs adverses. 

Les croiseurs de batailles sont encore plus manœuvrants et leur capacité d'accélération est encore meilleure.



Le Yamato manœuvrant pendant la bataille du Golf de Leyte - Le cuirassé vire sur un rayon de l'ordre de 500 m, ce qui ne devait pas être si évident que cela avec une masse de 72 000 tonnes et une puissance de 150 000 Cv !



La trajectoire de l'obus dans un combat naval à longue distance n'a pas l'allure d'une parabole bien symétrique : Pour tirer à 35 000 m, le 330 mm monté sur nos croiseurs de batailles devait élever ses canons à 25.4° mais l'obus redescendait sur son objectif avec un angle de 36.8°.


La proposition de l'Amiral Pierre Barjot (1945) de transformer la coque du Jean-Bart en porte-avions ne fut pas acceptée par les vieux marins encore inféodés aux très gros canons (la Royal Navy avait partagé le même conservatisme en finissant son HMS Vanguard). 

Mais nos artilleurs de marine, dignes descendants de François Darlan, tenaient à leurs joujoux et le Richelieu ne leur suffisait pas !  

L'amiral Barjot rapporta : "Il fut assez surprenant de voir, en 1945, l'État-Major de la Marine soutenir, par doctrine, la solution du cuirassé intégral. 
Ce fait, qui a dominé la discussion du 21 septembre 1945, montre à quel point, en dépit des enseignements de la guerre, le mythe suranné du gros canon continue de dominer notre doctrine navale."


Un cuirassé est d'abord un bateau. 

Pour ma part, nos marins doivent essayer d'atteindre les objectifs fixés de protection des intérêts de la Nation par les bateaux les plus efficaces.

Le 3ème cuirassé Nippon de la classe Yamato
, le Shinano, fut terminé en porte-avion et il dut uniquement sa perte à la légèreté imbécile de son capitaine, qui, après avoir refusé que ses destroyers attaquent le sous-marin US Archerfish, tout proche (!), avait quand même maintenues ouvertes toutes les portes permettant d'obturer les cloisons étanches de son navire (!!!)...

Le cuirassé Jean-Bart n'a participé qu'à la malencontreuse affaire de Suez en 1956 (où il a juste tiré 4 obus de 380 mm opérationnellement !!!). 

Je regrette amèrement les services infiniment plus grands qu'aurait pu rendre le porte-avions Jean-Bart à l'Histoire de notre Nation : Participation à la Guerre d'Indochine, à la Guerre d'Algérie puis, encore, à la suite de notre histoire jusqu'en 1975 au moins.

Cette décision hyper-conservatrice de nos marins s'accompagna pourtant d'une forte évolution de la coque, parce que l'on attribuait la longue durée de la résistance du Bismarck à sa grande largeur de coque (36 m). 

Vous verrez plus loin que la cause de cette résistance avait bien des chances d'être toute autre.

Toujours est-il que nos ingénieurs se crurent obligés d'augmenter la largeur du Jean-Bart (de 33 à 35.5 m !) qui ne put entrer en service qu'en 1955, tout ayant perdu une partie de sa vitesse et de son autonomie.

Il me semble quasi évident que nos deux cuirassés n'auraient eu pratiquement aucune chance contre le Yamato ou le Musashi

Les Anglo-Saxons nous racontent bien sûr, encore aujourd'hui, que ces deux navires Japonais n'auraient pas tenu face aux coups de l'USS Iowa

Sérieusement, je n'en crois rien
Si c'était vrai, que l'on m'explique pourquoi, au moment où le Yamato allait devoir faire face à six cuirassés US que Spruance avait envoyés pour le combattre, l'amiral Mitscher fit décoller 440 avions pour liquider le cuirassé Japonais ! 

Une telle réaction indiquerait plutôt que ses renseignements ne lui permettaient pas de laisser les cuirassés de la Task Force 54 (de l'Amiral Morton Deyo) se faire massacrer.


Avertissement : Avant d'aller plus loin, je rappelle que les batailles navales ne sont pas toujours gagnées par les meilleurs navires mais par une alchimie compliquée qui met en œuvre :
  • un amiral de grand talent, 
  • des équipages très entraînés,
  • des navires pertinents 
  • dans des conditions environnementales les plus favorables possibles
Un facteur doit aussi être présent : La Chance.



Micro-panorama des cuirassés de la Seconde Guerre Mondiale


{Sources : Pour les caractéristiques des armes, ce site est ma référence, sinon j'ai effectué des recoupements entre les diverses pages de Wikipédia en plusieurs langues.}

Avertissement : Vous ne verrez pas ici de navires Italiens qui étaient pourtant de très bons navires, mais qui eurent encore moins de chance que les nôtres :  Ils se retrouvèrent face au meilleur amiral Britannique, Andrew Cunnigham. 
Les amiraux Italiens semblent avoir eu une compétence seulement moyenne, ce qui, combiné à l'absence de radar et à un manque chronique de carburant, a abouti à des ennuis constants aboutissant à une faible défense contre les avions - entraînant de nombreux torpillages - et à une faible efficacité tactique. Il est aussi dit (in En. Wikipedia) que les obus Italiens étaient très mal fabriqués.


Il est temps de voir les qualités des différents cuirassés de cette période, tout en rappelant que ce type de navire restera toujours marqué par un prix de construction exorbitant (
notre Richelieu a coûté 2 500 000 000 (deux milliard et demi) de Francs 1938). 

Quand on doit préparer la défense d'un pays à seulement deux ou trois ans de l'entrée en guerre, placer une telle somme dans un Navire-Roi est absolument pertinent lorsque le sort de la guerre se place en mer (cas du Royaume Uni, du Japon ou encore de l'Australie). 

Ce n'est certainement pas le cas lorsque l'ennemi partage une longue frontière terrestre avec le notre.

Je n'évoquerai pas ici l'artillerie secondaire (anti-torpilleurs) ni l'artillerie anti-aérienne, car mon sujet est circonscrit aux opérations entre navires de ligne.


Attention : Les fiches ci-dessous donnent les valeurs normalement décisives lors d'un combat.

Je commence toujours par le calibre des canons de l'Artillerie Principale.

Blindage : Lorsque je donne une épaisseur de ceinture susceptible d'être percée directement à une distance donnée, cela signifie qu'une ceinture plus épaisse sera percée à une distance moindre mais que, à une distance plus grande, la capacité de percement sera moindre.

Par contre, la capacité de percer un pont blindé à une distance donnée augmente avec la distance, jusqu'à la portée maximum parce que les obus tombent avec un angle plus proche de la verticale.

J'ai choisi les valeurs les plus favorables sauf pour le Yamato, qui ne s'en portera, d'ailleurs, 
pas plus mal.



Les cuirassés sensu stricto  

460 mm Japonais (Yamato
                          - Ceinture  410 mm
                          - Pont        230 mm
                          - Tourelle   650 mm
                          -  Vmax          27.5 kts  
masse obus APC             1 460 kg 
canon                                 460 mm / 45 cal
V0                                        780 m/s  
Portée à 50°                   42 000 m  (temps de vol 98")
pénétration coque               360 mm à 30 000 m  on trouve aussi  416 mm  
                                            494 mm à 20 000 m  on trouve aussi  566 mm
                                    
       "           pont                  189 mm à 30 000 m  on trouve aussi  230 mm 
                                            109 mm à 20 000 m  on trouve aussi  167 mm

Les 9 canons sont disposés en 3 tourelles triples qui sont au nombre de 2 à l'avant et une seule à l'arrière.
                                           
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406 mm USA Mk 8 (Iowa)
                         - Ceinture  307 mm
                         - Pont        152 mm
                         - Tourelle   410 mm
                         -  Vmax          33 / 35 kts  
masse obus APC            1 225 kg 
canon                                406 mm / 50 cal
V0                                       762 m/s  
Portée à 35°                 38 720 m   (temps de vol 80")
pénétration coque             329 mm à 32 000 m
                                          441 mm à 22 860 m
       "           pont                215 mm à 32 000 m
                                          131 mm à 22 860 m             

Les 9 canons sont disposés en 3 tourelles triples qui sont au nombre de 2 à l'avant et une seule à l'arrière.
Les cuirassés de la série South Dakota employaient les mêmes obus et étaient juste un peu moins brillants.

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406 mm UK (Nelson)
                         - Ceinture  360 mm
                         - Pont        159 mm
                         - Tourelle   495 mm
                         -  Vmax          23 kts  (25 kts lors de la poursuite du Bismarck)
masse obus APC               929 kg 
canon                                406 mm / 45 cal
V0                                       797 m/s  
Portée à 35°                  34 290 m   (temps de vol 83")
pénétration coque              193 mm à 27 400 m  
                                           310 mm à 18 288 m
       "           pont                 165 mm à 32 000 m  
                                             99 mm à 18 288 m  

Torpilles 24.5" Mark I  622 mm 2 600 kg, 13 700 m à 35 kts (charge 337 kg)

Les tourelles principales sont toutes les 3 sur la plage avant, et, pour des raison de hauteur du centre de gravité, la plus en arrière est au même niveau que la plus en avant, ce qui la rend toujours incapable de tirer droit devant (voir schéma plus loin). 
Chaque tourelle porte 3 pièces.

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380 mm Français (Richelieu, Jean-Bart)
                       - Ceinture 330 mm  (on trouve aussi 345 mm)
                       - Pont       170 mm
                       - Tourelle  430 mm 
                       -   Vmax        32.6 kts  
masse obus APC             884 kg    (1945)
canon                              380 mm / 45 cal
V0                                     800 m/s  (1945)   -  830 m/s (1940)
Portée à 35°                36 500 m    (1945)
pénétration coque            280 mm à 35 000 m  
                                         331 mm à 27 000 m
                                         393 mm à 22 000 m
       "           pont               211 mm à 35 000 m
                                         138 mm à 27 000 m
                                         105 mm à 22 000 m      


Les deux tourelles sont placées sur la plage avant et chacune porte 4 canons, mais chaque tourelle est divisée en deux moitiés par un septum blindé, pour éviter qu'un seul coup malheureux élimine du jeu une tourelle entière.


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381 mm Britannique (Resolution)
                       - Ceinture 330 mm  
                       - Pont       102 mm
                       - Tourelle  330 mm 
                       -   max       22  kts  
masse obus APC            882 kg  
V0                                    804 m/s (super charge)
Portée à 35°               29 720 m  
pénétration coque           229 mm à 27 432 m  
                                        353 mm à 13 716 m
       "           pont              145 mm à 27 432 m
                                          50 mm à 13 716 m      


Deux tourelles doubles sont situées à l'avant, la première directement sur la plage avant.
Deux tourelles doubles sont situées à l'arrière, la dernière sur la plage arrière..

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356 mm UK (King George V) 
                      - Ceinture 370 mm 
                      - Pont       152 mm
                      - Tourelle  324 mm
                      -  Vmax         28 kts 
masse obus APC           721 kg 
canon                            356 mm / 45 cal
V0                                   757 m/s  
Portée à 30°              35 260 m   (temps de vol >> 83")
pénétration coque          241 mm à 22 860 m  
                                       396 mm à  9 144 m 
       "           pont             127 mm à 29 260 m        
                                       102 mm à 22 860 m

La plage avant portait 2 tourelles : Une quadruple à l'avant, une double un peu en arrière.
La plage arrière portait une tourelle quadruple.

Les visiteurs de la coque du Bismarck n'ont trouvé aucune trace d'impact traversant d'obus de 356 mm. 
Le même calibre existait aux USA sur le Nevada, l'Arizona et le New-York

A titre de comparaison, voici les caractéristiques du canon de 350 mm/ L 45 Skoda qui devait être monté sur les nouveaux cuirassés Austro-Hongrois si la Première Guerre Mondiale avait
commencé un peu plus tard :

masse obus APC           635 kg 
V0                                   820 m/s  
Portée à 20°              25 000 m  
pénétration coque          346 mm à 15 000 m  
                                       388 mm à 13 000 m 

Ces valeurs, obtenues en 1913, ne sont pas très flatteuses pour les canons Anglais de 1940-41.
 
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380 mm Allemand (Bismarck 
                       - Ceinture  320 mm  
                       - Pont        120 mm
                       - Tourelle   360 mm 
                        -  Vmax         30.6 kts 
masse obus APC             800 kg 
canon                              380 mm / 51.66 cal
V0                                     820 m/s  
Portée à 35°                36 520 m   (temps de vol 70")
pénétration coque            304 mm à 27 000 m  
                                         393 mm à 22 000 m
       "           pont               126 mm à 35 000 m  
                                         104 mm à 22 000 m      


Deux tourelles doubles sont situées à l'avant, la première directement sur la plage avant.
Deux tourelles doubles sont situées à l'arrière, la dernière sur la plage arrière.     
                                           
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Parce que nous avions conservé nos superdreadnoughts de la Grande Guerre, j'ai introduit (en Mai 2024) leurs caractéristiques principales, pour expliquer le désastre du Bretagne à Mers El Kébir ; Cependant la Lorraine a fait toue la guerre.

340 mm Français (Loraine 
                       - Ceinture  270 mm  
                       - Pont          40 mm
                       - Tourelle   300 mm 
                        -  Vmax         21.5 kts 
masse obus APC             554 kg 
canon                              340 mm / 45 cal
V0                                     794 m/s  
Portée à 23°                26 600 m : Pourquoi restions-
nous bloqués à 23° d'assiette ?
pénétration coque            ? 
                                         ?
       "           pont              ? 
                                         ?     


Deux tourelles doubles sont situées à l'avant, la première directement sur la plage avant.
Deux tourelles doubles sont situées à l'arrière, la dernière sur la plage arrière.     
La tourelle centrale fut débarquée en 1934 pour disposer d'un hydravion de reconnaissance.

On voit l'influence détestable de l'instalation des mats tripodes (1922) qui, non contents de constituer un amer particulièrement utile aux tirs ennemis, ont obligé à décuirasser la partie avant du navire !

Ces navires (tout comme le célébrissime USS-Arizona, coulé le 07 Déc. 1941) n'avaient aucune chance dans un combat face à des navires modernes. 
Il eut mieux valu les transformer en navires anti-aériens purs.

                                           
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La comparaison de ces quelques fiches entre elles n'est qu'indicative parce que les circonstances d'un combat amènent des orientations imprévues de la coque qui peuvent faciliter (ou interdire) la pénétration d'un obus. 

Par ailleurs, les qualités réelles des blindages ne me sont pas accessibles.


1 -  a - Les super-cuirassés Japonais Yamato et Musashi constituèrent le chant du cygne de ce type de navires. Leur protection était presque parfaitement conçue (à part les canons de DCA et, peut être, le bulge anti-torpille).

La cadence de son artillerie principale était de 2 coups/minute, ce qui n'est pas à l'honneur des concepteurs de l'alimentation de nos croiseurs de bataille qui culminaient à 2 coups minute avec des obus 3 fois moins lourds !



Le Yamato - Une grande réussite technique mais un emploi plus que moyen.



Le nombre de coups qui furent nécessaires pour venir à bout du Musashi puis du Yamato le démontre amplement. 

La destruction du Yamato fut amplement facilitée par la tactique employée par les centaines d'avions de Mitscher qui commencèrent par bombarder les légères tourelles anti-aériennes de 25 mm et purent ensuite agir sans grave problème.



- b - L'USS Iowa, dans la mesure où il employait ses plus gros obus Mk 8 (pesant 1 225 kg), perçait la plupart des coques à près de 30 km.  

Le combat théorique Yamato vs Iowa, qui provoque tant de fantasmes chez les amoureux de ces très grosses bêtes, aurait pourtant eu de bonnes chances de se terminer par une éclatante victoire Japonaise.

On ne voit pas comment les obus Mk 8 des 406 Américains auraient pu percer la ceinture du chef d'œuvre de l'Empire du Soleil Levant, alors que, à moins d'un miracle, les obus de 460 mm Nippons auraient normalement fracassé la très mince ceinture Américaine à longue distance, tout comme ils en auraient percé tout aussi facilement le pont blindé. 




L'USS Iowa en action (années 80, vu les systèmes lance-missiles)- Notez les ondes de choc des salves en train de progresser vers l'extérieur...


Par contre, les qualités de vitesse du cuirassé US lui auraient toujours permis de se désengager. 

Par ailleurs, dès que ce cuirassé fut mis en service en 1943, sa conduite de tir fut considérée comme remarquable.


En cas de combat entre un cuirassé type Iowa et un Bismarck, vous trouvez l'appréciation Anglo-Saxonne suivante: "Bien que l'on ne puisse jamais prédire l'issue d'un engagement à un contre un avec certitude, il est clair que dans une telle confrontation, le cuirassé Américain avait de grosses chances de son côté."
Pour moi, cette messe-la est dite en faveur du cuirassé US.



2 - Confronté au Yamato, et s'il avait été vraiment au pointnotre Richelieu aurait bénéficié de son excédent de vitesse de 5 kts et de la bonne épaisseur du blindage frontal de ses tourelles

Par ailleurs, la position des deux tourelles d'un même côté rééquilibrait les bordées. 

C'était aussi une excellente manière d'annuler un éventuel barrage du T par une flotte ennemie plus manœuvrante.

Il est aussi dit que les obus Français, particulièrement longs (1.90 m), avaient un dessin favorisant à la fois le maintien de sa vitesse dans l'atmosphère et la capacité d'avoir une trajectoire dangereuse pour l'ennemi sous l'eau sur environ 100 m.

Dans tout le reste du spectre, le Richelieu eut été dominé. 

Il aurait donc dû jouer les danseuses jusqu'à arriver à relativement courte distance (environ 18 000 m) pour espérer percer la coque de son adversaire. 

Le commandant et son équipage auraient dû être y particulièrement bien entraînés !!!



Le Richelieu, vers 1950. Une bête splendide !


Par contre, face au Bismarck, le Richelieu eut été fort dangereux, les données chiffrées de protection et de pénétration paraissent accorder une réelle supériorité au cuirassé Français.
A condition cependant que ses problèmes d'alimentation en obus soient réglés et que sa dispersion soit améliorée.

Pour la dispersion : Reprise de l'excellent article Wikipédia en Français du 10 mars 2022 :

Tir du 22.06.45

obus: OPfK   dispersion de 450 m à 16 000 et 25 000 m (avec les canons les plus rapprochés tirant simultanément).

obus: OPfK   dispersion de 270 m à 16 000 et 25 000 m (tir individuel, sans effet de sillage).

La dispersion des tourelles doubles de 381 mm des cuirassés Britanniques - réputés pour leur précision - était d'environ 250 m à ces distances

Tir du 30.05.47  

obus: B.O.F   dispersion de 1500 m à 12 000 m.

Tir du 6.06.47 

obus: B.O.F   dispersion de 1775 m à 25 000 m.

obus: B.O.F   dispersion de 1460 m à 20 400 m.

obus: O.PfK   dispersion de 870 m à 28 000 m.

Tir du 8.05.48

 obus: OPfK dispersion de 950 m (moyenne) et 1710 m (maximal) à 25 700 m.

Tir avec dispositif de retard 

obus: O.PfK  dispersion(moyenne de 300 m  (577 m max) à 25 700 m.

On remarque également la très piètre précision des obus d'exercices ("B.O.F") par rapport aux obus perforant anti-blindage ("OPfk").




3 - a - Ma grande surprise, dans cette présente étude, est que les navires Britanniques dits "modernes" disposaient de canons étonnamment peu puissants.

Si la pénétration de coque des tout nouveaux 356 mm/45 (King George V) paraît importante dans ma fiche, ce n'est qu'à la ridiculement courte distance de 9 km qu'elle est possible tandis que la pénétration du pont blindé principal d'un cuirassé moderne de 1940 n'était même pas assurée à 30 km

On sait, depuis la visite de l'épave du Bismarck, que ces obus de 356 mm n'ont jamais pu en percer la coque... 



HMS King George V 


De nos jours, il est dit que la commission Britannique qui décida du choix de ce canon  pensait que ce faible calibre était largement compensé par le nombre de pièces (dix). 

C'est possible, mais encore eut-il fallu veiller à ce que les canons soient bien pensés. 

Le choix de canons de 45 calibres ne favorisait pas une bonne vitesse initiale, donc il pénalisait la portée utile

Il est totalement anormal que le canon Britannique de 356 mm/45 ne puisse percer que 241 mm à 22 860 m quand le 330 mm/50 du Dunkerque perçait 342 mm à 23 000 m soit 100 mm de mieux 140 m plus loin !

Il est facile de se rendre compte que les canons US de même calibre et de même génération lançaient des obus moins lourds mais bien plus rapides qui perçaient 349 mm à plus de 18 000 m (donc deux fois plus loin).


 - b - Les seuls cuirassés Britanniques dotés d'une artillerie puissante étaient le Nelson (et le Rodney)Eux, au moins, respectaient les enseignements de la Bataille du Jutland.

Leurs coques étaient très bien protégées et leurs tourelles l'étant encore mieux, ils pouvaient en théorie, tirer très longtemps

Leurs 9 pièces de 406 mm tiraient loin et fort (moins fort cependant que leurs homologues US). Seules 6 d'entre elles tiraient droit devant. 
Donc le feu maximal était obtenu sur un arc latéral de 125° de part et d'autre de l'axe longitudinal du navire. 


Angles de tirs du Nelson



Face à eux, la coque du Bismarck était très fortement en danger dès 18 000 m et son pont blindé était perçable dès 27 km. 

Les protections du cuirassé Nelson (ou du Rodney) étaient considérablement meilleures que celles du Hood, mais ces cuirassés souffraient d'un manque de vitesse, même si le Rodney fut capable de foncer à 25 kts pour tuer le Bismarck : Le cuirassé Allemand n'avait aucune raison de les attendre. 

Par contre, eux seuls portaient des torpilles de 622 mm à très longue portée et 8 d'entre elles furent lancées contre le Bismarck


Deux incidents causèrent la perte du Bismarck Un bavardage radio (30 minutes !) qui le fit repérer, puis le choc d'une torpille aérienne lancée par un Swordfish qui l'amena à tourner en rond.

Il arrive de lire que l'aviation de Goering était incapable de protéger le Bismarck alors qu'il était seulement à 650 km de Brest.

Pourtant, on sait que le Rodney fut attaqué pendant son retour en Angleterre par des bombardiers Allemands.

Il faut juste se rappeler que les Heinkel 111 H étaient capables de lancer des torpilles et que leur autonomie de 2 300 km (max fuel) impliquait un rayon d'action de plus de 1 000 km !

Il est plus que probable que les torpilles nécessaires n'avaient pas suivi.



Document personnel de l'auteur - Le cuirassé HMS Nelson, au grand pavois, escortant le yacht royal en 1937, le tout sous la protection de Fairey Swordfish. On remarque la très grande plage avant du cuirassé.



Les Croiseurs de Bataille


Les cuirassés coûtant particulièrement cher, Lord Fisher estima, après avoir conçu le Dreadnought, que la police des mers pouvait être avantageusement confiée à des navires de taille et de puissance comparables mais de tonnage très inférieur par réduction de la cuirasse qui protégerait alors seulement contre des croiseurs. 

Ces nouveaux navires, bien plus rapides et bien moins coûteux, furent les croiseurs de bataille
Les tous premiers avaient une très faible protection (ceinture de 100 mm), les derniers reçurent un blindage plus résistant qui en fit des combattants vraiment efficaces.


381 mm UK (Hood)
                        - Ceinture  305 mm 
                        - Pont          76 mm
                        - Tourelle   381 mm
                         -  Vmax         30 kts 
masse obus APC              879 kg 
canon                               381 mm / 42 cal
V0                                      750 m/s  
Portée à 30°                 26 500 m   (temps de vol 62")
pénétration coque             305 mm à 20 000 m 
                                          356 mm à 15 730 m  
       "           pont                165 mm à 27 432 m     
                                            76 mm à 22 000 m        

Deux tourelles doubles sont situées à l'avant, la première directement sur la plage avant.
Deux tourelles doubles sont situées à l'arrière, la dernière sur la plage arrière. 
Cette configuration est typique de l'époque de sa conception.

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330 mm Français (Strasbourg) 
                         - Ceinture 283 mm  (Dunkerque : 225 mm)
                         - Pont       120 mm
                         - Tourelle  360 mm
                          - Vmax         31 kts  
masse obus APC              570 kg 
canon                               330 mm / 50 cal
V0                                      870 m/s
Portée à 35°                 41 700 m   
pénétration coque             292 mm à 27 000 m  
                                          342 mm à 23 000 m
       "           pont                110 mm à 27 500 m  
                                          105 mm à 23 000 m

Les deux seules tourelles sont placées sur la plage avant et chacune porte 4 canons.
       
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305 mm USA (Alaska)
                         - Ceinture 230 mm 
                         - Pont       102 mm
                         - Tourelle  330 mm
                          - Vmax         33 kts  
masse obus APC              517 kg 
canon                               305 mm / 50 cal
V0                                      762 m/s
Portée à 35°                 35 271 m   
pénétration coque             187 mm à 32 004 m  
                                          323 mm à 18 288 m
       "           pont                 77 mm à 32 004 m  
                                         182 mm à 18 288 m


Deux tourelles sont placées sur la plage avant et chacune porte 3 canons.
Une dernière tourelle triple est située à l'avant de la plage arrière. 
Lorsque ce navire est entré en service à l'été 1944, il avait reçu une DCA de 90 canons spécialisés (40 mm et 20 mm).
Bien qu'armé de canons d'un calibre abandonné, ces navires auraient été dangereux pour nos Strasbourg. 


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280 mm Allemand (Graf Spee) 
                          - Ceinture 102 mm 
                          - Pont         76 mm
                          - Tourelle  140 mm
                          -  Vmax         28.5 kts  
masse obus APC               300 kg 
canon                                280 mm / 52 cal
V0                                       910 m/s
Portée à 40°                  36 475 m   


Deux tourelles triples sont placées sur la plage avant.
Une dernière tourelle triple est située à l'avant de la plage arrière.

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280 mm Allemand (Scharnhorst) 
                          - Ceinture 350 mm 
                          - Pont       105 mm
                          - Tourelle  350 mm
                          -  Vmax         31 kts  
masse obus APC               330 kg 
V0                                       890 m/s
canon                                280 mm / 54.5 cal
Portée à 40°                  40 930 m   
pénétration coque              205 mm à 27 432 m  
                                           335 mm à 15 100 m
       "           pont                   76 mm à 27 432 m
                                             41 mm à 15 100 m

Deux tourelles triples sont placées sur la plage avant.
Une dernière tourelle triple est située à l'avant de la plage arrière.

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4 - Dans cette catégorie moins favorisée (mais "économique"), on retrouve encore l'anomalie Britannique, mais dans ce cas, elle reflète simplement de l'époque de la construction de ce croiseur de bataille (Ière GM).



Le "Mighty Hood", symbole de la puissance Britannique, une disposition encore très Grande Guerre.


Pour les 381 mm du vieux Hood (1918), il faut noter qu'une pénétration de coque de cuirassé était possible à 15 730 m, soit 6 500 m plus loin que les canons prétendument "modernes" de 356 mm de la classe KGV (!). 

Par contre, les 380 mm du Bismarck, eux, pénétraient sans aucune difficulté la ceinture (avec 4 cm de marge) et le pont du Hood (avec 3 cm de marge) à une distance de 22 000 m.

La disparition du navire Britannique face au cuirassé Germanique était donc inéluctable, d'autant plus que le cuirassé Prince of Wales, ayant été touché, s'était reculé parce que l'Amiral Tovey, parfaitement conscient du problème, avait renoncé à demander au Prince of Wales de rester devant le Hood qui était moins bien protégé. 
Evidemment, pour le Béotien que je suis, il semble qu'il ait été possible de faire décrocher les deux navires de ligne Britanniques pour éviter d'en perdre, quite à ce que le Hood harcèle le Prinz Eugen qui n'aurait pas été capable de résister 




Section transversale du Hood récupérée sur ce site 





 Trois scenarii envisagé en 1920. prédisant la perte du Hood.





Les trajectoires imaginées des coups  qui ont provoqué l'explosion du Hood





5 - La carrière des navires Français fut très compliquée dans la 2ème GM : Ils escortèrent des convois, partirent dans des tâches obscures dirigées par des officiers Britanniques où ils ne purent pas accumuler l'expérience des combats. 
Certains éléments légers furent envoyés en Norvège où ils furent confrontés à la Luftwaffe sans avoir l'ombre d'une chance (perte du CT Bison).

Les combats entre les navires Britanniques et Français à Mers el-Kébir (voir cet excellent article) ont certes fait exploser le vieux Bretagne, dont je signale, en passant, que comme ses frères, il avait été partiellement déprotégé pour y installer un gigantesque mât tripode d'un intérêt tactique plus que discutable. 

La "super brillante victoire" des Anglais, obtenue contre des marins Français totalement surpris et paralysés par des commissions d'Armistice bizarrement très peu réactives, était donc particulièrement facile : A vaincre sans péril, on triomphe absolument sans gloire.

Cette défaite fut, par ailleurs, favorisée par la totale rigidité intellectuelle de l'amiral Gensoul dont les navires n'avaient aucun moyen de répliquer sérieusement au feu ennemi. 

Cela n'exonère en rien l'amiral Somerville qui n'avait pas le courage de mener la négociation lui-même

Une vraie négociation entre les deux amiraux - face à face - aurait au moins permis de sauver nos marins : Un amiral doit impérativement être un stratège et doit penser à de nombreux coups d'après. 

Somerville, a dit, par la suite qu'il avait vécu cette bataille comme honteuse. 

Je n'en crois rien, car ses actions ultérieures (comme l'opération Ironclade à Madagascar) vont exactement dans le même sens.

Par contre, il aurait dû s'abstenir d'accepter de recevoir les injonctions incessantes de Churchill et se poser la question de ce qu'il aurait pu faire à la place de son adversaire. 

Les plus gros dégâts du 3 Juillet 1940 (sur les cuirassés Bretagne et Provence) furent probablement dus aux 381 mm du Resolution ou du Valiant.
Les obus du Hood sont réputés avoir touché le croiseur de bataille Dunkerque

Vous trouverez des avis "autorisés" qui utilisent le drame de Mers el-Kébir pour condamner la disposition de l'artillerie principale entièrement groupée à l'avant de nos croiseurs de bataille. 

Cet argument ne peut pas être retenu car la mauvaise orientation des canons du Dunkerque et du Strasbourg provenait uniquement de la manière dont nos cuirassés avaient été mouillés, le dos à toute attaque maritime, comme si nos marins avaient oublié la victoire de Suffren à La Praya (1781) et notre propre défaite à Aboukir.

De toute manière, nos équipages n'étaient pas dans l'esprit de combattre nos Alliés, ce sur quoi Winston Churchill comptait bien pour faire croire à son peuple que l'Angleterre avait gagné une immense bataille navale !... 

Mais cela eut un rôle très négatif pour la France Libre et joua un rôle important pour favoriser le régime de Pétain et de Laval ! 

On nous raconte que cela renforça puissamment la popularité de Churchill. Si on veut...




Copie par moi de cette photo que Google n'acceptait pas - Mers el-Kébir avant l'attaque du 3 Juillet 1940 -
De haut en bas : Dunkerque, ProvenceStrasbourg , Bretagne - le site est accessible sur le lien souligné




Le Strasbourg, réellement mieux protégé, put s'enfuir presque intact à la suite d'une manœuvre absolument remarquable du commandant Collinet qui passa rapidement au-dessus du champ de mines magnétiques Britanniques et longea à pleine vitesse la côte Algérienne avec laquelle son bâtiment se confondait visuellement à grande distance.




Le Strasbourg - Magnifique navire qui démontra sa très puissante capacité guerrière.











En outre, il a très probablement fait assez peur au Hood que ses tirs avaient frôlé : Je ne vois que cette peur pour expliquer la remontée Nord-Ouest du "Mighty Hood"  (cf. carte ci-dessous, un peu après 17:55). Accessoirement, son capitaine savait quand il fallait manœuvrer pour éviter la perte de son navire.


Toujours est-il que le Strasbourg, crédité - certainement à tort - d'une vitesse inférieure à celle du Hood, lui échappa rapidement, repoussa les Swordfish lancés contre lui, échappa aussi à leurs torpilles et rallia Toulon avec ses 5 destroyers intacts (le Mogador fut réparé plus tard).

Cela me donne aussi l'occasion de souligner la grande capacité de manœuvre du Dunkerque et du Strasbourg. 

Les Anglo-Saxons soulignent à l'envie que le contre-torpilleur Mogador, de 2 997 tw, tournait moins serré que son cousin le Terrible de 2569 tw. 

Mais ils soulignent aussi, dans un autre texte, que nos deux croiseurs de bataille de 26 500 tw et longs de 215 m viraient plus court que le Mogador de 137 m de longce qui était une très belle performance.

Le Strasbourg reçut un radar Français en 1941. Ce détecteur "voyait" les avions volant à 80 km de distance s'ils volait à 1 500 m de haut. 

A 360 km/h de vitesse de croisière pour des bombardiers rapides, cela lui donnait un préavis de 13' 20" avant l'arrivée d'un assaillant, ce qui n'était certainement pas négligeable..




Copie par moi de cette photo que Google n'acceptait pas - Trajet du Hood pendant la bataille contre le Strasbourg -  le site est accessible sur le lien souligné



Le Hood a ouvert le feu à 1754  pendant qu'il parcourait un trajet WE. 

A environ 1801, le navire Anglais tourne pour une raison non inventoriée, mais que je considère comme liée à des tirs Français trop proches. 

A 1805, il part plein Ouest et les tirs Français continuent. 

Il est à moins de 10 miles du port attaqué

.


Ces 4 gerbes venant du Strasbourg sont tombées bien près du HMS Hood, dont on voit le mât arrière au second plan - L'aspect noir des gerbes peut venir d'un colorant contenant du Jaune si la pellicule employée à l'époque était de type Panchromatique, qui traduisait cette couleur en Noir. La dispersion est inférieure à 150 m.


Sachant ce que l'avenir réservait au Hood le 24 Mai 1941, parce que que sa protection était trop faible, il me semble qu'il a eu beaucoup de chance ce 3 Juillet 1940. 

Qui sait quelle réaction aurait été celle des Britanniques s'il avait sauté ce jour-là ?



6 - Les premiers croiseurs de bataille Allemands de la nouvelle période furent les "cuirassés de poche" type Deutschland

Il s'agissait de 3 croiseurs lourds de 186 m de long et près de 22 m de large qui étaient juste protégés contre l'artillerie des destroyers mais qui portaient 6 canons de 280 mm/52.
Leur déplacement excédait de près de 50 % les limites officielles admises de 10 000 tw.

Ils impressionnèrent terriblement toutes les amirautés existantes par leur vitesse (28 et même 29.5 kts pour le dernier de la série, l'Admiral Graf Spee) et par leur autonomie (9 100 nmi).

Ils ne pouvaient être détruits que par le "mighty Hood" et quelques autres croiseurs de batailles Britanniques (Repulse, Renown).

Leur DCA comportait, au départ, 3 pièces de 88 seulement. 
Evidemment, en 1935, l'influence de Goering amena à un très sérieux renforcement de la puissance de leur DCA.
On connaît la guerre au tonnage marchand Allié et les prises de navires par le Graf Spee

La Bataille du Rio de la Plata où le cuirassé de poche Allemand fut endommagé par un croiseur lourd peu protégé ne fut une défaite Allemande que parce que les Britanniques réussirent à désinformer le commandant Langdorff. 

Ce fut le problème des services de renseignement de Canaris...



7 - Les croiseurs de bataille Allemands Scharnhorst et Gneisenau, qui succédèrent à ces miniatures, eux, avaient été conçus pour contrer nos croiseurs de bataille.
Ils ont démontré une excellente capacité de manœuvre et ont accumulé des faits de guerre efficaces. 
Leur protection était très bonne et leur vitesse était également très élevée.



Le Scharnhorst - Un navire rapide et puissant.


Cependant, le choix de leur artillerie principale (280 mm) se révéla plus que médiocre, d'autant plus que, si ces canons avaient une très bonne vitesse initiale, leur pénétration des défenses adverses était plus que problématique, car elle impliquait des tirs à courte distance. 

Il faut cependant noter que le record de distance pour un impact décisif en combat naval fut obtenu par le Scharnhorst contre le HMS Glorious le 8 Juin 1940 (entre 26 000 et 24 500 m).
Ils ont joué un grand rôle en Norvège mais aussi dans leur propre traversée de la Manche en 1942 (opération Donnerkeil).

Leurs attaques contre les convois Alliés vers Mourmansk furent bien moins efficaces..

Cela, comme l'interception des messages radio Allemands par les Britanniques, expliquent la défaite de ce croiseur de bataille face au HMS Duke of York, lequel fut pourtant handicapé par nombre de problèmes mécaniques de ses tourelles à cause de leurs propres tirs.  

Il faut noter que ce combat dura 3 heures et 30 minutes, malgré le lancement de nombreuses torpilles par des croiseurs et des destroyers Alliés, ce qui montre une exceptionnelle résistance du Scharnhorst au feu des Alliés.

Si on veut imaginer un combat entre les croiseurs de bataille Français et Allemands, on comprend que l'artillerie Allemande manquait de puissance mais aussi que la ceinture de nos navires était un peu faible. 

Nos navires pouvaient cependant gagner en tirant depuis une ligne éloignée qu'il eut fallu savoir garder.




8 - Reste le cas des 2 croiseurs de bataille US, l'Alaska et le GuamCe furent deux navires très rapides, capables officiellement de soutenir 33 kts. 
Sachant que ces navires étaient plus longs de 30 m que nos Dunkerque, que leur machinerie développait 153 000 Cv (contre 112 000), on se serait attendu à une vitesse nettement plus proche de 35 kts...

L'Alaska fut mis sur cale en Décembre 1941, il est logique qu'il ait été lancé en Août 1943 et que son artillerie anti-aérienne ait été très développée (90 canons de 20 et de 40 mm). 

L'armement principal consistait en 9 canons de 305 mm, qui n'avaient que peu de chance d'impressionner les cuirassés Japonais. Par contre, son rayon d'action de 12 000 nmi excédait celle des Dunkerque de 4 000 nmi.




L'USS Alaska en Août 1944


Ils entrèrent en service en 1944 et se préparèrent à la guerre contre le Japon.

La guerre du Pacifique occupa leur courte carrière et ils y furent employé en protecteurs anti-aérien avec beaucoup de succès. 

L'Alaska est réputé avoir abattu une très rapide bombe volante pilotée Okha (près de 900 km/h en fin de piqué), ce qui restera une performance tout à fait exceptionnelle.

Ces navires furent déconstruits en 1960. 

Heureusement pour eux, ils n'eurent pas à combattre leurs homologues Germaniques qui n'en auraient fait qu'une bouchée.


Vers de nouveaux navires de ligne ?

Après 1945, les Français avaient choisi de vivre jusqu'au bout l'aventure de leurs cuirassés avec le Jean-Bart, qui était juste un Richelieu amélioré.

De même, les Britanniques décidèrent de terminer leur cuirassé / croiseur de bataille Vanguard, commandé début 1941, mis en chantier en 1941 puis lancé en 1944.

Il avait une coque performante (30 kts) et très stable. 
Il disposait aussi d'une électronique de combat particulièrement brillante. 
Très curieusement, son armement consistait en 8 canons semblables à ceux du Hood, donc très médiocres et montés en 4 tourelles doubles.
On en dit alors "She is a battleship with her great aunt's teeth" (= Un cuirassé armé des dents de sa grand tante) !

Le navire ne fut jamais utilisé militairement et fut employé comme porte-drapeau national.

En 1960, il fut retiré du service et déconstruit.
Juste avant cela, il avait servi pour tourner des scènes du film "Coulez le Bismarck !".



Les USA réactivèrent le New Jersey puis l'Iowa en 1983 et 1984 pour une durée de 6 années. Il s'agissait de disposer de canons à longue portée pour couvrir l'avancée de leurs régiments de marines après leur débarquement sur une côte. 

Il s'agit d'un emploi tactique qui présuppose que l'ennemi soit incapable de détruire les navires en question, donc uniquement valable en cas de Guerre Asymétrique

Les récents développement de la guerre du Yemen montrent que la situation a récemment changé.

Ces deux vénérables cuirassés servent actuellement de musées aux USA.



Après une longue maturation commencée au milieu des années 90, les USA ont fini par lancer une nouveau navire de ligne équipés de canons de conception très avancée (AGS pour Advance Gun System).

Le premier d'entre eux, le DDG 1000 - USS Zumwalt - a été lancé en 2013. 

Ce sont des navires furtifs, qui ont réintroduit une structure de coque à frégatage - i.e. dont les flancs convergent vers le haut - ce qui est excellent pour la furtivité (les ondes radars partent vers le ciel).

Par contre, on peut dire, comme le fit l'ingénieur (X) Emile Bertin à la fin des années 1890, que ce sont "des navires éminemment chavirables".

Leur artillerie principale regroupe sur la plage avant deux pièces de 155 de 62 calibres (donc ayant chacun un tube de 9.61 m de long).

Ils peuvent tirer soit des obus de 155 mm classiques, qui portent alors à 44 km, soit des projectiles dit LRLAP de Lockheed-Martin qui devaient porter à 180 km. 
L'erreur probable, à cette distance, ne devait pas excéder 50 m. 

{Pour mémoire, les Loire-Nieuport 401 démontraient, à 350 km, une erreur standard de 50 m. Je n'aurais sûrement pas l'outrecuidance de conseiller à l'US Navy de commander des LN 401 ! ;-))}



LRLAP


En fait, un premier essai a obtenu, en Juin 2005, une portée de 109.3 km.

L'objectif initial était d'obtenir 6 impacts rapprochés en 2  secondes.

Initialement, en 2004, le prix de chaque projectile était donné par Lockeed-Martin  comme valant $35 000. 

Les 150 premiers LRLAP coûtèrent $477 000 chacun.

Les derniers projectiles de série passèrent à une valeur variant de $800 000 à $1 000 000 !




DDG 1000 Zumwalt - 


En plus, le problème est que ces projectiles usent extrêmement vite leur canon. 

Pour l'instant, les 3 DDG vont devoir se passer d'une arme aussi luxueuse. 

Leur portée se limite donc à  seulement 44 km avec des obus de 155 "standards".

Ceux qui ont lu mes articles sur le JSF - F 35 - Lightning II, auront reconnuas usual, la signature typique de Lockheed-Martin : Mortellement coûteuse et inefficace !



Conclusion


Nos cuirassés de 1914 souffraient gravement de tourelles bloquant leur capacité de tirer loin, uniquement parce que nos marins n'imaginaient pas que l'on pouvait tirer avec une hausse supérieure à 12° ! 

Il fallut une lettre de l'amiral Beatty, en 1916, pour leur expliquer qu'au Jutland, les tirs commençaient dès 19 000 m (ce qui n'était pas totalement vrai) !

Du coup, la portée de nos canons passa de 12 000 à 18 000 m, puis, après un dernier effort, elle passa à 26 000 m.

Toujours est-il que la mode est un impératif puissant. Pour être une grande puissance, il fallait pouvoir montrer son dreadnought !

Cela déclencha une course aux armements prodigieuse qui périma (dit-on) tous les cuirassés anciens dans pratiquement tous les pays du monde. 

Elle eut des conséquences sur les navires de ligne survivants de la Grande Guerre : 
  • Au Royaume Uni, les meilleurs cuirassés furent perfectionnés et conservés jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (classe Queen Elisabeth & classe Revenge).
  • La distinction entre cuirassés et croiseurs de bataille devint difficile à tracer parce que les premiers furent conçus pour pouvoir naviguer longtemps à des vitesses proches de 30 kts et parce que les seconds reçurent une protection nettement plus efficace.
  • Certains croiseurs de bataille conservèrent une artillerie manquant de mordant pour maintenir à la fois une bonne vitesse et une bonne protection (classe Scharnhorst et classe Alaska).

Peu après la Grande Guerre, Mitchell ayant démontré la puissance de l'aviation contre les cuirassés, on installa timidement quelques canons anti-aériens sur les navires de ligne, mais cela ne devait surtout pas gêner le reste du travail vraiment "marin".

Cela explique la grande réussite de l'attaque Japonaise sur Pearl Harbor.

Les cuirassés Nippons eurent de ce fait une vie opérationnelle bizarre, puisqu'ils n'intervinrent pas lors des premières opérations, au moment exact où l'Aéronavale Japonaise, très puissante alors, leur assurait une sécurité absolue.

Curieusement, à la fin de la guerre, après que leur aéronavale ait disparue, on se décida à les employer opérationnellement.

J'ai donc la curieuse impression que l'Amirauté Japonaise, en détruisant les cuirassés US avec ses avions, avait mis le doigt sur l'importance fondamentale des avions et des porte-avions.

Elle avait, par là-même, enseigné à l'US Navy l'algorithme-roi de la guerre navale moderne, ce message que Mitchell avait vainement essayé de faire comprendre aux marins US et qui lui valut la dégradation.  


En ce début de XXIème siècle, les anciens cuirassés ne sont plus que des musés que l'on visite avec respect. 

Le règne des porte-avions dure depuis 1941 mais une foule de stratèges veulent les éliminer du jeux stratégique. 

Les maîtres des sous-marins et ceux des avions adverses ruminent leurs stratégies les plus sophistiquées.

Les décisions du Pentagone US, en compliquant sans cesse ces navires, les rend inabordables pour leur propre pays, tout en détruisant la base même de leur fiabilité.

Du coup, leur disponibilité opérationnelle devient plus faible, ce qui signifie un affaiblissement militaire évident.

Cela suggère que la niche écologique de Capital Ship semble actuellement vacante.

La tentative de remplacer les cuirassés par le système DDG 1000 ne semble pas vraiment réussie.

La proposition de remplacement par des navires frappeurs n'a, semble-t-il, intéressé personne. Rendez-vous compte : Cela ne coûtait presque rien. 

(voir la discussion au niveau des commentateurs à la fin du présent article)

Il existe d'autres solutions. Qui vivra verra.










Longueurs d'obus  Fr 380   : 1.90 m
                  Fr 330   : 1.65 m
                  UK 381   : 1.65 m
                  US 406   : 1.82 m (Mk 8)                                                       1.62 m (Mk 3)
                  US 305   : 1.37 m
                 Ger 380   : 1.67 m
                 Ger 280   : 1.25 m

11 commentaires:

  1. Un cuirassé moderne aurait une puissance monstrueuse dans le monde actuel.

    En termes de puissance de feu, il est impossible d'imaginer jusqu'où la technologie permettrait d'emmener les canons de gros calibres. Déjà, dans les années 60, les américains avaient conçu un obus de 406 consistant d'un sabot entourant un obus de 280 et atteignant la portée de tir phénoménale de plus de 80 kilomètres ! Imaginez la portée que l'on puisse atteindre en sous-calibrant un obus de 155 ou de 127 ! Et c'est sans évoquer de possibles obus à statoréacteurs pouvant (en théorie) frapper à plusieurs centaines de kilomètres...

    En termes de défense aérienne, on peut imaginer des obus APERS et Canister de très gros calibre utilisés contre des formations aériennes grâce aux avancées en systèmes de contrôle de tir.

    En termes de protection, seuls les torpilles représenteraient une réelle menace. Et encore : leur puissance n'a pas augmenté depuis la guerre, et il est possible de concevoir des protections sous-marines beaucoup plus robustes grâce aux blindages composites que l'on emploie sur les chars de combat. De plus, les formations navales se déplaçant à grande vitesse sont plus ou moins invulnérables aux sous-marins (même nucléaires), et les avancées en munitions permettraient de s'éloigner des littoraux où les sous-marins conventionnels règnent en maîtres.

    Les missiles seraient inefficaces : aucun missile anti-navire moderne n'est conçu pour percer du blindage, et les charges creuses seraient inutiles en raison de la compartimentation des navires. Ils faudrait utiliser des monstres comme le Granit russe, à la fois assez rapides pour échapper à l'interception, assez puissants pour infliger beaucoup de dégâts et ayant une portée suffisante... sauf que la taille de tels missiles limite leur nombre et les rend vulnérables malgré leur vitesse, sans parler du brouillage et des contre-mesures.

    Des bombes de pénétration, à la limite. Les attaques en piqué type seconde guerre mondiale seraient suicidaires face aux CIWS modernes, il faudrait donc employer des bombes guidées larguées à haute altitude, mais il reste le problème du guidage : le guidage GPS est inefficace face aux cibles en mouvement, et les guidages laser ou infrarouges peuvent êtres déjoués par de simples écrans de fumée. Un guidage à fibre optique, peut-être ?

    Et le plus surprenant est qu'un cuirassé moderne serait relativement peu cher à construire et à opérer. Le coût vient surtout de la complexité, et un cuirassé est un navire extrêmement simple comparé à un PAN ou un SNLE. Toujours trop cher pour la France, bien sûr, mais pas pour la Chine ou les USA.
    C'est d'ailleurs pour cela que les cuirassés ne reviendront pas : les complexes militaro-industriels préféreront toujours construire des Zumwalt à 20 milliards de dollars l'unité (et n'ayant aucune valeur militaire, pour justifier un remplacement immédiat) que des solutions simples et abordables.

    Il serait pourtant intéressant que la France se dote de navires comparables aux monitors britanniques de la guerre : le manque d'appui feu lors des opérations amphibies est toujours cruellement présent, et vu sa taille mieux vaux ne pas compter sur l'Armée de l'Air pour être toujours là pour soutenir nos troupes...

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  2. Merci de votre intéressante contribution.

    Je comprend tout à fait votre désir de disposer d'un navire de soutient sur une bande littorale pour sécuriser un débarquement.
    Je ne suis pas sûr, pour autant, que les obus sous-calibrés aient la précision souhaitée aux distances que vous citez, parce que le second tir interne introduit de nombreux paramètres difficiles à dominer.

    La menace des missiles ne me paraît pas négligeable. Déjà, un ASMP-A à charge conventionnelle arriverait à plus de 890 ms, c'est à dire bien au-dessus des vitesses initiales des obus de 460 à 356 mm. A l'époque de la SGM (ou, si vous préférez, de la WW II) cela aurait permis de percer 800 mm de blindage. Je pense que nos métallurgistes actuels sont tout à fait capables d'inventer des têtes "perçantes", même s'ils ne l'on pas fait pour des obus de gros canons.

    Pour les bombes de pénétration lancées en piqué (non vertical), il me semble qu'une technique de leurrage associé avec un accélérateur final devrait permettre de coincer votre Phalanx, qui doit exiger probablement des moments de repos.

    Je pense qu'effectivement, vous avez raisons : Les CMIs préféreront toujours vendre des objets hyper-chers.

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  3. J’ai lu votre incursion dans le monde des flots avec intérêts comme toujours et je n’ai pas manqué votre flèche du parthe : « La proposition de remplacement par des navires frappeurs n'a, semble-t-il, intéressé personne. Rendez-vous compte : Cela ne coûtait presque rien. »

    Je me suis posé la question est ce que cela n’est tout simplement pas parce que c’est une fausse bonne idée…
    Donnons déjà une définition de ce navire Frappeur issu des idées de l’ingénieur René Loire. Source : https://www.pressreader.com/france/dsi-hors-serie/20171001/282574493348122
    C’est un navire qui allie faible coût, forte résilience et forte puissance de feu.
    Faible coût via une construction civile plus proche de la barge ou pétrolier que d’un destroyer Arleigh Burke, d’un équipage minimal (20-30 hommes) et enfin d’une infrastructure de senseur minimale. Pour donner un ordre de grandeur René Loire estimait son Frappeur à ~400 millions d’euro soit le quart d’un destroyer Arleigh Burke (dans les deux cas armement compris).
    Forte résilience du fait que ce navire serait un semi-submersible qui de ce fait serait furtif et immune au missile anti-navire sea skimming.
    Forte puissance de frappe grâce à des modules (jusqu’à 5) contenant 120 VLS soit un maximum de 600 silos.
    Cette définition donnée nous pouvons déjà dire qu’un grand nombre de silo n’est pas quelque chose sur lequel un amiral cracherait.
    Nous avons ainsi chez américain la classe de croiseur Ticonderoga à 122 VLS Mk 41, les destroyers Arleigh Burke à 96 silos. On peut aussi citer les 154 VLS des sous-marins SSGN classe Ohio.
    Chez les koréen du sud la classe de destroyer Sejong avec 128 silos et en Chine le croiseur type 55 et les destroyers Type 52 D présentent 112 et 64 silos.
    En France les frégates FREMM sont dotés de 16+16 silos + 8 lanceurs MM40 block 3.
    On le voit l’idée de posséder une forte salve existe déjà le Frappeur ne fait que pousser le concept à près de 600 missiles.

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  4. Maintenant ceci posé regardons le concept de Frappeur et posons-nous des questions.
    1/ S’agissant du prix il semble possible à condition de ne pas sortir du cadre de l’épure, nous allons donc l’admettre.
    2/ Au niveau de la coque, les mers et océans ne sont pas toujours cléments ce type de coque basse sur l’eau seraient-elle capable de résister à une tempête ou même juste à une mer formée ? si oui le navire sera-t-il capable de manœuvrer ? et si oui sera-t-il capable de se battre ?
    3/ Le type de coque en modules et bas sur mer ainsi que la propulsion formée de bons diesels économiques ne semble pas indiquer un navire rapide surtout dans une mer formée. On peut se demander s’il peut opérer au sein d’une flotte devant filer 25 nœuds pour rejoindre un objectif ou fuir. Si ce n’est pas le cas à qui va profiter ses 600 missiles ?
    4/ Le navire Frappeur est pensé pour éviter les missiles sea skimming du fait de sa coque basse mais cela ne vient que du fait qu’actuellement il n’existe pas de navires militaires semi-submersibles. Bien sûr que s’ils se multipliaient les missiles seraient capable de l’attaquer par le haut ; c’est déjà une option de trajectoire existant dans par exemple, les Exocet pour déjouer les CIWS.
    6/ René Loire met en avant la résistance aux missiles sea-skimming soit mais quid des sous-marins ? Ils se multiplient par le monde et l’architecture semi-submersible ne le protège certainement pas de vrais submersibles beaucoup plus vifs surtout les SNA… de toutes manières il ne possède pas de sonar ni de système de combat (avec 20 hommes !??) et cela m’amène au point 7.
    7/ Car pour faire baisser le prix et dans un souci de furtivité René Loire parle d’une quasi absence de senseur, pas de mats imposants. Le navire prenant ses informations par un réseau… pourquoi pas, la mise en réseau des effecteurs est de fait un axe d’innovation mais cela limite un tout petit peu l’affaire du prix si effectivement il faut une structure complexe par ailleurs…
    8/ Cela met aussi en question le type de mission du Frappeur, car en anti navire ou en anti aérien cette architecture sans senseurs fait penser à un puissant guerrier qui a le tort d’être aveugle et devant s’appuyer sur un comparse. Faut-il un Arleigh Burke et son SPY-1 à coté du Frappeur pour lui dire que frapper ? pour le protéger des sous-marins ? alors ne serait-il utile qu’en combat contre la terre ? Là effectivement on imagine qu’une salve de 600 tomahawks ou de MdCN peut avoir un effet dévastateur…
    Mais on voit que c’est une mission hyper spécifique, une ultra-spécialisation, il n’est même pas sûr que cette mission ne puisse être prise en compte par les autres navires frégates, destroyers et même porte-aéronefs. Sans doute que les états-majors préfèrent des navires plus chers (beaucoup) mais qui peuvent prendre en compte beaucoup plus de missions.
    Adopter le concept de Frappeur se concevrait s’il éliminait le besoin d’autres types de navire or il ne remplace aucun d’entre eux.
    Les destroyers et croiseurs permettent la lutte ASM, AsuW, anti-aérienne et anti-ballistique et… peuvent délivrer efficacement des missiles contre la terre, moins qu’un frappeur mais néanmoins efficacement.
    Les sous-marins eux aussi peuvent faire de la frappe contre la terre comme les futur SNA Virginia block V (28 tomahawks).
    Enfin les porte-avions avec leur chasseurs-bombardiers et awacs couvrent une immense zone maritime alors que le concept de frappeur présenté par René Loire doit se contenter d’un radar de navigation et des FLIR.
    Non vraiment pas évident du tout que le Frappeur soit une si bonne idée…
    PS : Bonne année 2020

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    1. Bonjour et bonne Année 2020, cher ami.

      Votre analyse est, comme d'habitude, très fine et particulièrement brillante. Si l'amiral Aube, vers 1875, avait eu la chance d'avoir à ses côtés un conseiller aussi rigoureux que vous, nous serions passés directement du torpilleur au contre-torpilleur et cela eut été très intéressant en 1914.

      Cependant, il me semble que chacun de vos sept points pourrait recevoir une réponse améliorant la "survivabilité" du Frappeur sans, pour autant, que la note totale atteigne le prix d'un destroyer US.

      Par exemple, des micro drones aériens pourraient, peut être, constituer un réseau de capteurs bon marché apte à alerter ce navire, à en créer de fausses images, etc.

      Un seul Frappeur pouvant tirer 600 missiles, cela signifie qu'il peut anéantir une flotte ou la totalité des défenses d'un pays de petite taille (on est pas loin des 800 Tomahawks lancés sur l'Irak en 2003).

      Donc, je pense que les réflexions doivent continuer...

      Amicalement





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  5. Salutations et bonne année.
    Je me joins à votre analyse sur "la mode" et ses "effets puissants".
    Actuellement, la Flotte de surface française se cache tout entière derrière son pouce: le Charles de Gaulle. C'est un gros pouce,certes, mais pour autant que nos navires porte-hélicoptères d'assaut classe Dixmude soient épatants, ce ne sont "que" des porte hélicoptères dépourvus de tout moyens d'autodéfense.
    Quand aux magnifiques Frégates Multimissions, elles sont loin de posséder l'armement qu'un navire de leur rang mérite. DE même, si le choix de missiles nationaux est une source de fierté, ces derniers accuse leur âge (les Exocets) ou leur manque de maturité (les Scalps EG Navalisés). Dans le même ordre d'idées, les économies de bout de chandelle nous font réutiliser les missiles MICA en fin de vie comme défense anti-aérienne courte portée quand les METEORS ont tout de même une génération plus efficace.
    MAis foin de grommelage: les financiers ont toujours eu le dernier mot.
    .
    Contrairement aux porte-avions, les croiseurs et cuirassés ont toujours eu une ligne d'une beauté remarquable et je m'amuse de voir que dans bien des cas, les angles des coques furtive peut s'allier avec les formes destinées à mieux encaisser les coups.
    Mais pour l'armement, le missile à encore de beaux jours devant lui, surtout avec la génération à venir des missiles de classe hypersonique, ce qui réduit le canon au rang d'arme d'autodéfense en attendant que les armes laser tiennent leur promesses.
    Chose étonnante, les accumulateurs permettant de déployer leurs effets seront de même classe que ceux des armes de type "canon électromagnétiques".
    Et ces derniers sont testés par la Chine quand les Américains se désolent de l'usure prématurée des tubes utilisés pour les tests...
    Sur ce, je vous souhaite une bonne année 2020

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  6. "Un cuirassé moderne aurait une puissance monstrueuse dans le monde actuel."

    Certes mais à quel prix ? Vous mentionnez, à raison, que les porte-avions et les SNLE (ou même les SNA) sont des engins exorbitants tant à l'acquisition aue coût total de possession. Mais, d'une part, il n'est pas dit qu'un cuirassé soit si peu cher que ça : si on veut, comme vous le mentionnez, un navire capable d'encaisser les coups adverses, il faut un navire de la classe Iowa qui était notoirement plus cher que la classe Essex contemporaine (100 M USD vs 68-78 M USD, source Wikipédia). Il est à parier qu'un équivalent moderne aurait grossièrement le même coût que ses illustres prédécesseurs.
    Car il faut considérer, d'autre part, que son système d'armes serait d'une complexité similaire à celui d'un groupe aéronaval, donc du même ordre de grandeur de coût.

    L'efficacité, ensuite. Oui, les obus sous-calibrés sont une solution mais un obus avec système de guidage terminal et, plus encore, avec propulsion autonome n'a aucune raison d'être moins cher qu'un missile équivalent pour exactement le même résultat opérationnel. De plus, il nécessite un canon spécifique qui ne peur être présent que sur un cuirassé alors qu'un missile peut être tiré par de très nombreux vecteurs allant jusqu'aux vedettes ou aux camions.

    L'absence de vecteur aérien n'est pas forcément rédhibitoire quand la tendance actuelle est aux drones à très long rayon d'action et très grande autonomie. La task force cuirassée pourrait être couverte par ceux-ci mais sans la souplesse d'un GAN.

    Quand à la survavibilité, elle serait assurée actuellement mais, le temps qu'un tel monstre soit mis en chantier puis en service, il y a fort à parier que des missiles adaptés soient mis en service eux-aussi.

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  7. Alors le Frappeur est-il LA solution ou au moins UNE solution ?

    Pour répondre à quelques remarques et objections de Montaudran :
    1) le coût de possession est bien détaillé dans l'article cité et, même s'il semble un peu optimiste sur les missiles, me semble-t-il, l'ordre de grandeur est en effet impressionnant. Il doit tout de même faire intervenir le coût global du système d'armes incluant le réseau de senseurs qui sont portés par des vecteurs extérieurs (cf. remarque 7) ).
    2) La tenue à la mer doit être considérée ballastée et non ballastée. Si les conditions de mer ne permettent pas une navigation Frappeur complètement ballasté, il suffit de reprendre un peu de franc-bord pour retrouver la marge de sécurité. Oui, la furtivité s'en ressent et la survavibilité aux missiles sauteurs de vagues aussi mais tout est affaire de compromis. De toutes manières, un super-tanker à pleine charge n'en est pas si éloigné.
    3) La vitesse d'un navire n'est plus vraiment de mise à l'heure actuelle. Un navire britannique a bien évité, pendant la Guerre des Malouines, que la frappe d'un Exocet le détruise en lançant à fond ses turbines (le missile a frappé le hangar hélicoptère au lieu des superstructures) mais c'est un cas limite qui n'a aucune chance face à une attaque de saturation.
    4) et 6) La résistance du Frappeur est double : sa structure double coque (voir la référence aux pétroliers frappés par des missiles) qui minimise les impacts des coups au but et son système de défense rapproché : un Frappeur peut emporter des centaines de missiles dont des engins de protection rapprochés qui vont pouvoir répondre à une attaque même saturante.
    8) Le point important est le réseau de senseurs, le Frappeur est destiné à être inséré dans un groupe naval, tout comme un cuirassé ou un porte-avions (même un sous-marin doit se voir désigner ses cibles). C'est donc l'efficacité de l'ensemble et son rapport coût efficacité qui doit être étudié.

    Les marines puissantes modernes se basent actuellement sur le couple avion-missile pour mener à bien leurs missions. L'obus seul ou le missile seul peuvent-ils répondent aux besoins ?

    L'avantage que je vois au Frappeur est, contrairement à ce que dit Montaudran, la multiplicité des missions possibles car cet navire est capable d'embarquer toute une panoplie d'engins aptes à assurer ces missions :
    - frappes à terre ;
    - frappes anti-navire ;
    - chasse anti-sous-marin ;
    - défense anti-aérienne ou anti-missile éloignée ou rapprochée ;
    - veille lointaine avec des drones "jetables"...

    Il leur faudra de toutes manières des navires d'accompagnement mais un GNF (groupe naval frappeur) comportant un ou deux frappeur, une ou deux FREMM et un SNA aurait une puissance monstrueuse face à n'importe quel adversaire et participerait sans problème à une démonstration de force comparable à l'envoi d'un GAN pour un coût bien inférieur.

    La principale objection que je vois à ce concept est le concentration de puissance dans un seul navire qui en devient donc une cible privilégié : sa destruction entraîne l’annihilation de 500 missiles de tous types (mais on a le même problème avec le porte-avions ou le cuirassé). Ceci ne peut être compensé que par la multiplication des Frappeurs, ce qui peut être fait à bien moindre coût que pour les deux autres plates-formes. D'autre part, le Frappeur (comme le cuirassé mais pour d'autres raisons) à une survavibilité plus importante qu'un PA. Mais René Loire parle, avec raison à mon sens, du caractère "jetable" du Frappeur lui-même... S'il est attaqué, il peut alors tirer toute sa charge contre ses objectifs désigné, ce qui en fait un engin de dissuasion redoutable.

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  8. Je partage tout à fait votre point de vue. Bonne soirée !

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  9. Excusez moi d’etre anonyme, j’y remedierai ! Je suis surtout nouveau (malgré mes 75 ans) sur ce blog, et beotien pour vous. Merci (un tres grand) pour toutes ces infos. J’ai notamment decouvert la photo extra où le Strasbourg encadre le Hood. On m’en avait parlé mais le voir vius rend quelque part fier de notre Royale, meme si les pages de Gloire ne s’ecrivent pas à coups de tirs ratés ! Quel est svp le livre le mieux sur cette evasion assez glorieuse du Strasbourg ? Merci. Jean

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  10. Bonjour Jean,
    Comme je croule sous les livres aéronautique, je n'ai que relativement peu d'ouvrages sur les navires. En particulier, rien sur nos derniers cuirassés. Je vous rappelle ce site pour la bataille de Mers El Kébir : https://www.dynamic-mess.com/un-peu-d-histoire/navires-francais-operation-catapult-03-juillet-1940/. C'est, à mon avis, le plus complet, mais la fuite du cuirassé n'y est pas détaille.
    Cette bataille a été livrée sans réflexion pas nos amiraux, trop bêtes pour savoir négocier !
    Si nous avions voulu réfléchir, on se serait souvenu que nos Laté 298 de torpillage pouvaient s'envoler d'Arzew avec une hélice à pas fixe. Leur seule présence, avec des torpilles à postes, aurait probablement suffi à faire reculer la flotte Britannique plus loin. Le porte avion Britannique ne devait pas porter beaucoup de chasseurs, au mieux des Gladiator.
    Mais chacun des protagonistes a manqué de réflexion

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