lundi 31 août 2020

L'Enfer de la Flak, authentique Surprise Stratégique de 1940 (Révisé le 07 Février 2024 ***)


Avertissement à mes lecteurs Français : Les premiers mois de la guerre ne se sont pas bien passés pour nous. Normal. 
Nous, les Alliés, nous n'avions pas étudié la guerre de façon sérieuse : Les décideurs politiques le refusaient. Lorsque nous eûmes remédié à ces insuffisances, nous pûmes rétablir l'équilibre nécessaire avec Hitler et ses petits camarades pour, enfin, le battre.



Dans son livre L'Aviation Militaire Française, initialement publié en 1935 et mis à jour jusqu'en 1940, le futur Amiral Pierre Barjot décrivait certes notre aviation de combat et son environnement, mais il donnait aussi une idée de ce qui était alors les limites acceptables des exercices pour nos états-majors.

Ainsi, décrivant une future attaque nocturne d'un objectif ami par 20 bombardiers ennemis, il souligne les nombreuses difficultés du genre et en imagine l'issue (page 156) : 
"Le communiqué portera demain : "Vingt de nos avions ont réussi, pendant la nuit, à bombarder l'Arsenal de X... ; Six ne sont pas rentrés à leur base
". Communiqué qui, dans sa sécheresse, a l'air de relater un succès. 
Mais, au fond, l'expédition aura été un échec... 6 sur 20, la proportion des pertes est trop forte pour que le commandement qui a monté l'opération ait envie de recommencer, le prix de l'attaque est trop cher...
Cette proportion schématise la valeur de la défense aérienne
La défense aérienne la plus efficace ne peut prétendre arrêter les raids aériens. Mais elle peut les faire payer suffisamment cher pour que l'ennemi hésite à les renouveler. "

Cette défense aérienne repose en grande partie sur la Défense Contre Avions (DCA).

Initialement, la DCA fut une part de l'Artillerie. 

Chez nous (comme chez la majeure partie de nos Alliés de la Grande Guerre), elle commença par l'emploi de notre canon de 75 mm modèle 1992, à cause de sa - relative - légèreté, de sa grande rapidité de tir de 15 à 30 
cpm (coups par minute ) et de sa précision remarquable (le Spad VII de Guynemer, pris pour un avion Allemand, fut abattu à plus de 3 000 m d'altitude).

Par contre, et toujours pendant la Grande Guerre, Allemands et Austro-Hongrois, profitant de la rapidité de remplacement des chargeurs de leurs fusils Mauser, arrosèrent les avions alliés par les tirs de leurs troupes dès lors qu'elles étaient survolées à faible altitude (dans l'article donné en lien, allez dans la section : Vers la victoire, malgré les pertes).

Cela pouvait avoir des conséquences tragiques pour nos avions et leurs équipages. 

Cette méthode est toujours en vigueur de nos jours car les fusils d'assaut permettent à chacun d'envoyer très rapidement une dizaine de balles très véloces.

En 1939, tous les fusils Lebel auraient dû être oubliés car désuets

De nouvelles armes les remplaçaient. 
Bien plus précises, beaucoup plus puissantes, elles étaient mieux adaptées à traiter les avions ennemis susceptibles d'occuper les différentes strates d'altitudes plus de 2 fois plus vite que leurs ancêtres de la Grande Guerre. 
En outre, leur mode d'emploi était plus facile. 

Chez nous, hélas, les édiles faisaient des campagnes électorales pacifistes au printemps 1936, comme toujours depuis 1919, trompant le peuple en niant le danger de guerre

Quelques mois plus tard, nos mêmes dirigeants s'étonnèrent que leurs propres députés ne votent pas leurs programmes d'armement !


En plus, les choses se compliquaient et cela aurait dû déboucher sur une réflexion sur la notion même d'Arme.

En France, par exemple, on regroupait les militaires suivant l'arme-outil dont ils se servaient pour combattre et non en fonction du but tactique qu'ils devaient atteindre

Ainsi l'emploi de fusils entraînait automatiquement le classement dans l'Infanterie.

De même, l'emploi des canons entraînait le classement dans l'Artillerie, arme de soutien de l'Infanterie, quelque soit le but réel de l'arme-outil considérée. 

Ainsi en alla-t-il malheureusement de la DCA, mais aussi des groupes d'Artillerie anti-chars

Cela explique que nos chars furent d'abord attribués à l'Infanterie (qu'ils devaient soutenir) et que, plus tard, ils furent partagés entre cette dernière et la Cavalerie. 


L'emploi à bord de navires amenait automatiquement dans la Marine. Cependant, depuis des centaines d'années, la Marine était déjà vue comme une Arme majeure, c'est à dire non plus seulement un outil mais une philosophie générale servant la Nation en temps de Guerre

La Marine comprend des petits et des grands navires qui peuvent porter des canons, des hommes, des avions, voire bien davantage. 

Il en va de même de l'Infanterie, de l'Aviation, voire de l'Espace ou de l'Information.

{Dans la suite de ce texte, les données techniques viennent soit de Wikipedia dans les langues que je peux lire, soit de ce site }


L'exemple Allemand, tellement rationnel


Dans le Reich d'Hitler, la notion d'Arme pouvait, enfin, être liée à l'objectif militaire recherché plutôt qu'à l'outil destructeur employé. 

Hermann Goering et ses amis créèrent, et de loin, la meilleure organisation anti-aérienne du monde, du moins de 1936 à 1945. 

Cette nouvelle doctrine résultait des retours d'expériences de survivants Allemands des offensives de 1918, qui avaient subi de plein fouet la puissante action de la division aérienne du Général Marie Charles Duval
Goering commandait toute l'aviation Allemande et pensait que la Flak, du fait qu'elle luttait contre les avions ennemis, ne pouvait pas figurer ailleurs qu'au sein de sa Luftwaffe

Son raisonnement était implacablement logique    
    • Abattre un avion demandait d'abord de savoir distinguer entre avions amis et avions ennemis. 
      • Toute personne disant que cette tâche est élémentaire démontre qu'elle n'a jamais eu à l'accomplir, car les avions se présentent rarement deux fois sous le même angle et encore moins sous un éclairage identique. La Bataille de Barking Creek (2 Hurricane abattus et un pilote tué par des Spitfire) en fut la preuve absolue.
      • Quiconque passe sa vie sur les bases d'aviation de son Armée de l'Air, sera nécessairement habitué à l'aspect et au bruit de ses avions (on n'imagine difficilement qu'il leur tire dessus).
    • Les obus lancés par les canons de l'Artillerie dite classique "s'intéressent" à la surface du cercle qui entoure ses batteries
    • Par contre, les canons Anti-Aériens doivent toucher une cible volant dans tout l'hémisphère situé au-dessus d'eux, donc dans un volume. La DCA n'est donc pas du tout le même métier et son travail est considérablement plus difficile, d'autant plus que la pièce qui doit tirer est fixe alors que l'avion à abattre est parfaitement mobile.  
    • La compétence anti-aérienne de la DCA repose d'abord sur le système d'alerte :
      • Immédiat,
      • identifiant avec précision la nature de la menace (type et nombre des avions, direction suivie, vitesse, altitude, etc), 
      • aptitude à préparer les canons à tirer instantanément vers leur cible (voir plus loin). 
    • Cette compétence est la même pour défendre une ville, un pont, une usine, un aérodrome, voire, pourquoi pas, une Division Blindée !   
    • Enfin, les canons ne peuvent pas tout : Ils peuvent donc avoir à laisser la place à la Chasse, et dans ce cas précis, ils ne doivent pas surtout pas tirer sur leurs propres chasseurs

L'expérience de la guerre donna fondamentalement raison au Maréchal Goering sur tout ces points, même si, à la fin de la guerre, l'influence de la chasse devint prépondérante. 

{La base conceptuelle interarmes du brillant succès Germanique que constitue la Flak ne fut pas comprise par toute la Wehrmacht, puisque Goering lui-même ne sut pas permettre la création d'une véritable Aéronavale et que l'Artillerie Allemande n'accepta jamais que les armes anti-chars motorisées soient considérées comme appartenant aux divisions blindées (cf.Guderian). Heureusement !}


Organisation de la Flak 


L'organisation de la Flak était simple mais elle avait bénéficié de moyens importants car la standardisation avait permis d'éliminer les matériels archaïques.

Raymond Danel, dans Icare # 54, vol. I, La Chasse dans la Bataille de France, 1970, souligne (entre autres) les faits suivants : 
  • En Juillet 1939, la Flak, avec un effectif de 107 000 hommes, comportait 21 régiments totalisant 2 600 pièces lourdes de 88 mm (pour la haute altitude), soit 650 batteries, et 6 700 canons léger de 20 mm et de 37 mm (pour la basse altitude), soit 9 300 pièces au total.   
    • Cela donnait une moyenne de 124 pièce lourdes et 319 pièces légères par régiment
    • En plus, évidemment, 3 000 projecteurs assuraient l'identification des intrus de la nuit (mais je n'irai pas plus loin sur ce plan).
  • 2 mois après la mobilisation,  l'effectif était passé à 258 000 hommes, et l'Arme réunissait 44 Flakregiment et 13 section légères (Leichte Flakabteilung) plus 5 groupes dit de forteresse. Le tout réunissait 20 000 pièces au total (soit 5 000 batteries).
  • Une Flakabteilung comportait 12 canons de 88 mm, 54 canons de 20 mm et 9 canons de 37 mm, soit un total de 75 canons. 
  • Un Flakregiment réunissait deux Flakabteilung, une légère et une lourde. 
  • Une Panzerdivision était protégée par une Flakabteilung qui faisait partie de son équipement normal

Tout était conçu pour un maximum de simplicité et d'efficacité opérationnelle.
                                                                                                                                        
Les armes de la Flak employées de 1936 à 1945, comme celles de toute DCA, étaient classées en fonction des strates d'altitude des avions qu'elles devaient abattre. 

La zone d'efficacité de ces armes était toujours nettement inférieure au plafond que leurs projectiles peuvent atteindre, puisque, à ce plafond, ces projectiles ont une vitesse nulle.
  • Les avions de 1940 volant jusqu'à 300 m au-dessus du sol (AGL) étaient justiciables des mitrailleuses, qu'elles soient de petit ou de gros calibre. 
  • Entre 300 et 1 000 m (AGL), les mitrailleuses de gros calibre compris entre 12.7 mm et 15 mm étaient encore efficaces, en particulier par le nombre d'impacts de balles possibles par seconde (supérieur à 10).         
  • Au-dessus de 1 000 m, les balles de mitrailleuses, bien qu'initialement rapides (800 m/s, au moins), n'avaient pas une masse suffisante pour que leur énergie cinétique suffise à combattre la résistance de l'air ajouté à la force de gravitation.
    • Les balles de mitrailleuses, n'allant plus assez vite pour causer de gros dégâts aux structures des bombardiers modernes, il fallait donc employer des armes lançant des obus explosifs.  
    • Tout autour de chaque point de détonation de ces obus, se créait un volume de létalité constitué par les éclats d'obus tant qu'ils continuaient à se mouvoir à une vitesse dangereuse pour la structure de l'avion visé ou pour son équipage
    • Lorsque plusieurs obus créaient des volumes suffisamment proches les uns des autres, leur interaction les rendaient encore plus dangereux, même au-delà de leurs dimensions apparentes. Enfin, la détonation créait, par son souffle, une très violente turbulence.                                                             
    • Précision
      • Une détonation correspond à la plus puissante forme d'explosion existante. Elle est caractérisée par une augmentation de pression instantanée (à front vertical) : Exemple, la seconde explosion du 4 Août 2020 à Beyrouth, dont l'onde de choc a créé la condensation de l'humidité atmosphérique en une gigantesque boule blanche
      • Une déflagration est une explosion qui s'installe beaucoup plus lentement et qui est donc nettement moins brisante, donc moins dangereuse.
  • De 1 000 et 3 000 m, zone d'action des avions d'observation d'artillerie et de bombardement de précision, il fallait les combattre au moyen de canons à grandes cadence de tir (de 100 à 400 coups par minute). 
    • Les obus (de 20 mm à 37 mm) pesaient de 120 gr à près de 1 kg. Leur détonation engendrait, selon leur calibre, un volume de létalité de l'ordre de quelques mètres cubes, au plus.         


Flak 20 mm type 38 (de nos jours - Wikipedia 2020)

    • Ces canons ayant une masse totale inférieure à la tonne, ils étaient facilement transportables moyennant un véhicule motorisé de taille modeste.
    • Efficaces contre les avions d'appuis au sol, ils étaient donc absolument nécessaires pour protéger les unités de Panzers tout comme celles des Pionniers (Génie) et de l'Infanterie.
    • Les Allemands sélectionnèrent initialement le canon de 20 mm Flak 30 de Rheinmetal, une arme puissante mais ayant une cadence de tir un peu trop faible. Mauser en construisit une variante plus rapide qui fut sélectionnée sous la désignation 20 mm Flak 38
    • C'était une arme de 112 calibres qui lançait ses obus à 900 m/s. Si le plafond théorique était donné pour 4 800 m, l'efficacité allait du sol à 2 000 m AGL. La cadence de tir "normale" était de 280 cpm (presque 5 coups/seconde). 
    • Cela fonctionna très efficacement pendant les quarante jours de la campagne de France. Par la suite, lors de la défense des ports conquis en France, en Belgique et aux Pays Bas, et face à de très sérieuses attaques Britanniques, la cadence n'apparut plus aussi "impériale" et la Luftwaffe lança la construction des Flakvierling (quadruplés de Flak) qui terrorisèrent tous les aviateurs alliés. Ils s'y frottèrent quand même ce qui démontre leur immense courage !


Un Flakvierling 38 avec son équipage, défendant une tour de Flak. Au premier plan, le guetteur détermine la distance de l'avion ciblé au moyen d'un télémètre à coïncidence.
Sur l'autre tour, à droite, on voit l'antenne d'un radar Würzburg.
                                                              
    • Les Allemands construisirent 144 000 de ces canons de 20 mm qui furent, incontestablement, une des très grandes réussites du Reich Hitlérien.
    • Ces canons étaient "très facile" à manier. Cela explique bien pourquoi un pilote allié qui avait réussi un premier passage sur la cible devait impérativement éviter de recommencer s'il voulait rester vivant. Le Lieutenant de Lattre, le 12 Mai 1940 à Tongres, puis à Dessenheim, presque 5 années plus tard, le 4 Février 1945, le Commandant Marin la Meslée, aux deux extrémités du conflit, perdirent inutilement leur très précieuse vie par perfectionnisme. A ne pas faire, SVP !

  • Entre 3 000 et jusqu'à 10 000 m, dans des strates favorables à la "Reconnaissance Stratégique" ou au "Bombardement de Masse", il fallait des obus bien plus gros, de 6 à 20 kg.            
    • Les canons aptes à les tirer étant incapables de grande cadence de tir (12 à 15 cpm au plus), leur létalité était liée directement à la taille accrue des éclats d'obus et à l'augmentation considérable de la masse explosive dans l'obus. Ceci assurait la création de volumes de létalité bien plus importants.
    • En 1939, cette Flak de haute altitude était fondée sur le canon de 88 mm, arme remarquable bien que datant de 1918 : Ce canon se révéla excellent.  
      • C'est un canon de 56 calibres, donc le trajet de l'obus dans le canon faisait 4.93 m de long. 
      • La vitesse initiale de l'obus de 9 kg était de 820 m/s, ce qui lui assurait un plafond absolu de 10 600 m, soit une efficacité anti-aérienne réelle jusqu'à 8 000 m. 
      • La masse en position de tir de 5 000 kg, passait à 7.4 tonnes en condition de déplacement (c'était donc déplaçable).   


Obus de 88 mm anti-aérien : Un obus effilé va plus vite



      • Cette arme était à son maximum d'efficacité entre 5 000 et 7 000 m, justement l'altitude de vol des B 17. 




Consolidated B 24 volant à très haute altitude entre des détonations d'obus de Flak lourde - On constate que chacun des 19 nuages noirs créés par les explosions ont leur grand axe qui a conservé l'inclinaison de la trajectoire de l'obus. Ce B 24, légèrement incliné vers tribord, semble avoir effectué une manœuvre d'esquive efficace puisqu'il semble encore intact.

      • Il fallait 9 artilleurs pour mettre en œuvre le canon de Flak 88. 
      • Plus de 21 000 de ces canons furent construits par le Reich de Hitler. Leurs maniabilité en fit également d'extraordinaires destructeurs de chars jusqu'en 1945.

Tout ceci concerne la force de frappe physique de la Flak au début de la guerre. Mais cette force de frappe n'eut rien été sans un autre ensemble. 


Le système d'alerte et de commandement.

Le système d'alerte initial était acoustique

Rapidement, ce système fit place à un système électronique fondé sur le Radar

Ce dispositif prodigieux est une conséquence de la découverte des ondes électromagnétiques par Heinrich Hertz.

Une onde de cette nature illumine tous les objets résistants qu'elle rencontre et ces objets renvoient une fraction du faisceau reçu en suivant les lois de l'optique de Descartes, sauf s'ils lui sont perméables. 
Cette propriété avait été soulignée par Marconi.

Le système Allemand  reposa sur le radar Freya, dont le développement commença sérieusement dès le début de 1937. 




Un radar Freya à l'Automne 1941 sur le Cap Blanc Nez (identifié par l'obélisque dédié à la Patrouille de Douvres)


C'était un radar qui employait une radiofréquence de 250 MHz dont la puissance d'impulsion était de 20 kW. 

La largeur d'ouverture du faisceau était de 0.5°, ce qui était le gage d'une bonne précision.

On pouvait faire tourner mécaniquement l'ensemble sur 360°.






Radar Freya -


Techniquement, les ingénieurs Allemands, comme tous leurs homologues, durent choisir, pour une énergie d'émission donnée, entre la résolution et la portée.

Vivants sur le continent Européen, ils choisirent la meilleure résolution, celle qui permettait de détecter des avions, avec une longueur d'onde de 1.20 m.

{ De leur côté, les Anglais, vivant sur une île, choisirent pour leurs Chain Home la plus longue portée possible et se contentèrent d'une longueur d'onde de 12 m, bien suffisante pour détecter des navires de guerre.
Le radar CH était fixe, sa radiofréquence variait de 20 à 50 MHz et l'ouverture de son faisceau était de 150°.}

Evidemment, le système Freya ne commandait pas seulement la Flak, mais aussi la Chasse. 

Ce radar, d'emblée, était doté d'une porté supérieure à 100 km (puis 120 km, puis 160 km). 
Pour donner une idée, la première version donnait 20 minutes de préavis avant l'attaque des bombardiers de 1939-1940 volant à 300 km/h

A l'entrée en guerre (3 Septembre 1939), seulement 8 de ces stations Freya étaient opérationnelles (les Britanniques disposaient, au même moment, de 18 stations Chain Home). 

Le 18 Décembre 1939, cependant, deux Freya furent à l'origine de l'interception de 24 Wellington en baie d'Allemagne à 113 km de distance (la moitié de ces bombardiers furent abattus).

En même temps que les aviateurs Allemands parvenaient à cela, ils avaient compris qu'il leur fallait une organisation qui permette de prendre des décisions très rapides et les plus efficaces possibles

Il était nécessaire d'organiser des grandes salles à la fois discrètes et très bien protégées vers lesquelles devaient converger, en temps réel, la totalité des informations de défense aérienne.

Ces informations concernaient évidemment la position des vols hostiles détectés, leur direction du moment, leur altitude (quand ce fut possible), les bases de chasse amies prêtes à les engager, le nombre d'avions disponibles et, bien sûr, les batteries de Flak déjà engagées



Nous savons que les Britanniques ont développé en premiers ce concept et que, en plus ils ont gardé sur ce plan une avance par rapport aux Allemands qui dura toute la guerre.




Une op' room Britannique pour illustrer le concept que j'imagine relativement comparable chez les Allemands 



Cette coopération entre la Flak et la Jagdwaffe était une première dans le monde et fut matérialisée par le colonel (puis général) Josef Kammhuber.

Ces informations devaient nécessairement être reportées sur la carte du pays pour que les décideurs tactiques puissent, après un bref coup d’œil, deviner les objectifs que l'ennemi voulait frapper et, de là, imaginer les meilleures réponses aux actions ennemies.

On devait ajouter à ceci une capacité de dialogue entre les chasseurs en vol et les hommes observant la situation sur les cartes pour que ces derniers conseillent les premiers en fonction de la situation de leur unité.





Vue très partielle de la ligne Kammhuber -En bleu, radars et projecteurs, en rouge, batteries et  chasseurs de nuit



La célèbre Ligne Kammhuber fut un excellent outil pendant toute l'année 1941 pour rendre les raids nocturnes Britanniques quasi-inopérants.

Il y fut répondu efficacement (pendant un certain temps du moins) par le "Bomber stream" de la RAF qui saturait les capacités des chasseurs de nuit Allemands. 

Cela permit le très efficace bombardement de Cologne les 30 et 31 Mai 1942 par 868 avions du Bomber Command dont 44 furent abattus d'après la Luftwaffe soit moins de 4% de pertes.

C'était le début de la guerre électronique.

Elle passa aussi par des lancements Britanniques de bandes de papier métallisé qui donnaient l'image d'une formation quasi immobile de grande taille





Un Lancaster vient de lancer des paillettes métallisées - 



Elle est toujours très active dans toutes les aviations militaires.

Par exemple, rien n'empêche un pays de faire abattre des avions civils d'une puissance X par un autre pays Y, voire, pourquoi pas, par un de ses propres alliés...

En passant, cette guerre-là s'installa aussi sur les navires de guerre, et en particulier sur les sous-marins.

Cette guerre-là continue à chaque seconde de notre présence sur cette planète et ne s'achèvera plus jamais. 




Un autre radar compléta le dispositif Allemand, ce fut le Würtzburg, qui inaugurait un montage Cassegrain, classique sur les télescopes astronomiques de grande puissance. 

Il utilisait un Klystron comme oscillateur à très haute fréquence (566 MHz). 

Dans la version de base, il pouvait détecter jusqu'à 50 km de distance avec une précision de +/- 15 m.

4 000 de ces radars furent construits.

On en tira une version agrandie, le Würzburg-Riese qui détectait à 70 km.




Radar Würzburg-Riese : C'était une grande version de ce radar dont le diamètre passait de 3 à 7.5 m.


Nettement plus petit que le Freya et disposant d'une longueur d'onde de 0.53 m, le Würzburg apportait une précision considérablement augmentée qui lui permettait de diriger les tirs de l'artillerie

En Mai 1940, ces outils commençaient à vraiment bien fonctionner du côté Allemand.

Il exista aussi bien d'autres types de radars.


Passons quelque temps du côté Allié pendant la même période


La DCA du British Expeditionary Force


Le BEF comportait 10 régiment anti-aériens, 5 régiments légers anti-aériens et 3 batteries légères anti-aériennes.

Raymond Danel annonce que "la dotation globale des unités de DCA du BEF est de 280 canons de 37 mm et de 250 canons Bofors de 40 mm.

Voilà qui me pose des problèmes. 
  • Soit cela correspond à 530 canons pour tout le BEF, ce qui paraît bien modeste. 
  • Soit il s'agit de l'armement de chaque régiment antiaérien normal, ce qui induirait une protection excellente à basse altitude (5 300 canons) qui n'est pas spécialement documentée.
  • Autre problème, je n'ai trouvé aucune trace d'un canon de 37 mm Britannique... donc je pense qu'il s'agit de 2 pdr (canon de deux livres, d'un diamètre proche de 40 mm). Dans sa version Mk VIII, c'était une arme relativement légère lançant à 700 m/s des obus de 800 gr dont la trajectoire culminait tout près de 4 000 m, donnant un plafond pratique n'excédant pas 1 500 m AGL.
  • Les Bofors de 40 mm lançaient des obus de 930 grammes à 850 m/s. Ces obus avaient un plafond théorique un peu inférieur à 7 000 m AGL mais, dans la plupart des cas, ils s'autodétruisaient vers 4 000 m AGL. Le temps de montée à ces altitudes  variait de 8.5" à 10.5".
  • Enfin, parce que aucun canon de haute altitude n'y apparaît...
Par contre, les 18 radars Chain Home fonctionnaient tout à fait correctement au moment de l'évacuation de Dunkerque, fin Mai 1940.



La DCA Française

Là, les choses étaient très loin de la pratique Germanique. Nos politiques n'avaient manifestement rien compris au danger aérien.
  • Les 100 canons de haute altitude destinés à protéger les sites sensibles en dehors des armées réunissaient 40 canons de 90 mm (venus de la Marine), autant de canons de 100 mm de même origine et 5 batteries de 94 mm qui devaient, logiquement, avoir une origine Britannique.     
  • Le 90 mm mle 1926 de 50 calibres lançait un obus de 9.5 kg à une vitesse de 850 m/s. Son plafond pratique était de l'ordre de 10 500 m. La fréquence de tir variait suivant l'élévation du canon entre 12 et 15 cpm.
    • Ces canons avaient un plafond élevé mais leur cadence de tir était relativement faible. 
    • Leur nombre suffisait à peine pour protéger Paris.
  •  Les 1 850 canons de moyenne altitude (2 500 à 6 000 m) étaient des 75 mm.
    • 950 d'entre eux étaient des canons directement dérivés du modèle 1892 ! Disposant d'une vitesse initiale de 585 m/s et d'une cadence de tir de 15 cpm  au mieux, leur capacité à toucher des bombardiers de Goering était dérisoire. 650 de ces pièces étaient déployées dans la zone du Nord-Est, "protégeant" la Ligne Maginot.
    • 863 pièces bien plus récentes (modèle 1932 et 1936) étaient quand même entrée en service. Elles avaient toute leur efficacité entre 3 000 et 8 000 m. Elles lançaient un obus d'environ 6 kg (donc nettement moins puissant que la pièce ennemie jouant le même rôle).
      • La vitesse initiale était de l'ordre de 850 m/s. A l'instar du 88 mm Allemand, elles démontrèrent, en bonus, une grande efficacité anti-char. 



Canon de 75 mm mle 1936 : Une arme très moderne 

    • Pour défendre la basse altitude, nous disposions de 1 693 canons légers :
      • 357 canons de 20 mm Oerlikon, formées en batteries de 12 pièces chacune, dans 22 divisions (16 pièces par division (!).
      • 150 canons Hispano de 20 mm qui lançaient leur projectiles de 130 grammes à  2 000 m, à un rythme maximal de 600 cpm, par chargeurs de 60 obus. 
      • 34 canons Suédois de 40 mm Bofors, 
      • 1 152 canons Hotchkiss de 25 mm (dont certains étaient bi-tubes), qui lançaient des obus de 0.29 kg à 915 m/s. Le plafond opérationnel était un peu supérieur à 3 000 m. La cadence maximum de tir était de l'ordre de 220 cpm mais une cadence normale était de 120 cpm (soit 2 coups / seconde). 


Bi-tube de 25 mm  Hotchkiss - Photo récupérée par moi sur navaweaps

        • 851 d'entre eux étaient organisés en batteries de 6 dans 13 divisions, qui furent rejointes par 10 autres à partir du 12 Mai 1940.
        • 39 batteries étaient dites de "réserve générales" et réparties entre les armées terrestres.
      • Ajoutons à ce total 580 jumelages de mitrailleuses Hotchkiss de 13.2 mm (donc 1160 armes) de 76 calibres. Ces armes lançaient à 805 m/s deux balles d'une cinquantaine de gramme chacune au rythme maximum de 450 cpm qui, dans la durée, se stabilisait à la moitié de cette valeur du fait de l'emploi obligatoire (!) de chargeurs de seulement 30 balles. Si le plafond absolu de l'arme était supérieur à 4 000 m AGL, elle n'avait pas d'efficacité au-dessus de 1 200 m AGL.
      • Ces armes n'étaient pas fournies aux aérodromes où elles auraient pourtant pu répondre efficacement aux attaques en strafing (donc en rase-motte) des Bf 109, des Bf 110 ou des Do 17.
      • Les autres armées étaient équipées d'armes automatiques sans valeur (autre que morale ?) et datant de la Grande Guerre.

Au total, notre DCA comptait au plus 2 656 canons modernes auxquels on pouvait à la rigueur joindre les 580 jumelages de 13.2 modernes. 

Ces 3 236 armes ne représentaient que 16 % de la Flak (sans compter la puissance moindre de nos armes, à l'exception des canons de 25 mm). 

Malgré tout, cette modeste DCA a descendu de l'ordre de 200 avions ennemis. Mais notre ennemi s'en est à peine rendu compte. 

Notre DCA a aussi abattu de nos propres avions (au moins un LN 411 et un Laté 698), mais aussi, au moins un Bloch 220 chargé de pièces de rechange. 
Ces pertes, totalement inacceptables, reflétaient l'inadéquation de la formation des hommes au sein des groupes de DCA qui n'étaient pas d'active.

 

Surprise non comprise


Lorsque les Alliés ont appris que les Allemands menaient leur offensive au petit matin du 10 Mai 1940, ceux qui subissaient les premières attaques se lancèrent à cœur perdu vers les points d'attaque.

A ma connaissance, chacun y est allé sans reconnaissance aérienne préalable alors que les Pays Bas et la Belgique avaient un statut de neutralité qui ne nous engageait à rien. 

Mais les deux royaumes neutres criaient au secours... Comme d'habitude, nos politiques cédèrent.

J'ai décris, il y a quelque temps, comment nous avions envoyé stupidement notre belle 7ème Armée quelques villes trop loin

Dans le même temps, pressé par la même impulsivité, loin de faire confiance aux "merveilleux barrages Cointet", on avait envoyé, à peine moins loin, les 2ème et  3ème DLM en Belgique. 
Quel merveilleux cadeau pour le Général Guderian et son Führer qui ne les trouvèrent pas sur leur chemin !  

Nos meilleurs éléments étaient envoyés dans la nasse d'où ils ne pourraient jamais revenir.

Comme les divisions Allemandes avançaient très vite, il sembla que seule l'aviation de bombardement pouvait les ralentir. 



La RAF ouvrit le bal ! 


Lorsque ses bombardiers Battle se lancèrent à l'assaut des ponts de Maastricht ou des colonnes motorisées Germaniques, ils furent engagés, en quelques poignées, ce qui était un non-sens. 
Donc, le 10 Mai 1940, puis, le 14 Mai, arrivant sur Sedan quasiment toujours sans aucune escorte (!), leurs équipages découvrirent l'enfer de la Flak.

Pourquoi cette appellation, plus théologique que militaire ?

Parce que la probabilité de retour à la base d'un avion Allié, jusque-là évaluée aux alentours de 95%, diminuait d'un grand coup aux alentour de 50%, soit une chance sur deux (pile ou face). 

Pour les Battle Britanniques, le bilan pour 100 avions engagés fut de 57 avions perdus. 

Pour nos 23 Bréguet 693 Français engagés le 12 Mai sur Tongres, 12 furent abattus par la DCA, soit 52 %. 

C'était devenu inacceptable, d'autant plus que de nombreux équipages avaient disparus du monde des vivants.


En analysant plus finement ces pertes, on voit pourtant que si nos attaques étaient difficiles, certes, on voit aussi que les doctrines employées n'étaient pas totalement appropriées, car, suivant l'approche suivie, on passait de 18% de pertes à 75 % de pertes... 

Cette incohérence trahissait une analyse très insuffisante des méthodes d'attaques.

Cela signifiait que l'on pouvait cependant attaquer, mais qu'il fallait trouver une bonne méthode pour le faire.

Au-dessus du champ de bataille, les systèmes anti-aériens Allemands étaient en mesure d'établir des rideaux quasiment infranchissables à leurs ennemis aériens, en général vers 1 200 m AGL. 

  • Un récit palpitant des vols de reconnaissance du sous-lieutenant Jean Gaillard (du GR II/55), en donne une image très précise et a été publié par Air Magazine #19, en 2004, p. 23-31. 
    Après avoir énuméré les 5 équipages perdus par son Groupe de Reconnaissance II / 55 car volant sans escorte depuis le 10 Mai 1940, il nous a fait vivre la situation. En voici quelques extraits :
    "On n'avait plus le temps d'exploiter des renseignements photographiques pris à haute altitude ; Seule, la pratique d'un survol à faible hauteur pouvait permettre à un observateur qualifié d'avoir des informations immédiates et précises. (...)
    La Flak, au seul bruit de notre approche, déclenchait des tirs de barrage verticaux, avec une série de canons de 20 mm... Un vrai mur de feu."          
  • Un autre auteur se rappelait que l'arrivée de son unité déclenchait instantanément un tapis d'explosions de quelques hectares qu'il était quasi impossible de traverser directement sans dégâts.
En plus, Hitler et ses petits camarades avaient commencé leur attaque par des actions qui n'avaient jamais été anticipées par nos édiles ni par nos généraux de haut rang.
  • L'invasion de la Hollande, traditionnellement neutre
  • La prise en une seule journée du Fort Belge d'Eben-Emael par des troupes aéroportées ; 
  • Les premières rencontres avec des blindés Allemands, montrèrent que, comme le colonel De Gaulle l'avait écrit, ils n'étaient susceptibles d'être arrêtés que par d'autre chars.
Tout cela s'ajoutait dans le conscient de ceux qui commandaient nos avions pour effacer la vraie surprise, celle de la Flak

Ainsi, dès le 12 Mai, les deux principales aviations Alliées d'Europe étaient KO debout, sans solution pour le vrai double coup de massue qui allait se produire le 15 Mai, la percée de Sedan et la conversion vers la Manche.

Une fois de plus, nous avions la DCA, des avions d'assaut et de bombardement mais nous n'avions pas expérimenté la manière d'attaquer ni les chars, ni la DCA, et notre DCA légère n'avait pas l'expérience de la Flak, loin de là.


Pourtant, la Flak n'était pas toute puissante !

En 1941, confronté à une guerre devenue réellement mondiale, Hitler comprit que ses villes industrielles risquaient la destruction par de vrais bombardements massifs. 

Cependant, la recherche des plus hauts plafonds possibles induisait automatiquement la création de canons beaucoup plus pesants. 

Mis à part sur les navires de fort tonnage, les canons de gros calibres étaient condamnés à être statiques pour protéger des zones sensibles. 

Il fit quand même construire le canon de 128 mm qui, lançant des obus de 26 kg à 880 m/s, assurait la destruction d'avions volant réellement à 10 500 m. 
De tels obus avaient un volume de létalité plus important que celui obtenu par les obus de 88 mm (la masse d'explosif interne devait avoisiner les 2 kg). 
  • L'engin en position de tir avait une masse de 18 tonnes qui passait à 27 tonnes en condition de transport.      
  • Ce canon avait une cadence de tir de 11 cpm, ce qui parut alors un peu faible, amenant à jumeler 2 canons sur un même affût. Il devenait donc quasi impossible de transporter aisément de telles masses au moment où la situation énergétique (= en hydrocarbures) du Reich commençait à s'appauvrir.  
  • Ces canons furent essentiellement montés sur des tours de Flak qui dominaient l'ensemble des immeubles des villes qu'elles défendaient.



Tour #4 de Flak à Hambourg : ce donjon du XXème siècle avait une hauteur de 38 m, était assis sur un carré de 75 m de côté et ses murs avaient une épaisseur de 3.5 m. Chaque poste de tir contenait un montage jumelé de canon de 128 mm (la tour en porte donc 8). Les postes de petite tailles situés un peu plus bas étaient réservés à des canons de 20 mm.


Ces tours gigantesques (100 000 à 200 000 tonnes de béton armé !), servait toutes d'abris anti-aériens pour près de 30 000 civils ! 

Chaque poste de tir contenait un montage jumelé de canon de 128 mm.

Les postes de petite tailles visibles un peu plus bas étaient réservés à des canons de 20 mm.

On constate sur la photo de la tour de Hambourg que la résistance de ces édifices était incomparable vis à vis de celle des bâtiments voisins ! 


Ces tours étaient jumelées à des tours moins imposantes qui étaient équipées de radars Würtzburg pour définir les coordonnées de tir. 



Une paire de tours de Flak à Vienne (Autriche), de nos jours.



L'immense énergie dépensée par les Allemands pour fabriquer ces tours et leurs armements ne se fit pas impunément.

Les énormes canons de 128 n'étaient pas aussi souverains au-dessus de 7 000 m que les 88 l'avaient été au-dessus de 4 000 m.

En outre, l'énorme dépense en hommes (2 000 000 dans la Flak) et en moyens n'était plus rentable dès la fin de 1943, au moment où les Américains lançaient en grand nombre leurs P 51 dans la Bataille de Berlin. 

Une augmentation significative du nombre de chasseurs type FW 190 D 9 eut été considérablement plus rentable. 


La fuite en avant éperdue dans la technologie des missiles téléguidées - dont au moins six différents modèles furent testés - déboucha sur le Wasserfall qui semble avoir été nettement bi-sonique en montée verticale jusqu'à 20 000 m. 




Missile sol-air Wasserfall 


Toute brillant que soit le potentiel de cette arme, elle ne pouvait donner aucun résultat, vu l'infériorité du Reich dans la guerre électronique, du moins eu égards à mes sources.



Les pertes Alliées


Au second semestre de 1940, le Bomber Command de la RAF perdit 330 bombardiers (et 1 400 hommes tués, blessés ou prisonniers). 

Pendant les quatre années qui suivirent, les pertes de ce même Bomber Command se montèrent à 48 456 hommes tués et plus de 10 510 blessés : Un tout autre niveau.

Ces hommes n'hésitèrent pas à risquer leur vie pour changer le cours de la guerre.

De Juillet 42 à Mai 1945, 2 278 bombardiers furent abattus par la Chasse et 1 345 par la Flak.

La proportion s'inversait complètement avec les avions endommagés : 8 848 le furent par la Flak et seulement 1 718 par la Chasse.

Ceci montre que la Flak ne pouvait pas savoir qu'un bombardier allié touché pouvait revenir à la base. 
Mais seul un pilote de chasse Allemand savait que ce bombardier devait être descendu pour que sa perte soit certaine, et lui seul  pouvait imaginer une méthode pour l'y contraindre.

On me permettra de penser que, malgré toutes les belles histoires racontées sur l'IA (Intelligence Artificielle), cela reste toujours vrai.

Il y a quelques semaines (21 Août 2020), les USA ont annoncés qu'un pilote de Chasse avait été battu par une IA pendant 5 combats virtuels. 

Le commentateur Français d'opex360, Laurent Lagneau, a remarqué cependant que le pilote humain avait progressé à chaque combat : Il s'était donc adapté, tandis que l'IA en était resté au même point
Notre cerveau reste inégalé !

(Je conseille au lecteur intéressé de lire la vidéo conseillée plus bas par Unknown le 9 Septembre 2020 à 06:03)


Les pertes de l'US Army Air Force lors de ses raids au-dessus de l'Allemagne pendant toute la Seconde Guerre Mondiale se montèrent officiellement à 18 426 avions de combat.

Cela traduit l'extrême courage de ses pilotes mais aussi l'extrême lenteur avec laquelle la VIIIth Air Force US prit conscience de la nécessité d'une véritable escorte de Chasse (i.e. celle qui fut assurée par des P 51 Mustang).




Conclusion

La grande leçon de la Seconde Guerre Mondiale, si on se concentre sur le front Ouest, c'est, évidemment, l'énorme supériorité technologique initiale du IIIème Reich

Cela avait parfaitement servi contre la France.

Ensuite, il faut souligner la remarquable capacité Britannique à savoir employer jusqu'au bout tous ses outils, en ayant optimisé avant tout l'extraction des vraies informations déterminantes.

Une fois de plus, ce n'est pas tant la qualité du matériel qui compte, c'est le fait de trouver comment s'en servir en toutes circonstances.












13 commentaires:

  1. Toute la fin de l'article (après la conclusion) semble traiter d'un autre sujet...
    Sur les FTA françaises : https://edu.fondation-marechal-leclerc.fr/les-forces-terrestres-anti-aeriennes/.

    Toujours cette habitude 'très fautive) de mettre des majuscules aux adjectifs de nationalité..

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    1. Merci !

      La suppression des majuscules est postérieure à la Grande Guerre (les lettres de mon Grand-Père en font foi) et nous fait paraître "arrogants" devant les étrangers.

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    2. Je vous remercie pour le lien que vous donnez. Ce groupe de DCA de la 2ème DB présente un sacré palmarès ! Mais il est aussi remarquablement mobile et semble plus libre d'actions que ses équivalents de Mai-Juin 1940.

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    3. Les étrangers utilisent exactement les mêmes règles et ne mettent aucune majuscule aux adjectifs de nationalité...Lisez la presse anglaise, italienne ou espagnole...
      Je crois que c'est un débat sans fin...
      Il ne remonte pas à la Guerre de 14, la règle est bien antérieure...

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    4. Je voulais vous faire une démonstration de ce que j'ai écris en copiant pour vous dans ce site à la date d'hier la phrase suivante :
      MOSCOW — The Russian navy conducted major war games near Alaska involving dozens of ships and aircraft, the military said Friday, the biggest such drills in the area since Soviet times. (in https://www.defensenews.com/ du 31 Août 2020)

      Mais je me suis rendu compte que pour d'autres publications, la règle semble sujette à des variations...
      Dans ses lettres de Guerre (1914-1918), mon Grand Père mettait les majuscules...

      J'ai pensé que la suppression des majuscules était une de ces pseudo réformes d'origine politique comme, de nos jours, l'orthographe inclusive.

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  2. Article interessant , sur un vaste sujet.
    Parmi nos avions abattus par notre DCA, le pire est un Léo 45 abattu sur ordre, non par erreur, l'ordre ayant été motivé par l'affirmation que les Allemands utilisaient des Léo dont ils s'étaient emparés.

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  3. Merci de votre intéressante, mais terrifiante, contribution. La désinformation militaire était bien dominée par les services de la Wehrmacht. Curieux qu'ils n'aient pas compris que la guerre électronique était une autre manière de désinformer.

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  4. Daniel.

    Je voudrais apporter quelques informations en vrac, peut-être pas toutes pertinentes, en tous cas moins que cet article, et tous les autres.

    - On peut avoir une idée de la constitution et du fonctionnement d’un centre allemand de défense aérienne (ligne Kammhuber étendue?) dans «Opération ‘Raz de marée’ sur les pétroles de Ploesti» par Dugan et Stewart. Editions J’ai Lu 84-85, pages 126 à 130. Il me semble que c’était beaucoup plus moderne et fonctionnel que son équivalent britannique, tel que décrit, je crois, dans ‘Le grand cirque’ de Pierre Clostermann.

    - ‘FFL40’ alias J.C. Hyrien (http://jeanclaude.hyrien.free.fr/Histos/BarakaFFL.php?chap=8)) était chargé de la DCA de l’aéroport de Fort-Lamy en 1942. Pas de radar mais de très bons yeux et équipement en canon 40 mm Bofors fournit par les britanniques. L’auto-destruction des obus était activée à l’altitude de 3200m.
    Tout son témoignage est passionnant. Pour l’attaque aérienne de Fort-Lamy par un seul HE 111, le pseudo-historien Paul Carrel en prend pour son grade.

    - Tout de suite après la guerre, le professeur Yves Rocard aux multiples talents, alors conseiller scientifique de la Marine, a réuni des radars Wurtzburg-Riese présents en France à Nançay ( près du camp du Ruchard…). Le Wurtzburg était un bon outil pour débuter en radioastronomie par son ‘saladier’ orientable avec précision sur 2 axes et par sa taille et sa robustesse.

    - Un exemple d’inorganisation de notre armée de l’air en 1939-1940. Il montre aussi l’insuffisance du MS 406, mais à ce point de dénuement (plus précisément: primitivisme) c’est secondaire:
    http://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/BA%20122_Souvenirs_fichiers/Dubost.htm


    Encore une fois, merci pour l’ensemble de votre blog. Vous mettez bien en évidence notre incapacité à imaginer la guerre moderne en 1939-1940. La différence entre la vision allemande et la guerre «à la française modèle 1939» est accablant. Pourtant, nous avions su nous adapter par la science, la technologie et les capacités industrielles pour triompher en 1918.


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    1. Merci pour votre gentillesse. Je vais suivre vos liens.
      Le radar Würzburg fut aussi employé radio-astronomiquement en Tchéquie (Observatoire de Ondřejov) jusqu'en 1994 pour analyser les émission solaires entre 100 et 1000 MHz ! Le radar employé devait être de type Riese.

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  5. bonjour drix

    je lit votre blog depuis quelques années, aussi permettez moi tout d'abord de vous féliciter et de vous remercier pour l'immense et pertinent (quoi-que critiqué sur d'autre blog et forum historique) travail que vous avez accompli . Il a très certainement contribué a déciller les yeux de certains, probablement trop peu.
    A propos de la très récente "expérience" américaine IA vs PILOTE , je vous conseil l'analyse d'un ancien pilote de l'aéronaval (SEM puis rafale) sur le sujet.
    Je vous met ici le lien :
    https://youtu.be/v4PNGkif1nw

    Avec tout mes encouragements.

    VIVE LA FRANCE

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  6. Merci de votre gentillesse.

    Merci aussi pour le lien sur la chaine Youtube de ce pilote de l'aéronavale.

    Son commentaire est très éclairant sur les fautes du "vrai" pilote qui faisait essentiellement des virages dans le plan horizontal.
    On voit aussi que l'IA, qui a "mangé" une énorme quantité de "combats", n'est pas nulle du tout.

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  7. Raymond Danel annonce que "la dotation globale des unités de DCA du BEF est de 280 canons de 37 mm et de 250 canons Bofors de 40 mm."

    3" et 3.7" (inches).

    "37mm" c'est le "Pom-Pom" de la Grande Guerre.

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