Avertissement : La contradiction entre les données
publiées de nos jours sur le chasseur Morane-Saulnier 406 et le vécu des pilotes de Chasse Français qui l'utilisèrent entre
Septembre 1939 et Juin 1940 pose clairement le problème de la crédibilité des
données actuelles.
Le Morane ayant été préféré au
Nieuport 161, j’ai voulu comprendre la motivation des décideurs.
C’est dans la presse de l’époque (essentiellement de 1935 à fin 1938) que j’ai trouvé l’essentiel de la réponse.
C’est dans la presse de l’époque (essentiellement de 1935 à fin 1938) que j’ai trouvé l’essentiel de la réponse.
Méthode
Les revues aéronautiques
Françaises des années comprises entre 1920 et 1939 sont réellement très intéressantes.
Celles qui m’ont le plus servi
sont Les Ailes, L’Aéronautique et L’Aéro
(revue généraliste qui touchait à beaucoup d’autres sports que l’Aviation) ces
3 revues étant disponibles à la BNF.
Une part des informations viennent
de rubriques par laquelle Les Ailes
ou L’Aéro tenaient systématiquement leurs lecteurs au
courant de l’évolution des prototypes Français.
Dans ces textes brefs, comme dans
un télégramme, seul l’important passe.
Ces nouvelles étaient issues de "tuyaux" donnés le plus souvent sans intermédiaires institutionnels.
J’imagine que les journalistes qui traitaient de l'activité des prototypes avaient leurs sources parmi les pilotes, les mécanos, parmi les ingénieurs des constructeur et, pourquoi pas, ceux de l’Etat.
Ainsi, les Ailes se plaindront, en 1939, de ne pas pouvoir présenter le Dewoitine D. 520 au moment même où une revue Allemande avait publié un article parfaitement documenté sur notre chasseur devenu emblématique !
J’imagine que les journalistes qui traitaient de l'activité des prototypes avaient leurs sources parmi les pilotes, les mécanos, parmi les ingénieurs des constructeur et, pourquoi pas, ceux de l’Etat.
Dans ce dernier cas, ces "fuites" étaient tolérées, la plupart du temps, en tout cas avant les nationalisations de 1937. Parfois, mais rarement, elles étaient même organisées d'en haut.
Elles se raréfièrent ensuite jusqu’à leur tarissement définitif au début du printemps 1939 :
Ces rubriques,
comme la page de présentation des avions militaires, allait disparaître sous prétexte de secret militaire. C'était le retour de la censure...Elles se raréfièrent ensuite jusqu’à leur tarissement définitif au début du printemps 1939 :
Ainsi, les Ailes se plaindront, en 1939, de ne pas pouvoir présenter le Dewoitine D. 520 au moment même où une revue Allemande avait publié un article parfaitement documenté sur notre chasseur devenu emblématique !
La comparaison avec la revue Flight est édifiante : les
Britanniques amateurs d’Aviation ont toujours eu la chance de rester informés sur leur
passion pendant toute la guerre (même si les performances de certains avions - comme celles du Hurricane Mk 1 - y furent un tantinet dopées !).
Voilà pourquoi, après la victoire de 1945, nos
Alliés purent si facilement parler de l’infériorité technologique de notre Aviation,
puisque nous-mêmes - sur ordre de nos politiciens à courte vue - nous ne voulions pas en parler !
La revue l’Aéronautique, revue de très haut niveau, collectionnait les
signatures des plus grands experts internationaux.
Elle détaillait à la fois
les particularités structurales et les données aérodynamiques des cellules
comme elle entrait dans les détails de l’architecture des moteurs.
Elle était
donc destinée aux ingénieurs.
Par ailleurs, le langage de ces informations était,
en quelque sorte, un langage codé.
Lorsqu’un prototype débutait sa
mise au point constructeur, dire "ce
premier vol a été très satisfaisant" voulait juste dire que, pour
l’instant, l’équipe d’essais, n’avait rencontré aucun point difficile à résoudre.
Par contre, lorsque le journaliste
insistait plusieurs fois sur un seul aspect positif de l’avion en essai, cela signifiait nécessairement que le constructeur n’avait pas encore résolu bon nombre de
questions importantes.
Rappel du programme de chasseurs de Juillet 1934
- Il exigeait
la conduite intérieure,
- La
radiophonie devenait obligatoire, avec, malheureusement, une séparation des fréquences
d’émission et de réception (ce qui était un non-sens total)
- Conseillait
fortement un train d’atterrissage
rétractable,
- Il demandait
avant tout une parfaite visibilité
de combat, plaçant au second plan la vue des équipiers.
- Il exigeait
une vitesse d’au moins 450 km/h (les Britanniques avaient exigé officieusement 300 miles/h, soit 484 km/h)
- La montée à 4 000 m devait être réalisée en moins de 6 minutes
- à 8 000 m en moins de 15 minutes
- à 10 000 m en moins de 19 minutes.
Les deux bureaux d’études concurrents
Depuis la fin de la Grande Guerre, la société
Morane-Saulnier n’avait fabriqué que deux avions "de Chasse" animés
par des moteurs en ligne et refroidis par eau : Le Morane MS 325 et le
Morane MS 227.
La vitesse de ces prototypes n’excéda jamais 350 km/h entre 1934 et 1935 : Aucun des deux ne fut commandé en série par qui que ce
soit.
Si le premier des deux était de structure indiscutablement moderne,
il n’avait pas donné de bons résultats (pour des raisons alors mal comprises,
car l’analyse n’en avait pas été poussée), enfermant le bureau d’étude de la
société dans la continuation des solutions employées pendant et depuis la Grande Guerre.
Ce comportement navrant fut renforcé lorsque certains décideurs militaires
annoncèrent par voie de presse que les mécaniciens étaient capables de
réparer plus facilement les avions procédant de ces vieilles techniques que les avions conçus suivant les techniques modernes permettant les meilleures performances.
C'était le type même de la "bonne excuse foireuse" : On ne changeait rien aux techniques structurales, donc les mécaniciens n'apprenaient pas les technique modernes et resteraient incapables d'entretenir les avions rapides !
Toute autre était la compétence de la firme Nieuport dont le
bureau d’étude avait sorti depuis la fin de 1915 de nombreux types de
chasseurs de premier plan et d’avions de record de vitesse ou d’altitude à moteur en V
refroidis par liquide.
Sans compter les avions issus du génial Bébé Nieuport, cela avait pris de l'importance avec le Nieuport-Delage Ni-D 29 puis le
Ni-D 40, et leur dérivé, le sesquiplan (qui passait 330 km/h en 1923 !) puis les Nieuport 42 S (375 km/h en 1924 !). La structure monocoque très résistante et légère du fuselage était devenue la structure obligatoire.
Ces avions évoluèrent en Ni-D 62, puis en Ni-D 72 et 82 métalliques, avant de passer par les Nieuport 121, 122 et 125 et même les hydravions de course destinés à la coupe Schneider (Nieuport 450 et 650).
Tous les chasseurs Nieuport construits en série subirent des
améliorations significatives tout au long de leur carrière.
L’enfance du Morane-Saulnier
405
Le premier vol du MS 405, effectué le 8 Août 1935, fut
rapporté ainsi par l’hebdomadaire Les
Ailes (semaine du 5 au 12 Août 1935) : "Détroyat a essayé le nouvel avion de chasse
Morane (…) à train escamotable. Cet appareil, d'une très belle ligne, a été
calculé pour répondre au nouveau programme des avions de chasse, qui exige une
vitesse de 450 km/h.
Les vols d’essais vont se poursuivre activement."
Cet entrefilet, qui constituait en fait l'acte de naissance de cet avion, se bornait à exprimer une satisfaction de nature esthétique et à rappeler la principale spécification imposée aux
prototypes du concours de 1934 : Une vitesse de pointe d'au moins 450 km/h.
Document de l’auteur - Maquette de soufflerie du MS 405 - Le Karman est bien visible. Par contre, les cannelures typiques de l'entoilage de l'arrière-fuselage ne sont pas reproduites... |
Il est vrai que lorsque le Morane 405-01 sortit des ateliers
de la société Morane-Saulnier, il était le premier chasseur moderne à sortir en
France et cela se voyait instantanément :
- De
chaque côté de l’avion, un raccord Karman bien réalisé liait l’aile au
fuselage.
- Le
poste de pilotage fermé “lissait" le dos du fuselage qui y gagnait en
finesse aérodynamique, et qui devenait, par là-même, étanche au vent, à la pluie
et au froid, ce qui ne gâtait rien pour ses pilotes.
- Il
possédait un train d’atterrissage escamotable, le premier sérieusement
installé sur un chasseur Français.
- Equipé d’une hélice tripale à pas variable automatique, il disposait d’emblée du puissant moteur Hispano-Suiza 12 Ycrs, à refroidissement par liquide, qui n’équipait jusqu’alors que des avions de renseignement Mureaux 113, 115 ou 117 (les premiers chasseurs D 510 commençant tout juste à sortir d’usine).
Sa silhouette était réellement proche
de celle du Hawker Hurricane, malgré
une proue moins fine.
Un
peu plus tard, l’Aéro annonçait que Détroyat était parti aux USA pour courir avec son Caudron-Renault 460 et qu'une
partie des vols initiaux du MS 405 avaient été assurés par ses collègues.
Début Octobre, le rapport des
Ailes sur l’activité du MS 405 à Villacoublay devient très élogieux : "Détroyat a fait
de nombreuses sorties sur le nouveau Morane de chasse, avec lequel il s’est
livré à des exhibitions étonnantes.
L’appareil fait grosse impression et
possède de grandes qualités de vitesse et de maniabilité."
L’impression visuelle de vitesse ressentie
par les observateurs en 1935 (donc ressentie nécessairement pendant des vols à basse altitude) découlait du fait que, jusque-là, le chasseur le
plus rapide de France, le prototype du Dewoitine 510, avait une vitesse de
pointe à très basse altitude de 330 km/h.
Le Morane-Saulnier 405 était bien plus rapide que le D 510 et devait voler à ce moment à environ 360 km/h à la même altitude.
Evidemment, les démonstrations acrobatiques de Michel Détroyat montraient
sa confiance absolue dans l’avion, au point de le soumettre à des acrobaties
tout près du sol.
Cela n’était peut-être pas totalement indépendant du fait que
le premier vol du Nieuport 160 était imminent.
Cette belle démonstration de voltige soulignait perfidement que le Morane volait déjà très bien alors que le Nieuport allait voler nécessairement de manière pataude pendant quelque temps.
{Les ingénieurs Mary (concepteur des avions de
course Nieuport depuis 1920) et Dieudonné ayant
privilégié la vitesse, le Nieuport 161 était forcément un concurrent très dangereux pour le Morane}
A la mi-Octobre, l’entrefilet des Ailes consacré au Morane est bizarre
: " Le
Morane 405 de chasse, à moteur Hispano 12
Ycrs, a fait une base de vitesse contrôlée par le CEMA.
La vitesse au sol dépasse les 400 km/h.
La vitesse au sol dépasse les 400 km/h.
Cet appareil présente de bonnes qualités de maniabilité.
M. Morane a exécuté un vol à bord de ce monoplace, qui décolle et
atterrit comme un appareil de transformation."
On y souligne une nouvelle fois l’excellente maniabilité,
certes, mais l’annonce d’une vitesse-sol de 400 km/h a de quoi interpeller,
puisque cette vitesse-sol ne fut jamais
atteinte, ni par le Morane 405 ni par son "successeur" 406 (380 km/h réels) !
Ce journaliste avait donc été manipulé, mais, qu'il ait tant insisté sur la facilité de pilotage du MS 405, démontre qu’il n’était pas complètement dupe.
On reparla du MS 405 au début de Janvier 1936 : " Détroyat achève
la mise au point du nouvel appareil de chasse Morane ; Il a fait avec cet
avion des démonstrations éblouissantes.
Cet appareil s’annonce comme particulièrement redoutable pour ses
concurrents ; Il est en finition et va être présenté au CEMA."
Là encore, Michel Détroyat démontrait son extraordinaire
talent de pilote, mais plus rien n’indiquait que les
performances de ce chasseur étaient exceptionnelles.
Document de l'auteur - La Une des Ailes du 26 Décembre 1935, montrant le Hawker Hurricane qui avait volé à 500 km/h. |
La raison de cette légère baisse d'enthousiasme peut trouver son origine dans les photos des Ailes du Hurricane K 5083 avec cette légende : 500 km/h.
Les pilotes de chasse Français avaient du mal à accepter un chasseur standard moins performant...
Le 10 Janvier fut marqué par la visite à Villacoublay du
ministre de l’Air, le Général Denain, qui se fit présenter en vol les seuls
prototypes de Chasse, malgré un vent "soufflant
en tempête" : "Il faut mentionner particulièrement celle [la prestation] de Détroyat qui, sur le Morane 405, a fait
une belle démonstration des qualités de l’appareil."
{Note du 04 / 02 / 2023 : Cet entrefilet peut paraître insignifiant, et pourtant, je n'ai pas su expliquer ce qu'il a signifié pour notre Armée de l'Air. A ce moment, le Morane 405 mène le bal au niveau des dirigeants du CEMA. La raison en est que le Nieuport 160 est encore équipé du moteur HS 12 X (690 Cv) alors que le Morane 405 dispose du moteur 12 Y (860 Cv). La différence était de 170 Cv.
D'un autre coté, la masse au décollage du Morane 405 en ce début de 1936 était de 2240 kg, inférieure de 30 kg à celle du Nieuport. Cette différence venait d'un regrettable oubli : si le Ni 160 n'avait aucun problème d'autonomie, il en manquait beaucoup au Morane qui dût être équipé d'un réservoir supplémentaire de 80 à 95 litres supplémentaires (+ 15 kg de réservoir). A ce moment là, on se rappelle aussi que les 18 m² de voilure donne une charge alaire de Spitfire (124 kg/m²) contre 149 kg/m² pour le Ni 160.
A ce niveau, pendant cette forte tempête, le Nieuport parut lourd par rapport au Morane 405. A moteur et mise au points égales, le Nieuport aurait écrasé le MS 405, sauf en virage à basse vitesse.
En 1939, le Morane 406 décollait à une charge alaire de 149 kg/m² contre150 à 160 kg/m² sur le Ni 161.}
Le 6 Février 1936, Les Ailes rapportèrent que le moteur du MS
405 avait été révisé en vue de son entrée au CEMA pour y faire ses essais
officiels.
D’ailleurs, la semaine suivante, "Détroyat a repris les vols d’essais du
chasseur Morane 405 qui va être prêt à commencer les essais officiels."
Le Morane 405 entra au CEMA le 20 Février 1936, soit 6 mois et quinze jours après son premier vol.
Il y volait encore aux mains de Détroyat lorsque "ces essais ont
dû être interrompus après une avarie survenue au radiateur pendant l’épreuve de
survitesse ; Le moteur ayant fonctionné sans être refroidi doit être
changé.
Malgré la vapeur intense qui se dégageait du moteur (et) qui gênait
considérablement le pilote, celui-ci a pu néanmoins rallier le terrain et
atterrir normalement."
L’Aéro rapporta
également cet incident du moteur grillé en disant que, pendant un piqué, des
ailettes du radiateur avaient été arrachées.
On en tire la conclusion logique que ce piqué s’est déroulé
plein moteur mais que l’attention portée par le pilote à sa trajectoire et à
ses instruments, de même que le bruit effroyable du vent – 720 km/h ! – l’ont
empêché de suivre l’augmentation de la température du Prestone.
Le 9 Mars, "le Morane 405, dont le moteur est réparé [ou, plus certainement, a été changé], a recommencé
ses épreuves officielles ; Après les vols préliminaires, Détroyat a fait
des paliers de vitesse en altitude" (voir plus loin, à propos du N 161).
La procédure officielle imposait, à ce moment des essais, une
analyse des performances.
Celles-ci étant clairement insuffisantes, les
journalistes ne connurent pas les résultats des essais. On préféra parler pudiquement de
"la
continuation heureuse des essais de qualités de vol du Morane 405."
L’Aéro du 13 Mars
annonçait pour sa part : "Le M.S. de chasse, type 405, Hispano 12 Ygrs, a continué
ses vols d'essais officiels.
Il a effectué toute l'acrobatie, trois piqués de survitesse, un vol
d'endurance de 2 h 30 parfaitement réussi, dont 1 h. 20 à 4.000 mètres en palier
pleins gaz.
Les pilotes militaires vont commencer maintenant ses qualités de vol."
Si la capacité acrobatique du Morane 405 ne soulève aucun
doute, le vol de 80 minutes plein gaz, en revanche, pose beaucoup de questions.
Il est possible que le CEMA ait profité d’une période de froid sibérien (?) et, simultanément, ait employé de l’essence à 100 d’octane.
Il est possible que le CEMA ait profité d’une période de froid sibérien (?) et, simultanément, ait employé de l’essence à 100 d’octane.
Mais aucun pilote de MS 406 pendant la Bataille de France n’a jamais pu voler
aussi longtemps à la vitesse de pointe du Morane, et ce n’était pourtant pas l’envie (ou le besoin) qui leur en manquait.
On était donc entré dans le domaine des
contes de fées.
Les essais de stabilité se
poursuivirent les quinze jours suivants.
Les Ailes annoncèrent, dans les derniers jours d’Avril, "le Morane 405 a terminé avec succès les
épreuves de qualités de vol. "
Les qualités de vol correspondaient donc parfaitement aux desiderata des
officiers "civils" du CEMA. Mais, cela, nous l’avions compris
depuis la fin du mois de Novembre 1935 !
Début Mai, on annonçait :
"Il
est passé aux essais d’utilisation militaire."
Le 14 Mai, Les Ailes récapitulent les informations
glanées sur les essais du chasseur de Morane-Saulnier. Ces essais ont
été, parfois, émaillés d’incidents :
"Savez-vous combien d’heures de vol le monoplace de
chasse Morane 405 a totalisées depuis qu'il est en essais? 80 heures et ce
n'est pas fini !
A notre connaissance, c'est la première fois qu'un prototype subit de telles épreuves.
Ce n'est, du reste, pas commode de construire un bon avion de chasse
moderne.
Les plus grandes difficultés ont été rencontrées dans la tenue de la circulation du liquide de refroidissement, du Prestone (éthyl-glycol) en l'espèce.
Il est extrêmement délicat de faire tenir les joints et d'assurer
l’étanchéité.
Au cours d'un essai effectué par un pilote de la Technique, une fuite
se produisît ; En quelques secondes, le moteur fut grillé.
[Parenthèse : L’incident du
moteur grillé est surprenant puisque, juste avant de présenter le MS 405 au
CEMA, le moteur de ce même prototype avait été changé et l’avion ainsi gréé
avait volé avec Détroyat.
Connaissant l’histoire opérationnelle du MS 406 de 1939 à 1940, nous
savons que le refroidissement de son moteur n’a jamais fonctionné correctement.
Il
serait bien étonnant que le prototype y ait échappé, mais le fait avait été
soigneusement caché aux pilotes militaires comme à l’état-major de l’Air.
Une autre difficulté a été l'adaptation d'une bonne hélice à pas variable : Il paraît qu'en altitude, il manque encore 300 tours, ce qui permet de dire que le cap des 500 à l'heure sera franchi lorsque le propulseur sera bien adapté."
Voilà une affirmation plus que bizarre : Le régime de puissance maximale de l'Hispano-Suiza 12 Y 31 (quelle que soit la source consultée) est de 2 400 t/m.
Si, l'avion, en vol horizontal rectiligne n'arrive pas à dépasser 2 100 t/m, cela signifie qu'il a atteint son régime de couple maximum et qu'on lui avait réglé son hélice à un angle de pas trop fort. La traînée de l'avion était donc trop forte pour sa puissance de 860 Cv.
Il y a bien peu de chance qu’une
hélice quelconque puisse combler un tel déficit de vitesse. Gagner 1 ou 2 % de
rendement avec une hélice est excellent et… rare.
Gagner de l’ordre de 12.5 %,
à cette époque-là, était impossible !
{Parenthèse : Lors des essais
de vitesse du Dewoitine 510 prototype en Septembre 1934, la meilleure vitesse en
altitude obtenue avec l’hélice Ratier 1239 fut
399.5 km/h au régime de 2 420 t/m.
Quatre jours plus tard, une hélice Levasseur 3047 M fut montée ;
A la même altitude, la vitesse de 407.5 km/h fut atteinte 2 470 t/m.
L’hélice Levasseur fut pourtant éliminée parce qu’elle pouvait entraîner des surrégimes de 50 t/m : Le
gain de 50 t/m amenant un gain de 8 km/h, soit 2%.
Dans l’esprit du chroniqueur des Ailes, un gain de 300 t/m devait amener un gain
de l’ordre de 50 km/h, soit 12.5% !}
Il fut à nouveau question du
Morane à la fin Juin 1936. "Le Morane de chasse est revenu de Cazaux, où il a
effectué des tirs ; On procède au changement de son moteur avant
d’effectuer les performances officielles."
Curieusement, et contrairement
à ses concurrents, cet avion ne semble pas avoir pâti des grèves de 1936…
Par contre, le moteur du MS
405-01 avait déjà été changé fin Février 1936.
Ce nouveau changement de moteur montre
que celui en place ne donnait plus toute sa puissance, anomalie qui sera très fréquente sur ce type d'avion en 1940.
Le MS 405-01 avait consommé entre 3 et 4 moteurs HS 12 Ycrs (au moins) en une centaine d'heures de vol.
Ce type de moteur étant particulièrement fiable, une telle anomalie aurait dû, au moins, poser des questions au CEMA.
Le MS 405-01 avait consommé entre 3 et 4 moteurs HS 12 Ycrs (au moins) en une centaine d'heures de vol.
Ce type de moteur étant particulièrement fiable, une telle anomalie aurait dû, au moins, poser des questions au CEMA.
L’Aéro avait rapporté que
la commission d’admission avait tenu à féliciter l’équipe de Morane-Saulnier de
l’excellence de son travail.
Voilà qui surprend : Nous
savons – par Louis Bonte (Docavia 3) – que l’avion n’avait pas réussi à atteindre ses
performances minimales puisque sa vitesse n’excédait pas 435 km/h.
La commission s’était cependant félicitée de voir un chasseur apte à réjouir un public de meeting en oubliant
qu’il était bien incapable de suivre les nouveaux bombardiers Français !
Il ne pouvait donc ni les protéger de la chasse ennemie ni protéger nos points sensibles des futurs bombardiers Allemands qui ne manqueraient pas de rattraper les performances des nôtres.
C’était donc un choix perdant-perdant.
Les Ailes publièrent, le
23 Juillet 1936, une photographie du Morane, suivie de cette
légende :"Le Morane-Saulnier 405 a exécuté une présentation
extrêmement brillante, aux mains de Michel Détroyat, à la Fête de l’Air, au
Bourget.
Jusqu’ici, cet appareil était resté quasi secret ; Le Ministère
de l’Air s’oppose d’ailleurs encore à la publication de ses détails
constructifs et de ses performances exactes.
Cet avion de chasse, qui dépasse
les 480 km/h, peut être considéré comme l’un des plus modernes et des plus
réussis de sa catégorie".
Cette annonce des 480 km/h va revenir jusqu’à nos jours, même si elle est, ici, relativisée implicitement par la phrase regrettant que les performances soient classifiées !
La photo montrait parfaitement
le célèbre radiateur escamotable, au même titre que les gros renflements de
l’aile carénant les mitrailleuses MAC 34 (300 cartouches pièces) ou les pare-flammes d’échappement bizarres destinés
aux vols de nuit.
Il serait malséant donc de prétendre que l'avion était alors loin de sa configuration aérodynamique optimale... Une hélice un peu plus grande, des entrées d'air plus éloignées de la couche limite pouvaient sans doute permettre de gagner une douzaine de kilomètres par heure, mais certainement pas de regagner les 38 km/h qui furent regagnés sur le papier.
L’Aéro nous en donne l’explication,
dans son numéro du 4 Septembre, bien après la fin des essais officiels du MS
405 : Il a été procédé à une légère augmentation du dièdre de la voilure.
Cela signifie que les
tirs à Cazaux n’avaient pas été aussi brillants que espérés, surtout comparés à ceux du Nieuport 161.
Aucun journal de 1936 n’a publié
les véritables performances du Morane 405 qui ne furent publiées que l’année
suivante.
Au moment du Salon de
l’Aviation de Paris, le 19 Novembre 1936, les
Ailes publièrent une présentation assez complète du MS 405, commandé en une petite série de
16 exemplaires.
Document personnel de l'auteur - La vision 3 D du MS 405 à l'époque de sa grande gloire... |
Les performances suggérées n’étaient que de simples rumeurs.
Par
contre, les données fournies sont très précieuses.
CARACTERISTIQUES DU M.S. 406 (in additif # 1 du livre le Morane-Saulnier MS 406 de Comas et al. Lela press
Envergure totale 10.61 m
Longueur totale 8.13 m
Hauteur totale 2.71 m
Surface portante 17.1 m²
Puissance du moteur
860 Cv
Poids à vide, équipé. 1 893 kg
" utile 464 kg
" Total 2
500 kg
Charge alaire 146.2 kg/m²
Rapport poids/puissance 291 kg/Cv
Puissance par m² 50.29 Cv/m²
Vitesse estimée : 480
à 500 km/h (!)
Le 11 Mars 1937, Les Ailes rapportèrent : "Le
MORANE-SAULNIER 405, que l'on s'accorde à considérer comme l'un des meilleurs avions
de chasse modernes - sans doute même le meilleur - poursuit ses essais à
Villacoublay.
En réalité, il s'agit du M.S.-405 N°2 [en fait le 02], qui présente encore une supériorité sur
le N° 1.
C'est le pilote Vonner qui mène les vols. Le N° 2 diffère du N° 1 par
quelques modifications apportées à la voilure et au train d'atterrissage ; Le
moteur Hispano-Suiza de 860 Cv a été doté d'un
réducteur 2/3 qui paraît donner des résultats heureux.
A 4.000 mètres - altitude de rétablissement de la puissance du moteur
- le M.S.- 405 avait atteint
officiellement, sur base, la vitesse de 443 km/h
[N.B.: c'est la première mention d'une vitesse mesurée officiellement] .
[N.B.: c'est la première mention d'une vitesse mesurée officiellement]
A la même altitude, le N° 2 atteindrait
480 km/h. Le progrès est donc appréciable.
On dit, d'autre part, que l'appareil atteindra les 500 km/h quand il sera équipé de l'hélice à pas
variable, commandée automatiquement, qui lui est destinée."
Les 443 km/h publiés contredisent absolument les 480 km/h annoncés le
23 Juillet 1936, il s’en faut de 37 km/h !
Cependant, du fait que MM Bonte et Lecarme, grands partisans du Morane-Saulnier 406, ont publié une
vitesse de pointe de 435 km/h (Docavia n°3, Histoire
des Essais en Vol), cette dernière vitesse me paraît la plus vraisemblable,
faisant du coup monter l’écart de vitesse à 45 km/h.
{Parenthèse : Le MS 405-02 a bien atteint 483 km/h en 1937, mais
avec un moteur Hispano 12 Y 29 développant 920 Cv à 3 600 m fonctionnant avec de
l’essence à 100 d’octane et avec un taux de compression de 7, ce qui accordait un avantage de près de 20 km/h sur la motorisation par l’habituel HS 12 Y
31 de 860 Cv à 3 200 m.
(Source : Le Fanatique de l’Aviation, # 100, Mars 1978, article de Gaston Boquin : Le MS 405 était le
meilleur chasseur du Monde en 1937, p.31)
L’hélice et le réducteur avaient déjà été changés, ce
qui accordait effectivement une quinzaine de km/h supplémentaires par rapport aux 435 km/h de Bonte.
Les 500 km/h annoncées ne furent jamais atteints par le Morane avec le moteur de 860 Cv, sa vitesse maximale resta limitée à 450 km/h.}
Les 500 km/h annoncées ne furent jamais atteints par le Morane avec le moteur de 860 Cv, sa vitesse maximale resta limitée à 450 km/h.}
Le 28 Octobre 1937, Les
Ailes complétaient notre information sur le MS 405-01 : "Le chasseur MORANE-SAULNIER
M.S. 405 N°1, entièrement révisé - opération qui s'est révélée superflue en
dépit des 300 heures de vol totalisées par ce prototype - va remonter bientôt à
Villacoublay.
En définitive, cet appareil va servir de modèle de présentation, pour
les pilotes étrangers, car on a renoncé à l'utiliser pour le lancement des
voilures des nouveaux parachutes.
La série des M.S. 405, en fabrication à Puteaux, est très avancée.
Onze appareils s'alignent sur la chaîne de montage grâce à de modernes
machines-outils acquises par la firme - il y en a pour un million de francs -
dont une quadruple raboteuse permettant d'usiner à la fois quatre semelles de
longerons, et, également, à l'aménagement d'un vaste local contigu aux anciens
ateliers.
[NDR 1 : Seulement 2 de ces 11 appareils seront livrés en Mars 1938, six mois plus tard…]
[NdR 2 (Nov. 2021) : Il m'a fallu du temps pour comprendre plusieurs implication de cette longue phrase focalisée sur la fameuse quadruple raboteuse. Elle nous apprend :
1 - Que cette entreprise a achetée une machine-outil compliquée, donc chère ;
2 - Que cette machine permet de sortir 4 longerons d'aile à la fois ;
3 - Que la firme, avant cette opération, était la quasi-impossibilité de fabriquer un avion de chasse à aile basse !
Cet outil compliqué a peut être aussi joué un rôle dans l'extrême lenteur de la fabrication de cet avion.]
Rappelons que les M.S. 405,
construits chez Morane-Saulnier, atteignent 450 km/h.
Les M.S.405, dotés de moteurs Hispano possédant une démultiplication
différente et commandés aux usines nationalisées, atteindront 480 km/h.
[NdR 3 : Ces deux phrases
semblent avoir servi de modèles aux tenants de l’actuel bombardier US Lockheed
F 35 JSF : Oui, l’avion actuel est médiocre mais, demain, vous allez voir ce
que vous allez voir...
Nous, Français, nous avons effectivement drôlement bien vu la Wehrmacht
occuper la France placée sous l’insolente domination de la Luftwaffe.
Que se passera-t-il pour les USA ?]
Que se passera-t-il pour les USA ?]
Enfin, on procédera aux essais, dans cinq ou six mois, du
Morane-Saulnier M.S.420, version affinée des précédents, dont la vitesse peut
être estimée à 520 km/h [voir plus loin]."
Dans sa livraison de Décembre 1937, l’Aéronautique confirmait à son tour les 443 km/h du MS 405 obtenus durant l’année
1936 et évoquait son aptitude au piqué : "Signalons
qu'avec ces matériels modernes, les piqués à vitesse-limite semblent
constituer, pour la plupart des pilotes, des épreuves fort désagréables.
On part à 4 500 m et, avec le M. S. 405
par exemple, il faut attendre 30 sec environ avant que la survitesse
n'atteigne, sous une pente constante de 30°, 725 km/h. Cette allure est à maintenir sur une
portion de trajectoire d'au moins 500 m.
Le régime du moteur peut s'élever
jusqu'à 2 800 t/min.
Grâce au freinage des axes d'articulation d'ailerons, aucun battement de ces gouvernes n'a été constaté jusqu'à 720 km/h."
Grâce au freinage des axes d'articulation d'ailerons, aucun battement de ces gouvernes n'a été constaté jusqu'à 720 km/h."
{Parenthèse sur les versions ultérieures du Morane 405 : Pour
permettre aux pilotes – nécessairement inquiets après l'humiliation du meeting de Zurich de 1937 (où le MS 406 n'était pas présenté) – de rêver, le lobby Morane-Saulnier annonçait donc la
venue d’un MS 420, aérodynamiquement très amélioré, et dont on attendait 520
km/h.
Il s’agissait en réalité du MS 450, un avion très différent (aux ailes près), dont il fut annoncé qu’il atteignait 560 km/h avec le moteur Hispano 12 Y 51 de 1 000 Cv.
Il s’agissait en réalité du MS 450, un avion très différent (aux ailes près), dont il fut annoncé qu’il atteignait 560 km/h avec le moteur Hispano 12 Y 51 de 1 000 Cv.
L’absence totale de données expérimentales sur son compte ne peuvent que me rendre sceptique
sur cette dernière vitesse.
Il est probable que c’est à cet avion que rêvait l’auteur de ce
compte-rendu du Salon Aéronautique de Paris lorsqu’il écrivait, le 27 Novembre
1938 : " Il ne nous est pas possible de parler de
performances, mais on dit cependant que lorsque le Morane-Saulnier aura reçu
son Hispano de 1 200 Cv, le cap des 600 km/h sera bien près d’être franchi."
Le moteur Hispano-Suiza 12 Z, à 4 soupapes par cylindre, allait bien donner cette puissance, mais sa mise au point ne fut jamais vraiment achevée.
Le moteur Hispano-Suiza 12 Z, à 4 soupapes par cylindre, allait bien donner cette puissance, mais sa mise au point ne fut jamais vraiment achevée.
Cependant l’article Wikipédia en
langue Anglaise du 3 Juin 2016 contenait cette phrase :
"In
1939, Hispano started prototype deliveries of the new Hispano-Suiza 12Z engine of 969.4 kW (1,300 hp).
One was fitted to a modified 410 to create the M.S.450,
giving dramatic improvements in performance, especially at altitude. " (En 1939, Hispano commença à fournir le nouveau moteur Hispano-Suiza 12 Z de 969.4 kW (1 300 Cv). L'un d'entre eux fut monté sur un MS 410 modifié pour réaliser le MS 450, apportant une amélioration considérable de ses performances, notamment en altitude).
A part l’anachronisme sur le MS 410, qui ne sortit qu'en 1940, près d’un an après le MS 450, on voit que les chroniqueurs Anglophones n’accordent aucun crédit à un
MS 450 atteignant les 560 km/h avec un moteur un peu moins puissant que le RR Merlin
III ! Je partage entièrement leur méfiance…
Le MS 450 ne fut d’ailleurs pas retenu par le CEMA : Ses
performances, pas plus que ses qualités de vol (la masse au décollage avait
beaucoup augmentée, pas la surface alaire, donc la maniabilité n’avait plus
rien d’extraordinaire) ne permettaient pas de renverser la supériorité aérienne
du Bf 109 E que l’on commençait à bien connaître : Le D 520 et le VG 33
étaient déjà commandés en série, le CAO 200 et le Dewoitine 551, bien plus
rapides encore, pointaient hardiment leurs nez.}
Cette partie se conclut d'une manière étonnante : En Août 1935, le Morane 405 paraissait un avion exceptionnel par ses performances comme par sa maniabilité.
Mais, au fur et à mesure que le temps passait, la vitesse de pointe de l'avion - prévue initialement à 480 km/h - commençait à prendre l'aspect d'un serpent de mer et les hypothèses les plus farfelues furent avancées pour excuser la lenteur de l'avion.
Le 6 Février 1936, le Nieuport 160, de seulement 720 Cv, volait au moins aussi vite que le MS 405 (Bonte écrivait que, avec le HS 12 X, le N 160 atteignait tout juste les performances demandées, donc il frôlait les 450 km/h que le MS 405 n'obtenait pas le moins du monde).
Ainsi s'explique la nervosité des tenants du Morane qui savaient que le Nieuport était en train de récupérer le moteur 12 Ycrs de 860 Cv
Les débuts du Nieuport 161
Le
chasseur Nieuport 160 fit son premier vol le 5 Octobre 1935 (8 jours après le
Loire 250 issu de la même compagnie).
Les
Ailes le présentèrent très sobrement :
Rien de palpitant :
Les modifications de gouvernes sont classiques au début de la période d’essais
pour les harmoniser aussi bien que possible.
La satisfaction esthétique est présente, mais sans l'effet de surprise qu'avait su introduire le Morane 405.
La satisfaction esthétique est présente, mais sans l'effet de surprise qu'avait su introduire le Morane 405.
A la
différence de ce concurrent, le Nieuport n’était pas gréé d’un moteur Hispano 12 Y de 860 Cv.
La mise au point du Nieuport allait être donc
obligatoirement plus longue que celle de son concurrent :
- Le 12 Y pesant 90 kg de plus et étant plus long de 15 cm que le 12 X, le centrage serait obligatoirement à refaire.
- Les 170 Cv supplémentaires du moteur définitif imposeraient nécessairement de modifier le refroidissement
Les
qualités de vol allaient donc devoir être reprises, au minimum pour confirmer les prévisions du Bureau d'Études.
Comme le Loire 250, et probablement pour des raisons d’économie, le N 160 utilisait une hélice bipale en bois à pas fixe dépourvue de casserole qui n’avait qu’un très
lointain rapport avec l’hélice d’un chasseur moderne et qui ne lui permettait pas d’obtenir
les meilleures performances !
La semaine suivante, le prototype Nieuport avait réalisé de petits vols de mise
au point et, très logiquement, devait subir quelques modifications pendant une semaine
complète.
A la mi-Novembre, les Ailes
soulignèrent que le N 160 volait pratiquement chaque jour et le journaliste
s’extasiait : "Le Nieuport 160 a reçu d’intéressantes modifications de
queue : Cet appareil vole parfaitement sans dérive."
Cette
phrase (un peu exagérée, car la dérive n'avait été amputée que de moins du quart de sa
hauteur) confirme "l’application d’une
théorie de Vellay" dont parlait Louis Bonte dans son livre Histoire des Essais en Vol, Docavia #3. (La théorie en question ici associait certains caractères de l'instabilité spirale à la présence d'une (trop) grande dérive.)
La
nécessité de cette modification signifiait que l’avion n’avait pas été conçu
d’emblée ainsi, contrairement à ce que le texte de Bonte pourrait le suggérer.
En tout cas, cela signifie que le CEMA, dont Vellay était un des maîtres, était intervenu pendant les essais constructeur et qu'il avait été entendu.
En tout cas, cela signifie que le CEMA, dont Vellay était un des maîtres, était intervenu pendant les essais constructeur et qu'il avait été entendu.
Ce court compte-rendu montre surtout que le chasseur Nieuport
volait déjà très bien, 5 semaines après son premier vol.
Pendant la semaine du 18 au 25 Novembre, le Nieuport
160 avait beaucoup volé aux mains de Surtel et de Nadot.
Puis il fut démonté pour modifications à
Issy-les-Moulineaux, chez son constructeur. Ces modifications allaient durer au moins
jusqu’au 12 Décembre 1935.
Les modifications allaient toucher entre autres :
- Le pare-brise initial d’une seule pièce curviligne - en plexiglass - et très en avance sur son temps, dut être éliminé car, à grande vitesse, il vibrait fortement, interdisant tout combat aérien réel. Le nouveau pare-brise allait donc être à facettes…
- Pour améliorer la stabilité latérale, il fallut augmenter le dièdre de la voilure de 3 degrés (Maurice Claisse écrivit après la guerre que tout avion pourvu d'un dièdre inférieur à une certaine valeur était renvoyé sous prétexte d'instabilité latérale).
Toujours est-il que les vols d’essai furent très fréquents entre
le 5 et le 25 Janvier 1936.
Le 10 Janvier 1936, le général Denain, ministre de l'Air, vint inspecter les nouveaux prototypes. Les 3 prototypes de chasseurs (Nieuport 161, Loire 250 et Morane 405) firent la démonstration de leurs qualités de vol, malgré le vent qui soufflait en tempête.
{Dans le Figaro du 11 Janvier 1936, on peut lire que cette même tempête avait tué 16 personnes, la veille, en Angleterre et au moins 2 personnes (et 9 blessés) en Allemagne : Ce n'était en aucun cas un gentil petit vent frais !}
Le 10 Janvier 1936, le général Denain, ministre de l'Air, vint inspecter les nouveaux prototypes. Les 3 prototypes de chasseurs (Nieuport 161, Loire 250 et Morane 405) firent la démonstration de leurs qualités de vol, malgré le vent qui soufflait en tempête.
{Dans le Figaro du 11 Janvier 1936, on peut lire que cette même tempête avait tué 16 personnes, la veille, en Angleterre et au moins 2 personnes (et 9 blessés) en Allemagne : Ce n'était en aucun cas un gentil petit vent frais !}
A propos de ce même événement, L’Aéro signalait, que le Morane 405, le Loire 250 et le Nieuport 160 "lui ont été présentés en vol par leur pilote respectif, Michel Détroyat, Nadot et Surtel, qui ont effectué toute la gamme de l’acrobatie."
Cela démontrait en tout cas que les trois chasseurs en compétition volaient de manière sûre et qu’ils étaient brillants, même pendant une tempête.
Le 6 Février 1936, l’opinion du journaliste des Ailes sur le Nieuport avait changé et
s’exprimait ainsi, sous une bonne photo du N 160 :
"Voici le monoplace de chasse Nieuport 160, à atterrisseur et roue de queue escamotables.
"Voici le monoplace de chasse Nieuport 160, à atterrisseur et roue de queue escamotables.
Les vols
préliminaires ont été effectués avec un Hispano-Suiza 12 Xcrs de 720 CV ; il va
recevoir un moteur-canon 12 Ycrs, de la même marque, actionnant une hélice
tripale à pas variable en vol, lui assurant une vitesse de l'ordre de 480 km/h
à 4.000 m d'altitude.
Le Nieuport 160
est un redoutable chasseur."
A
l’évidence, ce Nieuport commençait à séduire les observateurs.
"LE NOUVEAU MONOPLACE DE CHASSE NIEUPORT 160 se révèle comme un appareil
tout à fait remarquable.
Notons que sa mise au point a été grandement facilitée par un considérable travail effectué dans la nouvelle soufflerie que possède la firme.
Plus de 400 polaires ont été relevées avec la balance automatique à six composantes Denis-Gruson".
La fin du mois de Février fut enfin consacrée au montage du moteur Hispano-Suiza 12 Ycrs
(860 Cv) en usine, pour obtenir les meilleures performances possibles (le N
160, avec son moteur de 690 Cv, avait une vitesse maximum calculée de 440 km/h).
Le Nieuport 160, devenu N 161 depuis qu’il avait changé de type de
moteur, reprit ses vols début Mars 1936.
Dans le numéro du 2 Avril 1936, le
chroniqueur des Ailes raconte :
"Toujours
beaucoup d'essais sur les deux nouveaux appareils de chasse, Loire 250 et
Nieuport 161, par Nadot et Lefèvre.
Ces deux
appareils, dont la mise au point est fort avancée, vont être présentés au
C.E.M.A. prochainement.
Ils seront, pour le Morane 405, des adversaires
redoutables."
Cette dernière phrase fait écho à celle que ce même journaliste des Ailes avait écrite au début de
Janvier à propos du MS 405, mais, à l'évidence, il avait changé d'avis : Le Nieuport 161 était devenu, pour ces spécialistes, le favori du concours, notamment à cause de ses performances très supérieures et d’une
manœuvrabilité excellente.
Si le Loire 250 avait des performances comparables à
celles du N 161, son réservoir d’essence de 330 litres ne lui assurait qu’à peine plus d'une heure de vol, totalement insuffisante.
Les essais du Nieuport se continuèrent pendant la première quinzaine
d’Avril et passèrent par des tirs à la butte.
Puis, les trois semaines suivantes, on lui avait essayé des hélices à pas
variable.
Le Nieuport 161-01 entra enfin au CEMA vers la mi-Mai 1936 (et non en Mai 1937 comme l'indique Louis Bonte).
Malchance insigne pour ses concepteurs - comme pour tous nos pilotes de chasse - les grèves du Front Populaire avaient
débuté le 11 Mai.
Après quelques vols aux mains de son pilote habituel, le Nieuport resta, apparemment, au hangar, au moins jusqu’au 22 Juin 1936.
Après quelques vols aux mains de son pilote habituel, le Nieuport resta, apparemment, au hangar, au moins jusqu’au 22 Juin 1936.
Manifestement, personne au sein du monde politique comme du monde syndical ne comprenait l’urgence de la situation
internationale !
Le CEMA, lui, perdit son temps si précieux à tester le D 503, qui
n’avait strictement aucun intérêt.
{Il s'agissait d'un Dewoitine D 500 à train fixe, aux ailes rognées, affublé d'un radiateur frontal mal caréné et dont la vitesse passait de 365 à 375 km/h, deux mois après que le Spitfire ait affiché 560 km/h, soit 185 km/h de plus !}
{Il s'agissait d'un Dewoitine D 500 à train fixe, aux ailes rognées, affublé d'un radiateur frontal mal caréné et dont la vitesse passait de 365 à 375 km/h, deux mois après que le Spitfire ait affiché 560 km/h, soit 185 km/h de plus !}
Pendant la dernière semaine de Juin, enfin réveillé, le CEMA évalua la stabilité du N
161 comme correcte.
Dans son numéro du 9 Juillet 1936, Les Ailes, sous la plume d'André Frachet, exprimait la demande suivante :
"Verrons-nous les prototypes défiler le 12 juillet, à la Fête de l'Air, les prototypes militaires qui ont été étudiés pour répondre aux derniers programmes?
Les Anglais, en tout cas, viennent de nous donner le bon exemple, non seulement en faisant évoluer, à Hendon, devant plus de 150.000 spectateurs, leurs avions les plus récents, mais, encore, en les montrant, en vol et au sol, à la présentation organisée, comme chaque année, pour les missions étrangères, par la Chambre syndicale des Industries Aéronautiques Britanniques.
Si cette présentation a mis en évidence l'énergique redressement des Forces aériennes de nos voisins, il ne semble pas que de réels secrets techniques aient été livrés, en cette occasion, aux visiteurs. Ces réunions ont surtout contribué à rehausser le prestige de l'Aviation Britannique.
Elles nous ont simplement confirmé que les constructeurs d'outre-Manche avaient abordé avec succès la production de monoplaces de combat atteignant 430-480 km.-h. et de bombardiers rapides dont la vitesse approche de ces chiffres.
L'industrie aéronautique Française aurait bien certainement intérêt - si on lui prête vie - à exhiber, à son tour, ses créations les plus réussies. Certes, un défilé de nos prototypes ne manquerait pas d'allure.
On ne voit pas quel inconvénient présenterait le passage en vol des chasseurs Morane-Saulnier, Loire-Nieuport, à 480 km/h.
Le défilé, à 400 km/h, du Marcel Bloch 131 et de l'Amiot-144 ne paraît pas devoir compromettre davantage la défense nationale.
Car, après tout, pour contempler ces appareils, dans les mêmes conditions, il suffit aux "curieux" de s'adonner à un footing hygiénique, tête en l'air, aux abords de Villacoublay, de Reims ou de Méaulte."
Ces demandes ne furent pas exaucées, on ne vit que le MS 405, le Potez 630, le Bréguet 490, mais pas le Nieuport 161.
Il était évident que la présentation côte à côte des deux chasseurs aurait démontré les qualités bien supérieures du Nieuport.
On montra le Bloch 210 et non l'Amiot 144 bien plus rapide (dont on préféra commander 25 exemplaires de son prédécesseur Amiot 143, de 50 km/h plus lent)...
C’est après la mi-Août que le Nieuport subit des "des modifications de moteur" puis, "après avoir terminé les épreuves de qualités de vol, le N 161 est parti à Cazaux."
On montra le Bloch 210 et non l'Amiot 144 bien plus rapide (dont on préféra commander 25 exemplaires de son prédécesseur Amiot 143, de 50 km/h plus lent)...
C’est après la mi-Août que le Nieuport subit des "des modifications de moteur" puis, "après avoir terminé les épreuves de qualités de vol, le N 161 est parti à Cazaux."
C'était pour y effectuer les épreuves de tir qui se passèrent très bien pendant plus
d’un mois, puisque l’avion fut jugé excellente plateforme de tir.
Puis, le 22 Septembre 1936, eut lieu le crash mortel dont l’avion ne
porte pas la responsabilité.
Les Ailes en ont publié ce compte-rendu (pour lequel il n'y a jamais eu de démenti) :
"Un très pénible accident s'est produit, le 22 septembre, à Cazaux, à 10 h. 30 du matin.
Les Ailes en ont publié ce compte-rendu (pour lequel il n'y a jamais eu de démenti) :
"Un très pénible accident s'est produit, le 22 septembre, à Cazaux, à 10 h. 30 du matin.
Un des pilotes
les plus remarquables du Centre d'Essais de Villacoublay, le Capitaine Coffinet,
s'est tué, à bord d'un avion de chasse, au moment où il accomplissait une
manœuvre acrobatique.
L'appareil, en
perte de vitesse, est parti en vrille sans que son pilote, qui était pourtant
d'une très grande classe, ait réussi à le ramener en vol normal."
L’exécution d’une manœuvre acrobatique à très basse altitude était une grosse prise
de risque et cela suffit à expliquer que la 3ème Région Aérienne ait
signalé l’accident en exprimant que l’avion n’était pas en cause.
Si le récit des Ailes est exact, le Capitaine Coffinet, qui avait fait
les essais de piqué du MS 405 (725 km/h maximum, à comparer avec les 780 km/h du Potez 631 !), peut avoir été surpris par le
facteur de charge plus violent induit par la vitesse encore bien plus élevée du N 161,
ce qui était mortel à très basse altitude.
{Par ailleurs, la lecture du
livre Libre Intégral d’Eric Müller, suggèrent
que la meilleure méthode de sortie de vrille, vue la configuration de l’empennage du N 161, était de tirer sur
le manche à fond pour renforcer l'effet de la direction pour contrer la
rotation.
Ce n’était pas la méthode officielle du CEMA qui
voulait que le manche soit toujours mis à piquer…}
L’Aéronautique de Décembre 1936 a publié des schémas
techniques remarquables puis, dans sa partie commerciale, une petite partie des
données et performances du N 161 (voir plus loin).
L’auteur de l’article évoque l’accident du capitaine Coffinet et
termine ainsi son article : "L'appareil avait exécuté presque tous ses
essais (seuls manquaient les passages sur la base) ; l'enquête n'ayant rien
relevé à la charge de l'appareil, il est possible qu'une série de Nieuport 160
soit envisagée."
Cela signifie clairement que les journalistes de ce mensuel, à l'évidence tuyautés par des membres de la commission d'enquête, considéraient sérieusement que le N 161 était innocent.
Cela signifie clairement que les journalistes de ce mensuel, à l'évidence tuyautés par des membres de la commission d'enquête, considéraient sérieusement que le N 161 était innocent.
Le 22 Avril 1937, Les Ailes avaient consacré,
sous la plume d’André Frachet, une présentation complète au Nieuport 161, à peu près au moment où le prototype 02 allait commencer ses vols. (J’ai donc choisi de l’intégrer parmi les données de 1936, à sa
vraie place.)
Je rappelle que, à ce moment, le N 161 culminait officiellement à 480 km/h.
Cela démontre donc que la valeur de 496 km/h publiée - à la sauvette - par A Prudhomme date de la seconde moitié de l'année 1938, donc des essais du N 161-03.
Depuis que j'ai écris cela en 2016, j'ai publié dans ce blog les données définitives sur le LN 161-03. Mais je pense que mon raisonnement explique le gain de vitesse observé.
Parce que la vitesse d'un avion à une altitude donnée dépend essentiellement de deux paramètres :
Cette vitesse de 496 km/h, plus élevée de 18 km/h que la valeur précédemment publiée, avait été atteinte par le dernier des 3 prototypes (N 161-03), malgré le désastreux pylône anti-capotage bien visible sur les photos.
Ce progrès venait d'un affinement évident de l'avion qui avait eu lieu pendant l'année 1938, affinement qui concernait la proue et que l'on observe sur les photos du N 161-03 :
C'est, entre autres performances, cette vitesse qui explique le commentaire de J. Cuny et R. Danel dans la légende de la photo 8 en page 101 de leur excellent livre L'Aviation de Chasse Française, 1918-1940, Docavia #2, 1973 :
On constate que le Nieuport 161-01, malgré une masse à vide inférieure de 26 kg à celle du MS 405, avait une masse au décollage supérieure de 38 kg, soit 64 kg de masse utile en plus. J'y reviens plus loin.
De ces données de 1936, il ressort que le MS 405 ne pouvait pas escorter les bombardiers rapides de 1940 ni les avions de reconnaissance Potez 637 qui croisaient aux alentours de sa vitesse de pointe réelle (435 km/h), pas plus qu'il ne pouvait mener des interceptions à haute altitude.
Le Nieuport, tel qu’il était déjà en 1936, pouvait déjà mener à bien toutes ces missions, y compris en 1940, puisque ses performances et son armement surclassaient (sauf pour l'autonomie) ceux du Curtiss H 75.
Les 18 m² de voilure du MS 405 de 1936 se retrouvent dans les 4 revues (même si les envergures divergent de 0.80 m entre les Ailes et les deux autres) ainsi que dans la Revue du Ministère de l'Air de la fin de l'année 1936.
Dans son petit War planes of the WW II, Fighter I, W. Green confirmait que le MS 405-02 différait de son prédécesseur par sa voilure de forme modifiée et son moteur HS 12 Ycrs amélioré.
Lors de la description du Nieuport 161 dans les Ailes, le journaliste soulignait que la voilure de ce chasseur disposait d’une surface alaire inférieure de 3 m² à celle du Morane 405, ce qui était tout à fait cohérent.
Sur les plans 3 vues de toutes les revues de l'époque, les ailes du Morane 405 de 1936 affectait alors la forme d'un simple trapèze régulier terminée par un saumon semi-circulaire.
Certes, la portance est très difficile à appréhender à l’œil.
On dira qu'un avion est fin lorsque l'essentiel des sources de traînées (accidents rompant le trajet des filets d'air sur le revêtement de la cellule) disparaissent.
Retour sur le MS 406 : Une prise de poids anormale, mais rendue obligatoire
Si on compare la géométrie du MS 405 de 1936 avec celle que nous connaissons maintenant de la voilure du Morane 406, la différence est flagrante.
Dans ce dernier, le bord d’attaque, initialement rectiligne de l’emplanture jusqu'au saumon, comporte, sur le MS 406, près de l’emplanture, une flèche plus accentuée, tandis que, à partir du train d’atterrissage, la flèche se réduit nettement.
La différence entre la surface du MS 405 de 1936 et celle du MS 406 de 1938 (perte de 0.90 m²) est accompagnée par une augmentation significative de la masse au décollage (de + 230 kg à + 300 kg).
La masse au décollage varie sur les articles Wikipedia suivant la langue des rédacteurs :
Ces combats simulés n'avaient pas donné ce que les décideurs en attendaient.
Peu après, le Groupe 1/7 fut envoyé en Syrie où il resta bloqué jusqu'à la fin de la Guerre de Syrie, à l’Été 1941.
Si on avait voulu que les pilotes qui avaient vécu ces expériences soient réduit au silence, on ne s'y serait pas pris autrement.
" This Morane is France's counterpart of the Hurricane but the performance is not so high nor the armament so heavy."
Dans une légende de photo du Nieuport 161 de la même revue, la même année mais quelques jour plus tôt, on trouvait le commentaire suivant : "The 300 mph Nieuport with Hispano-Suiza Series Y engine and wing mounted radiators."
Pour ces journalistes, le déficit en performances du Morane était évident. Insister sur les 300 mph du N 161 était une manière d'enfoncer le clou.
Il y écrit : "Le
Loire-Nieuport 161 avait séduit, en effet, les utilisateurs de l’Armée de l’Air
par ses possibilités.
Il semble difficile d’ailleurs de faire beaucoup mieux, compte tenu des exigences du programme et des groupes motopropulseurs dont on dispose, sous les divers rapports de la plus grande vitesse horizontale, de la puissance de feu, de la maniabilité et de la visibilité. (…)
Il semble difficile d’ailleurs de faire beaucoup mieux, compte tenu des exigences du programme et des groupes motopropulseurs dont on dispose, sous les divers rapports de la plus grande vitesse horizontale, de la puissance de feu, de la maniabilité et de la visibilité. (…)
Quoiqu’il en soit, le Loire-Nieuport 161 a
l’avantage d’être constitué avec des éléments simples, réalisés à l’aide de
tôles, étirés ou profilés d’alliage L.2.R normalisés. Ces ensembles, robustes
et peu encombrants, sont, avant montage, faciles à stocker et à transporter."
Cette présentation avait manifestement été écrite pour la fin de l’été
1936, en préparation du Salon de l’Aéronautique de cette même année.
CARACTÉRISTIQUES
(publiées par l’Aéronautique
en 1936 et en 1937 par les Ailes.
J’ai mis en bleu les valeurs identiques dans les 2 revues. Tout ce qui est en noir est donné
seulement par les Ailes sauf la seule donnée qui diffère - un petit peu - entre
les deux revues : La vitesse de pointe à 4 000 m).
Envergure 11 m
Longueur 9.565 m
Hauteur 2.950 m
Surface portante 15 m²
Puissance, à l'altitude d'utilisation : 1 moteur Hispano-Suiza 12-Ycrs
de 860 CV.
Poids à vide 1 748 kg
— mobile 530 kg
— total 2 278 kg
Charge par mètre carré 152 kg
— par cheval 2.64 kg
Puissance par mètre carré. 57.30 Cv/m²
Vitesse maximum,
- au sol 398 km/h
- à 2 000 m 435
km/h
- à 4 000 m 478
km/h (les Ailes) - 480 km/h (l’Aéronautique).
- à 6 000 m 470 km/h
- à 10 000 m 398 km/h
- de ralenti 128
km/h (donc sans volet)
- d'atterrissage 110 km/h (tout sorti)
Temps de montée,
- à 2 000 m
2’
30"
- à 4 000 m 4’ 58"
- à 6 000 m
7’
49"
- à 10 000
m 20’ 32"
- Plafond 11 250
m
Ces données recoupent exactement celles publiées par Arnaud
Prudhomme dans l’Air Mag d’Avril 2005 ;
Celles-ci remontent donc bien à 1936 et non à 1937 (ce qui ne veut pas dire que ces
données n’aient pas été simplement recopiées en 1937 !).
Le 16 Septembre 1937, au détour d'un entrefilet consacré à la SNCAO et après avoir évoqué les réceptions de Loire 70 et 130, celles de Bloch 210 et le montage des moteurs GR 14 M sur le LN 20 - qui ne volera jamais - Les Ailes affirmaient :
" Le monoplace L.N.-161 de combat est terminé ; il va voler prochainement et terminera rapidement les essais officiels commencés par le prototype accidenté à Cazaux.
Ce chasseur est le plus rapide que nous possédions : Au poids total de 2.250 kg, il évolue à plus de 450 km/h et il peut franchir 900 km à 320 km/h de croisière.
Il lui reste à effectuer les tirs et les bases."
Le 16 Septembre 1937, au détour d'un entrefilet consacré à la SNCAO et après avoir évoqué les réceptions de Loire 70 et 130, celles de Bloch 210 et le montage des moteurs GR 14 M sur le LN 20 - qui ne volera jamais - Les Ailes affirmaient :
" Le monoplace L.N.-161 de combat est terminé ; il va voler prochainement et terminera rapidement les essais officiels commencés par le prototype accidenté à Cazaux.
Ce chasseur est le plus rapide que nous possédions : Au poids total de 2.250 kg, il évolue à plus de 450 km/h et il peut franchir 900 km à 320 km/h de croisière.
Il lui reste à effectuer les tirs et les bases."
Je rappelle que, à ce moment, le N 161 culminait officiellement à 480 km/h.
Cela démontre donc que la valeur de 496 km/h publiée - à la sauvette - par A Prudhomme date de la seconde moitié de l'année 1938, donc des essais du N 161-03.
Depuis que j'ai écris cela en 2016, j'ai publié dans ce blog les données définitives sur le LN 161-03. Mais je pense que mon raisonnement explique le gain de vitesse observé.
Parce que la vitesse d'un avion à une altitude donnée dépend essentiellement de deux paramètres :
- La traînée (= Cx * S), c'est à dire le produit du Coefficient de pénétration dans l'Air par le maître-couple.
- La puissance.
Cette vitesse de 496 km/h, plus élevée de 18 km/h que la valeur précédemment publiée, avait été atteinte par le dernier des 3 prototypes (N 161-03), malgré le désastreux pylône anti-capotage bien visible sur les photos.
Ce progrès venait d'un affinement évident de l'avion qui avait eu lieu pendant l'année 1938, affinement qui concernait la proue et que l'on observe sur les photos du N 161-03 :
- L'hélice Ratier à moulinet avait été remplacée par une hélice probablement de type Hamilton qui présentait plusieurs avantages sur la précédente : Elle ne freinait plus l'avion pour maintenir le grand pas, et elle permettait une plus grande excursion angulaire du pas (au moins par deux).
- Les multiples prises d'air avaient été regroupées en une seule (qui se redivisait ensuite).
- Cette prise d'air commune, située plus bas sur la proue, était donc alimentée par la partie la plus efficace de l'hélice (section de pale plus éloignée de l'axe porte-hélice), ce qui avait permis d'en limiter la surface, donc d'en diminuer la traînée.
- Cette disposition, manifestement inspirée de celle alimentant le moteur du petit chasseur Mureaux 190, préfigurait celle employée sur le CAO 200. Une disposition identique avait été adopté sur les chasseurs Avia 534 à partir de la version dite -3. En éliminant la couche limite, elle améliorait aussi la puissance du moteur.
- Les carénages des blocs de cylindres du moteur Hispano-Suiza avaient fusionné, à l'image de ce que l'on voit, ensuite, sur le Dewoitine 520. Ainsi, le nombre d'interactions parasites avait fortement diminué.
C'est, entre autres performances, cette vitesse qui explique le commentaire de J. Cuny et R. Danel dans la légende de la photo 8 en page 101 de leur excellent livre L'Aviation de Chasse Française, 1918-1940, Docavia #2, 1973 :
"Concurrent malheureux du MS 405, le LN 161 présentait de nombreuses innovations techniques intéressantes (radiateurs d'ailes, verrière à visibilité arrière, etc.).
Quatre prototypes furent construits, celui illustré ici est le 3ème.
Excellentes performances."
Peut-on imaginer que ces deux excellents ingénieurs aéronautiques, très expérimentés, aient pu se contenter des 480 km/h du N 161 de 1936, alors même qu'ils sacrifiaient à la publication des 488 km/h du MS 406 ?
Morane-Saulnier 405 vs Nieuport 161 : Comparaison des données factuelles publiées en 1936 / 1937
Si on résume ce que nous savons par la presse de l’époque,
la comparaison entre les deux prototypes de chasse à la mi-Septembre 1936 –
date déjà tardive pour le choix - peut se résumer ainsi :
Morane-Saulnier 405
|
Nieuport 161
| |
Vitesse maxi. en altitude
|
443 km/h (?)
|
478 - 480
|
Montée à 4 000 m
|
< 6’ (?)
|
4’ 58"
|
Plafond pratique
|
9 000 m (?)
|
11 000 m
|
Réservoir
|
320 litres
|
360 litres
|
Croisière économique
|
315 km/h
|
350 km/h
|
Autonomie
|
700 km
|
875 - 900 km
|
Surface Alaire
|
18 m²
|
15 m²
|
Masse à vide
|
1 775 kg
|
1 749 kg
|
Masse au décollage
|
2 240 kg
|
2 278 kg
|
Masse utile
|
465 kg
|
529 kg
|
Charge alaire
|
124 kg/m²
|
152 kg/m²
|
On constate que le Nieuport 161-01, malgré une masse à vide inférieure de 26 kg à celle du MS 405, avait une masse au décollage supérieure de 38 kg, soit 64 kg de masse utile en plus. J'y reviens plus loin.
De ces données de 1936, il ressort que le MS 405 ne pouvait pas escorter les bombardiers rapides de 1940 ni les avions de reconnaissance Potez 637 qui croisaient aux alentours de sa vitesse de pointe réelle (435 km/h), pas plus qu'il ne pouvait mener des interceptions à haute altitude.
Le Nieuport, tel qu’il était déjà en 1936, pouvait déjà mener à bien toutes ces missions, y compris en 1940, puisque ses performances et son armement surclassaient (sauf pour l'autonomie) ceux du Curtiss H 75.
Il est exact, bien sûr, que le MS 405 de 1936 était capable de
virer plus court que le Nieuport 161 à basse et moyenne altitude
(4 000 m) à cause d’une charge alaire de 28 kg/m² inférieure.
Mais, au delà de 4 000 m, cet avantage du Morane était obligé de disparaître.
Mais, au delà de 4 000 m, cet avantage du Morane était obligé de disparaître.
L’évolution du MS 405 vers le "Morane 406"
Si on compare les données concernant le MS 405 publiées par les Ailes et l’Aéronautique aux valeurs communiquées après la guerre pour le
Morane 406, on est bien obligé de constater une série d’anomalies.
Des
différences significatives concernent la surface de la voilure, les masses à
vide et au décollage et, par voie de conséquence, la charge alaire et la charge
au cheval.
Morane 405
L’Aéronautique, l’Aéro, les Ailes, la Revue du Ministère de l'Air
Déc. 1936, Nov. 36 Nov. 1937
!!!!!!!!!!
|
Morane 406
Wikipédia (Allemand)
2018
|
|
Surface (m²)
|
18
|
17.10 ==> - 0.90
|
Masse à vide (kg)
|
1 775
|
1 895 ==> + 120
|
Masse au décollage
(kg)
|
2 240
|
2 540 ==> + 300
|
Masse utile (kg)
|
465
|
545 ==> + 80
|
Charge alaire (kg/m²)
|
124
|
149 ==> + 25
|
Rapport
poids / puissance (kg/Cv)
|
2.60
|
2.95
|
Charge alaire et temps pour un 360°
Les 18 m² de voilure du MS 405 de 1936 se retrouvent dans les 4 revues (même si les envergures divergent de 0.80 m entre les Ailes et les deux autres) ainsi que dans la Revue du Ministère de l'Air de la fin de l'année 1936.
Dans son petit War planes of the WW II, Fighter I, W. Green confirmait que le MS 405-02 différait de son prédécesseur par sa voilure de forme modifiée et son moteur HS 12 Ycrs amélioré.
Lors de la description du Nieuport 161 dans les Ailes, le journaliste soulignait que la voilure de ce chasseur disposait d’une surface alaire inférieure de 3 m² à celle du Morane 405, ce qui était tout à fait cohérent.
Sur les plans 3 vues de toutes les revues de l'époque, les ailes du Morane 405 de 1936 affectait alors la forme d'un simple trapèze régulier terminée par un saumon semi-circulaire.
Aucune erreur n’est donc possible du côté des chroniqueurs.
L’image de l’avion donnée par le CEMA et par Bonte est donc
absolument cohérente avec ce MS 405 initial, de 1936, plus léger de 200 à 300 kg,
donc plus manœuvrant et même meilleur grimpeur que le Morane 406 de Mai
1940.
{Pour mémoire, la charge alaire du Spitfire K 5054
était de 107 kg/m², celle des Spitfire Mk I de 1939 de 117 kg/m² et celle du Spitfire Mk I bis du 19 Mars 1940 atteignait 124 kg/m².}
Avec une telle charge alaire et un tel rapport poids puissance,
le Morane 405 de Juin 1936 était sûrement un adversaire difficile pour le Nieuport 161 en
combat tournoyant (mais seulement dans ce domaine, et presque uniquement à basse altitude).
Morane 405 L’Aéronautique, l’Aéro, les Ailes, la Revue du Ministère de l'Air Déc. 1936, Nov. 36 Nov. 1937 !!!!!!!!!! | Morane 406 Wikipédia (Allemand) 2018 | |
Surface (m²) | 18 | 17.10 ==> - 0.90 |
Masse au décollage (kg) | 2 240 | 2 540 ==> + 300 |
Charge alaire (kg/m²) | 124 | 149 |
Temps pour 360° | 15.5" | 18" (Détroyat) |
La finesse du Nieuport 161
Pour un aérodynamicien, la finesse d'un avion - pour une vitesse donnée - est son rapport portance / traînée.
Certes, la portance est très difficile à appréhender à l’œil.
Par contre, tout facteur augmentant la traînée est assez facilement décelable.
La voilure, en général, constitue le principal facteur de traînée du planeur seul (i.e. dépourvu de tout accessoire) à cause de :
- Sa surface portante : Celle du MS 405 était de 20 % supérieure à celle du Nieuport.
- Sa surface frontale (qui fait partie du maître-couple).
- Son épaisseur relative.
- Son profil.
- Son interaction, à l'emplanture, avec le fuselage (raccord Karmann, par exemple).
- Les tourbillons émis à l'apex de chacune des ailes et que l'on combat par :
- L'allongement :
- Le MS 405 avait un allongement de 6.4,
- Le MS 406, passait à 6.7,
- L’allongement du Nieuport 161, de 8.1, était notablement meilleur.
- L'effilement (dont on peut avoir une idée en calculant le rapport de la différence des bases de la partie trapézoïdale d’une des ailes par la hauteur dudit trapèze),
- Une forme d’allongement, que l’on pourrait définir comme le rapport entre la longueur totale et le plus grand des 2 "diamètres" perpendiculaires à l’axe longitudinal du fuselage de l’avion en ligne de vol,
- La réduction au minimum des interactions parasites, ce qui fait la différence entre les ingénieurs habitués à concevoir des avions rapides et les autres.
- La roulette de queue du Nieuport était escamotable.
- L'empennage du Nieuport était en porte à faux (sans mât de soutien), disposition si difficile à mettre au point sur le Messerschmitt 109 F de 1941 (2 accidents mortels).
- La proue du N 161-01, déjà nettement plus fine que celle du MS 405, s'améliore beaucoup sur le 161-03 (voir 2 sections plus haut).
- L’état de surface : Celui du Nieuport, monocoque intégralement métallique à revêtement travaillant, tant au niveau des ailes qu'au niveau du fuselage, était le meilleur, de loin. Celui du Morane, au fuselage entoilé, ne souffrait pas la comparaison. {Par contre, les mauvaises peintures employées pour camoufler les avions ne sont pas imputables à Morane-Saulnier, même si elles contribuèrent à la lenteur des avions.}
- Le N 161 était le seul des deux chasseurs à respecter la version empirique de la loi des aires (i.e. faire en sorte que les diverses résistances aérodynamiques n'apparaissent pas simultanément dans la même section de la veine d'air parcourue par l'avion)
- Les radiateurs d'eau et d'huile pouvaient avoir, à eux seuls, une traînée égale ou supérieure à celle du fuselage entier (cas du D 520 S) ! Le radiateur d’eau du Morane était l’exemple à ne pas suivre, il ne suivait pas les concepts de Meredith, pourtant largement publiées dans les revues aéronautiques Françaises de l'époque et appliqués, avec quelque mois de retard, sur le Hurricane prototype K 5083.
La
finesse du Nieuport devait donc être considérable et le bureau d'étude avait réussi à faire encore progresser le N 161-03 de 18 km/h par rapport au prototype de 1936 malgré
une année marquée par bien des conflits sociaux qui bloquèrent la construction et la mise au point des
avions commandés.
Les
progrès réalisés par le bureau d'études Nieuport peuvent se comparer à ceux réalisés par Dewoitine
avec le D 520.
Retour sur le MS 406 : Une prise de poids anormale, mais rendue obligatoire
Si on compare la géométrie du MS 405 de 1936 avec celle que nous connaissons maintenant de la voilure du Morane 406, la différence est flagrante.
Dans ce dernier, le bord d’attaque, initialement rectiligne de l’emplanture jusqu'au saumon, comporte, sur le MS 406, près de l’emplanture, une flèche plus accentuée, tandis que, à partir du train d’atterrissage, la flèche se réduit nettement.
La différence entre la surface du MS 405 de 1936 et celle du MS 406 de 1938 (perte de 0.90 m²) est accompagnée par une augmentation significative de la masse au décollage (de + 230 kg à + 300 kg).
Ceci est cohérent avec la charge alaire significativement plus forte du MS 406 (+ 25 kg/m², le
double de ce que le Spitfire MK I a
connu dans le même temps).
Le moteur du MS 406 n’avait pourtant pas changé, la cellule non plus, bien
que les ailes aient été allégées de 46 kg (voir plus loin).
Les sources du surpoids :
On part de 2 420 kg pour les Anglophones à 2 470 kg pour les Russes puis à 2 540 kg pour les Allemands pour atteindre 2 600 kg pour les Finlandais qui l'ont employé avec succès contre l'URSS (Leur Mörkö Morani, bien plus puissant, passait logiquement les 2 787 kg).
Je me suis rendu compte que, en partant des masses annoncées initialement, on arrive à une masse maximale au décollage du MS 406 de 2 500 kg.
Les valeurs supérieures, probablement mesurées après le déclenchement de la guerre, intègrent probablement différents types ou épaisseurs de blindage.
Voici quelques éléments du raisonnement :
- Un premier surpoids vient du réservoir supplémentaire de 80 (voire 90) litres qu’il fallut installer dans les MS 406 lorsque l’on eut constaté que le réservoir de 320 litres du MS 405-01 ne leur permettait absolument pas de tenir les 2 heures 30 minutes à 320 km/h exigées par le programme. Par analogie avec celui du N 161 de 360 litres dont on sait qu'il pesait 50 kg à vide, le réservoir de 320 litres devant peser dans les 45 kg à vide : Le nouveau réservoir devait amener un supplément du poids - à vide - d'environ 15 kg. Il avait été supprimé par les Suisses.
- Un autre surpoids vient du système refroidissement (pourtant toujours aussi inefficace). Le radiateur rétractable exigeait en effet :
- Un mécanisme de commande et de rétraction (vérins, engrenages et rails de guidage divers),
- Un carénage en tôle pour canaliser l’air lorsque le radiateur était en position rétracté,
- Des durites souples évidemment plus longues.
- Le tout devait peser de l'ordre de 50 kg.
- Le réducteur 2/3 et l'hélice de 3.0 mètres de diamètre induisaient nécessairement un sur-poids d'au moins 50 kg (chez nos alliés Britanniques, le passage de l'hélice de Havilland à 2 pas à la Rotol à vitesse constante s'est traduit par un excès de poids de 100 kg). Soit un total ajouté à la masse à vide de 115 kg au minimum.
Ces 115 kg faisaient passer la masse à vide de 1 775 à 1 890 kg.
Mécaniquement, la masse au décollage passe alors de 2 240 kg à 2 355 kg.
Mécaniquement, la masse au décollage passe alors de 2 240 kg à 2 355 kg.
Les 60 kg d’essence ajoutés mènent aux 2 415 kg, proches de ce que l’on trouve dans le Wikipédia Anglophone. C'est la masse en mission d'interception pour une autonomie de 1 heure 45 minutes.
Le livre Le Morane 406 de Comas et al. (Lela presse) donne une masse à vide de 2426 kg et une masse maximale de 2 500 kg.
D’un autre côté, le MS 406 avait perdu de la
surface de voilure pour gagner de la vitesse !
La diminution de voilure était, depuis 1913 au moins, une des méthodes classiques utilisées pour gagner des courses.
La diminution de voilure était, depuis 1913 au moins, une des méthodes classiques utilisées pour gagner des courses.
Dans le cas du MS 406, cette solution était logique, vu que, pour un chasseur à moteur en ligne et train escamotable, la voilure seule représentait, en général, en moyenne, les 2/3 de la traînée
La vitesse de 486 km/h fut annoncée à 5 000 m.
L’augmentation de masse au décollage et la diminution de la
surface de voilure avait pour conséquence une augmentation significative de la
charge alaire (de 142 à 149 kg/m² suivant la configuration).
Si le pilotage gardait ses équilibres intrinsèques, le rayon de
virage avait un peu augmenté.
Ceci explique les 18 secondes nécessaires pour un 360° mesurés par Michel Détroyat fin 1939, un bon temps malgré tout, mais supérieur de 2 secondes
aux 16 secondes données par Vernhold en 1936.
Morane-Saulnier 406
|
Nieuport 161
|
|
Vitesse maxi. en
altitude
|
450 km/h
|
480 km/h
|
Montée à 4 000
m
|
6’ 40"
|
4’
58"
|
Plafond pratique
|
9 300 m
|
11 000
m
|
Réservoir
|
400
litres
|
360 litres
|
Croisière
économique
|
315 km/h
|
350 km/h
|
Autonomie
|
650 km
|
875 km
|
Surface Alaire
|
17.1 m²
|
15 m²
|
Masse au décollage
|
2 540 kg
|
2 445 kg (?)
|
Charge alaire
|
149
kg/m²
|
164 kg/m²
|
Curieusement, le Nieuport 161, lui aussi, avait pris du poids
à la mi-38. Si cela avait un sens pour le MS 406, dont les créateurs avaient oublié de monter un réservoir correspondant à la mission type, ce n'était pas le cas du Nieuport 161.
J’ai contesté la masse à vide de 1 915 kg publiée par Arnaud Prudhomme parce que je n’avais pas alors connaissance des masses à vide et en charge du Morane 405 de 1936, jamais publiées nulle part pour le grand public d'après guerre.
J’ai contesté la masse à vide de 1 915 kg publiée par Arnaud Prudhomme parce que je n’avais pas alors connaissance des masses à vide et en charge du Morane 405 de 1936, jamais publiées nulle part pour le grand public d'après guerre.
Chez le Nieuport, cette augmentation de
165 kg comporte probablement 50 kg de blindage.
Par contre, le pylône anti-capotage, imposé sous cette forme à ce seul avion, devait peser bien plus de 60 kg pour pouvoir résister à l’impact de la queue sur le sol, et bien sûr, il rajoutait une traînée non nulle qui devait manger au moins 10 km/h !
Par contre, le pylône anti-capotage, imposé sous cette forme à ce seul avion, devait peser bien plus de 60 kg pour pouvoir résister à l’impact de la queue sur le sol, et bien sûr, il rajoutait une traînée non nulle qui devait manger au moins 10 km/h !
Mais pour Archimède en personne, ce pylône n'avait aucune raison d'être monté : Quels sont les avions qui se mettent en pylône (nécessairement à l'atterrissage) ? Des avions très courts et dont l'avant est très chargé.
Le MS 406/405 fait 8.13 m de long et a les 850 kg de moteur très en avant du centre de gravité.
Ensuite, immédiatement avant l'aile, le radiateur d'huile doit représenter de l'ordre de 60 kg auquel on rajoutera le canon HS 404 de 100 kg au total et pour finir, on rajoute le radiateur d'eau escamotable (150 kg) qui est situé avant le centre de poussée.
Donc, un freinage trop fort met l'avion sur le nez. Voyez ,à la page 269 du livre de Mathieu Comas et al. sur le MS 406 l'image d'un de ces avion ayant complètement capoté.
Pour le Nieuport, les radiateurs d'eau sont, comme le pilote, placé en arrière du centre de gravité.
La fin du fuselage rajoute près 1.50 m de bras de levier arrière et un peu de poids structurel. Donc le Ni 161 avait une très faible probabilité de se renverser.
Puisque la différence de charge alaire entre le Morane
et le Nieuport passait de 24.6% à 9.2%, la différence de
maniabilité entre les deux chasseurs devenait nettement moins perceptible, puisque la finesse du Nieuport réduisait le freinage en virage.
Epilogue
Le 21 Juillet 1938, Les Ailes réagissaient ainsi à l'absence du Nieuport à la Fête de l'Air :
LE CHASSEUR NIEUPORT-161, moteur-canon Hispano-Suiza, que l'on a eu le regret de
ne pas voir évoluer à la Fête de l'Air, vole toujours avec Lefebvre, de la S.N.C.A. de l'Ouest.
Que fera-t-on, en définitive, de cet avion ?
Que fera-t-on, en définitive, de cet avion ?
La tristesse évidente de ce commentaire est absolument unique parmi tous les articles que j'ai pu lire dans cette revue.
Pourtant, ses journalistes avaient mené maintes batailles et en avaient déjà perdues quelques unes.
Cette fois-ci, il paraît évident que l'absence de commande pour le N 161 leur était apparu comme à la fois une injustice flagrante et l'annonce d'une catastrophe militaire.
L'Aéronautique, qui avait suggéré la commande de N 161 dans son numéro du Salon de Paris de 1936, revint à la charge fin 1938 en donnant le détail des températures relevées en vol pendant les essais les plus durs réalisés avec le chasseur Nieuport.
C'était une manière indirecte d'insister sur le mauvais refroidissement du Morane 406.
Encore fallait-il savoir lire entre les lignes !
Encore fallait-il savoir lire entre les lignes !
En Novembre 1938, justement, le groupe de Chasse I/7, qui comprenait la première escadrille entièrement équipée de Morane-Saulnier 406, fit des exercices de combats avec les meilleurs chasseurs de la génération précédente :
"Dans des combats menés à moyenne altitude, les Morane étaient attaqués par des Dewoitine 510 ou des Spad 510 [avions conçus en 1930].
Ces derniers avaient démontré leur incontestable supériorité par leur maniabilité supérieure et leur bien meilleure vitesse ascensionnelle : Ces deux qualités leur permettaient de se placer rapidement dans la queue des MS 406, sans que ceux-ci puissent s'échapper car leur vitesse n'était que marginalement supérieure…"
Ces combats simulés n'avaient pas donné ce que les décideurs en attendaient.
Peu après, le Groupe 1/7 fut envoyé en Syrie où il resta bloqué jusqu'à la fin de la Guerre de Syrie, à l’Été 1941.
Si on avait voulu que les pilotes qui avaient vécu ces expériences soient réduit au silence, on ne s'y serait pas pris autrement.
Une sensibilité Britannique, juste avant l'entrée en Guerre
La revue Flight, du 1er Décembre 1938, abordant le Salon de Paris, donnait cet avis sur le MS 406 :" This Morane is France's counterpart of the Hurricane but the performance is not so high nor the armament so heavy."
Dans une légende de photo du Nieuport 161 de la même revue, la même année mais quelques jour plus tôt, on trouvait le commentaire suivant : "The 300 mph Nieuport with Hispano-Suiza Series Y engine and wing mounted radiators."
Pour ces journalistes, le déficit en performances du Morane était évident. Insister sur les 300 mph du N 161 était une manière d'enfoncer le clou.
Analyse I : La méthode
Allemande dans le choix des chasseurs en 1936
Les chasseurs Allemands devaient monter à 6 000 m en moins de 17 minutes et y maintenir 400 km/h pendant 20 minutes ce qui exigeait une vitesse de pointe bien supérieure. Deux avions seulement passèrent les épreuves officielles :
- Le Heinkel He 112, intrapolation du Heinkel 70 Blitz de transport rapide et de reconnaissance, fut d’abord équipé d’une aile de 23.5 m² et d’un fuselage curieusement bien moins lisse que celui de son prédécesseur.
- Le Messerschmitt Bf 109 était, lui, une extrapolation de l’avion de grand tourisme Bf 108 Taifun. Avec une voilure de surface similaire (16.30 m²), sa cellule était à la fois affinée et renforcée pour supporter un moteur bien plus puissant et des manœuvres bien plus violentes.
Bf 109-V3 - D-IOQY - Une toute autre finesse, à part le radiateur...
Ces deux chasseurs furent
confrontés l’un à l’autre avec rigueur.
Le Heinkel virait plus court que le
Messerschmitt, était bien plus facile au sol à cause de son train à large voie
et disposait de 40% d’autonomie en plus.
Par contre, il ne dépassait
pas 440 km/h en vitesse de pointe, alors que le Bf 109 V1 volait à 473 km/h.
En
outre, la conception de sa cellule - à la différence de celle du Messerschmitt - ne tenait pas compte de la rapidité de
construction.
Analyse II : Les motivations des décideurs français
Le lobby mondain ?
Le
Morane 405-01 avait de remarquables capacités de manœuvre et fut donc lourdement
poussé au CEMA par bon nombre de lobbyistes.
Pourquoi
parler de lobbyistes ?
Parce
que, en fouinant dans les hebdomadaires d’Aviation des années 30, j’ai eu la
surprise de voir que les rubriques concernant les avions en essais étaient "encombrées" par l’actualité de l’école
de pilotage Morane-Saulnier de Villacoublay.
Le
gratin de la haute société Parisienne venait y apprendre à voler ou se perfectionner.
Cela concernait tout ce qui était alors appelé "le grand monde", y compris des personnels appartenant aux corps diplomatiques étrangers en poste à Paris !
Cela concernait tout ce qui était alors appelé "le grand monde", y compris des personnels appartenant aux corps diplomatiques étrangers en poste à Paris !
Tout
ce joli monde pouvait donc savoir exactement ce que notre pays préparait pour son aviation
future.
Evidemment,
lorsqu’un important ministre venait aussi y apprendre à voler (ce qui fut justement le cas de
Pierre Cot en 1936), cela ne pouvait pas être fait ailleurs qu’à Villacoublay, et, comme par hasard, à l’école
Morane-Saulnier.
Bien difficile alors de ne pas avoir une sympathie agissante pour cette firme dont les instructeurs devaient difficilement se priver de critiquer les avionneurs concurrents à mots - pas forcément - couverts.
Bien difficile alors de ne pas avoir une sympathie agissante pour cette firme dont les instructeurs devaient difficilement se priver de critiquer les avionneurs concurrents à mots - pas forcément - couverts.
De la désinformation !
Le 18 Février 1937, les Allemands
dévoilaient le biplan de Chasse Heinkel 51, qui vérifiait sur le terrain Espagnol leurs théories aérienne. Ils le remplacèrent en Allemagne par l’Arado 68, nettement plus performant.
C’était une exigence logique
pour un pays qui n’avait plus formé de jeunes pilotes de Chasse depuis 1918.
Dans le même temps, il fut raconté que les pilotes Allemands du RLM regardaient avec méfiance le Messerschmitt 109 et exprimaient leur faveur envers le Heinkel 112 (plus manœuvrant et doté d'une meilleure autonomie).
L'histoire - telle qu'écrite par les Britanniques - dit que les décideurs Milch et Udet s'étaient inquiétés de l'existence du Spitfire qui aurait été commandé dès Mars 1936.
Certes, Hitler ne désirait pas la guerre avec la Grande-Bretagne.
Mais, en ce qui concerne le concours Allemand, la décision n'a été prise qu'en Juin 1936, alors que le Spitfire n'avait volé que le 5 Mars de cette même année.
Seul le Hurricane était déjà commandé.
Mais cette persistance dans la recherche d’avions maniables, comme le suggérait aussi l’exigence d’une charge alaire de 100 kg/m² dans le programme du concours Allemand des chasseurs de 1936, entraîna nos décideurs à privilégier, eux aussi, un chasseur très manœuvrant.
L'histoire - telle qu'écrite par les Britanniques - dit que les décideurs Milch et Udet s'étaient inquiétés de l'existence du Spitfire qui aurait été commandé dès Mars 1936.
Certes, Hitler ne désirait pas la guerre avec la Grande-Bretagne.
Mais, en ce qui concerne le concours Allemand, la décision n'a été prise qu'en Juin 1936, alors que le Spitfire n'avait volé que le 5 Mars de cette même année.
Seul le Hurricane était déjà commandé.
Mais cette persistance dans la recherche d’avions maniables, comme le suggérait aussi l’exigence d’une charge alaire de 100 kg/m² dans le programme du concours Allemand des chasseurs de 1936, entraîna nos décideurs à privilégier, eux aussi, un chasseur très manœuvrant.
Les informations qui avaient transpirées en Occident sur le Messerschmitt 109 décrivait un avion peu armé qui atteignait près de 460 km/h, très manœuvrant, et qui montait à 6 000 m en 12 minutes.
On pensa que le MS 406 tiendrait son rang face à cet avion peu puissant mais construit à plusieurs centaines d'exemplaires.
Nos décideurs (tout comme les Britanniques) restèrent aveugles lorsque le Bf 109 V1 fit une démonstration publique à l’occasion des Jeux Olympique de Berlin en 1936.
A Zurich, une année plus tard, nos D 510 furent ridiculisés non seulement par les Bf 109, mais aussi par les Dornier 17 qui pouvaient voler opérationnellement 50 km/h plus vite qu'eux !
Au milieu de 1938, les Allemands savaient que les Britanniques avaient misé sur le Hurricane Mk I et que les Français avaient privilégié le MS 406.
On pensa que le MS 406 tiendrait son rang face à cet avion peu puissant mais construit à plusieurs centaines d'exemplaires.
Nos décideurs (tout comme les Britanniques) restèrent aveugles lorsque le Bf 109 V1 fit une démonstration publique à l’occasion des Jeux Olympique de Berlin en 1936.
A Zurich, une année plus tard, nos D 510 furent ridiculisés non seulement par les Bf 109, mais aussi par les Dornier 17 qui pouvaient voler opérationnellement 50 km/h plus vite qu'eux !
Au milieu de 1938, les Allemands savaient que les Britanniques avaient misé sur le Hurricane Mk I et que les Français avaient privilégié le MS 406.
Ils basculèrent la production de Messerschmitt vers le Bf 109 E à moteur DB 601, 350 Cv plus puissant...
L’état-major de l’Air Français avait eu la confirmation que le Morane 406 ne tenait aucune de ses spécifications de performances : Le Nieuport 161 aurait dû être immédiatement commandé en masse à sa place.
J’imagine que la très mauvaise
santé du général Philippe Féquant (qui allait mourir quelques mois après sa démission de son poste de Chef d’état-major
de l’Armée de l’Air) l’empêcha de suivre tous les détails du concours.
Cela me
rend particulièrement sévère envers ceux qui firent voler le MS 406 avec des moteurs plus
puissants que ceux qui allaient être montés réellement et qui surchargèrent le Nieuport
161 de masses qui n’avaient aucune raison d’être montées dessus.
Ils portent une énorme part de la responsabilité de la défaite, non seulement aérienne, mais aussi terrestre, de notre pays en Juin 1940.
La persistance de la publication de performances gonflées du Morane-Saulnier 406 bien après la fin de la Seconde Guerre Mondiale ne pouvait donc avoir qu'un but : Faire oublier la défaillance des services techniques de l'Aéronautique Française comme celle des décideurs politiques qui les ont suivis - voire précédés - dans cette voie.
Mieux valait donc faire oublier l'excellent travail parfaitement réalisé par nos véritables avionneurs de Chasse :
Ils portent une énorme part de la responsabilité de la défaite, non seulement aérienne, mais aussi terrestre, de notre pays en Juin 1940.
La persistance de la publication de performances gonflées du Morane-Saulnier 406 bien après la fin de la Seconde Guerre Mondiale ne pouvait donc avoir qu'un but : Faire oublier la défaillance des services techniques de l'Aéronautique Française comme celle des décideurs politiques qui les ont suivis - voire précédés - dans cette voie.
Mieux valait donc faire oublier l'excellent travail parfaitement réalisé par nos véritables avionneurs de Chasse :
- Nieuport,
- Loire,
- Les Mureaux,
- Bloch,
- Dewoitine,
- Potez.
Il me semblait que sur cette affaire MS-405(406)/N-161 nous avions les points suivant.
RépondreSupprimer- Durant les essais le Nieuport 161 a montré un problème aérodynamique (radiateur d’aile) qui si il était rattrapable devait induire une nouvelle conception. Travail dont on ne savait pas la lourdeur et la durée ni même le résultat, le choix de la sureté a alors fait pencher la balance vers le MS-406.
- Que les MS-406 et N-161 se comparaient au Bf-109 B qui n’était pas encore le brillant Bf-109 Emil.
- Et que donc le MS-406 outre des défauts (mais quel avions n’en possède pas ?) n’avait pas le potentiel intrinsèque d’évolution du Bf-109.
J’ai lu récemment une suite d’article dans le Fana de l’aviation sur l’utilisation de MS-406 par les finlandais contre les russes. Leur ennemi étant bien moins affuté que la Luftwaffe à cette époque, le MS-406 entre les mains finlandaise n’a pas démérité.
Cher ami, la théorie des radiateurs d'ailes est infondée : Le capitaine Coffinet s'est tué parce qu'on lui a fait tirer sur cible au sol avec un avion dont il n'avait pas évalué suffisamment (ou pas du tout) la finesse en piqué.
RépondreSupprimer-Les témoins n'ont pas décelé de faute de l'avion, ce qui coincide avec la version des Ailes (figure acrobatique à basse altitude). Les LN 40, 401, 411, 402 avaient les mêmes radiateurs et se posaient sans problème sur le PA Béarn.
- Si le Nieuport l'aurait emporté facilement sur le Bf 109 B et sa vitesse ascensionnelle leur apportait beaucoup de voies de sorties. Ce n'était pas le cas du MS 406 en tant qu'avion. Par contre, nos pilotes surclassaient les pilotes Allemands en 1939. Ce fut moins le cas en 40...
-Un avion de chasse sans finesse ne doit connaître qu'une destination : La casse.
-Oui, les Finlandais ont très bien tenu contre les Soviétiques. Mais ces derniers ne leur ont pas envoyé leurs meilleurs pilotes ni leurs meilleurs avions... Ces pilotes étaient mal entraînés et ne connaissaient en général pas l'emploi de la radio (avant la mi- 1942).
De tout manière, la gestion des ressources humaines par Staline est l'exemple parfait de ce qu'il ne faut jamais faire.
Mon petit cousin était pilote d'essais mort aux commande sur MORANE 406 EN 1939 RAOUL RIBIére à celle les bordes le 29 07 1939
RépondreSupprimerCher ami, j'ai du mal à comprendre votre commentaire : Le journal Les Ailes, dans sa livraison du 5 Août 1937, rapporte la mort de Ribière le 28 Juillet 1937.
SupprimerLe journal évoque une syncope de cet excellent pilote.
Pour ma part, le plus probable est que la très faible vitesse de montée du MS 405/406 a probablement vidé la bouteille d'oxygène avant d'arriver au plafond. C'est donc un problème de performances.
Bonne Année 2017 !