I - La Marine Française décide, enfin, d'avoir son bombardier en piqué
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(Sources : Les Bombardiers en Piqué Loire-Nieuport du Ni 140 au LN 42, Arnaud Prudhomme, TMA, 2005 ; Nieuport 1909-1950, Rosenthal, Marchand, Borget et Bénichou, Docavia n°38 ; les deux Icare n° 60 et 61 consacrées aux témoignages sur l'Aéronavale Française en 1940 ; Aéronavale - 1915-1954, Capitaine de Frégate Albert Vuilliez, 1955)
La Marine Française de l'Entre-Deux-Guerres a longtemps privilégié les gros bateaux-volants (comme aussi les gros bombardiers) parce qu'ils étaient également capables de longues surveillances anti-sous-marines.
Cela ne s'était pas fait d'ailleurs sans gros conflits entre marins purs et marins aviateurs, mais, au final, ces avions, qui pouvaient se reposer dans un mouillage et qui supportaient très bien les quarts de veille, furent acceptés parce que, en plus, ils permettaient de sauver les "vrais navires" des sous-marins ennemis.
La Marine, toute à cette révolution-là, ne pouvait donc pas encore être intéressée par le bombardement en piqué, même si Paul Teste avait conduit un extraordinaire travail sur ce plan au début des années 1920, avant sa mort.
Malgré les expériences de Billy Mitchell, nos décideurs n'imaginaient pas vraiment que des avions basés sur des porte-avions, donc légers et monomoteurs, puissent un jour détruire de puissants navires de guerre à coup de bombes qui seraient forcément de taille insignifiante.
Elle avait davantage porté son effort sur les avions torpilleurs, ce qui, d'ailleurs, n'avait rien de choquant.
Cependant, tout comme les jolies femmes, les militaires de haut rang sont extrêmement sensibles à la mode.
Et on en parlait beaucoup, de ces fameux bombardiers en piqué (voir cet article, en particulier dans la Marine Britannique, marine-étalon de l'époque.
Un certain nombre de nos marins se rendirent même compte qu'ils pouvaient en faire une arme anti-navire sérieuse.
Ils savaient qu'un cuirassé, à 20 km de distance, plaçait - dans des conditions idéales - tous ses obus dans un cercle de 150 m de rayon, c'est à dire quelque chose excédant de peu la longueur même de ces navires (~250 m).
Ce n'était même pas le cas des plus modernes cuirassés Français (Dunkerque, Strasbourg, Richelieu et Jean-Bart) qui triplaient le diamètre de la zone d'incertitude à cause de la faible distance entre les bouches des canons montés en tourelles quadruples quand elles tiraient par salves (le souffle des tirs influant alors fortement sur la trajectoire des obus).
Par contre, un ensemble de bombardiers en piqué pouvaient placer, à 300 km de leur propre flotte, toutes leurs bombes dans un cercle de 50 m de rayon.
C'était autrement plus efficace que les cuirassés, d'autant plus que les ponts blindés des cuirassés les plus récents étaient moitié moins épais que leur ceinture, ce qui les rendait vulnérables même à des bombes de 250 kg.
Un programme visant à créer des bombardiers en piqué fut donc lancé vers 1932, probablement à l'instigation d'amis de la maison Gourdou-Leseurre.
Cette société avait effet beaucoup travaillé le sujet, mais, restée prisonnière de ses conceptions de la fin de la Guerre précédente, elle était fragilisée par des conflits entre ses deux fondateurs et concevait des avions parasols incapables de suivre l'évolution générale des avions-marins vers la vitesse.
Ceux qui avaient observé les formes fines des hydravions monoplans à ailes basses de la famille du GL 810 ont dû en être étonnés car un bombardier en piqué monoplace très correct - et très rapide - aurait pu sortir de cet hydravion, une fois mis sur roulettes.
1 - Première ébauche
De son côté, l'ingénieur Pillon, chez Nieuport, s'était alors lancé dans la conception d'un biplace à train fixe et aile basse en W, le Nieuport 140, qui paraissait a priori bien adapté à sa tâche, à savoir mener de front les missions de chasse et de bombardement en piqué.Un habitacle fermé protégeait le pilote et le mitrailleur (à ma connaissance, le premier sur un chasseur Français).
(Parenthèse : Les occupants Allemands lui trouvèrent une ressemblance frappante avec leur Junkers 87, notamment sur la structure de la voilure et la disposition générale et accusèrent les Français d'espionnage.
Mais, du fait que le Nieuport 140 commençait ses essais en vol au moment où la société Junkers commençait tout juste la construction du prototype de son enfant chéri, la conception de l'avion Français était évidemment antérieure d'environ un an à celle du Ju 87.
En conséquence, il est très facile de retourner l'accusation : Le Ju 87 avait de bonnes chances d'avoir été une copie de l'avion Français, obtenue par espionnage.
Mais, il faut être juste, les excellents freins de piqué du Stuka lui étaient propres).
Cet avion, destiné au Béarn, fut commandé à l'été 1934 et vola sans problème en Mars 1935.
Sa voilure de 14 m d'envergure avait une surface proche de 27 m².
D'une longueur de 9.56 m, sa masse au décollage de 2 475 kg lui assurait une charge alaire de 92 kg/m².
Nieuport 140 - de bonnes idées gâchées |
Il atteignait environ 290 km/h au niveau de la mer et 335 km/h en altitude.
La montée à 4 000 m prenait un peu moins de 8' 30". C'était donc des performances justes moyennes.
Les freins de piqué consistaient en deux carénages coaxiaux avec deux mâts cylindriques reliant les ailes au fuselage.
Pour faire un piqué, le pilote, une fois à l'altitude requise, affichait d'abord une vitesse très faible (~150 km/h), moteur au ralenti, et, juste avant la mise en piqué, il déclenchait la rotation de 90° des 2 carénages pour que, en présentant leur plus grande largeur face au vent relatif, ils limitent l'accélération de l'avion, toujours très rapide pendant un piqué.
Les premiers essais de piqué furent apparemment corrects, aussi, le premier tir d'une bombe d'exercice eut lieu le 8 Juillet 1935. La descente verticale de 5 000 m à 1 000 m dura 26 secondes soit une vitesse moyenne, très élevée, de 550 km/h, donc une vitesse terminale encore bien supérieure.
La bombe fut larguée et la partie initiale de la ressource (celle qui mène au palier) fut normale.
Par contre, le moteur resta silencieux, interdisant à l'avion de revenir jusqu'à la côte : La forte vitesse atteinte avait entraîné un sur-régime du moteur à cause de l'emploi d'une hélice à pas fixe. L'embiellage du moteur n'y avait pas résisté.
C'est alors que le pilote René Paulhan s'aperçut qu'il ne pouvait pas sauter en parachute car le tube guidant les mouvements de la verrière ne lui laissait pas la place de passer !
(Une cause similaire avait déjà entraîné la mort du pilote André Salel et de son mécanicien Roger Robin en Juin 1934 dans l'incendie d'un prototype Farman.)
Heureusement, Paulhan réussit à amerrir et ne fut que blessé.
Un second prototype, modifié, vola en Novembre 1935.
Après les essais-constructeur sans histoires, il fut transféré à Marignane pour les essais de piqué en Février 1936.
Début Mars, le pilote Jean Decaux prit l'avion en main et fit une série de vols.
Lors d'un vol d'essais officiel, deux mois plus tard, le 15 Mai suivant, il déclencha son piqué, largua sa bombe mais l'avion resta sur une trajectoire descendante qui le précipitait dans la mer, le pilote étant mortellement blessé. (Une autre source dit que l'avion se rompit en plein piqué, à 2 000 m d'altitude.)
Aucune erreur ne fut pourtant trouvée dans le dossier de calcul...
{Pour mémoire, le premier prototype du Junkers Stuka, le Ju 87 V1, se crasha en piqué fin Janvier 1936, entraînant son équipage dans la mort, et le grand Ernst Udet échappa de justesse au même sort en se parachutant du Heinkel 118, concurrent du précédent : Il est donc probable qu'un problème de même nature, lié au piqué à très grande vitesse, ait affecté ces trois avions de conceptions très différentes (j'accuserai facilement le faseillement (flutter)).}
2 - Vers la guerre
Malgré ce terrible accident, deux années plus tard, la société Loire-Nieuport sortait le Loire-Nieuport 40 (lui aussi, un pur Nieuport), synthèse du fuselage du chasseur Nieuport 161 et d'une voilure intermédiaire entre celle du Nieuport 140 et celle du Nieuport 161.Cette voilure, d'allongement 7.92, bien plus effilée que celle du Nieuport 140 et réduite à 24.75 m², lui assurait, à la masse de 2 820 kg au décollage, la toujours très faible charge alaire de 114 kg/m².
Le train d'atterrissage se rétractait dans deux encombrants fuseaux qui rajoutaient, hélas, beaucoup de traînée.
LN 411 - Toute la finesse et l'armement d'un chasseur, le moteur en moins et des choses en trop, comme, malheureusement, ces trop importants logements de train. |
(Christophe Prudhomme trouve peu moderne cette disposition des freins de piqué, mais sans donner aucune raison justifiant son avis.
Ce que l'on demande à un frein de piqué, c'est de ralentir le piqué.
C'était l'essentiel.
La solution Nieuport avait l'avantage de ne pas interférer aérodynamiquement avec les gouvernes et de ralentir considérablement la vitesse de plongée - 400 km/h - bien mieux que ce qui était obtenu par les freins du Junkers 87 - 550 km/h - mais qui avaient, eux, l'avantage d'être couplés avec des systèmes d'automatisation remarquables.)
Le Loire-Nieuport 40 était destiné à la fois au bombardement en piqué et à la Chasse de couverture de la flotte suivant le même concept multi-tâches que ses homologues Britannique Skua et Japonais Aichi D3A1 ("Val" pour les USA).
Les vitesses de pointe en mission de Chasse du LN 40 de présérie n° 2, furent mesurées à 307 km/h au niveau de la mer et à 367 km/h à 4 700 m d'altitude.
S’ils avaient choisi ce dernier moteur, l’avion aurait volé plus vite (390 km/h), aurait pu emmener des bombes plus lourdes et serait monté plus vite sans perdre ses excellentes qualités de vol pour autant.
Il aurait juste perdu 100 km de distance franchissable.
La vitesse maximale (en mission de chasse) du Loire-Nieuport 401 / 411 était de 320 km/h au sol et de 380 km/h à 4 700 m.
Il est possible que le LN 411, dépourvu de crosse d'appontage, donc plus fin, ait été à l'origine de la valeur de 380 km/h.
Le futur amiral Cassé, qui avait beaucoup volé sur LN 401 pour pouvoir en rédiger la notice technique, attribuait à cet avion une vitesse de pointe de 375 km/h (Icare n°60).
Cependant, il pouvait aussi être employé à des patrouilles anti-sous-marines à seulement 155 km/h.
La distance franchissable variait de 800 km en mission de bombardement à 1 200 km en mission de Chasse ou de reconnaissance (donc un rayon d'action de combat de 350 km/h).
En mission de Chasse, l'avion montait à 3 500 m en 7' et à 4 000 m en 8' 30", soit une moyenne instantanée d'environ 8 m/s, tout à fait correcte pour l'époque et au-dessus de la mer.
Le plafond de 9 500 m, était très au-dessus des plafonds de tous ses homologues étrangers.
3 - Qualités de volLe plafond de 9 500 m, était très au-dessus des plafonds de tous ses homologues étrangers.
Le nouvel avion, beaucoup plus fin que le 140, volait facilement, tenait ses spécifications et il était particulièrement maniable.
Il n'avait aucun problème en piqué, en particulier grâce à la position de ses freins de piqué confondus avec son train d'atterrissage.
La revue Flight international a publié dans sa livraison du 28 Août 1941 une lettre dont j'extrais ce témoignage :
"(...)
I was in one of the fighter squadrons of the Bearn (during the war based at Calais) and flew the Loire 40 several times.
It was very easy to pilot and made very good aileron turns during the dive.
The triple tail had been added to the original design to prevent vibrations. (...)
FREE FRENCH PILOT."
{ Traduction personnelle : J'appartenais à l'une des escadrilles de Chasse du Béarn (basée à Calais pendant la guerre} et j'ai piloté plusieurs fois le LN40.
Il était très facile à piloter et permettait d'excellents virages au manche pendant le piqué.
Le système à trois dérives a été institué pour prévenir les vibrations.
UN PILOTE DES FRANÇAIS LIBRES }
On critiqua la direction, vue comme un peu faible à 90 km/h.
La même critique avait été portée contre le Nieuport 161 dont le LN 40 avait repris la dérive (laquelle avait été réduite à la demande de l'ingénieur Vellay du CEMA un peu avant Novembre 1935).
Cela n'avait guère de sens puisque l'impact à l'appontage se produisait à 105 km/h (on retrouvera encore cette critique à propos de son dernier descendant, le LN 42).
{Parenthèse connexe : Sur les Loire-Nieuport 40, 401, 402 et 411, le moteur Hispano-Suiza 12 X était refroidi par le même système que celui installé dans le chasseur Nieuport 161 dont il dérivait directement, c'est à dire par un radiateur noyé dans chaque aile avec la prise d'air frais à l'intrados et l'évacuation de l'air chaud juste à l'extrados, juste en amont de la zone portant les volets d'atterrissage.
Les Loire-Nieuport 40 se posèrent sur le Béarn et en redécollèrent sans aucune difficulté.
Ils vécurent de véritables combats aériens (voir plus loin) où ils se montrèrent tout à fait efficaces, en particulier si l'on songe à leur faible puissance.
Enfin, ils ne présentèrent aucune tendance à s'écraser spontanément au sol à l'issue d'un piqué, et Dieu sait qu'ils en firent : Donc l'explication que Louis Bonte avait donnée à l'accident du Nieuport 161 ne pouvait pas être vraie.}
Le décollage par vent nul se faisait en moins de 150 m et l'atterrissage en environ 200 m, d'excellentes valeurs en vérité.
4 - Production en série
Il en fut commandé trois variantes, dont 2 assez différentes.
- Le Loire-Nieuport 40, avion de présérie à voilure repliable étanche à l'eau et avec crosse d'appontage pour être embarqué sur porte-avions ;
- Le Loire-Nieuport 401, également pour les marins et destiné être embarqué sur porte-avions ;
- Le Loire-Nieuport 411 à voilure fixe destiné à l'Armée de l'Air.
Les cadences de production ne purent pas battre de records de rapidité parce que l'essentiel de l'outil de production de cette société était accaparé par la construction "absolument prioritaire" des deux avions Français les plus chronophages du moment :
- Le Morane 406 (on annonçait 16 à 17 000 heures par avion, quantité qui me paraît en réalité sous-évaluée d'environ 5 000 h), de 1938 à fin 1939,
- Le LéO 451 (60 000 heures par avion), de l’Été 1939 à Juin 1940, chacun de ces avions étant bien sûr défini comme une priorité nationale.
Pourtant, à considérer les choses froidement, on constate que la commande ayant été passée fin 1938 - début 1939, les LN 40 de présérie sortirent en Juillet 1939 (donc à peine plus de 6 mois plus tard) et les appareils de série - qui tenaient compte de nombreuses modifications - à la fin de 1939.
L'industrialisation de cet avion avait été trois fois plus rapide que celle du MS 406 (premiers avions de présérie en 24 mois).
Pour ne rien arranger, l'Armée de l'Air commanda, de toute urgence, 40 Loire-Nieuport 411, qui, évidemment, ne devaient pas utiliser les mêmes équipements (remplacement des mitrailleuses Darne alimentées par bandes de 600 cartouches par des MAC à chargeurs de 300 cartouches, par ex.) que les marins.
D'après Arnaud Prudhomme, 71 exemplaires de LN 401 et 411 étaient tout de même sortis fin Juin 1940.
L'Armée de l'Air refusa ses propres avions sans jamais les avoir employés !!!
La Marine les récupéra et s'en servit au profit de l'Armée de l'Air !
5 - Un incompréhensible problème de masse
La similitude quasi absolue des masses des deux versions terrestre et marine a de quoi surprendre.
La version terrestre diffère de la version embarquée par l'absence de crochet d'appontage (60 kg) et de dispositif de repliement des ailes (100 kg).
Par contre, une fois ces avions transférés à la Marine, les réserves d'étanchéité des voilures des LN 401 - de masse évidemment non nulle - avaient été aussi installées dans les LN 411.
Le LN 411 aurait donc dû perdre au moins 150 kg de masse à vide par rapport au LN 401.
Et, malgré cela, il est toujours présenté comme le plus lourd :
- Le LN 401 avait une masse à vide de 2 100 à 2 135 kg et une masse au décollage de 2 750 à 2 825 kg.
- Le LN 411 avait, suivant mission, de masse à vide de 2 100 à 2 240 kg et une masse au décollage de 2 850 à 2 930 kg.
Il y a donc un problème de crédibilité pour les masses annoncées de la version terrestre.
Si les masses étaient différentes, les performances des deux versions ne pouvaient pas certainement pas être identiques.
6 - Armements et équipements
Les Loire-Nieuport 401 (de la Marine) et les LN 411 (de l'Armée de l'Air) ne partageaient, à part la cellule et son moteur, que les bombes et le canon Hispano-Suiza HS 404.
En mission de bombardement, la bombe G2 de 75 kg (correspondant à un obus de 155 ou de 152 mm de marine "habillé" aérodynamiquement pour être lancé par avion) étant portée sous le ventre de l'avion.
La bombe I2 était une bombe de 150 kg qui correspondait à un obus de 203 mm de marine.
Pour les deux mitrailleuses, la Marine préférait les excellentes Darne de 7.5 mm alimentées chacune à 600 cartouches par une bande continue tandis que l'Air optait pour les MAC 1934 alimentés seulement à 300 cartouches chacune par chargeur dit "camembert".
Cela signifie que les LN 401 disposaient d'un total de 1 200 cartouches de mitrailleuses - 30 secondes de tir - tandis que les LN 411 disposaient de 600 cartouches, soit seulement 15 secondes de tir.
On peut lire ici ou là que les LN 401 / 411 n'étaient pas blindés.
C'est une légende introduite par les chefs qui n'ont pas su employer ces avions avec bon sens.
Le blindage du siège pilote fut réalisé au début de 1940, avec les mêmes normes que pour les chasseurs de l'Armée de l'Air (5 mm d'acier à blindage).
Il est également souvent écrit que le réservoir d'essence n'était pas protégé contre l'incendie. Mais, au niveau de l'analyse des opérations de guerre (voir plus loin), il existe des arguments qui me semblent contredire clairement cette thèse.
7 - Des temps de montée un peu bizarres
Les temps de montée, telles que publiés par Arnaud Prudhomme, étaient dans les mêmes eaux en mission de chasse ou de bombardement, ce qui ne laisse pas de surprendre, l'avion de Chasse étant, dès le départ débarrassé de sa bombe (qui induisait traînée + poids supplémentaires), il eut été logique d'attendre une amélioration significative.
Altitude temps temps pour les
derniers 500 m derniers 1 000 m
500 m --------> 1' 05" 1' 05"
1 000 m --------> 2' 13" 1' 08" 2' 13"
1 500 m --------> 3' 24" 1' 11"
2 000 m --------> 4' 30" 1' 06" 2' 17"
2 500 m --------> 5' 30" 1' 00"
3 000 m --------> 6' 31" 1' 01" 2' 01"
3 500 m --------> 7' 03" 0' 32"
4 000 m --------> 8' 34" 1' 31" 2' 03"
4 500 m --------> 9' 36" 1' 02"
5 000 m --------> 10' 40" (estimation)
La durée de chaque tranche de 500 m, pendant la montée de 0 à 4 500 m, oscillait de quelques secondes autour d'un temps moyen de 64 secondes, que j'ai utilisé pour compléter le temps de montée à 5 000 m.
Mais le temps de monté de 32" entre 3 000 m et 3 500 m, comme celui de 91" entre 3 500 m et 4 000 m, me paraissent bizarres, exactement comme si le pilote avait dû ralentir pour contrôler une surchauffe du moteur.
Pourquoi, alors, ne pas avoir recommencé la mesure ?
II - La Guerre et le piège Néerlandais
A partir du 10 Mai, la diversion Allemande consistant en une offensive contre les Pays-Bas avait fonctionné à la perfection : Britanniques et Français tombèrent allègrement dans le panneau.
Les Britanniques, parce que l'idée qu'un pays fort et hégémonique (l'Allemagne Nazie, en l'occurrence) puisse tenir solidement Anvers (qu'ils imaginent - même maintenant - être un pistolet braqué sur leur cœur) bloquait littéralement leur capacité de réflexion.
Les Français, parce qu'ils voulaient, à tout prix, faire plaisir aux Britanniques, le dernier Allié qui leur restait.
Le général Gamelin, bombardé Généralissime Allié, devait vraisemblablement ce poste prestigieux à une promesse donnée aux généraux de sa Gracieuse Majesté de tenir Anvers coûte que coûte.
Toujours persuadé de son extrême intelligence, notre général en chef fit transférer aussitôt une partie des troupes de la VIIème Armée (général Giraud) dans l'île de Walcheren (île Néerlandaise de la Zélande qui commande la sortie d'Anvers).
Naturellement, nos troupes y avaient été emmenées en bateau (et on peut vraiment prendre cela au sens propre comme au sens figuré). Il était donc évident qu'elles devraient en repartir de la même façon.
Malheureusement, d'après cet excellent site, les troupes qui furent débarquées en Zélande étaient des divisions de type B, peu entraînées et dirigées par le général Durand qui méprisait les Néerlandais (Question subsidiaire : Pourquoi donner un commandement, en pays étranger et ami, à un homme de ce genre ?).
Cet général refusa que ses troupes emploient les fortifications de campagne existantes, préférant que ses hommes s'épuisent à en créer de nouvelles, moins bien situées !
Avec une coordination aussi mauvaise, il était impossible de faire des miracles, même si l'autre général Français, Deslaurens, avait tout fait pour y parvenir.
La pression Allemande semblait forte, mais "on" pensa qu'elle serait facilement contrée par un soutien aérien qui fut donc demandé à l'Aéronavale par l'amiral Abrial, désigné en tant qu'amiral Nord.
Ce fut le baptême du feu pour les Loire-Nieuport de l'AB 2, commandés par le lieutenant de vaisseau Lorenzi.
Ce fut aussi le baptême du feu des Chance-Vought Vindicator de l'AB 1 du lieutenant de vaisseau Mesny (cette dernière escadrille était la seule opérationnelle sur cet avion US, l'AB 3 ayant été totalement détruite dans son hangar au matin du 10 Mai, par suite d'une grave faute de commandement).
Quatre missions furent ainsi menées du 15 au 17 Mai inclus par les deux unités sous la protection des Potez 631 de 1ère flottille de Chasse (AC 1 et AC 2) du capitaine de corvette Jozan.
- Le 15 Mai, une colonne d'artillerie fut bombardée par l'AB 2 (9 sorties).
- Le 16 Mai, les écluses du canal de Zuid Beveland près de Hansweert furent bombardées par l'AB 2 (9 sorties) tandis que l'AB1 de Mesny bombardait un pont de chemin de fer (9 sorties).
- Le 17 Mai, l'AB 1 (10 sorties) et l'AB 2 (8 sorties) décollèrent de nuit pour bombarder à l'aube la chaussé qui relie Walcheren à Zuid Beveland et les chars qui étaient dessus. Une forte réaction de la Flak fut notée, déjà.
- Une sortie nocturne des deux mêmes unités fut réalisée le soir du même jour, partant à 22:30. Ce qui rajoute 3 sorties pour l'AB 2 et 2 pour l'AB 1.
Pour les 21 sorties de l'AB 1, le futur amiral Mesny signala 2 avions non rentrés. En fait, l'un des deux s'était posé dans le Cotentin. Mais l'autre avait disparu sans que l'on connaisse son sort.
Aucune explication n’étant donné sur les problèmes de cet avion, on peut envisager aussi bien une action de la Flak, une collision en vol ou une erreur de navigation, mais certainement pas une action de la chasse de nuit Allemande, strictement inexistante jusqu'en Juin 1941.
Donc, pour 49 sorties, il y avait donc eu une seule vraie perte et celle-ci ne concernait que les Vindicator.
Les très bons résultats des Loire-Nieuport furent certainement dus à plusieurs facteurs convergents, les plus évidents étant :
- Le mouvement Allemand dans cette zone servait à crédibiliser leur diversion. Il n'est vraiment pas sûr que la Flak y ait été réellement puissante.
- L'essentiel de la Chasse Allemande, jusque là occupée au-dessus des Pays-Bas et du Nord de la Belgique, s'était déplacée au-dessus des Ardennes Françaises et de Sedan en particulier. C'était caractéristique de l'efficace tactique dite du Schwer Punkt.
- Une forte protection de Chasse - les 2 escadrilles de l'Aéronavale (qui en profitèrent pour abattre un He 111) et une patrouille de Curtiss de l'Armée de l'Air - avait été accordée à nos bombardiers.
- Ces deux escadrilles étaient les plus expérimentées dans le bombardement en piqué car elles avaient été les premières constituées.
Pendant que les Britanniques et nos généraux en chef Gamelin, Vuillemin et Abrial étaient fascinés par le jeu de bonneteau Allemand dans le Plat Pays qui était, à leurs yeux, la porte de la France, Hitler, vous le savez déjà, avait parfaitement organisé son passage par la fenêtre, à savoir les Ardennes.
Dans le même temps, l'amiral Darlan, quant à lui, se préparait à contrer une attaque Italienne par voie maritime, attaque qui n'eut, évidemment, jamais lieu.
Nos généraux, habitués aux faibles vitesses de progression vécues pendant l'essentiel de la Grande Guerre, imaginaient qu'une avance foudroyante ne dépasserait pas une quinzaine de kilomètres par 24 h.
Lors de manœuvres dirigées par le général Giraud, vers 1937, ce dernier avait demandé au colonel De Gaulle jusqu'où il comptait emmener ses chars, ce dernier avait pointé la ville de Bar-le-Duc relativement éloignée (80 km) et, surtout, hors de portée de l'infanterie...
Il avait ainsi déclenché un tonnerre de critiques et de quolibets de la part des généraux présents qui n'y croyaient pas.
Si ces décideurs avaient réellement été aussi intelligents que certains l'ont affirmé encore bien des années plus tard, ils l'auraient pris aux mots et auraient exigé qu'il l'expérimente sur le champ.
Après, ils auraient pu tirer les conséquences d'une expérience authentique.
En Mai 1940, ils eussent alors mieux su comment bloquer le corps blindé Allemand, ce qui aurait complètement changé la donne.
L'intelligence consiste à apprendre ce qui est nouveau et à désapprendre ce qui est issu de la routine.
Par contre, MM. Guderian et Rommel avaient, eux, et depuis longtemps intégré l'importance de la vitesse (comme Napoléon nous l'avait enseigné.
En quelques jours, ils réussirent ce que nos brevetés d'état-major croyaient impossible.
Alors, pour les arrêter, ceux de nos officiers qui pensaient jusque là que l'Aviation était une danseuse inutile et coûteuse à laquelle ils avaient toujours refusé de donner un budget décent, lui demandèrent de réaliser LE miracle.
Et ils eurent le culot de demander cela aux marins qu'aucun exercice n'avait pourtant préparé à ce type d'action très spécialisée contre des forces terrestres Allemandes parfaitement préparées et supérieurement défendues par une Flak bien entraînée.
Un tel coup de boutoir aurait eu plus de chance de fonctionner si nous avions pu employer simultanément chars et avions : La Flak eût dû choisir entre des cibles également dangereuses, ce qui aurait réduit nos pertes tout en augmentant fortement l'efficacité de notre riposte.
Mais combien d'exercices inter-armes avaient été réalisés sur le thème d'un coup d'arrêt à la pénétration d'une division blindé ? La réponse est : Zéro.
L'Amiral Francis Lainé, pilote de chasse et commandant d'escadrille dans l'Aéronavale en 1940, a raconté sa Bataille de France dans Icare # 60, L'Aéronavale, 1ère partie.
En Novembre 1939, alors qu'il était lieutenant de vaisseau, il avait choisi d'être affecté à une escadrille de Loire-Nieuport, l'AB 4, dont il reçut le commandement à la fin du mois de Décembre suivant.
Arrivé à Lanvéoc, il ne disposait encore d'aucun avion et seulement de 2 pilotes (on l'avait prévenu au Ministère qu'il lui serait impossible d'être opérationnel avant la mi-Juin 1940).
Il réussit cependant à effectuer 14 h 30 de vol en Janvier, "parmi lesquelles un cadeau magnifique du commandant de l'escadrille AB 2, mon excellent ami Jean Lorenzi, 0 h 25 minutes de vol et 2 atterrissages sur son propre Loire-Nieuport."
Ayant réussi à faire transférer son unité à Orly (qui, à l'époque, n'était pas un aérodrome civil), très près de l'usine Nieuport d'Issy les Moulineaux, matériels et pilotes furent prêts avec deux mois d'avance.
L'entraînement était pratiqué sur le terrain de Cherbourg-Querqueville.
Cela consistait en piqués à la verticale depuis 4 000 m jusqu'à 800 m, en semi-piqués à 60° ou 45° depuis 1 200 m jusqu'à 300 m avec des bombes d'exercices puis avec des bombes réelles, puis en tirs de Chasse avec les armes de bords.
Dans le dernier exercice, le 17 Mai 1940, l'un de ses pilotes, voulant trop bien faire, largua sa bombe trop bas et n'eut pas le temps de redresser son avion. Il fut le premier mort de l'AB 4.
Le 19 Mai, après avoir été
transférée à Berck, l'AB 4 et l'AB 2 - 20 avions en tout - reçurent l’ordre
d’attaquer des colonnes blindées Allemandes vues en fin de matinée à
Berlaimont.
Les deux escadrilles décollèrent à 18:30 en direction de leur objectif.
La VIIème Panzer Divizion de Rommel avait déjà commencé à passer le matin, la Vème lui avait succédé et il est possible que des éléments de ces deux divisions aient coexisté dans Berlaimont au moment de l'attaque Française à 19:30, ce qui expliquerait les embouteillages constatés.
Lainé se souvient : "J'étais très fier de mener au combat ces 20 appareils bien armés et ce fut certes le plus beau commandement de mes quarante-trois années de Marine."
L'escorte Britannique n'était pas là pour une raison inconnue, même de nos jours.
Les deux escadrilles naviguaient à basse altitude en 7 sections espacées de 100 mètres.
Le dispositif ne volait probablement pas en rase-mottes, qui fatigue pilotes et avions, mais plutôt entre 300 et 500 m d'altitude, ce qui limitait la vitesse de pointe des appareils à un peu moins de 320 km/h et donc la vitesse de croisière à environ 250 km/h.
Alors, pour les arrêter, ceux de nos officiers qui pensaient jusque là que l'Aviation était une danseuse inutile et coûteuse à laquelle ils avaient toujours refusé de donner un budget décent, lui demandèrent de réaliser LE miracle.
Et ils eurent le culot de demander cela aux marins qu'aucun exercice n'avait pourtant préparé à ce type d'action très spécialisée contre des forces terrestres Allemandes parfaitement préparées et supérieurement défendues par une Flak bien entraînée.
Un tel coup de boutoir aurait eu plus de chance de fonctionner si nous avions pu employer simultanément chars et avions : La Flak eût dû choisir entre des cibles également dangereuses, ce qui aurait réduit nos pertes tout en augmentant fortement l'efficacité de notre riposte.
Mais combien d'exercices inter-armes avaient été réalisés sur le thème d'un coup d'arrêt à la pénétration d'une division blindé ? La réponse est : Zéro.
III - Paroles de pilote sur la lutte contre la percée Allemande
L'Amiral Francis Lainé, pilote de chasse et commandant d'escadrille dans l'Aéronavale en 1940, a raconté sa Bataille de France dans Icare # 60, L'Aéronavale, 1ère partie.
En Novembre 1939, alors qu'il était lieutenant de vaisseau, il avait choisi d'être affecté à une escadrille de Loire-Nieuport, l'AB 4, dont il reçut le commandement à la fin du mois de Décembre suivant.
Arrivé à Lanvéoc, il ne disposait encore d'aucun avion et seulement de 2 pilotes (on l'avait prévenu au Ministère qu'il lui serait impossible d'être opérationnel avant la mi-Juin 1940).
Il réussit cependant à effectuer 14 h 30 de vol en Janvier, "parmi lesquelles un cadeau magnifique du commandant de l'escadrille AB 2, mon excellent ami Jean Lorenzi, 0 h 25 minutes de vol et 2 atterrissages sur son propre Loire-Nieuport."
Ayant réussi à faire transférer son unité à Orly (qui, à l'époque, n'était pas un aérodrome civil), très près de l'usine Nieuport d'Issy les Moulineaux, matériels et pilotes furent prêts avec deux mois d'avance.
L'entraînement était pratiqué sur le terrain de Cherbourg-Querqueville.
Cela consistait en piqués à la verticale depuis 4 000 m jusqu'à 800 m, en semi-piqués à 60° ou 45° depuis 1 200 m jusqu'à 300 m avec des bombes d'exercices puis avec des bombes réelles, puis en tirs de Chasse avec les armes de bords.
Dans le dernier exercice, le 17 Mai 1940, l'un de ses pilotes, voulant trop bien faire, largua sa bombe trop bas et n'eut pas le temps de redresser son avion. Il fut le premier mort de l'AB 4.
1 - L’épreuve du combat
Les deux escadrilles décollèrent à 18:30 en direction de leur objectif.
Le trajet choisi pour aller sur
l'objectif passait par Arras, donc en suivant la ligne droite Berck /
Berlaimont.
Il y aurait peut-être eu une possibilité moins risquée en faisant un léger détour par le Nord, qui était encore essentiellement à l'intérieur des lignes Alliées.
Il y aurait peut-être eu une possibilité moins risquée en faisant un léger détour par le Nord, qui était encore essentiellement à l'intérieur des lignes Alliées.
La VIIème Panzer Divizion de Rommel avait déjà commencé à passer le matin, la Vème lui avait succédé et il est possible que des éléments de ces deux divisions aient coexisté dans Berlaimont au moment de l'attaque Française à 19:30, ce qui expliquerait les embouteillages constatés.
Lainé se souvient : "J'étais très fier de mener au combat ces 20 appareils bien armés et ce fut certes le plus beau commandement de mes quarante-trois années de Marine."
L'escorte Britannique n'était pas là pour une raison inconnue, même de nos jours.
Les deux escadrilles naviguaient à basse altitude en 7 sections espacées de 100 mètres.
Le dispositif ne volait probablement pas en rase-mottes, qui fatigue pilotes et avions, mais plutôt entre 300 et 500 m d'altitude, ce qui limitait la vitesse de pointe des appareils à un peu moins de 320 km/h et donc la vitesse de croisière à environ 250 km/h.
Pendant les 20 derniers kilomètres, les LN 401 et 411 furent escortés par un "chasseur Henschel", que j'imagine - de par son identification même - être un biplan Henschel 123, particulièrement maniable et utilisé pour l'assaut, et certainement pas un Henschel 126 d'observation, moins rapide, moins agile et moins armé.
La formation continua ainsi quasiment jusqu'à l'objectif, ne montant à 1 200 m que pour bombarder
Au dessus du carrefour de Berlaimont, à 19:30, Lainé avait piqué à la tête de son dispositif, accueilli par la Flak.
Il crut même voir que deux d'entre ses avions avaient été abattus.
Le maître Téoulet avait bien été tué d'emblée par un obus mais son avion en flammes avait volé encore 20 km avant de s'écraser avec sa bombe de couleur jaune encore intacte (!).
Par contre, si le second maître Goasguen fut certes abattu et tué, ce fut bien plus tard et, malheureusement, par une méprise de la DCA Française, alors qu'il se croyait en sécurité.
(On fera enfin circuler un carnet de silhouettes d'avions pour éviter de telles méprises... mais après l'armistice, donc bien trop tard.)
Un obus de Flak pulvérisa alors la radio de Lainé.
En se retournant, Lainé vit les autres sections piquer en bon ordre puis aussi un énorme nuage sombre sortit du sol.
Il était dû aux explosions de bombes, à la Flak, mais surtout à l'incendie de nombreux chars, de véhicules, voire de bâtiments divers.
Ce nuage grossissait rapidement au point de recouvrir tout le village.
Peu après, Lainé repéra un grand parc de chars et de véhicules techniques où quelques bombes auraient fait un massacre bienvenu, mais il n'avait plus aucun moyen de communication pour le signaler.
Trente-deux ans plus tard, se souvenant de son état d'esprit de l'instant, alors qu'il s'échappait vers le Nord à très faible altitude, il pensa que "l'idéal de la guerre sans haine, chère au Maréchal Rommel, n'est pas à la portée des exécutants de base".
Très humainement, sa colère était toujours présente : "Avoir vu mes équipiers descendus m'a rendu mauvais" !
Il tira avec ses armes de bord sur tout ce qu'il voyait, sur les servants d'un redoutable canon de Flak de 88 mm puis "sur un motocycliste Allemand qui boule comme un lapin".
D'après le commandant Vuilliez, presque tous les avions de l'AB 2 et de l'AB 4 ressortirent de la plongée sur Berlaimont, mais la Flak continuait son œuvre et les pertes augmentèrent petit à petit.
2 - Retour au bercail
A 20:30, quatre LN 411 de l'AB 4 se posèrent à Berck, tous plus ou moins meurtris par la Flak, mais aussi, "truffés d'éclats dont certains, je le crains, appartenant à leurs propres bombes lâchées trop tard " (un des pilotes se souvint avoir lâché sa bombe à 80 m seulement au-dessus du sol !).
Ce très important
commentaire doit être pris en compte dans l’analyse des pertes, mais les
auteurs l’oublient la plupart du temps.
Pour mémoire, la bombe de 50 kg lancée par les Bréguet 693, bien moins puissante que la plus faible des bombes de notre Marine, dont il est question ici, envoyait des éclats mortels à 150 m de son point d'explosion.
Les 5 autres avions de l'AB 4 avaient disparu, abattus pendant l'attaque ou ayant dû atterrir train rentré en campagne sur le chemin de retour, pour une cause ou pour une autre.
Trois de leurs cinq pilotes s'en étaient quand même sortis, dont 2 prisonniers des Allemands.
En ce qui concerne l'AB 2, le Maître Pascal, tué en vol, s'écrasa tout près de sa cible.
Trois autres avions de l'AB 2 furent obligés de se poser train rentré, leurs pilotes devenant prisonniers.
Un seul des 20 avions partis de Berck, le LN 401 de l'enseigne de vaisseau Faivre de l'AB 2, touché par 2 obus de Flak sur l'objectif, donc déjà affaibli, fut attaqué par la Chasse Allemande.
Assailli sur le chemin du retour par 4 Messerschmitt 109 E, il réussit à se poser dans un champ au Sud de Cambrai et à s'en sortir indemne - mais prisonnier - ce qui démontrait, malgré tout, à la fois son immense talent de pilote et la remarquable manœuvrabilité de sa monture.
{la comparaison de son aventure avec celle des Vindicator de l'AB 1 lors de l'attaque du pont d'Origny Sainte Benoîte, le lendemain - voire section suivante - montre la supériorité écrasante du LN 401 sur le Vindicator.}
Sur les 11 avions de l'AB 2 qui avaient pris le départ de Berck, six étaient revenus au bercail.
Le taux de pertes à l'ennemi était donc identique pour les 2 escadrilles : 45%. Sur 20 sorties, il y avait eu 10 pertes, dont 9 dues à l’ennemi.
La division blindée fut bloquée sur place deux jours pleins pour réparer le matériel, soigner les hommes et se réorganiser.
Une aile d'un pensionnat et un pâté de maisons proches du carrefour avaient été pulvérisés.
Des prisonniers de guerre Français et une demi-douzaine d'habitants de cette commune perdirent aussi la vie.
Le lendemain, 20 Mai, tous les Loire-Nieuport disponibles - soit les 3 avions absents lors de la mission sur Berlaimont - durent partir à 16:00 pour détruire un pont que le génie n'avait pas pu faire sauter à Origny-Sainte-Benoîte, à un peu plus de 40 km au Sud de Berlaimont.
Ces trois avions n'étaient pas seuls puisque les 11 Chance-Vought 156 Vindicator de l'AB 1 partaient pour la même mission, mais pas du même aérodrome, ce qui leur imposait de venir au-dessus de Berck chercher les Loire-Nieuport.
Une fois encore, "on" avait promis une escorte de Hurricane. Une fois encore, ces avions n'étaient pas là.
Avait-on vraiment demandé l'aide des Britanniques ? L'Histoire ne le dit pas et je doute qu'elle le dise un jour.
De toute manière, à ce stade de la guerre, pour qu'un rendez-vous entre avions soit effectivement réalisé, il eut fallu que chasseurs et bombardiers partent ensemble du même terrain.
Les 11 Vindicator distancèrent les Loire-Nieuport qui, ce jour-là, avaient tendance à chauffer.
Peut être que Mesny, voyant les Loire-Nieuport décoller, avait commencé à foncer sur son objectif sans attendre qu'ils aient atteint leur altitude de croisière et qu'ils se soient regroupés en sections.
On trouve depuis, dans tous les écrits, que les Vindicator étaient plus rapides que les LN, ce qui reste à prouver.
{Parenthèse : Si le moteur de l'avion Américain, avec 835 Cv, était plus puissant de 130 Cv que celui du Loire-Nieuport - soit près de 20%, laissant donc présager une vitesse supérieure de près de 6%, soit à peu près la vitesse publiée de 404 km/h - il était cependant gréé d'une hélice bipale dont le rendement ne pouvait pas être optimal.
Curieusement, dans Les Ailes du 27 Novembre 1938, en page 7, vous pouvez lire que la vitesse maximale du Vindicator ne dépassait pas les 360 km/h...
Par ailleurs, l'avion présentait un maître couple de fuselage bien plus important - le moteur radial avait un diamètre de 1.12 m, soit 22 cm de plus que la plus grande dimension de l'Hispano 12 X Crs - et une surface alaire de 3 m² plus forte.
Le fuselage du Vindicator était entoilé et le capot moteur ne pouvait en aucun cas passer pour un modèle de profilage.
Vous comprendrez donc que j'ai bien du mal à croire à la vitesse annoncée de cet avion. Mais, au vu des résultats nuls de cet avion, je comprends qu'un voile pudique ait été posé sur ses performances réelles.}
Ce nuage grossissait rapidement au point de recouvrir tout le village.
Peu après, Lainé repéra un grand parc de chars et de véhicules techniques où quelques bombes auraient fait un massacre bienvenu, mais il n'avait plus aucun moyen de communication pour le signaler.
Trente-deux ans plus tard, se souvenant de son état d'esprit de l'instant, alors qu'il s'échappait vers le Nord à très faible altitude, il pensa que "l'idéal de la guerre sans haine, chère au Maréchal Rommel, n'est pas à la portée des exécutants de base".
Très humainement, sa colère était toujours présente : "Avoir vu mes équipiers descendus m'a rendu mauvais" !
Il tira avec ses armes de bord sur tout ce qu'il voyait, sur les servants d'un redoutable canon de Flak de 88 mm puis "sur un motocycliste Allemand qui boule comme un lapin".
D'après le commandant Vuilliez, presque tous les avions de l'AB 2 et de l'AB 4 ressortirent de la plongée sur Berlaimont, mais la Flak continuait son œuvre et les pertes augmentèrent petit à petit.
2 - Retour au bercail
Pour mémoire, la bombe de 50 kg lancée par les Bréguet 693, bien moins puissante que la plus faible des bombes de notre Marine, dont il est question ici, envoyait des éclats mortels à 150 m de son point d'explosion.
Trois de leurs cinq pilotes s'en étaient quand même sortis, dont 2 prisonniers des Allemands.
En ce qui concerne l'AB 2, le Maître Pascal, tué en vol, s'écrasa tout près de sa cible.
Trois autres avions de l'AB 2 furent obligés de se poser train rentré, leurs pilotes devenant prisonniers.
Un seul des 20 avions partis de Berck, le LN 401 de l'enseigne de vaisseau Faivre de l'AB 2, touché par 2 obus de Flak sur l'objectif, donc déjà affaibli, fut attaqué par la Chasse Allemande.
Assailli sur le chemin du retour par 4 Messerschmitt 109 E, il réussit à se poser dans un champ au Sud de Cambrai et à s'en sortir indemne - mais prisonnier - ce qui démontrait, malgré tout, à la fois son immense talent de pilote et la remarquable manœuvrabilité de sa monture.
{la comparaison de son aventure avec celle des Vindicator de l'AB 1 lors de l'attaque du pont d'Origny Sainte Benoîte, le lendemain - voire section suivante - montre la supériorité écrasante du LN 401 sur le Vindicator.}
Sur les 11 avions de l'AB 2 qui avaient pris le départ de Berck, six étaient revenus au bercail.
Le taux de pertes à l'ennemi était donc identique pour les 2 escadrilles : 45%. Sur 20 sorties, il y avait eu 10 pertes, dont 9 dues à l’ennemi.
3 - Efficacité de
l’attaque
Six bombes de l'AB 4 étaient
tombées pile sur le carrefour, bloqué par un embouteillage monstre.
Arnaud Prudhomme rapporte que, sur cette action, la division blindée Allemande visée avait perdu environ 400 soldats Allemands tués ou blessés, ce qui est considérable en quelques minutes.
Arnaud Prudhomme rapporte que, sur cette action, la division blindée Allemande visée avait perdu environ 400 soldats Allemands tués ou blessés, ce qui est considérable en quelques minutes.
La division blindée fut bloquée sur place deux jours pleins pour réparer le matériel, soigner les hommes et se réorganiser.
Une aile d'un pensionnat et un pâté de maisons proches du carrefour avaient été pulvérisés.
Des prisonniers de guerre Français et une demi-douzaine d'habitants de cette commune perdirent aussi la vie.
4 - Nouvelle cible
Le lendemain, 20 Mai, tous les Loire-Nieuport disponibles - soit les 3 avions absents lors de la mission sur Berlaimont - durent partir à 16:00 pour détruire un pont que le génie n'avait pas pu faire sauter à Origny-Sainte-Benoîte, à un peu plus de 40 km au Sud de Berlaimont.
Ces trois avions n'étaient pas seuls puisque les 11 Chance-Vought 156 Vindicator de l'AB 1 partaient pour la même mission, mais pas du même aérodrome, ce qui leur imposait de venir au-dessus de Berck chercher les Loire-Nieuport.
Une fois encore, "on" avait promis une escorte de Hurricane. Une fois encore, ces avions n'étaient pas là.
Avait-on vraiment demandé l'aide des Britanniques ? L'Histoire ne le dit pas et je doute qu'elle le dise un jour.
De toute manière, à ce stade de la guerre, pour qu'un rendez-vous entre avions soit effectivement réalisé, il eut fallu que chasseurs et bombardiers partent ensemble du même terrain.
Les 11 Vindicator distancèrent les Loire-Nieuport qui, ce jour-là, avaient tendance à chauffer.
Peut être que Mesny, voyant les Loire-Nieuport décoller, avait commencé à foncer sur son objectif sans attendre qu'ils aient atteint leur altitude de croisière et qu'ils se soient regroupés en sections.
On trouve depuis, dans tous les écrits, que les Vindicator étaient plus rapides que les LN, ce qui reste à prouver.
{Parenthèse : Si le moteur de l'avion Américain, avec 835 Cv, était plus puissant de 130 Cv que celui du Loire-Nieuport - soit près de 20%, laissant donc présager une vitesse supérieure de près de 6%, soit à peu près la vitesse publiée de 404 km/h - il était cependant gréé d'une hélice bipale dont le rendement ne pouvait pas être optimal.
Curieusement, dans Les Ailes du 27 Novembre 1938, en page 7, vous pouvez lire que la vitesse maximale du Vindicator ne dépassait pas les 360 km/h...
Par ailleurs, l'avion présentait un maître couple de fuselage bien plus important - le moteur radial avait un diamètre de 1.12 m, soit 22 cm de plus que la plus grande dimension de l'Hispano 12 X Crs - et une surface alaire de 3 m² plus forte.
Le fuselage du Vindicator était entoilé et le capot moteur ne pouvait en aucun cas passer pour un modèle de profilage.
Vous comprendrez donc que j'ai bien du mal à croire à la vitesse annoncée de cet avion. Mais, au vu des résultats nuls de cet avion, je comprends qu'un voile pudique ait été posé sur ses performances réelles.}
Les 11 Vindicator furent assaillis par une douzaine de Messerschmitt 109.
Surpris et très mal armés, les mitrailleurs ne purent empêcher le massacre et 5 Vindicator furent instantanément abattus, dont les 3 chefs de section.
Deux Vindicator, dont celui de Mesny, le chef du dispositif, ayant traversé un nuage au moment de l'attaque Allemande, ils poursuivirent leur route jusqu'à l'objectif, bombardèrent sans résultat et rebroussèrent chemin (aucun des deux ne signale avoir vu l'autre).
Hélas, un peu plus tard, l'autre Vindicator fut abattu, mitrailleur tué, par un Bf 109 en maraude dans les lignes Françaises.
On peut regretter que toutes ces opérations aient été menées entre 1 200 et 300 m. Un simple relèvement du plafond de 1 000 m et du plancher de 300 m (donc entre 2 000 et 600 m) aurait très peu réduit la précision mais beaucoup réduit l'efficacité de la Flak.
Encore eut-il fallu, pour cela, que les expériences aient été assez nombreuses auparavant.
Cependant, la section des Loire-Nieuport, commandée par de Rodellec du Porzic, arrive sur Origny vers 1 000 m d'altitude.
Les Bf 109 sont partis, et les 3 chasseurs-bombardiers Français plongent à 45° vers le pont, environné des traçantes de 20 mm.
A 300 m, l'officier lance sa bombe de 150 kg, suivi par ses deux ailiers.
Les 3 tirs sont au but, un pilier et l'assise du tablier ont été rompus et le pont s'est effondré.
Un seul marin sera obligé de poser son appareil et sera prisonnier.
La question ne peut être posée que pour les LN, car le Vindicator est universellement vu comme étant un monstre d'inefficacité.
Vu les pertes des Loire-Nieuport employés par notre Aéronavale les 19 et 20 Mai, nous pouvons lire des opinions très différentes sur ces avions.
IV - Bons avions ou mauvais avions ?
La question ne peut être posée que pour les LN, car le Vindicator est universellement vu comme étant un monstre d'inefficacité.
Vu les pertes des Loire-Nieuport employés par notre Aéronavale les 19 et 20 Mai, nous pouvons lire des opinions très différentes sur ces avions.
Les critique positives viennent des pilotes de LN 401 ou 411. Les négatives viennent toutes de l'extérieur.
Les critiques étrangers recopient servilement les critiques Britanniques sur le Junkers 87 Stuka, toujours fondées sur les pertes que cet avion a subi un certain jour lors de la Bataille d'Angleterre (!).
Dans cet autre article, totalement connexe à celui-ci, on voit que ces arguments sont totalement illogiques.
La guerre, par nature, induit des pertes.
Lorsque ces pertes sont vraiment élevées, les premières idées à effleurer l'esprit des décideurs devraient être :
Il y a aussi des critiques Françaises. Celles-ci sont celles de décideurs (ou de l'entourage des décideurs) et celles des utilisateurs.
Parmi ceux qui ont évalué ces avions a posteriori, il y a Jacques Mordal, dans son introduction au n°60 d'Icare sur l'Aéronavale en 1940.
Il y était présenté comme médecin embarqué de la Marine Nationale mais ayant l’expérience des appontages (ce que je suis bien incapable de traduire en clair - je suppute seulement qu'il savait piloter suffisamment bien pour avoir eu l'autorisation de se poser sur le Béarn).
Il fut ensuite un proche collaborateur de l'Amiral Auphan fin 1942, à Vichy. Il a donc pu rencontrer des acteurs des actions de 1940.
Il a jugé le Loire-Nieuport plus lent de 100 km/h que le Vindicator - ce qui est tout à fait erroné, voir plus haut - et il décrète aussi que, au vu de ses pertes, il n'était pas adapté au traitement de cibles terrestre, ce qui ne tient aucun compte des expériences vécues par nos marins-pilotes.
Ce n’est pas très méchant, mais cela n’explique absolument rien sur ce qui aurait manqué à cet avion pour être mieux adapté (c'est donc un comportement de type magique).
Toutefois, il note, sans y insister outre mesure, mais avec honnêteté, que si l'amiral Abrial acceptait facilement de se séparer de ses Vindicator, il refusait par contre obstinément de se séparer de ses Loire-Nieuport.
Les critiques étrangers recopient servilement les critiques Britanniques sur le Junkers 87 Stuka, toujours fondées sur les pertes que cet avion a subi un certain jour lors de la Bataille d'Angleterre (!).
Dans cet autre article, totalement connexe à celui-ci, on voit que ces arguments sont totalement illogiques.
La guerre, par nature, induit des pertes.
Lorsque ces pertes sont vraiment élevées, les premières idées à effleurer l'esprit des décideurs devraient être :
- Quelles parties de nos analyses ont-elles été mauvaises ?
- Quelles parties de l'entraînement donné à nos soldats sont-t-elles à revoir ?
Il y a aussi des critiques Françaises. Celles-ci sont celles de décideurs (ou de l'entourage des décideurs) et celles des utilisateurs.
Parmi ceux qui ont évalué ces avions a posteriori, il y a Jacques Mordal, dans son introduction au n°60 d'Icare sur l'Aéronavale en 1940.
Il y était présenté comme médecin embarqué de la Marine Nationale mais ayant l’expérience des appontages (ce que je suis bien incapable de traduire en clair - je suppute seulement qu'il savait piloter suffisamment bien pour avoir eu l'autorisation de se poser sur le Béarn).
Il fut ensuite un proche collaborateur de l'Amiral Auphan fin 1942, à Vichy. Il a donc pu rencontrer des acteurs des actions de 1940.
Il a jugé le Loire-Nieuport plus lent de 100 km/h que le Vindicator - ce qui est tout à fait erroné, voir plus haut - et il décrète aussi que, au vu de ses pertes, il n'était pas adapté au traitement de cibles terrestre, ce qui ne tient aucun compte des expériences vécues par nos marins-pilotes.
Ce n’est pas très méchant, mais cela n’explique absolument rien sur ce qui aurait manqué à cet avion pour être mieux adapté (c'est donc un comportement de type magique).
Toutefois, il note, sans y insister outre mesure, mais avec honnêteté, que si l'amiral Abrial acceptait facilement de se séparer de ses Vindicator, il refusait par contre obstinément de se séparer de ses Loire-Nieuport.
Des explications sur ce
point eussent vraiment été les bienvenues car Abrial était donc en contradiction totale avec Mordal.
En bonne logique, cela signifie qu'Abrial faisait plus confiance aux Loire-Nieuport 401 / 411 qu'aux Vindicators, dont je ne pense pas que les pilotes aient été spécialement médiocres.
Il avait certainement obtenu de ses officiers des comptes-rendus plus élogieux concernant les LN 40.
Il est impossible que cela puisse passer pour une critique du Loire-Nieuport 40, bien au contraire.
Il avait certainement obtenu de ses officiers des comptes-rendus plus élogieux concernant les LN 40.
Il est impossible que cela puisse passer pour une critique du Loire-Nieuport 40, bien au contraire.
Un seul jugement est clairement négatif, celui du capitaine de corvette Corfmat qui fut l'un des premiers à voler sur les Vindicator Américains.
Dans un rapport aux autorités de Vichy, fin 1940, il estimait nécessaire de remplacer les Loire-Nieuport périmés et usés par des avions Américains.
Il y dit aussi que les Loire-Nieuport étaient excessivement fragiles. Il est certain qu’un avion doit être léger, ce qui interdit d'en faire un cuirassé.
En plus, après avoir été soumis à la Flak, nombre de réparations furent de type provisoire. Si les avions avaient été reconditionnés, comme cela se fait normalement, cette critique aurait disparu.
Mais la capture des mécaniciens et techniciens piégés dans leur Base Aéro-Navale de Boulogne avait interdit cela.
Enfin, beaucoup d’équipements Français étaient très compliqués et, de ce fait, sujets à des pannes.
Mais, pour Vichy, qui affichait un nationalisme outrancier (mais de pure façade, vue sa soumission à l'occupant) pour essayer de faire gober son entente avec Hitler, il fallait montrer que la défaite n'était pas due à un commandement déficient mais au matériel Français.
On a aussi dit, dans le même temps, que le matériel Allemand était d'une robustesse à toute épreuve (vous en trouverez une illustration dans l’excellent film "un taxi pour Tobrouk").
A la fin de la guerre, on comprendra que cela était tout aussi faux.
On a aussi dit, dans le même temps, que le matériel Allemand était d'une robustesse à toute épreuve (vous en trouverez une illustration dans l’excellent film "un taxi pour Tobrouk").
A la fin de la guerre, on comprendra que cela était tout aussi faux.
Du côté positif, les utilisateurs (= pilotes) de Loire-Nieuport qui se sont exprimés ont démontré une très bonne confiance envers ce chasseur-bombardier.
Par ailleurs, le vol de nuit à son bord était vu comme facile.
Le futur amiral Louis Cassé était, en 1939, pilote de chasse à l'escadrille AC1, a exprimé dans Icare ses moments d'exaltation aux commandes du Loire-Nieuport, alors qu'il mettait en place sa doctrine d'emploi.
Il souligne aussi que le bombardement en piqué à la verticale, qui le passionnait littéralement, demandait beaucoup d'entraînement aux pilotes et que la fabrication des viseurs adaptés n'avait pas suivi.
Tout cela est très positif pour le Loire-Nieuport
L'amiral Lainé, que j'ai abondamment cité plus haut (texte en italiques bleues), était lui aussi manifestement très content de cet avion.
L’attaque que le second maître
Moulinier a conduite contre un Dornier 17, l’endommageant gravement, montre toute
sa confiance dans son avion, en même temps que son habileté de pilote et de
tireur.
Certes, il avait dû se poser en campagne.
Mais, quelques heures plus tard, son
avion était de nouveau opérationnel, ce ne fut donc, en aucun cas, une victoire
Allemande, juste un avion très partiellement endommagé.
Cette action, comme
les patrouilles de protection de la base par l’AB 2, démontrent la confiance
des pilotes en leur machine.
Enfin, le capitaine de frégate Vuilliez, dans son livre sur l’Aéronavale (1955), est particulièrement élogieux sur le Loire-Nieuport qu'il définit comme excellent.
Il avait parlé à nombre de pilotes de cet avion. Son avis est la résultante d'une série d'opinions. il ne peut donc pas être négligé.
Enfin, le capitaine de frégate Vuilliez, dans son livre sur l’Aéronavale (1955), est particulièrement élogieux sur le Loire-Nieuport qu'il définit comme excellent.
Il avait parlé à nombre de pilotes de cet avion. Son avis est la résultante d'une série d'opinions. il ne peut donc pas être négligé.
Il faut souligner que les pertes occasionnées par la chasse ont été considérablement plus faibles pour les Loire-Nieuport (1 avion abattu sur 20, soit 5%) que pour les Vindicators (6 avions abattus sur 11, soit 54.5%).
Mais elles eussent été encore réduites pour les 2 types d'avions s'ils avaient été escortés, comme cela fut expliqué par le capitaine de vaisseau de Levis-Mirepoix, ancien de l'AB 1 et commandant de l'AC 4, sur Bloch 151 en Mai 1940, qualifiant ce fait de grave faute de l'état major.
Les résultats opérationnels des Loire-Nieuport étant incomparablement supérieurs à ceux des Vindicator, on peut juste ajouter deux éléments :
- La dernière livraison de l'avion Américain fut transférée par De Gaulle aux Britanniques et ceux-ci, après quelques entraînements, en furent si peu convaincus qu'ils ne l'utilisèrent jamais, affectant leurs équipages à des Swordfish... officiellement deux fois plus lents !
- La seule utilisation opérationnelle du Vindicator par les USA eut lieu pendant la Bataille de Midway où ils subirent des pertes considérables sans aucun coup au but connu. Peut être peut-on corréler ce manque de réussite avec les surnoms que lui donnèrent les pilotes des Marines : "Vibrator" et "Wind indicator", ce qui suggère un avion indocile à haute vitesse.
V - Le Loire-Nieuport 4xy : Un très bon avion
En conséquence des faits rapportés plus haut, notre Marine avait eu bien raison de persister avec le Loire-Nieuport.
Vous pouvez lire que les Loire-Nieuport étaient dépourvus de réservoirs d'essence anti-incendie.
Deux arguments contredisent fortement cette opinion largement répandue.
- Le premier se trouve dans le témoignage de l'amiral Lainé. Pendant la même reconnaissance du 21 Mai que j'ai citée au sujet du combat aérien du second maître Moulinier, le futur amiral attaqua un groupe de 3 auto-mitrailleuses ennemies et son réservoir d'essence fut touché par le mitrailleur de l'une d'elles. Il vit que l'essence coulait et décida de rentrer à Berck. Un peu plus loin, il complète son témoignage en nous disant que la balle était une balle incendiaire, qui avait ensuite déchiré le dossier de son siège, avait pénétré son parachute (de soie véritable, donc très résistant), qu'elle s'y était consumée. Vous avez donc la preuve que le réservoir ne s'était pas enflammé alors qu'il a été traversé par une balle vraiment incendiaire.
- Il y a un second argument : Sur l'ensemble des photos Allemandes de 8 des 11 Loire-Nieuport abattus après Berlaimont ou après Origny-Sainte-Benoîte, ou encore des 3 avions de ce type trouvés à Berck, une seule montre un avion calciné. Si leurs réservoirs n'avaient pas été protégés, la plupart de ces avions auraient brûlé.
VI - Vers un meilleur avion
Les ingénieurs du bureau d'étude Nieuport avaient vite compris que leur avion devait avoir de meilleures performances.
Dès 1939, ils avaient bien avancé sur son amélioration, qui passait avant tout par une augmentation de sa vitesse.
Ils suivaient 2 pistes.
La première, instantanément applicable, consista à motoriser le Loire-Nieuport existant avec un moteur Hispano-Suiza 12 Y 31 de 860 Cv.
Le calcul montre que, grâce à l'augmentation de puissance, la vitesse de LN 402 pouvait passer jusqu'à une vitesse comprise entre 395 et 410 km/h (si on ajoutait des échappements propulsifs), rendant les missions anti-bombardiers plus efficaces et diminuant les temps de trajet vers les objectifs à détruire.
Une vitesse de 378 km/h aurait été mesurée sur le prototype au début de ses essais et à 4000 m, soit 700 m plus bas que l'altitude optimale réelle.
Donc la véritable vitesse de pointe de cet avion devait être proche de 410 km/h.
C'est cette voie qui mena au Loire-Nieuport 402.
Les nouvelles mesures de vitesse ne sont pas parvenues jusqu'à nous.
Par contre, il est sidérant que la série réalisée pour Vichy en 1941-42 ait conservé le moteur initial, sans même y avoir apporté les pipes d'échappement de type D 520 (15 km/h de gain).
Une seconde piste d'amélioration consistait à rompre définitivement avec feu le Nieuport 140 et à se rapprocher du Nieuport 161 de Chasse qui volait très bien.
Cette méthode a abouti au Loire-Nieuport 42 dont un prototype fut commandé en Septembre 1939.
La voilure était bien plus réduite (21 m²), géométriquement très proche de celle du Nieuport 161 avec un dièdre de 6°, mais avec des saumons d'ailes elliptiques.
Les volets de courbure avaient remplacé les volets.d'intrados.
C'est cette voie qui mena au Loire-Nieuport 402.
Les nouvelles mesures de vitesse ne sont pas parvenues jusqu'à nous.
Par contre, il est sidérant que la série réalisée pour Vichy en 1941-42 ait conservé le moteur initial, sans même y avoir apporté les pipes d'échappement de type D 520 (15 km/h de gain).
Une seconde piste d'amélioration consistait à rompre définitivement avec feu le Nieuport 140 et à se rapprocher du Nieuport 161 de Chasse qui volait très bien.
Cette méthode a abouti au Loire-Nieuport 42 dont un prototype fut commandé en Septembre 1939.
La voilure était bien plus réduite (21 m²), géométriquement très proche de celle du Nieuport 161 avec un dièdre de 6°, mais avec des saumons d'ailes elliptiques.
Les volets de courbure avaient remplacé les volets.d'intrados.
Un moteur HS 12 Y 51 était prévu.
Mais, en intrapolant à partir des valeurs de vitesses mesurées en 1946, on voit qu’avec un moteur Hispano-Suiza 12 Y 31 de 860 Cv, il aurait quand même atteint 440 km/h en altitude.
L'avion n'avait reçu son train (très modifié) qu'au début de l'offensive Allemande et il avait été terminé peu avant la défaite de Juin 1940.
Bien qu'il ait volé le 24 ou le 25 Juin, il a fallu en arrêter les essais, puis il fallut à nouveau le cacher dans une ferme Provençale, au moment de l'occupation de la zone dite "libre", en Novembre 1942.
A la Libération, la mise au point de cet avion de 1940 fut reprise à la demande de la Marine Nationale (d'où la présence d'un crochet d'appontage).
La remise en état, très avancée par la SNCASO à Cannes au début de 1945, fut transférée à la SNCAC ce qui retarda le premier vol officiel au 25 Août 1945, à Toussus le Noble.
Après 19 heures d'essais en 3 mois, l'avion s'envola pour le CEV de Marignane où il commença ses essais officiels le 7 Décembre 1945.
Ces essais furent terminés le 11 Janvier 1946, après 29 heures de vol en 26 sorties sur une période de 34 jours, une démonstration de fiabilité importante pour un prototype.
L'avion avait une masse à vide de 2325 kg et de 3105 kg au décollage (avec bombe).
JC Fayer a publié en 2002 un ouvrage passionnant (Prototypes de l’aviation Française, 1945-1960, E-T-A-I) où sont résumés les comptes-rendus des essais du CEV entre 1945 et 1960.
On y apprend que ce LN 42, grâce à sa profondeur et à ses ailerons très efficaces, était doté d'une excellente maniabilité.
Du point de vue des stabilités, il était indifférent en transversal et stable en longitudinal dans toutes les configurations.
Il décrochait entre 90 et 110 km/h selon la configuration tout en restant contrôlable. La vitesse d'impact à l'atterrissage était de 122 km/h.
A basse vitesse, on lui reprocha une direction faible et un fort buffeting.
Cela fut considéré comme rédhibitoire en configuration d'appontage.
Mais, en intrapolant à partir des valeurs de vitesses mesurées en 1946, on voit qu’avec un moteur Hispano-Suiza 12 Y 31 de 860 Cv, il aurait quand même atteint 440 km/h en altitude.
L'avion n'avait reçu son train (très modifié) qu'au début de l'offensive Allemande et il avait été terminé peu avant la défaite de Juin 1940.
Bien qu'il ait volé le 24 ou le 25 Juin, il a fallu en arrêter les essais, puis il fallut à nouveau le cacher dans une ferme Provençale, au moment de l'occupation de la zone dite "libre", en Novembre 1942.
A la Libération, la mise au point de cet avion de 1940 fut reprise à la demande de la Marine Nationale (d'où la présence d'un crochet d'appontage).
La remise en état, très avancée par la SNCASO à Cannes au début de 1945, fut transférée à la SNCAC ce qui retarda le premier vol officiel au 25 Août 1945, à Toussus le Noble.
Après 19 heures d'essais en 3 mois, l'avion s'envola pour le CEV de Marignane où il commença ses essais officiels le 7 Décembre 1945.
Ces essais furent terminés le 11 Janvier 1946, après 29 heures de vol en 26 sorties sur une période de 34 jours, une démonstration de fiabilité importante pour un prototype.
L'avion avait une masse à vide de 2325 kg et de 3105 kg au décollage (avec bombe).
JC Fayer a publié en 2002 un ouvrage passionnant (Prototypes de l’aviation Française, 1945-1960, E-T-A-I) où sont résumés les comptes-rendus des essais du CEV entre 1945 et 1960.
On y apprend que ce LN 42, grâce à sa profondeur et à ses ailerons très efficaces, était doté d'une excellente maniabilité.
Du point de vue des stabilités, il était indifférent en transversal et stable en longitudinal dans toutes les configurations.
Il décrochait entre 90 et 110 km/h selon la configuration tout en restant contrôlable. La vitesse d'impact à l'atterrissage était de 122 km/h.
A basse vitesse, on lui reprocha une direction faible et un fort buffeting.
Cela fut considéré comme rédhibitoire en configuration d'appontage.
Curieusement, la même constatation avait été opposée au LN 401 qui avait apponté superbement.
Mais nous n'avions pas de porte-avions disponible pour cause de Guerre d'Indochine et de la volonté de faire renaître le cuirassé Jean-Bart plutôt que de le transformer en puissant porte-avions.
Avec une bombe de 50 kg, et à la masse au décollage de 2 900 kg dont 940 l d'essence, l'avion montait à 3 500 m en 5 minutes (2 minutes de moins que le LN 401 en mission de chasse !), il croisait à 310 km/h et avait une vitesse de pointe de 350 km/h.
Le plafond était de 9 200 m.
Le piqué était très stable.
La manœuvre standard débutait à 4 100 m d'altitude et à 155 km/h. Elle prenait fin à 900 m par une ressource sur 200 m de rayon sous 2.7 g.
La visée s'effectuait sans aucun problème.
Sans bombe, l'avion croisait à 375 km/h et sa vitesse de pointe passait les 435 km/h à 3 500 m et les 400 km/h au sol.
La vitesse de pointe réelle dépassait les 462 km/h vers 4 700 m (in Docavia, les avions Nieuport, de Rosenthal et al.).
Cet avion ne fut pas commandé, alors qu'il eût été parfaitement adapté à l'appui feu de la Guerre d’Indochine, moyennant un blindage de protection du radiateur d'huile.
Je fais référence à la Charge de la Brigade Légère dans le titre de cet article.
Ce fait d'arme Britannique (mais pas que...) doit l'essentiel de sa célébrité à la conjonction d'une part de la bravoure et l'habileté de la cavalerie légère, et, d'autre part, à l'incompétence crasse des donneurs d'ordre qui commandaient les troupes Britanniques à la Bataille de Balaklava, en Crimée (1854).
On y trouva 3 ingrédients typiques de l'échec :
Avec une bombe de 50 kg, et à la masse au décollage de 2 900 kg dont 940 l d'essence, l'avion montait à 3 500 m en 5 minutes (2 minutes de moins que le LN 401 en mission de chasse !), il croisait à 310 km/h et avait une vitesse de pointe de 350 km/h.
Le plafond était de 9 200 m.
Le piqué était très stable.
La manœuvre standard débutait à 4 100 m d'altitude et à 155 km/h. Elle prenait fin à 900 m par une ressource sur 200 m de rayon sous 2.7 g.
La visée s'effectuait sans aucun problème.
Sans bombe, l'avion croisait à 375 km/h et sa vitesse de pointe passait les 435 km/h à 3 500 m et les 400 km/h au sol.
La vitesse de pointe réelle dépassait les 462 km/h vers 4 700 m (in Docavia, les avions Nieuport, de Rosenthal et al.).
Cet avion ne fut pas commandé, alors qu'il eût été parfaitement adapté à l'appui feu de la Guerre d’Indochine, moyennant un blindage de protection du radiateur d'huile.
VII - Un gros problème de commandement
Je fais référence à la Charge de la Brigade Légère dans le titre de cet article.
Ce fait d'arme Britannique (mais pas que...) doit l'essentiel de sa célébrité à la conjonction d'une part de la bravoure et l'habileté de la cavalerie légère, et, d'autre part, à l'incompétence crasse des donneurs d'ordre qui commandaient les troupes Britanniques à la Bataille de Balaklava, en Crimée (1854).
On y trouva 3 ingrédients typiques de l'échec :
- Le retard dans la transmission des ordres,
- la méconnaissance du système défensif ennemi,
- l'isolement des exécutants par rapport à ceux qui devaient les épauler.
1 - De la formation des hommes de troupe à la guerre moderne
Il paraît très surprenant que nos décideurs galonnés n'aient pas saisi l'importance de former les conscrits de l'Infanterie à la guerre faite par l'aviation ennemie.
Nous avions pourtant pratiqué ainsi pour arrêter les offensives Allemandes de 1918 avec la Division Aérienne du général Duval.
Certes, le nombre de nos aviateurs tués dans ces moments fut considérable.
Didier Daurat, commanda une escadre de 60 bombardiers Bréguet 14 contre les forces Germanique pendant les offensives de 1918 mais il revint seul de sa mission !
Mais ces héros cassèrent les reins de l'ennemi et sauvèrent la Nation en même temps que les armées Alliées.
Nous avions recommencé ce genre d'actions pendant la Guerre du Rif (dans le Nord du Maroc, en 1925) avec 3 Nieuport 29 commandés par le capitaine Sadi-Lecointe.
Imaginer que ce genre de moyens ne seraient pas appliqués contre nous par nos ennemis relevait d'une étonnante amnésie.
Un témoignage sur le type de préparation qui aurait dû être généralisée, a été rapporté par Arnaud Prudhomme dans son ouvrage cité plus haut, un fait étonnant par son extraordinaire rareté.
Pendant la Drôle de Guerre, à Chartres, où le lieutenant-colonel (R) Eugène Barthélémy dirigeait une compagnie de mitrailleurs.
Cet homme, sans aucun doute conscient de ce qui allait arriver sous peu, avait demandé et obtenu - fin 1939 - que sa base soit l'objet d'un simulacre d'attaque en piqué par un Loire-Nieuport 41 ou 411.
Le lieutenant de vaisseau Pierre Habert, pilote d'essai à la SNCAO, fut désigné pour cette mission.
Il l'a réalisée en Janvier 1940, par un beau temps nuageux (ciel de traîne ?).
Le LN 41 sortit d'un nuage à la verticale, donc par surprise.
Les réactions des personnels furent très contrastées.
- Une partie des hommes n'avaient rien vu ni compris, tant ils n'étaient pas préparés à la chose.
- La majorité des autres se sentirent impuissants, habitués seulement à tirer sur des cibles en vol horizontal ou en préparation d'atterrissage (ce qui explique bon nombres de tirs amis).
- Quelques hommes, cependant, eurent de bonnes réactions, mettant des coups - virtuels - au but.
Eugène Barthélémy a regretté que cette expérience n'ait pas été généralisée.
Comme je le comprend !
Il est évident, parce que nous savons de nos jours que cela avait été réalisé au moins une fois à l'époque, que c'était très facile à réaliser de nombreuses autres fois.
Cela aurait constitué un excellent endurcissement des soldats au combat qui aurait sauvé bien des vies Françaises, coûté bien des vies aux Allemands tout en facilitant le travail opérationnel de nos pilotes.
On avait préféré favoriser le théâtre aux Armées.
2 - De la formation des pilotes à l'assaut aérien
Les Loire-Nieuport appartenant à l'Aéronavale, leurs pilotes étaient des marins habitués à intervenir dans des batailles navales.
Ils étaient donc formés à attaquer des navires, petits ou grands.
En Mai 1940, ils ont été employés presque exclusivement à attaquer des objectifs terrestres sans que, à aucun moment, ils n'aient été préparés à ce travail, qui était vraiment très différent de leurs travaux habituels.
D'un autre côté, on ne lit nulle part que les pilotes d'assaut de l'Armée de l'Air aient été sollicités pour rapporter, le jour même, leur terrible expérience du 12 Mai sur Tongres.
Si le lieutenant Delattre avait malheureusement perdu la vie au combat sur une colonne motorisée Allemande vers Tongres, le commandant de l'autre escadrille lancée contre un objectif voisin était revenu.
Il pouvait donc expliquer ce qu'il avait vu. Certes, il était choqué, mais une analyse immédiate de ce qui venait d'être vécu était strictement indispensable.
S'il n'en était pas capable, il mettait ses camarades en danger.
Si un tel rapport avait été transmis aux marins-pilotes - ainsi qu'à tous les autres pilotes - bien des approches tactiques eussent été différentes.
Peu après l'Armistice du 11 Novembre 1918, mon grand-père avait été sollicité pour rédiger un rapport sur son expérience d'analyste de photographie aérienne.
Si la désignation de RETEX est plus récente, cette notion existait donc bien avant 1940.
En Mai 1940, ils ont été employés presque exclusivement à attaquer des objectifs terrestres sans que, à aucun moment, ils n'aient été préparés à ce travail, qui était vraiment très différent de leurs travaux habituels.
D'un autre côté, on ne lit nulle part que les pilotes d'assaut de l'Armée de l'Air aient été sollicités pour rapporter, le jour même, leur terrible expérience du 12 Mai sur Tongres.
Si le lieutenant Delattre avait malheureusement perdu la vie au combat sur une colonne motorisée Allemande vers Tongres, le commandant de l'autre escadrille lancée contre un objectif voisin était revenu.
Il pouvait donc expliquer ce qu'il avait vu. Certes, il était choqué, mais une analyse immédiate de ce qui venait d'être vécu était strictement indispensable.
S'il n'en était pas capable, il mettait ses camarades en danger.
Si un tel rapport avait été transmis aux marins-pilotes - ainsi qu'à tous les autres pilotes - bien des approches tactiques eussent été différentes.
Peu après l'Armistice du 11 Novembre 1918, mon grand-père avait été sollicité pour rédiger un rapport sur son expérience d'analyste de photographie aérienne.
Si la désignation de RETEX est plus récente, cette notion existait donc bien avant 1940.
Tous nos aviateurs de 1940 payèrent très cher cette méconnaissance des méthodes de défense Allemandes, alors qu'une analyse de ce qui s'était passé la semaine précédente aurait certainement pu réduire significativement les pertes, permettant de recommencer ce genre d'attaque.
C'est exactement de la responsabilité des chefs qui décident des actions à venir !
3 - Le problème de l'échelon roulant !
Parmi ces chefs, l'un d'entre eux (l'amiral Abrial - ou son état-major) prit une décision lourde de conséquence : Il voulut garder ses avions et leur échelon roulant, c'est à dire l'équipe des techniciens et mécaniciens près de lui.
Pourtant l'Armée Allemande progressait de près de 100 km par jour !
Quand les avions furent renvoyés dans le Cotentin, leurs pièces de rechange et les hommes les plus habitués à soigner les avions restèrent bloqués sur place. C'était une énorme faute.
Il eut suffit qu'il envoie tous ces hommes en Angleterre pour qu'ils puissent continuer à agir dans le sens qu'il voulait.
Je persiste à penser qu'il n'avait pas saisi à quel point chaque heure de vol demandait d'heures de mécanicien ou de technicien au sol.
Sur les navires, les cycles étaient bien plus lents.
Le commandant Vuilliez rapporte qu'aux débuts de l'Aéronavale, les règlements imposaient aux marins-aviateurs d'alterner 4 années d'embarquement naval après 4 années d'Aviation.
Il eut fallu que tous les décideurs marins passent au moins un an dans l'Aéronavale, non pas forcément pour voler, mais au moins pour comprendre comment un avion pouvait être maintenu en vol.
Cela avait été créé par Didier Daurat à la mise en place de l'Aéropostale !
4 - Le mauvais travail de Gamelin
Lorsqu'une armée très puissante attaque celle d'un autre pays, la situation est forcément délicate pour les défenseurs du pays attaqué, en particulier, au premier chef, pour le général commandant tous ces défenseurs.
Dans de tels moments, et dans la mesure où il n'a pas été possible de faire une attaque préventive (comme les Israéliens le pratiquent systématiquement depuis 1956), il y a une chose qu'il faut éviter à tout prix : Le saupoudrage des forces partout en même temps.
Pourtant c'est exactement ce qu'a réalisé le général Gamelin.
Ainsi, avant l'offensive :
- Notre général avait immobilisé en Syrie et au Liban (pour attaquer les raffineries de Bakou en URSS !) des bombardiers Bloch 200 anciens (mais efficaces la nuit), un groupe de chasse complet (au moins 2 escadrilles de 12 avions chacune et mises en œuvre par d'excellents pilotes) sur Morane 406, mais aussi des chars modernes, des canons et des soldats très aguerris. Une très grande partie de ces forces auraient été utiles sur le front des Ardennes.
- Nous avions également envoyé des troupes d'élite et des chars Hotchkiss H 39 très corrects en Norvège.
- Nous avions des chars D1 en Afrique du Nord et pas mal d'avions dont au moins un groupe de Morane 406.
- Une réserve importante faisait face à l'Italie sur le front Alpin, avec pas mal d'avions bien plus modernes.
- Une grande quantité d'hommes, d'artillerie et de chars étaient positionnés derrière la ligne Maginot la plus solide (en Lorraine et en Alsace), ce qui paraît contradictoire avec le rôle même de cette ligne. De forts moyens de chasse protégeaient ces troupes, comme également la région Lyonnaise (et ne servirent que bien plus tard, après la percée de Sedan).
Le 10 Mai, l'Armée Giraud fut jetée fébrilement en Belgique sans aucune réflexion et ni information sérieuse sur la situation réelle.
Certes, Gamelin avait accepté d'envoyer des troupes rapidement, mais il n'était pas obligatoire d'envoyer celles qui étaient les plus aguerris.
Le schéma apparent de cette opération semble uniquement politicien : Tendre une main secourable aux Pays-Bas.
Mais cette armée était une armée de réserve. En tant que telle, elle avait sa place en contre-attaque par la puissance même des coups de boutoirs qu'elle pouvait donner.
Les chefs Français n'avaient apparemment pas pensé à employer la 4ème Division Cuirassée (De Gaulle) en lien ni avec une DLM ni avec au moins une des 3 autres DCR.
Alors, l'attaque de nos avions d'assaut, perdue au milieu d'un flot de troupes Allemandes et n'étant coordonnée avec aucune action terrestre (ni aérienne), ne pouvait rien apporter de décisif.
Par contre, toutes les actions de nos LN 40 ont prouvé que, employés intelligemment, ils eussent pu être décisifs. A Bouillon, à Dinant ou à Sedan, entre le 12 et le 14 Mai, en particulier.
Ou encore le 28 Mai avant l'attaque de De Gaulle vers Abbeville, pour détruire les canons de 88 mm du Mont Caubert, par exemple.
Leur envoi à Walcheren fut d'une rare inconscience, car ils ne servirent à rien au moment précis où notre Nation subissait l'attaque des troupes et des blindés de Guderian.
Il reste un fait qui différencie totalement nos pilotes-marins de Berlaimont des cavaliers Britanniques dirigés par Lord Cardigan : Ceux-ci avaient été couverts efficacement par nos 1er et 4ème régiments de chasseurs d'Afrique.
Nos marins, eux, ne furent jamais couverts par personne !
1 - Employés trop tard et au mauvais endroit
Ce furent donc à la fois des pilotes tous neufs et des mécaniciens tout neufs
qui reprirent le flambeau, avec autant de courage que leurs aînés, mais une
technicité diminuée par l'absence presque totale d'expérience.
En plus, les pilotes furent employés sans tenir compte le moins du monde des conditions orageuses qui étaient particulièrement défavorables à tout point de vue (3 avions perdus et 3 pilotes tués !).
VIII - Regrets
1 - Employés trop tard et au mauvais endroit
La seule note positive
de l'opération Walcheren fut la démonstration de la capacité des avions et des
pilotes à bombarder de nuit.
Employés à la fin de la nuit du 12 au 13 Mai dans les Ardennes, leur précision eut été salvatrice.
Bien sûr, une forte concentration de chasse aurait dû leur être fournie dès les premières lueurs de l'aube pour les ramener à la maison en bon état.
Ensuite, simplement envoyés de jour contre Rommel, et sérieusement escortés, ils pouvaient repérer la "division fantôme", la bloquer pour que les Bréguet 693 finissent le gros du travail (au lieu de les envoyer sur Tongres).
Employés à la fin de la nuit du 12 au 13 Mai dans les Ardennes, leur précision eut été salvatrice.
Bien sûr, une forte concentration de chasse aurait dû leur être fournie dès les premières lueurs de l'aube pour les ramener à la maison en bon état.
Ensuite, simplement envoyés de jour contre Rommel, et sérieusement escortés, ils pouvaient repérer la "division fantôme", la bloquer pour que les Bréguet 693 finissent le gros du travail (au lieu de les envoyer sur Tongres).
2 - Une Armée de Terre
autiste
Les pertes en avions furent le résultat de multiples facteurs dont j'exclue leur conception
initiale tant les fautes de préparation et les insuffisances tactiques sont
évidentes, même pour un simple citoyen.
Même si les amiraux ont mis du temps à
développer l'Aéronavale, ils avaient au moins compris son utilité.
Par contre, les grands
maîtres de l'Armée de Terre n'ont rien voulu comprendre.
Pire encore, ils ne se sont même pas excusés de leur catastrophique échec.
Pire encore, ils ne se sont même pas excusés de leur catastrophique échec.
S'ils avaient eu un brin
d'humilité et de capacité d'adaptation au réel, ils eussent transféré leurs
commandements aux chefs qui comprenaient les actions de l'ennemi.
Alors, tout pouvait changer, l'ennemi pouvait être stoppé, au prix de très grosses pertes que nous eûmes quand même à la fin (660 000 morts !).
Alors, tout pouvait changer, l'ennemi pouvait être stoppé, au prix de très grosses pertes que nous eûmes quand même à la fin (660 000 morts !).
3 - Une évolution
brillante déjà tracée
En Juillet 1940, il
eut été possible de transformer les LN 401 en LN 402, ce qui aurait apporté un
"plus" bien venu en performances.
Le LN 42 pouvait suivre vers
l'Automne, avec des chances bien supérieures dans tous les domaines. Ses
performances étaient de la classe du Helldiver de 1945.
Les Loire-Nieuport 4xy
constituèrent une famille d'avions efficaces qui, tel quels, donnèrent du fil à retordre à
l'ennemi Allemand.
Leur évolution ultérieure, pensée dès 1938, menait à des
avions bien plus rapides que le LN 40, mais encore très agiles et qui auraient porté des
bombes plus lourdes
4 - Pourquoi je n'ai pas
discuté des actions contre l'Italie
Je n'ai pas traité ici
l'emploi ultérieur des Loire-Nieuport contre l'Italie, et qui ne me paraît pas
avoir été pertinent.
La vrai guerre continuait en France et, le 10 Juin,
beaucoup pouvait encore être fait contre les armées d'Hitler.
Mais Darlan
voulait mener sa dérisoire guerre personnelle.
De toute manière la
campagne "Italienne" des bombardiers en piqué fut obérée par
l'ensemble des erreurs de la campagne menée dans le Nord, en particulier à
cause de la perte de l'échelon roulant qui eut une importance
stratégique.
En plus, les pilotes furent employés sans tenir compte le moins du monde des conditions orageuses qui étaient particulièrement défavorables à tout point de vue (3 avions perdus et 3 pilotes tués !).
Conclusion
La lignée des Nieuport de bombardement en piqué, après les tâtonnements inévitables liés à l'exploration d'un domaine de vol à la fois nouveau et extrême, a débouché sur le Loire-Nieuport 40 et ses dérivés immédiats qui furent très vites adoptés par leurs pilotes.
Acceptés avec retard, ils sont entrés en service pendant la Drôle de Guerre.
On a envoyé aux Pays-Bas l'escadrille la plus expérimentée pour faire 4 missions qui en fait étaient de la perte de temps. Par contre, ces missions eussent pu servir à aguerrir la seconde escadrille.
Les grosses missions sur Berlaimont puis Origny furent toutes les deux réussies brillamment.
Bien sûr, comme pour toutes les unités Alliés qui découvraient la Flak, les pertes furent élevées, mais, en fait, personne ne voit qu'elles furent normales en fonction de la façon d'aborder les objectifs.
La maladroite incompréhension d'un état-major, entraînant la capture des techniciens de maintenance, de leur outillage et des pièces de rechange, a interdit de continuer l'excellent travail en cours.
Les versions ultérieures, physiquement déjà prêtes, étaient au niveau des meilleures réalisations Américaines de 1944.
Le bilan de cet avion est donc, en réalité, très bon.
Pas un commentaire mais une question:
RépondreSupprimerVous dites "(ce n'était pas le cas des plus modernes cuirassés Français qui triplaient le diamètre de la zone d'incertitude à cause de la faible distance entre les bouches des canons montés en affûts quadruples)"
Cela tenait à quoi ? à la chaleur ?
c'était si on tirait une salve de tous les canons ?
Ne pouvait on pas sur une tourelle de 4 faire un tir 1,3,2,4 de façon à espacer les canons ayant tiré ?
N'y avait il pas d'autres problèmes ex: système de visée moins performant que ceux d'autres pays qui expliquerait les moins bonnes performances.
Cordialement.
La dispersion venait bien, comme vous l'avez deviné, du tir en salve des 4 canons de 380 de chaque tourelle. J'ai trouvé l'info sur ce site US qui me paraît crédible et qui est dédié à l'armement naval http://www.navweaps.com/.
SupprimerC'était juste l'expansion des gaz en sortie de chaque canon qui poussait les obus.
La dispersion moyenne était de 575 m (!) à 29 km.
La solution fut l'introduction du délai de 0.06 sec entre le tir en salve des canons 1+3 et celui des canons 2+4. La dispersion est alors tombée à 300 m.
Vous avez donné une solution quasi identique, bravo !
Pour la visée, ils employaient des télémètres de 15 m de large. J'ai lu que la précision n'en était pas parfaite, ce qui m'a surpris, étant pollué par la précision général des banc optiques qu'il me fut parfois possible de côtoyer en Fac ou en visitant des collègues.
J'avais juste oublié qu'en mer, avec les mouvement de la plate-forme, les embruns, le vent, etc, ce n'était pas facile de garder des alignements parfaits.
J'imagine que les alignements des canons ne devaient pas non plus être très simple pendant le montage des tourelles.
Donc vous avez encore raison, il y avait beaucoup d'entrave à la précision, ce qui renforçait la nécessité d'une autre vision que celle des cuirassés.
"Les occupants Allemands lui trouvèrent une ressemblance avec leur Junkers 87, notamment sur la structure de la voilure et la disposition générale et accusèrent les Français d'espionnage.
RépondreSupprimerMais du fait que le Nieuport 140 commençait ses essais en vol au moment où la société Junkers commençait tout juste la construction du prototype de son enfant chéri, la conception de l'avion Français était évidemment antérieure d'environ un an sur celle du Ju 87.
En conséquence, il est très facile de retourner l'accusation : Le Ju 87 avait de bonnes chances d'avoir été une copie de l'avion Français, obtenue par espionnage.
Mais, il faut être juste, les excellents freins de piqué du Stuka lui étaient propres)."
Même si l'espionnage n'est pas une vue de l'esprit il reste qu'en matière d’ingénierie aéronautique quand des équipes dans différents pays ont les mêmes objectifs, les mêmes moyens et les mêmes problèmes il arrive souvent qu'ils utilisent les mêmes solutions et donc les même formes.
Cela me rappelle une discussion sur une autre blog où un commentateur affirmait mordicus que le l'Airbus A-320 était une copie du B-737.
Bien sûr l'un est venu avant l'autre et l'autre ressemble à l'un mais cela ne signifie pas copie...
Vous avez raison : Les ingénieurs confrontés à un problème donné peuvent tout à fait trouver indépendamment les uns des autres des solutions convergentes (l'évolution des êtres vivants le montre aussi).
SupprimerPar contre, vu que l'excellent travail de l'Abwehr en France entre 1920 et 1940, il est tout à fait évident que la disposition de l'aile en w du Ni 140 a été connue très tôt outre Rhin. Que Junkers s'en soit servi ou non, il est impossible de le savoir.
Mais les Allemands ont tiré les premiers : Il est donc réjouissant de leur mettre le nez dans leurs pratiques.
Mais j'imagine qu'un ingénieur qui trouve qu'une solution est intelligente ne va pas la jeter aux orties parce qu'elle n'est pas de lui.
J'ai tendance à rire lorsque je lis que R. Mitchell n'a pas été influencé par l'aile elliptique du Heinkel 70, parce que, entre 1936 et 1940, des dizaines de prototypes dans le monde entier sont sortis avec ce type d'aile.
Il est d'ailleurs passionnant de voir que, pour être elliptiques, elles ne se ressemblent pas vraiment (entre l'aile du Mureaux 190, celle du P 47 et celle de l'Aichi "Val"!).
Ce qui fut l'originalité de Mitchell, ce fut la faible épaisseur relative associée à l'ellipse.
Une remarque et une question
RépondreSupprimerVous dites que « Il y dit aussi que les Loire-Nieuport étaient excessivement fragiles. Il est certain qu’un avion doit être léger, ce qui n’en fait jamais un cuirassé. »
Certes mais il est des avions qui « ramènent » leur pilote et d’autre non. Le P-47 avait cette image, le Stuka était vulnérable car lent mais par ailleurs robuste, le Zero était réellement fragile car allégé au maximum, une vrai allumette, je ne sais pas pour le Loire-Nieuport.
Sinon y a-t-il une filiation technique entre les Loire-Nieuport et les Bréguet Alizé d’après guerre ?
Je vais commencer par votre question. A priori, il ne devrait pas y en avoir car les bureaux d'études étaient différents. Cependant, invasion Allemande oblige, les bureaux d'études se sont transférés dans le Sud. Beaucoup de transferts d'informations ont pu exister à ce moment-là. Le dernier descendant "officiel" du bureau d'étude Nieuport est le chasseur embarqué NC 1080 qui volait plutôt bien mais dont les prises d'air étaient mauvaises. Il fut détruit dans un accident qui fut attribué (je simplifie) à une ergonomie entre 2 prototypes différents.
SupprimerPour votre remarque initiale, il est déjà certain que le LN n'était pas un piège à feu.
Le P 47 était un bon avion, mais je ne suis pas persuadé qu'il n'aurait pas pu être bien supérieur moyennant une légère cure d'amaigrissement.
Par contre, le problème du Zéro n'est pas encore discuté de manière Zen, 69 ans après la guerre.
Si je regarde le problème Japonais, je suis frappé par l'accent mis sur le matériel par toutes nos sources habituelles.
Mais, puisque vous avez la gentillesse de me lire, vous avez l'habitude de me voir essayer de distinguer entre les avions et l'emploi que l'on en fait.
Et, pour ce qui est des décideurs Japonais, je n'ai strictement aucune raison de les respecter. J'y reviens plus bas.
Le Zéro, en service dès Juillet 1940, a dominé outrageusement ses adversaires pendant trois ans.
Pourquoi pas plus ?
Parce que la Marine Impériale a refusé le montage du moteur Kinsei et que les Retex ont eu du mal à arriver jusqu'au constructeur.
Si le A6M52 était sorti en 1942 et le A6M8 en 1943, les choses eussent été plus difficiles pour nos amis US.
Par contre, la conduite de la guerre comme celle des batailles me paraissent particulièrement calamiteuses.
Attaquer Pearl Harbor sans démolir ou contrôler le Canal de Panama, c'était pour le moins bizarre, d'autant plus qu'un Amiral US avait attaqué cette zone avec les avions de son son porte-avions pendant des manœuvres et démontré à quel point c'était facile.
Ensuite, la bataille de Midway fut un désastre décisif.
Si Nagumo, à l'issue de Pearl Harbor, avait foncé sur Midway pour la prendre, déjà, la guerre du Pacifique eut été différente (mais pas sa conclusion, bien sûr).
Cela eut pu être réduit si Nagumo avait plus pensé à détruire la Flotte US.
Mais il ne raisonnait pas vraiment en marin doté d'avions.
Un autre problème fut l'absence de radar et de forte DCA.
La perte de 250 des meilleurs pilotes d'avions de la Marine Impériale modifia beaucoup la balance de la guerre à ce moment.
Evidemment, si les avions n'évoluent pas et que les pilotes sont très peu entraînés, on ne verra que la fragilité des avions.
Mais si les performances montent et que le niveau d'entrainement des pilotes ne baisse pas, on n'y fera pas autant attention.
« Le Zéro, en service dès Juillet 1940, a dominé outrageusement ses adversaires pendant trois ans.
RépondreSupprimerSi le A6M52 était sorti en 1942 et le A6M8 en 1943, les choses eussent été plus difficiles pour nos amis US. »
Si je devais une analogie biologique le Zero fût l'équivalent du Guépard une merveille évolutionnaire qui sacrifie tout sur l'autel d'un critère: la vitesse. Le Zero avait des performances en endurance et maniabilité au dessus de tous ce qui existait ailleurs. Avion de l’aéronavale volant longtemps au dessus du pacifique l'endurance était sa niche écologique, la légèreté, un moteur peu gourmand, une charge alaire très faible et un réservoir largable sa réponse évolutionnaire. La maniabilité très appréciée et désirée découlait de ce mix mais à la limite n’était pas le but.
Les Corsairs et Hellcats Américains seraient eux des lions misant sur la puissance, ils ne sont pas aussi extrêmes que les guépards dans leurs réponses évolutionnaires, plus équilibrés. Le lion n’a pas besoin de chercher le guépard à la course mais reste que dans la nature le guépard magnifique chasseur perd souvent ses proies au profit d’autres prédateurs plus lourds.
Pour continuer la métaphore le japon avait-il la possibilité de modifier le « capital génétique » de son aviation ? La réponse est « moteur de forte puissance » mais donc essence à haut indice d’octane, denrée rare dans l’archipel nippon. Néanmoins le Japon a pu développer des avions tels que le Kawanishi N1K1-J Shiden ‘George’ qui tenait la dragée haute en performance aux Corsairs et Hellcats mais sans en avoir la fiabilité.
Mais la victoire américaine ne tint pas uniquement aux performances de ses avions, autant certain se pose la question d'une victoire allemande pour le conflit européen autant le Japon n'avait pas le commencement du début d'une chance de vaincre. La puissance industrielle des États-Unis l’empêchait, Yamato le savait.
Oui, en 1941, le Zéro est bien le plus performant de tous les chasseurs embarqués du monde (donc le guépard - avec un bémol sur ce dernier : Les films où on voit ces animaux rater leur proie peuvent ne pas être représentatifs - animaux un peu âgés ou malades, je n'ai pas consulté de statistiques sur le sujet et, l'animal étant condamné à disparaître sous peu, je ne suis pas sûr de la pertinence des statistiques existantes).
RépondreSupprimerMais la maniabilité n'était que la cerise sur le gâteau : Vous soulignez judicieusement son extraordinaire rayon d'action, fondamental à la mer, mais son armement est aussi le plus puissant de tous à la même date.
Le Japon n'a pas géré son industrie très sagement - aux tremblements de terre et autres typhons sont venus s'ajouter les bombardements US, inévitables.
De toute façon, le Japon et l'Allemagne n'avaient aucune chance de gagner sans alliés puissants.
Ils avaient perdus dès le début de la Guerre.
Petite question perso : Quelle particularité de l'Alizé (ou du Br 960) vous avait amené à suspecter un lien entre Nieuport et Bréguet ?
La photo de profil du LN42.
RépondreSupprimerIl est vrai que ces deux avions ont des profils assez ressemblants, même si l'Alizé est un peu moins fin.
SupprimerEn tout cas, il est autrement fin que le Fairey Gannet.
La question reste ouverte...
Tous deux devaient identifier l'ennemi sous-marin (entre autres) pour lui régler son compte.
Les deux fuseaux destinés au train principal sont un point de similitude très troublant.
A votre avis, quelle aurait été la composition des groupes aériens des Joffre et Painlevé ?
RépondreSupprimerParce que j'ai trouvé beaucoup de types d'avions différents dans mes recherches: chasseur Dewoitine 790, bimoteurs D.750, CAO-600, Breguet 810, torpilleur Laté 299, et bombardiers en piqué LN.4xy.
Cela ne traduit-il pas une sorte de tâtonnement de la part de l'Aéronavale ?
Et quel aurait-été le meilleur choix parmi tous nos prototypes de chasseurs embarqués de l'immédiat après-guerre (Nord 2200, NC.1080, SO.8000) ?
Et une petite remarque au sujet des cuirassés: leur précision dépend surtout de leur contrôle de tir, ce qui donnait un avantage énorme aux américains: en 1989, l'USS Iowa mit un obus sur la cible, du premier coup, à une distance de 43 km. Son système de contrôle de tir restait celui de la 2ème GM, et n'avait même pas été modifié...
Mais comme vous l'avez écrit, les bombardiers en piqués peuvent frapper dix fois plus loin, même si la cadence de tir d'un cuirassé le rend autrement plus destructeur.
Je vais commencer par l'Iowa.
RépondreSupprimerLors de la 2 ème GM, il a détruit, à 32.6 km de distance, un destroyer Japonais au large de Truk en utilisant ses 3 Mk 38 radars de direction de tir. Cela se passait en 1944 et cela constitue un record du monde, le précédent ayant été obtenu par le Scharnorst ou le Gneisenau aux dépens du PA HMS Furious (26 500 m).
Les radars de trajectographie ont énormément progressé depuis et je pense que le destroyer USN Zumwalt "rêve" de pulvériser un navire à 370 km (200 MN) avec une arme électro-magnétique. Ce n'est pas encore fait.
Les canons de ce calibre ont un énorme impact sur l'ensemble du vaisseau au moment du tir (voir la photo à cette excellente adresse : http://www.navweaps.com/Weapons/WNUS_16-50_mk7.htm)
Les missiles de croisière ont une portée de 5 à 20 fois supérieure et peuvent anéantir n'importe quelle flotte... Un sous-marin moderne en porte une quantité non publiée mais probablement comprise entre 5 et 30. En cas de guerre chaude, ces tirs seront nucléaires...
Prenez bien en compte le nombre de coups au but par rapport au nombre de coups tirés...
Pour l'Aéronavale, je serais moins sévère que vous : tous les avions que vous citez sont des avions parfaitement modernes, normalement rapides, solides et manoeuvrants. Leur nombre traduit juste des choix non faits.
Vu les faibles dimensions du pont d'envol du Joffre (200 x 28 m), qui perd plus de 35 m sur la longueur de la coque, j'oublie les bimoteurs. (Il était prévu 15 chasseurs et 25 bimoteurs qui étaient à choisir entre le Br 810 et, à mon avis, le CAO 600, dont on sait qu'il volait remarquablement bien.)
Je garde donc le LN 42 pour le bombardement en piqué, le Laté 299 pour le torpillage et le D 790, ou un autre... (une version à roulettes du Potez 170 m'irait très bien).
Pour la chasse d'après-guerre, le joli SO 8000 est raté sans que l'on sache pourquoi. Mais il est très mauvais.
Le Nord 2200 s'est montré solide mais très lourd.
Le VG 90 était mal étudié (train d'atterrissage incompatible avec l'appontage !).
Le NC 1080, à part de très mauvaises entrées d'air, était facile à piloter, manœuvrant et prometteur.
Il fut victime de la disparition de la SNCAO puis d'une erreur de son pilote à basse altitude.
C'était pourtant (probablement) le meilleur choix.
Oh, je n’étais pas sévère, je posais juste la question pour m’informer…
SupprimerEt j’avais oublié de citer le VG 90.
Pour l’Iowa, lui et le New Jersey n’ont pas détruit mais juste encadré le destroyer Nowaki de leurs tirs (ce qui était déjà remarquable à cette distance). L’Iowa a en revanche coulé le croiseur léger Katori.
Je crois que le record du tir le plus long d’un navire à un autre est partagé entre le HMS Warspite (contre le Giulio Cesare) et le Scharnhorst (contre le HMS Glorious).
Pour le Zumwalt, le Railgun est loin d’être mûr et on peut franchement être sceptique car cela fait 50 ans que l’on nous promet une telle arme… Ses obus à très longue portés sont cependant testés et devraient bien entrer en service.
Je avait a question.
RépondreSupprimerLe bombe 75kg G2 et 150kg L2 avait a vait une grosse charge explosive (63.7% 102 lb) et (67% 224 lb), donc ne pouvait pas avoir la pénétration contre navires.
Alors quelle était la mission contre navires? seulement des dommages "externes"?
Merci.
Bonjour.
RépondreSupprimerJ'ai lu un article d'un expert de l'époque - Camille Rougeron - dans la revue Science et Vie après guerre où il traitait des bombes utilisées pour l'attaque en piqué.
Si mes souvenirs sont exacts, il insistait sur la faible épaisseur des ponts blindés des navires de l'époque (150 mm sur les cuirassés modernes, 75 mm sur les anciens) et sur le fait que le dessin de ces bombes devait leur permettre d'arriver sur ces pont à une vitesse supersonique.
Par contre, j'ignore si une charge creuse était prévue pour aider à la pénétration ce blindage.
Non, avec ces valeurs, ces bombes françaises ne pénètrent pas le pont des navires.
RépondreSupprimerLes Allemands et les Américains avaient 500 kg, 1000 kg, 1400 kg de bombes perforantes.
La meilleure bombe française semble être le 222kg modéle 1938 (22% explosive so a SAP-semi armor piercing - bombe), selon mes calculs, je pense qu'il peut pénétrer un pont de 65mm.
Je ne sais pas quel est le principe qui sous-tend vos calculs de pénétration.
RépondreSupprimerIl y a quelques faits qui me semblent mériter votre attention.
1 - Le blindage du pont ne concerne qu'une partie assez réduite de la surface du navire. Tout le reste était parfaitement susceptible d'être percé.
2 - La destruction de toutes les parties aériennes des navires (télémètres, antennes, artillerie anti-aérienne) rendait le navire très vulnérable aux torpilles et aux obus ennemis.
3 - Un lancement réalisé en fin de semi-piqué, donc à très grande vitesse et avec un ange assez faible, devait permettre des explosions sous les oeuvres vives, donc mortelles.
4 - L'explosion de plusieurs bombes, même non simultanée, sur une même zone, fragilise n'importe quel blindage.
Maintenant, l'expérience du croiseur Allemand Koenigsberg en Norvège, coulé par des Skua de la Royal Navy avec uniquement des bombes de 100 livres (45.4 kg) me suggère que votre méthode de calcul est probablement un peu sévère (le pont blindé valait 40 mm selon Wikipedia en langue Anglaise mais de 20 à 30 mm selon l'édition Allemande).
Cependant, j'admets que nos décideurs marins pouvaient désirer tirer sur un navire dépourvu de moyen de télémétrie pour avoir une victoire authentiquement navale !
Le Skua était armé d'une bombe de 500 lb (230kg).
Supprimerhttps://en.wikipedia.org/wiki/Blackburn_Skua#Specifications_(Skua_Mk._II)
https://web.archive.org/web/20090512053429/http://freespace.virgin.net/john.dell/norway.htm
Wikipedia en langue Anglaise a modifié le texte sur le Skua après la publication de mon article sur le bombardement en piqué qui datait de Février 2014. Je l'avais notifié en 2019 (en commentaire coloré en mauve) mais je ne l'avais pas encore lu lorsque j'ai écrit cette réponse en 2018.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerTout d'abord merci pour votre article, il semblait très complet.
J'avais une simple question. Plusieurs autres sites donnent des description assez vagues des bombes employées par ces appareils, parlant tantôt de "500 kg de bombes", tantôt de "bombes de 496lb", donc de 225 kg... Y aurait-il eu d'autres charges employées en dehors de la bombe G2 et I2, peut être par les LN 411 de l'Air? On s'agirait-il simplement d'approximations?
Merci en tout cas.
Bonsoir,
SupprimerD'après le livre de Mr Prudhomme, une bombe de 250 kg réduisait le rayon d'action offensif. L'autonomie (en gros, deux fois le rayon d'action) étant donnée comme allant de 800 à 1 200, j'imagine que les 800 km étaient pour une mission de bombardement avec une bombe I, que les 1 200 km sont pour les missions de chasse.
Donc, la bombe K devait faire un peu baisser la distance des objectifs.
Pour mémoire, le Stuka pouvait emporter, au plus, une bombe de 500 kg.
Mr. Rudel en a emmenée une de 1 000 kg pour détruire le cuirassé Marat. Mais il n'a pas dû l'emmener à plus de 50 km...
Pour que Rudel puisse effectuer une bombardement sur une si courte distance, le front devait être terriblement près de Kronstadt.
SupprimerMerci pour votre réponse rapide, en tout cas.
Bonjour, concernant l'armement, les canons HS 404 furent ils montés en opération? Dans le livre de LELA il est expliqué que ces canons n'étaient montés que pour la chasse, en configuration bombardier ces canons étaient démontés?
RépondreSupprimerBonjour Jean-Damien,
SupprimerVous posez une bonne question. Ma source initiale étant le livre de Arnaud Prudhomme ne traite pas précisément cette question. Par contre, il contient des paroles de pilotes.
le Maître Moulinier, en mission de chasse attaque un bombardier au canon et aux mitrailleuses. Donc, là tout le monde est d'accord.
Pendant l'attaque sur Berlaimont, l'EV1 Douxami rapporte qu'ayant mis le feu à son avion après l'avoir vidé de son essence (qui brûlait dans un champ), il provoqua une explosion qu'il attribue à ses munitions, ce que l'auteur du livre, dans une légende de photographie traduit par : Explosion des obus de 20 mm.
Un autre pilote raconte qu'une balle venue du sol était entrée dans son canon...
Donc, je ne suis sûr de rien.
Bien évidemment, en patrouille de chasse, le caonn est obligatoire.
Maintenant, on peut facilement imaginer que les armuriers déposaient le canon lorsqu'il faut emmener les bombes les plus lourdes relativement loin: Cela économisait 75 kg.
On peu même imaginer un mélange des configurations...
Bonjour,
RépondreSupprimerNous pouvons faire une estimation des capacités de pénétration des bombes de 225 kg en utilisant les caractéristiques des canons de 280 mm du Scharnhorst :
http://www.navweaps.com/Weapons/WNGER_11-545_skc34.php
Le projectile avait une masse de 330 à 310 kg avec une charge explosive de 8 à 22 kg (resp).
La pénétration de l'obus APC (330 kg/ 8 kg) à 27.400 m est de 205 mm de muraille (verticale) avec une incidence de 60° et une vitesse de 428 m/s (extrapolées du tableau des portées).
Une bombe similaire larguée d'un bombardier en piqué arriverait à une vitesse proche à un angle d'incidence de 90°. Elle percerait donc un pont de 250 à 300 mm.
Les mêmes données pour les 203 mm du Prinz Eugen donnent :
http://www.navweaps.com/Weapons/WNGER_8-60_skc34.php
Projectile de 122 kg (2,3 kg d'explosif), 100 mm de pénétration à 66° et 382 m/s.
Donc une bombe de 222 kg semi-perforante (22 % d'explosif soit 50 kg) doit être équivalente à une bombe perforante de 170 kg ; larguée verticalement, elle doit pouvoir percer au moins 150 mm de pont blindé. Sachant que le pont du Bismarck faisait entre 100 et 120 mm et compte tenu de la forte charge explosive, un seul coup au but aurait gravement endommagé le bâtiment pour le moins.
Bonjour DMZ,
RépondreSupprimerje vous remercie d'avoir travaillé cette importante question qui m'était sortie de l'esprit pour des raisons personnelles.
Votre méthode est absolument logique et vous savez que j'apprécie particulièrement cette source.
Si la Marine Nationale avait armé ses LN 411 ou 401 présents à Bône le 3 Juilet 1940, ces Nieuports auraient très probablement fait sauter le Hood (76 mm). La DCA de ce navire n'avait rien à voir avec celle qu'ils avaient connu à Berlaimont.
Churchill ne nous l'aurait pas pardonné.