Dans mon premier article au sujet des drones militaires, je soulignais certains des risques qui peuvent apparaître à vouloir faire une guerre sans risquer de perdre de soldats.
- Il
semble bien que le souhait des généraux Français de disposer de drones
Américains Reaper pour combler certaines de nos difficultés sera bientôt
exaucé.
- Cependant l’achat de ces drones nécessite l’aval du congrès US.
- Pire,
l’emploi de ces drones ne sera pas totalement libre.
Je passe sur le
copieux rapport sur l'impact des drones armés qui a été publié conjointement par
l'Université de Stanford et celle de New York et accessible sous le titre "living under drones".
On y décrit par le
menu toutes les horreurs vécues par les populations Pakistanaises soumises à
l'action des drones armés Américains.
Pour une grande partie de ces
populations, le monde se résumait jusqu'à présent à leur seul univers
quotidien.
Rares étaient les
Pakistanais des zones tribales qui connaissaient l'existence des USA avant la
guerre en Afghanistan (2001 - 2021).
Par contre, ceux qui en connaissaient
l’existence avaient de la sympathie pour ce pays.
Maintenant, là bas, après les raids des drones militaires américains, tout le monde connaît les USA.
Sacré progrès, hein !
Pas si sûr : Maintenant, ces gens sont unanimes à crier leur haine de l'action militaire de notre grand allié.
Vous y voyez la main
des propagandistes d’Al Qaïda ?
Vous avez entièrement raison, mais toute guerre se fait face à la propagande adverse !
Vous avez entièrement raison, mais toute guerre se fait face à la propagande adverse !
La reconnaissance de cible
Notre idée de l'achat de drones Américains repose sur le prétexte que nos Harfang n'ont pas de moyens d'imagerie assez précis, mais c'est une vue biaisée.
C'est facile à démontrer : Si les drones armés télécommandés depuis le sol US étaient si brillants que cela dans ce domaine, il n'y aurait jamais aucune faute d'identification de cible.
Or, les fautes associées à ce genre de système sont légions !
Déjà, en 1942, les USA
faisaient grand bruit sur leur fameux viseur Norden monté sur leurs bombardiers B 17
et ils vantaient son extraordinaire précision.
Mais un bombardement
des usines Renault de Boulogne-Billancourt avait abouti en grande partie sur le
champ de course d’Auteuil, à environ 4 kilomètres à vol d’oiseau !
Même en
1943, une erreur de l’ordre de 30° n’était pas acceptable !
Le bombardement du centre de Nantes (en particulier la très commerçante et très vivante rue Crébillon, à plus de 500 m de la Loire !) en 1944 fut annoncé comme résultant d’une erreur de navigation, la cible étant, paraît-il, l’écluse fortifiée du port de Saint-Nazaire, à 50 km à vol d’oiseau. Cela fait beaucoup, beaucoup trop, surtout pour 1 500 morts et 2 500 blessés.
Le bombardement du centre de Nantes (en particulier la très commerçante et très vivante rue Crébillon, à plus de 500 m de la Loire !) en 1944 fut annoncé comme résultant d’une erreur de navigation, la cible étant, paraît-il, l’écluse fortifiée du port de Saint-Nazaire, à 50 km à vol d’oiseau. Cela fait beaucoup, beaucoup trop, surtout pour 1 500 morts et 2 500 blessés.
Mais, contrairement à
ce que l’on peut lire sur les forum US centrés sur cette période, l’ensemble de
la population Française a considéré les 70 000 morts civils de cette période de 1944 comme une
contribution à l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie et n’en a pas voulu
aux aviateurs US maladroits, au grand dam des administrateurs vichystes.
Cela a fait partie de nos
vrais actes de résistance.
Par contre, la
méfiance des gens de ma génération reste grande vis à vis de la capacité d'intervention "chirurgicale" des
frappes US.
Déjà au niveau du
concept de combat BVR (Beyond Visual Range), qui sert essentiellement de
publicité pour la vente des bombardiers "furtifs" JSF de Lockheed
(ces pauvres F 35, avions dont l’impact militaire ne pourra être dû qu’à leur seul
surnombre), le traitement des images et des autres informations doit
encore progresser pour être capable de distinguer un avion ennemi d’un avion
neutre ou allié.
Alors, imaginer que
des drones soient capables de distinguer deux barbus grisonnants l’un de
l’autre à 10 kilomètres de distance et d’abattre le méchant en sauvant le
gentil reste du domaine du rêve le plus pur.
Je ne dis pas que,
optiquement, on ne soit pas capable de réaliser de brillantes performances dans
les conditions optimales de transparence atmosphérique et d’éclairage parfait.
Par contre, distinguer
entre un homme et son frère jumeau, par une nuit brumeuse et au sein d’un groupe
d’autres personnes, n’a rien de si simple.
Et c’est pourtant exactement le but à
atteindre.
Alors distinguer des
insurgés armés habillés en civil de véritables civils transportant des
instruments agricoles inhabituels sera probablement possible.
Je doute totalement qu’on en soit là.
Je doute totalement qu’on en soit là.
Par contre, certains
coups remarquables peuvent être obtenu dès maintenant au moyen de drones aidés
par des désignateurs humains bien placés.
Tuer sans pertes : Attention danger !!!
La volonté de faire la
guerre sans accepter la moindre perte humaine constitue, à mon humble avis, une
grave forme d'incompréhension des autres.
Déjà, quand je
constate que la plupart des attentats au Moyen Orient ne sont revendiqués que
des semaines, voire des mois plus tard, je ne peux m’empêcher de penser que
ceux qui les ont planifiés, s’ils sont terriblement habiles à distribuer la
mort, sont aussi bien peu pressés de faire face à d’éventuelles
représailles.
Il me semble que l'on ne gagnera jamais vraiment une guerre de cette façon.
La notion
d’éradication de l’ennemi (tentée par un certain nombres d’ignoble despotes)
est non seulement impossible, mais elle est aussi parfaitement stupide.
Bismark, en 1871, en
captant l’Alsace et la Lorraine, a créé un ressentiment qui explique
parfaitement le comportement hyper héroïque des poilus de Verdun (comme de toute la Grande Guerre).
Oui, il y aura toujours un perdant à la fin de toute guerre.
Préfère-t-on que ce perdant ne pense qu'à préparer sa vengeance ou qu'il essaye
d'établir des liens apaisés avec tous les pays du monde ?
Alors, comment établir
une véritable paix, ensuite ?
Cette question est rarement traitée dans les médias, bien évidemment.
Cette question est rarement traitée dans les médias, bien évidemment.
Si vous pouvez tuer
sans souffrir de pertes, le premier danger a un nom : L'Addiction.
La mort, catastrophe sans nom pour les familles et les amis, est aussi un mécanisme de régulation pour les décideurs.
Si vous prenez
l’habitude de tuer sans aucune perte , alors vous finirez par trouver que c’est
sacrément commode.
Où donc vous
arrêterez-vous dans cette voie ?
Et là, ce n’est pas seulement aux militaires que je parle, mais surtout aux politiques qui engagent les militaires.
Un cas très étonnant
me fut raconté par mon père.
Celui d'un capitaine de cavalerie Français, Henri de Bournazel, officier de spahis, qui participa à nombre de combats au Maroc dans les années 20 à 30.
Il y démontrait un courage effarant et chargeait ses ennemis en étant revêtu d'une tunique rouge.
Celui d'un capitaine de cavalerie Français, Henri de Bournazel, officier de spahis, qui participa à nombre de combats au Maroc dans les années 20 à 30.
Il y démontrait un courage effarant et chargeait ses ennemis en étant revêtu d'une tunique rouge.
Il s'en sortait
toujours vivant.
Après 11 ans de
barouds remarquablement menés, pour un dernier combat, le général Giraud exigea
- et il avait raison - qu'il remplace son vêtement rouge par un vêtement
banal.
Bournazel fut tué le soir même...
Cet épisode ne devait rien au hasard : Ceux-là même que Bournazel combattait admiraient sa folle bravoure.
Lorsqu'il était vêtu de rouge, ils le regardaient. En fait, ils ne voulaient pas sa mort, le classant comme une sorte de monument historique.
Lorsque son vêtement eut fait de lui un combattant banal, donc comme les autres, ils ne le reconnurent pas et cherchèrent juste à abattre un de leurs adversaires anonymes.
Bien évidemment, je suis et je serais toujours pour que nos soldats soient le moins détectables possible (voir cet article plus ancien).
Mais être présent et indétectable, c'est une part du "savoir se battre".
Cette histoire sert juste à montrer que lorsque l'adversaire reconnaît votre courage, il vous respecte parce que votre courage signifie que vous le respectez.
Mais, si vous voulez faire une guerre depuis un bureau sécurisé à 10 000 km de là, quel respect montrez-vous à votre ennemi ? Vous démontrez seulement votre peur...
Il me semble, au
contraire, que cela encourage l’ennemi à agir sur votre territoire même.
Par ailleurs, vous devez agir par le truchement de télécommandes passant par satellites géostationnaires.
Vous induisez donc un délai très important entre le moment où vous agissez sur vos commandes et le moment où votre drone répondra, ce qui ne vous apparaîtra que lorsque une nouvelle image tenant compte de votre action arrivera.
C'est probablement la raison qui explique le taux très élevé de crash au sein des unités de drones de combat US.
Vous induisez donc un délai très important entre le moment où vous agissez sur vos commandes et le moment où votre drone répondra, ce qui ne vous apparaîtra que lorsque une nouvelle image tenant compte de votre action arrivera.
C'est probablement la raison qui explique le taux très élevé de crash au sein des unités de drones de combat US.
La France est très
concernée par l'Afrique, qu'elle le veuille ou non. Je doute qu'elle puisse
changer cela.
Le respect de l'adversaire joue un rôle important sur ce continent.
Alors les drones d'observation : Oui, sans réserve aucune.
Les drones de combat : Oui, pour supprimer des points durs de la défense adverse.
Mais les acteurs de ces drones doivent être quasiment au contact de nos troupes (comme ce fut le cas jusqu'ici).
Par contre, cela n'a rien à voir avec l'utilisation menée actuellement par les Américains, lors des assassinats ciblés y compris dans des pays amis.
Là, ils agissent comme sergents recruteurs pour l'ennemi.
La tentation Américaine
Nos généraux constituent une élite.
En tant que tels, leurs collègues US n’ont aucun problème à les traiter très amicalement et même fastueusement.
Ils n’ont pas le même respect pour nos dirigeants. Cela pose problème.
Lorsque leurs
homologues Américains les invitent, ce qu’ils doivent faire souvent, ils leur montrent ce qu'ils ont de mieux (sûrement pas la prison d’Abou
Graïb, ni celle de Guantanamo, par exemple).
Il y a relativement peu de temps (vers 2010-2011, il me semble), un général Français exprimait, sur un remarquable blog militaire que, lorsqu'il était reçu à l’intérieur d’un site de décision US, il avait l'impression d'entrer dans un film de science-fiction.
Traduit en langage
normal, cela signifie que rentré en France, il vivait, lui, la déception de revenir
au Moyen Âge.
Vous vous demandez où je veux en venir ?
C'est simple : Ce témoignage montre que ce général avait subi une véritable mise en condition par nos alliés, vous pouvez traduire cela par lavage de cerveau.
C'est, consciemment ou inconsciemment, pour ces militaires Américains, un excellent moyen de préparer l'esprit de nos grands soldats à demander d'employer du matériel US.
Déjà en 1975, le général Paul Stehlin voulait supprimer Dassault pour que toute l'Europe achète des F 16.
Nos amiraux constituèrent même un lobby pour acheter des F 18 à la place des Rafale.
Maintenant, nos décideurs sont prêts à acheter des drones US…
Indépendance et Souveraineté Nationales
Les Britanniques, dont le sens de la Souveraineté est bien complexe face à leur ancienne colonie (attention, les colonisés n’étaient pas les Yankees – de simples colons - mais les "peaux-rouges" !), ont déjà sauté le pas.
Leurs équipes de drones vivent en permanence aux USA.
Je ne doute pas un seul instant de leurs qualités professionnelles.
Mais strictement toutes leurs informations proviennent des USA.
En 2003, Mr Tony Blair
a montré à quel point il était intoxiqué par les fausses informations venues
des USA, affirmant que l’Irak de Saddam Hussein était sur le point d’obtenir la
bombe nucléaire.
Tout le monde sait
depuis longtemps qu’il n’en était rien, que la CIA avait fabriqué de faux
documents, et ce fut l’immense honneur du Président Chirac de refuser d’impliquer notre
pays dans cette guerre qui n’en a d’ailleurs toujours pas fini de tuer.
Dans ce cas, où se situe la souveraineté et l’indépendance nationale du royaume
Uni ?
Pour ma part, je me sens tout à fait Allié des USA.
Mais je refuse que mon pays devienne un état des USA
On s'ingénie à faire comme si nous étions technologiquement incapables de faire des drones, ce qui n'est certainement pas le cas.
- L'optronique : L'OSF du Rafale montre que nous
savons faire du bon travail.
- L'optique à haute résolution : Nous disposons de
satellites militaires qui observent tous nos petits camarades (ce qui nous a permis, à très juste titre, de refuser d'entrer dans l'inepte guerre Irakienne de GW Bush en 2003).
- Si on veut nous vendre des systèmes encore plus
performants, alors les matériels à acheter doivent être en accès complet. Un
client doit pouvoir faire ce qu'il veut de son achat. Accepteriez-vous que
celui qui vous a vendu un appartement y ait installer des caméras pour vous y
filmer ? Accepteriez-vous que celui qui vous a vendu votre voiture y ait
introduit un système vous interdisant de visiter certaines régions ?
Actuellement, des centaines de clauses secrètes sont imposées par le Congrès Américain.
Le 29
Septembre 2012, le journaliste JM Tanguy poussait un coup de gueule. Le Pentagone ayant décidé
de bloquer - pour vérifier que nous n'avions pas touché aux boîtes interdites -
la modernisation des Awacs qui sont indispensables pour nous prévenir
d'une éventuelle agression aérienne.
Ce retard nous a coûté cher et a ralenti
d'une année la mise à niveau de nos avions.
C’est contraire à nos
intérêt comme à notre démocratie. C'est pour cela qu'il vaudrait mieux que nous
ayons notre part dans la conception et la construction de notre matériel.
De plus, les USA veulent nous imposer du matériel que nous ne pouvons pas ouvrir.
Il est grand temps de savoir pourquoi.
- Serait-ce
du matériel qui servirait à nous espionner ?
- Serait-ce
du matériel extra-terrestre sorti de la zone 51 ;-) ?
Israël voulait
modifier les logiciels de leurs futurs F 35. Cela leur fut interdit (mais
il semblerait que cette interdiction ait été partiellement levée).
Par contre, peu de temps après, on a dit que des hackers chinois avaient piraté les ordinateurs de Lockheed-Martin.
Pourquoi donc ces hackers seraient-ils chinois ?
Quelle intolérable
discrimination ! Les Israéliens sont au moins aussi bons comme candidats à
ce titre flatteur.
Enfin, les USA démontrent chaque jour leur paranoïa qui les amènent à espionner le monde entier pour pouvoir influer sur la politique des autres.
Je n'admire pas du tout leur conduite des guerres d'Irak et d'Afghanistan.
Etre Alliés n'implique pas d’être des toutous.